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princesse Marie, fille du prince Guillaume de Prusse, avec le prince royal de Bavière. Les différences religieuses qui existaient entre les deux parties ne furent pas un obstacle à cette union.

Pour en finir avec les petits États dont les relations ont quelque importance pour la Prusse, disons qu'aucune acces sion nouvelle n'eut lieu cette année de la part d'aucun des États appartenant à la confédération germanique. Quant à la Belgique, si nous avons vu plus haut (voy. ch. I, Belgique) que dans ses menaces, à l'adresse de la France, de se jeter dans les bras de la Prusse, il y avait plus de calcul que d'intention réellement arrêtée, il faut dire aussi que les Ouvertures faites au Zollverein furent accueillies avec peu d'empressement. Derrière ces refus de l'union douanière de s'assimiler commercialement la Belgique, on peut voir la nécessité de garder avec la France, dans une question aussi grave, des ménagements politiques.

L'attitude que prit la Prusse envers la Russie fut sérieuse et significative. Tout en confirmant par sa visite les bons rapports des deux gouvernements, le roi de Prusse modifiait sensiblement sa politique avec l'empire, et montrait une grande tendance à se détourner de l'alliance russe, idée favorite du feu roi. Le 11 juillet, en passant par Dantzig pour se rendre à Saint-Pétersbourg, le roi prit, relativement aux provinces polonaises de la monarchie prussienne, une mesure qui contraste singulièrement avec celles de l'empe reur Nicolas contre la nationalité polonaise. S. M. ordonna que, dans toutes les écoles des provinces polonaises, tout l'enseignement se fit dorénavant en polonais, à la seule exception de l'instruction religieuse, qui sera donnée en polonais ou en allemand, selon l'origine de l'élève ou le désir de ses parents; que, de plus, aucun Allemand ni étranger ne pût être nommé professeur à ces écoles sans avoir préalablement fait constater qu'il sait parler et écrire couramment la langue polonaise.

Dans ces dispositions, et dans quelques autres que nous aurons lieu de rapporter, on peut trouver la preuve que Frédéric-Guillaume veut conserver et non détruire la nationalité des provinces polonaises qui se trouvent placées sous son sceptre; peut-être aussi faut-il y voir le premier pas d'une secrète tendance au rétablissement futur d'un royaume de Pologne, comme puissance nécessaire pour couvrir les provinces septentrionales de la monarchie prussienne, débordées de tous côtés par des territoires moscovites.

Dans le voyage de S. M. à Saint-Pétersbourg, les difficultés qui s'étaient élevées avec la Russie, relativement aux douanes des frontières, et qui avaient duré vingt ans, furent enfin réglées. Des nouvelles conventions résulteront de grandes facilités de relations commerciales entre la Prusse, la Russie et la Pologne. Des articles prohibés jusqu'à présent pourront être introduits en Russie en payant un droit. Pour d'autres articles, le droit d'entrée est diminué; enfin, des articles d'une troisième catégorie ne pourront être introduits qu'avec un certificat d'origine prussienne. Quant au droit de transit des marchandises entre la Prusse et la Pologne, il est définitivement aboli, ainsi que les droits différentiels sur le sucre et sur le café.

Cette année expirait le cartel signé pour douze ans, le 17 mars 1830, relativement à l'extradition des déserteurs. Ce traité, dont l'accomplissement avait longtemps excité la haine et le dégoût publics, la Russie en demandait le renouvellement, et offrait, en retour et comme compensation, une modification du tarif des douanes. La chambre de commerce de Koenigsberg repoussa hautement cette transaction, et déclara qu'elle ne voulait le renouvellement à aucun prix. Les difficultés relatives au cartel s'élevaient malheureusement au moment même où allaient être conclues les nouvelles conventions commerciales avec la Russie. Le cartel fut donc prorogé par un ordre de cabinet du 17 août; mais il ne fut pas renouvelé. On sait, au reste, que jamais

la Prusse, même lorsque le cartel était en vigueur dans les limites du traité de 1830, n'apporta dans l'exécution des conventions cette rigueur qu'en attendait l'empire. D'ailleurs 'une modification rassurante au cartel prorogé fut indiquée dans un rescrit du ministre de l'intérieur aux présidents des provinces limitrophes (24 novembre). Ce rescrit les autori sait à admettre les déserteurs capables de travailler, et leur enjoignait de reléguer les autres aux lieux destinés ad hoc.

A mesure qu'elle se détache de la Russie, la Prusse paraft se tourner plus particulièrement vers l'Angleterre, qui seule entre les grandes puissances étrangères lui offre une identité de principes religieux et les promesses, peut-être trompeuses, d'une alliance commerciale sans charges et sans dangers.

