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touchait la question territoriale, elle proposa un arbitrage; le Shah s'étant plaint des procédés de certains pachas de la frontière, le Sultan s'engagea à les révoquer. Ces concessions de la Porte Ottomane faisaient espérer, à la fin de l'année, qu'un traité définitif pourrait être conclu.

Un traité de commerce consacrant des avantages réciproques fut aussi conclu avec les villes anséatiques de l'Allemagne. (Voy. aux documents historiques.)

ÉGYPTE.

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Les choses sont demeurées dans le même état. Certains monopoles sont abolis, en particulier celui des cotons. Boghos-Bey l'a annoncé aux consuls des puissances intéressées. Méhémet a opéré aussi un changement dans la valeur des monnaies, ce qui n'a pas laissé de mécontenter beaucoup de monde et d'inspirer au commerce de sérieuses inquiétudes. Enfin il a réduit son armée, et le Sultan lui a conféré le titre de grand-vizir.

SERVIE.- La Servie nous offre le spectacle d'une révolution populaire. Cette révolution, accomplie avec l'assentiment de la Porte,avec tous les caractères de l'unanimité dans le pays, malgré les intentions hautement exprimées des puissances, a été diversement jugée. Les uns ont voulu y voir le triomphe du parti des boyards, les autres une suite des sourdes machinations de la Russie, d'autres enfin un résultat des intrigues de la Porte: on peut penser que c'est là une des conséquences nécessaires du développement de la nationalité serbe, et nous voyons dans l'unanimité d'élection du nouveau prince, dans les efforts de la Russie pour dénaturer cette révolution, dans la résignation de la Porte à l'accepter, la réfutation de toutes les opinions si différentes et la preuve de ce que nous avançons. Voici en peu de mots l'historique de cette révolution.

Le prince régnant, Michel Obrenovitz, averti de l'existence d'un complot contre sa personne, se mit en marche pour le réprimer. Mais il fut battu dans deux combats sanglants li

vrés près de Kragujewatz. Les insurgés, à la tête desquels se trouvait Wutschitsch, chef du parti dit des émigrés, se disposèrent ensuite à marcher sur Belgrade. Mais le faible successeur de Milosh ne les attendit point. Il franchit la frontière et se rendit à Semlin avec la princesse Lubitza, sa mère, et son oncle Jefrem Obrenowitch. Après son départ, un gouvernement provisoire fut établi, composé des chefs du parti vainqueur (6 septembre).

Le peuple assemblé déposa solennellement le prince Michel, et, comme par un choix providentiel, ce fut le descendant d'une victime des Obrenovitz qui fut élu. Alexandre Petrowitch, petit-fils de Czerny Georges, fut proclamé prince de Servie.

On se rappelle que lorsque le malheureux Czerny Georges fut appelé en 1817, par ses amis, à se rendre auprès de son compagnon d'armes Wnitza, près de Belgrade, ce dernier le livra au prince Milosh. Le prince avait obtenu du pacha de Belgrade une condamnation à mort et avait écrit à Wnitza: « Il y va de ta tête si tu n'apportes pas ici celle de Czerny Georges. » Wnitza surprit son compagnon d'armes endormi; il lui trancha la tête d'un coup de hache, et s'empressa de porter ce hideux trophée à Belgrade. Telle avait été la fin du héros de Belgrade, qui avait frayé la voie au prince Milosh, et qui, quatre ans auparavant, avait su contenir le grand-visir, marchant à la tête de cent dix mille hommes vers la frontière autrichienne. L'attachement des Serbes pour la mémoire de ce grand homme était demeuré si vif que tous les ans, le jour anniversaire de sa mort, et même sous le règne du prince Milosh, des milliers d'entre eux allaient payer à sa tombe un tribut de souvenirs.

Alexandre Petrowitch fut élu, sous le nom d'Alexandre Georgewitz, par plus de 12,000 hommes réunis en assemblée générale, avec l'assentiment et en la présence du commissaire turc, Chekif-Effendi, et de Kiamil, pacha de Belgrade. Le nouveau prince, âgé de dix-huit ans, a été élevé

à Odessa, dans une école militaire russe, et faisait partie des aides-de-camp du prince Michel.

Le prince Michel ne s'éloigna pas immédiatement de la frontière. Ses partisans, conduits par Metschitch, firent en sa faveur une tentative, qui échoua complètement. Les troupes du gouvernement provisoire les mirent en fuite. Les Kmetes, qui avaient pris d'abord le parti de Metschitch, se dispersèrent les uns regagnèrent leurs foyers, les autres se joignirent au gouvernement provisoire. De tous côtés l'opinion se prononçait favorablement pour la révolution, sévèrement sur le compte du prince Michel et de sa famille. On accusait le prince de légèreté et de faiblesse : on attribuait tout le mal à la princesse Lubitza, sa mère, qui, plus que lui, dirigeait les affaires publiques. C'est elle qui avait éloigné du gouvernement Wutschitsch et Petrowich, et qui s'était laissée dominer par le clergé.

