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Enfin, le gérant et l'imprimeur du journal la Mode étaient condamnés, le premier, à deux ans de prison et 6,000 fr. d'amende, le second, à trois mois et 2,000 fr., pour délits d'adhésion publique à une autre forme de gouvernement, d'apologie de faits attentatoires à la sûreté de l'État, d'offense envers le roi et les membres de la famille royale.

Jusqu'à quel point était-il juste et raisonnable d'envelopper les imprimeurs dans les poursuites dirigées contre les auteurs de délits ordinaires commis par la voie de la presse, c'est ce que se demandèrent, à l'occasion de ces divers procès, ceux-là mêmes qui applaudissaient à la sévère répression d'impardonnables violences. Ne peut-on penser, en effet, qu'il est devenu nécessaire de redresser l'interprétation donnée à la loi de 1819?

Nous avons parlé l'année dernière des graves désordres dont le recensement avait été le prétexte à Clermont. Au mois de février, les accusés comparurent devant la Cour d'assises du Puy-de-Dôme. Sur 80 inculpés dans cette affaire, 56 furent renvoyés le 14 février devant les assises extraordinaires, 24 devant la police correctionnelle : le 4 mars, quinze de ces accusés déclarés coupables de rébellion, de pillage et de dévastations commises dans des rassemblements insurrectionnels, étaient condamnés à différentes peines, depuis 10 ans de travaux forcés jusqu'à 6 mois d'emprisonnement.

Dans le cours de cette malheureuse affaire, une grave accusation avait été portée à la Chambre des députés, par un membre qui jouit d'ailleurs d'une réputation incontestée de conscience et de lumières. Nous ne reviendrons pas sur une discussion qui fut signalée par des personnalités fâcheuses (Voy. la Session législative, 28 janvier). S'emparant des assertions émises à la Chambre, la Gazette d'Auvergne, dans une série d'articles, accusa le préfet du Puy-de-Dôme, M. Meynadier et le procureur général près la cour royale de Riom, M. de Boissieux, d'avoir retardé à dessein le juge

ment du procès de Clermont, pour obtenir, d'un jury composé dans cebut, une condamnation assurée. La cour d'assises du Puy-de-Dôme voyant dans ces articles un délit de diffamation et d'outrage envers un magistrat et un fonctionnaire public, condamna le gérant de la gazette à 6 mois de prison et 4,300 fr. d'amende. Cette fois du moins, l'imprimeur fut mis hors de cause.

Nous arrivons à une époque de l'année tristement remplie par des événements douloureux, dont un surtout s'élevera aux proportions d'un malheur politique. (Voy. le chapitre suivant.)

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Au moment où la Chambre était appelée à délibérer sur le projet de loi des chemins de fer, une perte regrettable apportait de nouveaux embarras au ministère. Le 25 avril, à la veille de la discussion, depuis longtemps préparée par ses soins, M. Humann mourait subitement. Il fallut fermer la brèche en quelques heures, et M. Lacave-Laplagne, ancien ministre des finances du 15 avril, fut appelé au ministère. ...Pendant la discussion même de la loi des chemins de fer, un accident terrible jetait le deuil et la consternation dans Paris. Le 8 mai, sur le chemin de fer de Versailles, rive gauche, un convoi qui transportait au milieu des fêtes une partie de la population parisienne, était culbuté, broyé, incendié par ses deux locomotives, et, dans cet horrible conflit, près de cinquante personnes trouvaient la mort. Parmi les pertes que fit la France en ce jour fatal, il faut compter celle d'un savant distingué, d'un marin intrépide, le contreamiralDumont-Durville. (Voy. la Chronique pour les détails.) Une si affreuse catastrophe devait éveiller les sollicitudes de la Chambre, au moment même où, par une loi nouvelle, elle allait multiplier et répandre dans toute la France les bienfaits et les dangers de la vapeur. M. Dupin vint réclamer, comme article additionnel au projet de loi, une pénalité sévère contre les infractions au réglement dans le service des chemins de fer.

