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CHAPITRE IV.

TURQUIE. Changements dans l'administration.

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ception du haradj. — Modification de l'administration provinciale. Tendance réactionnaire du gouvernement. — Affaire du Liban. - Nomination d'Omer-Pacha. · Protestations des puissances. Destitution d'Omer-Pacha. - Introduction de l'administration turque dans la Syrie. - Accueil fait à l'évêque de Jérusalem. Disgrâce d'Izzet-Mehemet-Pacha. Différend avec la Perse. Armistice. Traité de commerce avec les villes anséatiques. EGYPTE. Abolition de quelques monopoles. - Changements dans la valeur des monnaies. - Réduction de l'armée Méhémed nommé grand-vizir. SERVIE. Complot contre le prince

Michel.

Succès des insurgés. Fuite du prince. Sa déposition.
Tentative avortée de Metschitch

- Election d'Alexandre Georgewitz.

- Intervention des puissances. - Rôle de l'Autriche.-Protestation de la Russie. Bérat d'investiture envoyé à Alexandre par le Sultan. - Menaces de la Russie. VALACHIE. Déposition d'Alexandre Ghika. Abolition de la traite des noirs.

TUNIS.

GRÈCE. Situation.- Question des institutions représentatives. - Question Réorganisation des douanes. - Situation extérieure.

financière.

TURQUIE.

Au commencement de l'année le grand-visirat se trouvait entre les mains d'Izzet-Mehemet-Pacha; Tahir-Pacha était capitan-pacha et séraskier par intérim. Seulement un autre ministre, celui des affaires étrangères, Rifaat-Pacha, avait été remplacé par Sarim-Effendi, ci-devant ministre du com

merce.

Cette mesure avait été prise dans un but tout économique : on voulait confondre deux titres, celui de mustechar (conseiller au ministère) et celui de muchir. Cependant des

raisons tirées de la personne se joignaient à ce changement: on trouvait Rifaat encore trop conciliant, trop porté au progrès. Une autre circonstance coincidait avec la retraite de Rifaat, sans s'y rattacher précisément. De l'avis d'un membre du conseil, Tahir, la Porte devait renoncer, comme à une représentation trop coûteuse, à envoyer des ambassadeurs près les cours étrangères. Cet avis ne prévalut point. L'ex-conseiller (mustechar) au ministère des relations extérieures, Aali-Effendi, fut nommé ambassadeur à Londres, et Akif-Effendi ambassadeur à Vienne. Quant au membre dirigeant, Izzet, il poursuit ses plans d'économie tracassière, il réforme une partie de sa maison; partout il se fait de nombreux ennemis. D'autre part, l'ordre administratif établi précédemment par Reschid-Pacha est bouleversé. Par exemple, le haradj (tribut personnel) payé par les rajahs était perçu par les chefs des corporations, et remis au gouvernement par les patriarches. Il s'agissait de soustraire les contribuables aux vexations des agents subalternes. Les choses se passeront désormais autrement : les rajahs se présenteront à un bureau présidé par un chef turc, auquel ils remettront le tribut contre quittance.

L'administration provinciale subit aussi des modifications: les mouhassils, espèce de sous-gouverneurs indépendants néanmoins des gouverneurs mêmes, sont remplacés par des kaïmakams nommés par les pachas, qui administrent d'une manière absolue les provinces. Toutefois il y aura, comme par le passé, des conseils provinciaux auxquels sera réservée la nomination des mudirs (inspecteurs), ou commissaires répartiteurs chargés de renseigner le pacha sur le taux et la proportion qui devront régler les taxes à percevoir. L'esprit de ces réformes, c'est, en fin de compte, la restitution au pacha de l'absolu pouvoir d'autrefois (février).

Ce n'est pas que pour le présent on ne s'entoure encore de précautions, et si des plaintes sont élevées par des op

primés, témoin celles des rajahs de Smyrne, on voit aussitôt le Divan adresser une emphatique circulaire sur la conduite à tenir, la protection à accorder aux sujets de Sa Hautesse, la justice qui leur est due, etc. Mais cette justice pour être vraie, efficace, doit avant tout être écrite dans les institutions.

