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publiques ou privées; si quelque crime, quelque meurtre a été commis, s'il s'élève quelque débat pour un héritage ou pour des limites, ce sont eux qui décident; ils dispensent les peines et les récompenses; si un particulier ou un magistrat ne défère point à leur décision, ils lui interdisent les sacrifices : c'est chez eux la peine la plus grave. Ceux qui en sont frappés sont mis au rang des impies et des scélérats; tout le monde les fuit; on évite de les aborder et de leur parler dans la crainte d'éprouver à leur contact quelque malheur; tout accès en justice leur est refusé et ils ne peuvent prétendre à aucun honneur....

Les druides, d'après un usage établi, ne vont pas à la guerre et ne paient pas les impôts auxquels sont soumis les autres citoyens : ils sont exempts du service militaire et affranchis de toute espèce de charges. Séduits par de si grands privilèges, beaucoup de disciples viennent à eux, les uns spontanément, les autres envoyés par leurs parents et leurs proches. Là, dit-on, ils apprennent un grand nombre de vers, si bien qu'il y en a qui passent vingt années à l'étude. Les druides ne permettent pas de confier ces vers à l'écriture, tandis que, dans presque toutes leurs affaires publiques et leurs rapports particuliers, ils se servent de l'alphabet grec. Ils ont établi cet usage, selon moi, pour deux motifs : d'abord, pour ne point livrer leur science au vulgaire, et puis pour empêcher leurs disciples de négliger leur mémoire en se reposant sur l'écriture; car il arrive presque toujours que le secours des livres fait tort à l'activité de l'étude et à la culture de la mémoire. Ce qu'ils cherchent surtout à établir, c'est que les âmes ne périssent pas, mais qu'elles passent après la mort d'un corps dans un autre; ils voient dans cette croyance un stimulant pour le courage, puisqu'elle fait mépriser la mort. Leur doctrine embrasse en outre les astres et leur mouvement, l'étendue de l'univers et de la terre, la nature des choses, la force et le pouvoir des dieux immortels, toutes matières qu'ils enseignent à la jeunesse.

CLIII

Mœurs des Germains.

Agriculturæ non student, majorque pars eorum victus in lacte, caseo, carne consistit. Neque quisquam agri modum certum aut fines habet proprios, sed magistratus ac principes in annos singulos gentibus cognationibusque hominum, qui tum una coierunt, quantum et quo loco visum est agri attribuunt, atque anno post alio transire cogunt. Ejus rei multas afferunt causas: ne, assidua consuetudine capti, studium belli gerendi agricultura commutent; ne latos fines parare studeant potentioresque humiliores possessionibus expellant; ne accuratius ad frigora atque æstus vitandos ædificent; ne qua oriatur pecuniæ cupiditas, qua ex re factiones dissensionesque nascuntur; ut animi æquitate plebem contineant, cum suas quisque opes cum potentissimis æquari videat.

Civitatibus maxima laus est quam latissime circum se vastatis finibus solitudines habere. Hoc proprium virtutis existimant, expulsos agris finitimos cedere, neque quemquam prope audere consistere; simul hoc se fore tutiores arbitrantur, repentinæ incursionis timore sublato. Cum bellum civitas aut illatum defendit aut infert, magistratus, qui ei bello præsint, ut vitæ necisque habeant potestatem, deliguntur. In pace nullus est communis magistratus, sed principes regionum atque pagorum inter suos jus dicunt controversiasque minuunt. Latrocinia nullam habent infamiam quæ extra fines cujusque civitatis fiunt, atque ea juventutis exercendæ ac desidiæ minuendæ causa fieri prædicant. Atque, ubi quis ex principibus in concilio dixit «se ducem fore, qui sequi velint profiteantur, » consurgunt ii qui et causam et hominem probant, suumque auxilium pollicentur atque ab multitudine collaudantur; qui ex his secuti non sunt, in desertorum ac proditorum numero ducuntur, omniumque his rerum postea fides derogatur. Hospitem violare fas non putant; qui quaque de causa ad

CLIII

(Tom. III, p. 439.)

Ils ne s'adonnent pas à l'agriculture et leur nourriture consiste surtout en lait, en fromage et en viande. Nul n'a de champs limités ni de terrain qui soit sa propriété; mais les magistrats et les chefs, chaque année, assignent aux tribus et aux familles qui vivent en commun des terres en tels lieux et en telle quantité qu'ils le jugent convenable, et, l'année suivante, ils les forcent de se porter ailleurs. Ils allèguent plusieurs raisons de cet usage on craint qu'un séjour continuel dans les mêmes lieux, en y attachant les hommes, ne leur fasse perdre le goût de la guerre pour prendre celui de l'agriculture, que chacun ne cherche à étendre ses possessions et que les plus forts ne dépouillent les faibles; et puis on empêche ainsi les constructions élevées à grands frais contre le froid et la chaleur, le développement de l'amour de l'argent, d'où naissent les factions et les désordres; on contient aussi le peuple par le sentiment de l'équité en lui montrant qu'il n'est pas moins riche que les plus puissants.

