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le meilleur et le plus modeste des hommes. J'ajoute qu'il jouit d'une grande réputation en jurisprudence, possédant une mémoire singulière et un immense savoir. Je ne vous demande pour lui ni tribunat de légion, ni préfecture, ni autre charge déterminée : je vous demande votre bienveillance, votre généreuse amitié ; après quoi je ne m'oppose pas d'ailleurs à ce que, si cela vous plaît, vous lui accordiez la faveur toujours enviée de quelque charge honorable. Enfin, je vous l'abandonne tout entier : je vous le livre de la main à la main, comme on dit, et le remets entre ces mains fidèles et victorieuses. Peut-être mes instances vontelles trop loin; avec vous elles ne sont pas permises; mais, je le sens, vous me les pardonnerez. Ayez soin de votre santé, et aimez-moi toujours comme vous faites.

CXXXV

(Tom. III, p. 330.)

Votre lettre m'épouvante; tout y est de couleur sombre, et, quoique vous n'y disiez rien en termes formels, votre pensée s'y montre assez clairement pour que je vous écrive en toute hâte. Au nom de tout ce qui vous est cher, Cicéron, au nom de vos enfants, je vous en conjure, ne vous laissez pas aller à quelque grave décision capable de vous perdre et de compromettre votre sûreté. J'en atteste les dieux, les hommes et notre amitié, je ne vous ai rien dit, rien conseillé à la légère; je ne vous ai donné mes avis qu'après avoir vu César, qu'après avoir su de lui quel usage il se proposait de faire de la victoire. Si vous vous imaginez qu'il pardonnera à ses ennemis intraitables aussi facilement qu'il leur a proposé des conditions, vous vous trompez Dans sa pensée, dans son langage même, tout est à la rigueur, à la vengeance. Il est parti très mécontent du Sénat; ces oppositions l'ont absolument irrité; et certes il sera trop tard pour recourir à la prière. Si vous avez quelque amour pour vous-même, pour votre maison, si vous ne voulez pas briser vos dernières espérances, si Vous avez quelque égard pour vos amis et pour votre ex

habeamus. Denique illud cogita quod offensæ fuerit in ista cunctatione, te subisse. Nunc te contra victorem facere, quem dubiis rebus lædere noluisti, et ad eos fugatos accedere, quos resistentes sequi nolueris, summæ stultitiæ est. Vide, ne, dum pudet te parum optimatem esse, parum diligenter, quid optimum sit, eligas. Quod si totum tibi persuadere non possum, saltem, dum, quid de Hispaniis agamus, scitur, exspecta; quas tibi nuntio adventu Cæsaris fore nostras. Quam isti spem habeant, amissis Hispaniis, nescio. Quod porro tuum consilium sit ad desperatos accedere, non medius fidius reperio. Hoc, quod tu non dicendo mihi significasti, Cæsar audierat; ac, simul atque, have, mihi dixit, statim, quid de te audisset, exposuit. Negavi me scire : sed tamen ab eo petii, ut ad te litteras mitteret, quibus maxime ad remanendum commoveri posses. Me secum in Hispaniam ducit. Nam, nisi ita faceret, ego prius, quam ad urbem accederem, ubicumque esses, ad te percurrissem, et hoc a te præsens contendissem, atque omni vi te retinuissem. Etiam atque etiam,, Cicero, cogita, ne te tuosque omnes funditus evertas; ne te sciens prudensque eo demittas, unde exitum vides nullum esse. Quod si te aut voces optimatium commovent, aut nonnullorum hominum insolentiam et jactationem ferre non potes eligas censeo aliquod oppidum, vacuum a bello, dum hæc decernuntur. Quæ quum tu feceris, et ego te sapienter fecisse judicabo, et Cæsarem non offendes.