La tendance nouvelle du gouvernement se produisit d'une façon non équivoque dans les affaires du Liban. On sait quelle est l'origine du différend diplomatique entre le Divan et les cinq cours européennes. Les populations qui habitent le Liban, principalement composées des Maronites et des Druses, possédaient depuis des siècles le privilége d'être immédiatement gouvernées par un émir de leur nation, qui relevait du gouverneur turc de Saint-Jean-d'Acre. Elles jouissaient donc d'un gouvernement indépendant, sous lequel leur religion et leurs mœurs étaient efficacement protégées. Quand la Syrie fut rentrée sous la domination turque, la Porte ne rétablit pas le gouvernement du Liban sur ses anciennes bases. Elle mit de côté les émirs, et installa à leur place un gouverneur turc dans la montagne. Les Maronites, qui forment la nation chrétienne du Liban, se soulevèrent contre le nouveau gouvernement, et demandérent le rétablissement de leurs priviléges, dont le maintien leur avait été garanti par les puissances européennes. La Porte répondit par un refus aux réclamations des Maronites, comme à celles des représentants européens à Constantinople; et, comme pour signifier plus clairement sa résolution, elle avait nommé, l'année dernière, au poste de grand-visir Izzet-Pacha, qui, avec le vieux Korren, représentait les traditions les plus oppressives, les plus fanatiques de la domination musulmane.

Ce système fut continué par la nomination d'OmerPacha au gouvernement de la Montagne. Les puissances protestèrent contre le choix d'un homme dont les antécédents ne pouvaient inspirer aucune confiance, et cherchèrent à

faireprévaloir le système d'un chef druse pour les Druses, d'un chef chrétien pour les Maronites. Le Divan s'obstina et répondit d'une manière évasive. Il proposait de donner aux Druses et aux Maronites deux gouverneurs tures qui releveraient tous les deux du gouverneur turc de la Syrie.

Pendant ce temps Omer-Pacha justifiait les tristes prévisions qu'avait fait naître son avénement au pouvoir. Sous prétexte de conférer avec les chefs druses au sujet des Maronites, leurs ennemis, il attirait chez lui les premiers, et après avoir rempli à leur égard les devoirs de l'hospitalité orientale, il les faisait enlever et enfermer. De là des protestations des puissances, des notes inutiles: Selim-Bey était envoyé sur les lieux, et pendant ce temps les événements suivaient leur cours, et l'anarchie régnait sur la Montagne.

Enfin, au mois de septembre, la question reçoit une solution nouvelle. Aux termes d'un hatti-shériff du 27, Essaad, pacha de Saïda, est nommé gouverneur du Liban et de l'Anti-Liban. Deux kaïmakams gouverneront sous ses ordres, l'un les Druses, l'autre les Maronites. Omer-Pacha est révoqué. Les Albanais seront rappelés et remplacés par des troupes régulières. Ainsi Druses et Maronites se trouvent privés de leurs chefs naturels. La famille de l'émir Benhir reste bannie du sol natal, et l'administration turque sera installée dans les montagnes de Syrie.

Le mauvais vouloir de la Porte pour les puissances et sa résistance à l'esprit de la politique européenne furent rendus évidents par le froid accueil fait à l'évêque d'Angleterre à Jérusalem, et la tiède protection qui lui fut accordée contre les insultes de la population. On consentit à punir les coupables, mais non à protéger l'évêque en lui accordant des gardes.

Enfin, le grand-visir de la réaction, Izzet-Mehemet, tomba

devant les efforts réitérés des représentants des cinq

cours.

Mais cette disgrâce ne devait rien changer à la politique du Divan. On ne voulut paraître reprocher à Izzet que ses exigences impérieuses, ses vues étroites et ses habitudes de parcimonie. Les révolutions ministérielles se succèdent dans ce malheureux pays sans que ces agitations impuissantes raniment les restes d'un empire qui tombe et d'une splendeur qui s'éteint. Petit à petit toutes les branches du vaste empire ottoman se détachent du trone. En vain la Porte cherche-t-elle à rattacher les débris épars de sa souveraineté, et à les concentrer sous l'unité de son administration. Mais s'il lui reste assez d'intelligence pour apercevoir la décomposition qui la menace, il lui manque la force nécessaire pour la conjurer, ou au moins pour la retarder quelque temps. Abandonnée à ses propres forces, elle ne peut rien, et, tombée sous la tutelle de l'Europe, elle résiste en vain contre les conséquences de cette dépendance inévitable.

Au dehors éclate, entre la Porte et le gouvernement de Téhéran, un différend qui menace bientôt de devenir une collision. Indépendamment de la rivalité naturelle qui régnait entre les deux pays, le Shah se plaignait d'un droit, à ses yeux exorbitant, perçu sur les soieries persannes. La question territoriale, réveillée par ces débats nouveaux, pou vait faire craindre une lutte sanglante. Un camp de 10,000 Persans, sous les ordres du prince Rahkman, frère du Shah, fut formé à Koulé, près des frontières turques, sous prétexte de combattre les Kurdes.

Le Divan, dans la prévision des éventualités, pourvut à la défense de la Turquie en expédiant des hommes, des canons et des munitions de guerre à l'armée de frontière. Les deux gouvernements acceptèrent la médiation de l'Angleterre et de la Russie. Un armistice fut conciu. La Porte Ottomane consentit à accorder une indemnité en ce qui

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