Pour chaque Etat la plus grande gloire est d'avoir autour de lui de vastes solitudes et des pays ravagés. La marque de la valeur à leurs yeux, c'est, après avoir chassé les habitants des contrées voisines, d'inspirer assez de crainte pour empêcher n'importe qui de s'établir auprès d'eux; ils s'en trouvent d'ailleurs plus en sûreté, n'ayant plus à redouter une invasion subite. Lorsqu'un Etat fait une guerre offensive ou défensive, on choisit des magistrats à qui l'on donne la direction des opérations avec le droit de vie et de mort. En temps de paix, il n'y a pas de magistrature générale; mais les principaux habitants des cantons et des bourgs rendent la justice et règlent les différends. Les vols ne sont entachés d'aucune infamie du moment qu'ils s'opèrent en dehors des limites de l'État; on y voit un excellent moyen d'exercer la jeunesse et de la préserver de l'oisiveté. Lors

eos venerunt, ab injuria prohibent, sanctos habent, hisque omnium domus patent victusque communicatur'.

Cæs., De bell. gall., VI, 22, 23.

CLIV

Commencement du combat décisif sous les murs d'Alésia.

Erat a septentrionibus collis, quem propter magnitudinem circuitus opere circumplecti non potuerant nostri : necessario pæne iniquo loco et leniter declivi castra fecerunt. Hæc C. Antistius Reginus et C. Caninius Rebilus, legati, cum duabus legionibus obtinebant. Cognitis per exploratores regionibus, duces hostium LX millia ex omni numero deligunt earum civitatum quæ maximam virtutis opinionem habebant; quid quoque pacto agi placeat occulte inter se constituunt; adeundi tempus definiunt, cum meridies esse videatur. His copiis Vercassivellaunum Arvernum, unum ex quattuor ducibus, propinquum Vercingetorigis, præficiunt. Ille, ex castris prima vigilia egressus, prope confecto sub lucem itinere, post montem se occultavit militesque ex nocturno labore sese reficere jussit. Cum jam meridies appropinquare videretur, ad ea castra quæ supra demonstravimus contendit; eodemque tempore equitatus ad campestres munitiones accedere et reliquæ copiæ pro castris sese ostendere cœperunt.

(1) Comparer ce morceau avec Tacite (Germ., 15, 16, 21, 26).

(2) Le mont Réa, au nord-ouest de la ville. César n'ayant pu s'y fortifier que sur le versant méridional, les Gaulois pouvaient en occuper le sommet, ce qui était un désavantage pour lui.

que, dans une assemblée, un des citoyens les plus marquants annonce qu'il se met à la tête d'une expédition et demande qui veut le suivre, ceux qui sont pour lui et pour son projet se lèvent, lui promettent leur concours et sont applaudis par la multitude; mais si de ceux-là il en est ensuite qui l'abandonnent, on les considère comme des déserteurs et des traitres, et jamais plus on ne leur accorde aucune confiance. Violer l'hospitalité est chez eux une chose défendue quiconque, pour quelque cause que ce soit, leur demande abri, n'a rien à craindre, est sacré pour eux; toutes les maisons lui sont ouvertes et l'on partage les vivres avec lui.

CLIV

(Tom. III, p. 443.)

Il y avait au nord une colline que nous n'avions pu comprendre dans l'enceinte de nos retranchements à cause de son grand développement : nous avions été obligés d'établir le camp dans une situation désavantageuse sur un terrain en pente. Les lieutenants C. Antistius Réginus et C. Caninius Rebilus avaient la garde de ce camp avec deux légions. Mis au courant de notre situation par leurs éclaireurs, les chefs ennemis choisissent soixante mille hommes parmi les contingents des cités qui avaient la plus grande réputation de courage; ils règlent secrètement entre eux le plan et les moyens d'attaque, ils en fixent l'heure à midi. A la tête de ces troupes est mis un des quatre chefs, l'Arverne Vercassivellaunus, parent de Vercingétorix. Après être sorti de son camp à la première veille, ce chef arrive un peu avant le jour, se cache derrière la montagne et fait reposer ses soldats des fatigues de la nuit. Vers midi, il marche sur le camp dont j'ai parlé plus haut; au même moment la cavalerie se dirige vers les retranchements de la plaine, et le reste de l'armée gauloise se déploie en avant du camp.

Vercingétorix, qui, du haut de la citadelle d'Alésia, voit le mouvement des Gaulois, sort de la place, emportant les

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