Sans parler ici de la part peu importante que joua la Prusse dans le traité des cinq puissances, bientôt réduit à quatre par le refus d'accession de la France, traité dont l'initiative appartient à l'Angleterre, sans parler des marques nombreuses de sympathie et de haute bienveillance que le monarque prussien trouva partout sur ses pas en Angleterre, nous arriverons de suite au seul résultat positif de ce voyage. Le 28 juin, un ordre royal daté de Dantzig transmit au ministre des cultes une lettre du primat d'Angleterre, qui réglait les rapports de l'Église unie d'Angleterre et d'Irlande, à Jérusalem, avec les conimunautés allemandes de la religion évangélique. « Vous verrez, portait la lettre du roi, que le prélat assure aux communautés évangéliques allemandes, en Palestine, la protection et les soins de l'évêque anglican à Jérusalem, sans faire d'autres conditions que celles qu'exige l'exercice de ce patronage. » Il est permis de penser, quoi qu'en pût dire Frédéric-Guillaume, que la position d'infériorité faite en Palestine au clergé allemand sous le patronage du clergé anglican, dont l'évêque se trouvait ainsi placé à sa tête, accordait trop à l'influence anglaise.

Une des questions qui occupérent la Prusse, comme pres

que toute l'Allemagne, depuis le commencement de cette année, fut le sort des Israélites. Le gouvernement, il faut le dire, ne montra pas, dans sa conduite à l'égard de cette malheureuse fraction de la population prussienne, cet esprit de tolérance qui lui est habituel en toutes choses.

Sur la proposition du conseil des ministres, une commission avait été chargée par le roi d'élaborer le projet d'une législation complète sur les Israélites du royaume. Cette fraction de la population, qui compte dans ses rangs des hommes influents par le talent et la fortune, s'émut dans toutes les parties du royaume: ces idées de changement étaient considérées par les Israélites comme des menaces; car, bien que la pensée avouée du roi fût de rédiger cette législation nouvelle dans l'intérêt de la classe juive, il n'en était pas moins vrai qu'il était question de lui faire dans l'État une position exceptionnelle pour les droits et pour les devoirs. Chose étrange, cette dernière menace éveilla plus que toute autre les craintes et les réclamations. La commission de Magdebourg, entre autres, s'adressa directement au roi; elle fit porter ses plaintes sur le point spécial du service militaire. Le roi prit, en réponse, une décision (14 avril ) dont voici le texte :

<< Les anciens de la commune juive de Magdebourg m'ayant adressé un exposé, en date du 22 mars dernier, dans lequel ils réclament, pour tous les Israélites prussiens, le droit d'entrer au service militaire, il leur sera annoncé qu'on n'a jamais eu l'intention d'interdire aux juifs l'entrée volontaire dans l'armée, et que le droit de coopérer à l'honorable et utile mission de défendre la patrie ne leur sera jamais ôté. Mais, quant à la question de savoir si les juifs seront ou non obligés à faire le service militaire, la solutionde cette question est différée jusqu'après la fin des délibérations qui, d'après mes ordres, ont actuellement lieu sur la régularisation des droits civils des personnes professant le culte judaïque. »

On le voit, dans cette réponse ambiguë le gouvernement ne veut reconnaître le service militaire, chez les Israélites, que comme acte isolé d'engagement volontaire, autorisé," mais non sollicité par lui; il se refuse à imposer une obligation à la caste proscrite, c'est-à-dire à lui accorder un droit.

La pensée du gouvernement s'exprima plus clairement dans une réponse que fit à de nouvelles pétitions le ministre de l'intérieur, M. de Rochow. Les termes de cette pièce sont trop explicites et trop remarquables pour être soumis à une simple analyse:

« D'après la pétition adressée à S. M., le 4 mars, le roi a vu que le projet de loi concernant les Israélites, leur avait inspiré de vives inquiétudes. S. M. me charge, en conséquence, de vous déclarer que son intention est d'adopter des mesures qui leveront les restrictions imposées aux Israélites, et assureront leurs relations avec les communions chrétiennes, en donnant à leurs intérêts particuliers plus d'indépendance et d'autorité par la formation de corporations. On leur facilitera ainsi les moyens de donner à leurs facultés un plus grand développement, soit dans leur intérêt, soit dans celui des chrétiens; mais le roi croit devoir attacher tous ces avantages aux conditions basées sur l'essence d'un État chrétien, d'après lesquelles il n'est pas permis d'accorder aux Israélites une puissance sur les chrétiens, ou des droits qui seraient de nature à causer un préjudice aux communautés chrétiennes. Il faut, par conséquent, que la conservation de ces droits des chrétiens balance la suppression de ces restrictions; ces deux objets ne peuvent exister qu'unis, et ne sauraient être séparés l'un de l'autre. En dispensant les Israélites de l'obligation du service militaire, on ne leur ôtera rien, attendu qu'ils pourront toujours entrer volontairement au service. En tous cas, les Israélites pourront attendre avec calme les résultats des délibérations ordonnées, et ils peuvent compter qu'on ne leur

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