Telle était la situation quand les puissances crurent devoir intervenir.

L'Autriche, qui doit comprendre toute l'importance de la ligne des principautés, est, plus que toute autre puissance, intéressée à favoriser le développement national de ces principautés nouvelles, développement dirigé tout entier vers le triomphe de l'élément chrétien et de la nationalité slave. L'Autriche cependant se renferma dans l'indifférence et l'immobilité peut-être faudrait-il expliquer cette conduite par la crainte des contre-coups possibles dans l'empire d'un triomphe trop marqué des Slaves, dont elle renferme un si grand nombre dans son sein, et par les menaces de la Russie.

La Russie, dont le plus grand désir et le plus grand intérêt est le démembrement de l'empire ottoman, la Russie dont la politique constante est d'attirer à elle tous les peuples qui le composent, voulut faire annuler l'élection d'Alexandre. M.de Boutenieff se rendit à Constantinople et déclara au Divan

que l'empereur protestait contre tout ce qui venait de se passer.

La Porte, plongée dans la consternation, n'en refusa pas moins et, comme expédient, s'en rapporta au jugement des puissances.

L'Angleterre, comme moyen terme, proposait une élection légale, déclarant par là qu'à ses yeux l'autre ne l'était pas.

Dans l'intervalle, la Porte, rassurée sur les résultats possibles des menaces de la Russie, témoignait de ses sympathies pour le régime nouveau. Le Sultan envoya à Alexandre Georgewitz le bérat d'investiture.

<< Mon cher ami et prince, est-il dit dans cette pièce, vous savez que le prince Michel a encouru la déchéance de ses droits de souveraineté et que la nation serbe vous a élu en sa place et en a informé la Porte. Nous savions que la fortune vous avait depuis longtemps réservé ce rang élevé. Votre glorieuse et noble origine est un gage certain que vous travaillerez toujours pour le bien de votre patrie. »>

Les choses en étaient là vers la fin de l'année, et M. de Boutenieff avait ordre de demander ses passeports si le bérat d'investiture n'était pas rapporté.

VALACHIE. Par compensation, sans doute, le Divan consentit à la déposition d'Alexandre Ghika, sollicitée, dit-on, par la Russie qu'il mécontentait. Sa destitution fut annoncée aux autorités du pays par un long firman, en date du 1er octobre. Elle était motivée sur ce que le prince Ghika avait laissé s'introduire toutes sortes d'abus et d'irrégularités, tant dans l'administration des finances que dans celles de la guerre et de la justice. Plusieurs fois déjà des remontrances avaient été faites au waivode, et il n'y avait été répondu que par un dédaigneux silence.

Par suite de cette autre révolution, plus pacifiquement opérée que celle de Servie, les boyards réunis en assemblée générale, au nombre de 190 membres, se disposèrent à dé

signer, suivant les réglements en usage, sept candidats. On ne connaissait pas encore à la fin de l'année le candidat que la Porte devait confirmer.

TUNIS. La civilisation et les idées philanthropiques se sont introduites depuis quelque temps dans ce pays : l'influence anglaise n'a pas peu contribué à les développer. Déjà quelques personnages influents de la cour du bey s'étaient montrés disposés à seconder les vues des abolitionistes, quand le bey lui-même abolit officiellement l'esclavage et défendit la traite des noirs dans toute l'étendue de sa province. Il faut remarquer quelques phrases pleines de grandeur et de noblesse dans les considérants de la pièce officielle. (Voy. les documents historiques.) ·

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GRÈCE. Ce pays persévère dans ses louables efforts contre les obstacles de toute nature qui entravent encore le développement de sa nationalité et le rétablissement de sa puissance. L'aveugle hostilité des partis qui laissent guider leur conduite par des influences étrangères empêche la formation d'un esprit grec, seul capable d'imprimer à l'opinion et au gouvernement une allure ferme et digne. L'instabilité ministérielle qui en résulte naturellement, l'absence d'une activité uniforme, énergique dans le pouvoir, retarde l'accomplissement des réformes entreprises, qui portent avec elles la prospérité du pays. Ni les rouages de l'administration, ni les institutions de crédit ne s'organisent avec une assez grande rapidité : et tous ces obstacles agissent et réagissent l'un sur l'autre. Le gouvernement le comprend : aussi essaiet-il d'améliorer dans toutes les directions, autant du moins que le lui permettent la force morale et les ressources financières dont il dispose. La question des institutions représentatives, soulevée l'année précédente par la presse étrangère, n'est point ce qui préoccupe actuellement le pouvoir, mais elle intéresse vivement le pays.

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