Immagini della pagina
PDF
ePub

sunt. Fructus autem senectutis est (ut sæpe dixi) ante partorum bonorum memoria et copia. Omnia vero, quæ secundum naturam fiunt, sunt habenda in bonis. Quid est autem tam secundum naturam, quam senibus emori? quod idem contingit adolescentibus, adversante et repugnante natura. Itaque adolescentes mori sic mihi videntur, ut quum aquæ multitudine vis flammæ opprimitur; senes autem, sicut sua sponte, nulla adhibita vi, consumtus ignis exstinguitur. Et quasi poma ex arboribus, si cruda sunt, vi avelluntur; si matura et cocta, decidunt: sic vitam adolescentibus vis aufert, senibus maturitas; quæ mihi quidam tam jucunda est, ut, quo propius ad mortem accedam, quasi terram videre videar, aliquandoque in portum ex longa navigatione esse venturus.

Cie., De Senect., 19.

CXXIII

Caton déclare à ses amis qu'il voit avec bonheur
l'approche de la mort.

Neque me vixisse pœnitet, quoniam ita vixi, ut non frustra me natum existimem; et ex vita ita discedo, tanquam ex hospitio, non tanquam ex domo. Commorandi enim natura deversorium nobis, non habitandi locum dedit. O præclarum diem, quum ad illud divinum animorum concilium cœtumque proficiscar, quumque ex hac turba ex colluvione discedam! Proficiscar enim non ad eos solum viros, de quibus ante dixi; sed etiam ad Catonem meum, quo nemo vir melior natus est, nemo pietate præstantior: cujus a me corpus crematum est, quod contra decuit ab illo meum. Animus vero non me deserens, sed respectans, in ea profecto loca discessit, quo mihi ipsi cernebat esse veniendum. Quem ego meum casum fortiter ferre visus sum; non quod æquo animo ferrem; sed me ipse consolabar, existimans, non longinquum inter nos digressum et discessum fore. His mihi rebus, Scipio (id enim te cum Lælio

souvenir et la jouissance de tout le bien antérieurement fait et acquis. On doit d'ailleurs considérer comme bien tout ce qui se fait conformément à la nature, et qu'y a-t-il qui lui soit plus conforme que la mort d'un vieillard? tandis que celle d'un jeune homme se produit contrairement à ses lois et comme en dépit d'elle. Aussi je compare le jeune homme qui meurt à la flamme qu'on étouffe à force d'eau et le vieillard à un feu épuisé qui s'éteint de lui-même et sans effort. Comme les fruits, qui, s'ils sont verts, ne s'arrachent des arbres que difficilement, mais qui tombent naturellement, s'ils sont à point et mûrs, la vie. chez les jeunes gens, n'est enlevée qu'avec violence, mais, chez les vieillards, s'en va par l'effet de la maturité. Cet âge mûr m'est doux; si bien qu'à mesure que j'approche de la mort, il me semble qu'après une longue traversée, je vois la terre et vais enfin arriver au port.

CXXIII

(Tom III, p. 287.)

Je ne me repens pas d'avoir vécu, puisque j'ai vécu de telle façon que je ne crois pas être né inutilement; mais je sors de la vie comme d'une hôtellerie et non comme de chez moi. Car la nature nous l'a donnée comme logement de passage et non pour habitation fixe. O le beau jour que celui où je partirai vers l'assemblée, le divin conseil des ames, où je m'éloignerai de cette foule, de cette fange de la terre! J'irai me réunir non seulement à ces grands hommes dont je viens de parler, mais aussi à mon cher Caton, le plus vertueux des mortels, le meilleur des fils. C'est moi qui ai mis son corps sur le bûcher, alors qu'il eût été convenable que ce fût lui qui y mit le mien; mais son àme, qui ne m'abandonnait pas, qui ne me perdait pas de vue, s'en est allée dans le séjour où elle savait bien que je, devais aller moi-même. Je parus supporter mon malheur avec fermeté; je n'y étais pas insensible cependant; mais

admirare solere dixisti), levis est senectus, nec solum non molesta, sed etiam jucunda. Quod si in hoc erro, quod animos hominum immortales esse credam, lubenter erro; nec mihi hunc errorem, quo delector, dum vivo, extorqueri volo. Sin mortuus (ut quidam minuti philosophi censent) nihil sentiam, non vereor, ne hunc errorem meum mortui philosophi irrideant. Quod si non sumus immortales futuri, tamen exstingui homini suo tempore optabile est. Nam habet natura, ut aliarum omnium rerum, sic vivendi modum. Senectus autem peractio ætatis est, tanquam fabulæ; cujus defatigationem fugere debemus, præsertim adjuncta satietate.

Cic., De Senect., 23..

CXXIV

Réflexions de Scipion sur les obstacles qui arrètent le plus
souvent le développement de l'amitié.