Un acte honorable pour notre pavillon, moins fécond d'ailleurs en avantages réels pour le présent qu'en espérances pour l'avenir, elôt la série des événements de l'annés. La prise de possession de l'archipel des îles Marquises fut rendue officielle (19 décembre) par un rapport de M. le contreamiral Dupetit-Thouars adressé au ministre de la marinę. Le premier mai, le contre-amiral avait, en présence et avéc le consentement du roi de Tahuata, Yotété, pris, au nom du roi des Français, possession de l'île Tahuata et du groupe S. E. des fles Marquises. Le 1 juin, les chefs principaux de Nukuhiva et des îles du groupe N. O. qui en dépendent, avaient reconnu la souveraineté de S. M. Louis-Philippe et prenaient le pavillon français.io odo e cirisi ten. !

Sans accepter les exagérations des partis opposés, sans faire de cette occupation un sujet de triomphe emphatique ou de récriminations ironiques, on doit reconnaître qu'il y a là le germe d'une station qui peut devenir d'une haute importance dans l'Océan Pacifique, et qu'il sera un jour avantageux pour la France de posséder un entrepôt dans la Polynésie,

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CHAPITRE VI.

Dissolution de la Chambre des députés - État des partis. - Élections nouvelles. -Mort du duc d'Orléans.

Cependant, la session à peine terminée, la Chambre, après trois années d'existence, fut dissoute (13 juin). Le ministère, peu rassuré des dispositions d'une majorité insuffisante et qui ne l'avait pas toujours secondé, en appelait à une législature nouvelle. Tout s'apprêta pour la lutte électorale. Le ministère et l'opposition en augmentèrent encore l'importance, en s'avouant mutuellement la nécessité de la victoire et le danger de la défaite. D'un côté, l'opposition faisait éclater ses espérances; de l'autre, le ministère se promettait une majorité formidable. La position devenait difficile, si ces prévisions ne devaient pas se réaliser.

Avant de faire connaître le résultat de ces élections nouvelles, nous avons à signaler la rupture qui éclata entre les deux fractions du parti légitimiste: l'une qui s'associe aux idées démocratiques et réclame le suffrage universel; l'autre qui se déclare exclusivement pour le principe de la légitįmité et repousse tout rapprochement, même provisoire, avec les doctrines radicales.

La Chambre nouvelle, telle que les élections la firent, revenait composée dans des proportions analogues à celles de l'ancienne. Les conservateurs s'y trouvaient en majorité : mais les oppositions réunies pouvaient y former une phalange formidable et toute défection momentanée d'une fraction conservatrice pouvait amener une crise. A Paris, ce centre de représentation que les opinions diverses se disputent avec tant d'acharnement, les élections avaient été plus significatives que partout ailleurs sur douze arrondissements, dix députés de l'opposition furent nommés. (Voyez le ta

bleau général des élections.) La position était grave, quand tout-à-coup un malheur horrible et inattendu vint consterner tous les partis et, pour un moment, les confondre.

Le 13 juillet, le duc d'Orléans, au moment de partir pour Saint-Omer, où il devait inspecter plusieurs des régiments désignés pour le corps d'armée d'opérations sur la Marne, se rendait à Neuilly pour faire ses adieux au roi, à la reine et à la famille royale. A la hauteur de la porte Maillot, les chevaux s'effrayèrent et la voiture fut emportée dans la direction du chemin de la Révolte. Le prince, pensant qu'il serait impossible au postillón de maîtriser les chevaux, sauta sur la route, mais si malheureusement que sa tête porta sur le pavé. La chute fut horrible et, cinq heures après, le duc d'Orléans expirait dans les bras du roi, sous les yeux de la reine éplorée et d'une partie de la famille royale, sans avoir un moment repris connaissance. (Voy. la Chronique pour les détails.)

La douleur causée par ce triste événement fut générale, et de toutes parts arrivèrent au pied du trône des manifes tations empressées. Le corps diplomatique, les pairs et députés présents, l'armée, la garde nationale, les conseils généraux de Paris et des départements, les communes, exprimèrent au roi la part qu'ils prenaient dans ses regrets et lui renouvelèrent l'assurance de leur concours.

'Cette mort soudaine d'un prince populaire, aimé de la France, accepté par l'Europe, livrait l'avenir aux chances d'une minorité. Ce fatal événement changeait donc momentanément la situation et mettait un temps d'arrêt à l'antagonisme des partis. Il n'y avait pas tant à s'occuper de combattre le ministère que de raffermir la dynastie. Les passions politiques firent silence devant la douleur de la France et de l'Europee ntière.

Les Chambres furent, en conséquence, convoquées pour le 26 juillet, pour avoir à délibérer sur un projet de régence.

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