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cellent gendre, dont vous ne devez pas vouloir troubler la situation, ne faites pas que nous soyons obligés ou de haïr et de répudier un parti sur le triomphe duquel repose notre salut, ou de former des vœux impies contre le vôtre. Considérez aussi que vous avez montré trop d'hésitation pour ne pas être suspect. Vous déclarer maintenant contre César vainqueur, après l'avoir ménagé quand la fortune était incertaine, et vous unir dans leur déroute à ceux que vous n'avez pas voulu soutenir quand ils résistaient, serait une extrême folie. Prenez garde que, par peur de ne pas montrer assez de zèle pour ceux qui s'appellent le bon parti, vous n'en preniez un mauvais. Si je ne puis vous convaincre entièrement, attendez du moins que l'on connaisse ce qui va se produire en Espagne. Cette province, je vous l'affirme, nous appartiendra, dès que César y mettra le pied; et, l'Espagne perdue, quel espoir leur reste-t-il, je vous le demande? En vérité je ne vois pas pour quel motif vous iriez embrasser une cause désespérée. En ce qui concerne ce que vous m'avez fait entendre sans me le dire, César avait reçu des informations, et, lorsque je l'ai vu, l'échange du salut à peine fait, c'est la première chose qu'il m'a dite. J'ai feint l'ignorance; mais je l'ai prié de vous écrire dans les termes les plus propres à vous arrêter. Il m'emmène en Espagne; sans quoi, avant de rentrer à Rome, je me serais empressé de vous rejoindre, en quelque lieu que vous fussiez, pour traiter avec vous cette question urgente et vous retenir à toute force. Je ne saurais trop vous le répéter, Cicéron, gardez-vous de vous perdre complètement vous et tous les vôtres; ne vous jetez pas volontairement et délibérément dans un gouffre d'où vous voyez bien qu'il n'y aura pas de sortie possible. Enfin, si les discours des grands font impression sur vous, ou si vous ne pouvez supporter l'arrogance et la jactance de certains hommes, faites choix de quelque ville restée étrangère à cette guerre et fixez-vous-y pendant qu'elle va se dénouer. En agissant ainsi, vous agirez sagement selon moi, et César ne s'en blessera pas.

CXXXVI

Calon à Cicéron. Il lui explique pourquoi, tout en lui volant les supplications, il n'est pas d'avis de lui accorder le triomphe.

Quod et respublica me et nostra amicitia hortatur, libenter facio, ut tuam virtutem, innocentiam, diligentiam, cognitam in maximis rebus, domi togati, armati foris, pari industria administrari gaudeam. Itaque, quod pro meo judicio facere potui, ut innocentia consilioque tuo defensam provinciam, servatum Ariobarzanis cum ipso rege regnum, sociorum revocatam ad studium imperii nostri voluntatem, sententia mea et decreto laudarem, feci. Supplicationem decretam, si tu, qua in re nihil fortuito, sed summa tua ratione et continentia, reipublicæ provisum est, diis immortalibus gratulari nos, quam tibi referre acceptum mavis, gaudeo. Quod si triumphi prærogativam putas supplicationem, et idcirco casum potius, quam te laudari mavis: neque supplicationem semper sequitur triumphus, et triumpho multo clarius est, senatum judicare, potius mansuetudine et innocentia imperatoris, provinciam, quam vi militum, aut benignitate deorum, retentam atque conservatam esse: quod ego mea sententia censebam.

Atque hæc ego idcirco ad te contra consuetudinem meam' pluribus scripsi, ut, quod maxime volo, existimes, me laborare, ut tibi persuadeam, me et voluisse de tua majestate, quod amplissimum sim arbitratus; et quod tu maluisti, factum esse gaudere. Vale, et nos dilige, et instituto itinere severitatem diligentiamque sociis et reipublicæ præsta.

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(1) Caton appartenait à l'école des Stoïciens, qui affectait le laconisme.

CXXXIV

(Tom. III, p. 331.)

Comme le veulent la république et notre amitié, j'applaudis de tout coeur à ce courage, à cette intégrité, à ce zèle, dont vous avez fait preuve dans les plus grandes circonstances et que vous savez aussi bien qu'à l'intérieur, en temps de paix, montrer, au dehors, à la tête d'une armée. Aussi, comme je croyais qu'il était de mon devoir de le faire, n'ai-je pas manqué de vous louer par mon avis et par mon décret pour avoir défendu votre province avec autant de désintéressement que de sagesse, pour nous avoir conservé Ariobarzane et son royaume, pour avoir rendu à nos alliés toute leur confiance en notre empire. Les supplications ont été décrétées, et je m'en réjouis si, après un succès où le hasard n'est pour rien mais que la république doit tout entier à votre prudence et à votre modération, vous aimez mieux que nous en remerciions les dieux que vous-même. Mais si vous regardez les supplications comme un droit au triomphe, et que, par conséquent, vous aimiez mieux que notre reconnaissance s'adresse au hasard qu'à vous, je vous dirai que le triomphe n'est pas la suite obligatoire des supplications et qu'il y a une chose plus glorieuse que le triomphe, c'est la déclaration du Sénat affirmant que la douceur et l'intégrité du général ont fait plus que la force des armes et la faveur des dieux pour défendre et conserver une province: tel est le sens de mon vote.

Je vous écris à ce sujet plus longuement que je n'en ai l'habitude : je veux que vous voyiez combien je tiens à bien vous convaincre que j'ai agi pour le mieux, selon moi, dans l'intérêt de votre gloire, et que, s'il a été fait selon vos voeux, je m'en réjouis. Portez-vous bien, aimez-moi toujours, et continuant à marcher dans la même voie, mettez la sévérité de vos principes et votre zèle au service de nos alliés et de la république.

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