Ille quidem nihil difficilius esse dicebat, quam amicitiam usque ad extremum vitæ permanere. Nam, vel ut non idem expediret utrique, incidere sæpe : vel ut de republica non idem sentirent; mutari etiam mores hominum sæpe dicebat, alias adversis rebus, alias ætate ingravescente. Atque earum rerum exemplum ex similitudine capiebat ineuntis ætatis, quod summi puerorum amores sæpe una cum prætexta ponerentur. Sin autem ad adolescentiam perduxissent, dirimi tamen interdum contentione, vel uxoriæ conditionis, vel commodi alicujus, quod idem adipisci uterque non posset. Quod si qui longius in amicitia provecti essent, tamen sæpe labefactari, si in honoris contentionem incidissent pestem enim majorem esse nullam amicitiis, quam in plerisque pecuniæ cupiditatem; in optimis quibusque honoris certamen, et gloriæ ex quo

je trouvais ma consolation dans la pensée que son départ ne nous séparait pas pour longtemps. Telles sont, Scipion, les convictions qui font (ce dont vous vous étonnez tant, vous et Lælius) que la vieillesse n'est pas un fardeau pour moi et que, loin de m'être désagréable, elle me plaît. Si je me trompe en croyant à l'immortalité de l'âme, je me trompe avec plaisir, et je ne veux pas qu'on m'enlève jamais une erreur qui fait le charme de ma vie. Si, après la mort (comme le pensent quelques philosophes sans valeur), je ne dois plus rien sentir, je n'ai pas à craindre qu'euxmêmes, anéantis comme moi, se moquent de mon erreur. Quand même d'ailleurs nous ne serions pas immortels, il est toujours désirable que nous finissions en notre temps; car la vie, de même que tout le reste, a son terme naturel : c'est comme un drame, dont la vieillesse est le dernier acte, et dont nous arrivons à craindre la fatigue, s'il se prolonge avec excès.

CXXIV

(Tom. III, p. 290.)

Il disait qu'il est bien difficile que l'amitié se soutienne jusqu'à la mort, parce qu'il arrive souvent que les intérêts ne sont plus les mêmes de part et d'autre ou que les opinions politiques diffèrent; les caractères aussi, disait-il, s'altèrent par l'effet soit de l'adversité, soit de l'âge; et, comme preuve de ce changement, il alléguait ce qui se passe au commencement de la vie, les enfants souvent dépouillant, avec la robe prétexte, les plus vives affections. Lorsque même elles se conservent jusqu'à l'adolescence, il suffit, pour les détruire, d'une rivalité d'amour ou d'un débat au sujet de quelque avantage que les deux amis ne peuvent obtenir à la fois. S'étendent-elles plus loin, ce qui menace alors de les détruire, c'est la poursuite d'une même dignité; car il n'y a point, d'après lui, de poison plus funeste à l'amitié, dans la plupart des

inimicitias maximas sæpe inter amicissimos exstitisse. Magna enim dissidia, et plerumque justa nasci, quum aliquid ab amicis, quod rectum non esset, postularetur; ut aut libidinis ministri, aut adjutores essent ad injuriam. Quod qui recusarent, quamvis honeste id facerent, jus tamen amicitiæ deserere arguerentur ab iis, quibus obsequi nollent; illos autem, qui quidvis ab amico auderent postulare, postulatione ipsa profiteri, omnia se amici causa esse facturos. Eorum querela inveteratas non modo familiaritates exstingui solere, sed etiam odia gigni sempiterna. Hæc ita multa, quasi fata, impendere amicitiis, ut omnia subterfugere non modo sapientiæ, sed etiam felicitatis diceret sibi videri.

Cic., De amicit., 10.

CXXV

L'estime réciproque est nécessaire dans l'amitié.

Sed plerique perverse, ne dicam impudenter, amicum habere talem volunt, quales ipsi esse non possunt ; quæque ipsi non tribuunt amicis, hæc ab iis desiderant. Par est autem, primum ipsum esse virum bonum, tum alterum similem sui quærere. In talibus ea, quam jamdudum tractamus, stabilitas amicitiæ confirmari potest: quum homines benivolentia conjuncti, primum cupiditatibus iis, quibus ceteri serviunt, imperabunt, deinde æquitate, justitiaque gaudebunt, omniaque alter pro altero suscipiet, neque quidquam unquam nisi honestum et rectum alter ab altero postulabit; neque solum se colent inter se, ac diligent, sed etiam verebuntur. Nam maximum ornamentum amicitiæ tollit, qui ex ea tollit verecundiam. Itaque in iis perniciosus est error, qui existimant, libidinum peccatorumque omnium patere in amicitia licentiam. Virtutum amicitia adjutrix a natura data est, non vitiorum comes: ut, quoniam solitaria non posset virtus ad ea, quæ summa sunt, pervenire, conjuncta et consociata cum altera perveniret; quæ si quos inter societas aut est, aut fuit, aut futura est,

« IndietroContinua »