Immagini della pagina
PDF
ePub

milieu d'une magnifique vallée d'une largeur variable de 2 à 3/4 de mille environ, et d'une profondeur de 5 à 6 milles au moins. Cette vallée est encaissée entre deux immenses montagnes à pic comme des murs et de 1,000 à 4.200 mètres d'élévation. Le sol, en s'éloignant de la plage, va en s'élevant par une pente si insensible qu'il paraît presque uni; au milieu de la vallée coule un ruisseau abondant, et de chaque côté, jusqu'aux montagnes, le terrain est couvert d'une forêt d'arbres à pain entremêlés de cocotiers et de pardaniers, de bananiers et de quelques champs cultivés en patcles douces et en tabac.

De distance en distance nous trouvions des cases où on nous engageait à nous arrêter, et où l'on nous offrait des cocos. Nous trouvâmes enfin la reine Témoana dans une de ces cases; on nous la fit connaître; je l'engageai à nous accompagner à notre retour; elle me le promit d'abord, mais un indigène, qui était auprès d'elle, la fit se rétracter; nous la quittâmes, et nous continuâmes à nous enfoncer dans la vallée, pour aller voir un vieux chef nommé Tumée, qui, étant malade, n'avait pu venir au-devant de nous. Nous le rencontrâmes dans sa case, couché et souffrant beaucoup d'un rhumatisme aigu. Nous n'étions là que depuis peu d'instants lorsque la reine vint nous y rejoindre; je lui fis de nouvelles instances et lui donnai quelques présents, mais tout fut inutile, elle persista dans son refus. Nous retournames alors vers la plage, et nous nous arrêtâmes de nouveau à la case où nous l'avions rencontrée la première fois. Elle y revint bientôt; mes instances réitérées n'eurent point un meilleur succès; mais M. François de Paule, lui ayant parlé pendant quelque temps, parvint à la décider à revenir avec son mari; Témoana s'approcha alors de sa femme, à laquelle il n'avait encore rien dit. Dans ce moment, toute la population fit un cri qui nous donna lieu de penser qu'elle s'opposait à leur réunion; c'était tout le contraire; M. François nous expliqua qu'ils avaient voulu, par délicatesse, qu'on laissât le roi seul avec sa femme, afin qu'il lui parlât en toute liberté; peu d'instants après, la reine se leva; elle fut suivie par son mari,

et tous deux, la femme marchant la première dans le sentier, prirent le chemin de la plage; dès cet instant, tous les indigènes se levèrent et suivirent, en jetant des cris d'approbation, et en manifestant leur joie par mille démonstrations étranges: c'était une véritable fête improvisée. Cet événement, dont le succès est dû à notre révérend missionnaire, est en lui-même extrêmement heureux en ce qu'il consolide la paix entre les Taioas et les Féis, dont Témoana est le roi; de plus, il assure également la paix de toute l'île, car la princesse, Taipis par naissance, est chez les Taïpis l'héritière du pouvoir suprême, par l'adoption qu'elle a fait du fils du chef de cette tribu; sa réunion avec Témoana assure donc à ce dernier la souveraineté entière de l'ile, et à nous la tranquillité et le temps nécessaire pour accoutumer ces peuplades à notre domination, à notre civilisation et à nos mœurs, ce roi Témoana nous étant tout dévoué.

Ces transactions terminées, nous revinmes à la baie de Taiohae, où, le, le lendemain, des tribus entières vinrent de l'intérieur nous apporter des présents en cochons et en cocos. Ces manifestations sont, m'a assuré M. François, les signes les plus certains de la reconnaissance de notre souveraineté, d'où il suivrait que nous sommes établis de la manière la plus complète possible et la plus rassurante pour l'avenir de notre colonie.

Le Jules César m'ayant amené un étalon et deux juments pleines, j'ai cru devoir faire présent de l'étalon au roi Témoana, qui continue à se montrer généreux et dévoué à nos intérêts; je suis convaincu, d'ailleurs, que ce titre de propriété ne portera aucun préjudice au projet que j'ai formé d'établir la race chevaline dans ces îles. J'ai également fait venir des ânes et des ânesses pleines, pour servir au transport de l'eau des ruisseaux à nos camps, service qui, sous cette latitude, est beaucoup trop pénible pour nos hommes, surtout à l'établissement de Vaïtahu, qui malheureusement est très-éloigné de la seule source qui existe dans la baie, fâcheux inconvénient qu'il n'a pas été possible d'éviter.

La 11, la corvette la Triomphante a mis à la voile pour aller à Vaïtahu

porter le détachement de canonniers et d'ouvriers d'artillerie de la marine des tinés à servir sous les ordres de M. le commandant Halley. Elle était également chargée de lui faire un versement de deux mois de vivres, à cent hommes, et celui de quelques animaux nécessaires à l'établissement pour y commencer un troupeau capable, lors. qu'il sera plus complet, de parer aux graves inconvénients qui pourraient résulter de la perte d'un des bâtiments chargés de vivres pour l'approvisionnement de la garnison.

En se rendant à Vaitahu, la Triomphante doit ramener le révérend père François, dont le dévouement nous a été si utile jusqu'à présent. Elle a encore pour mission, d'après la demande de M. François, d'essayer d'enlever de l'ile d'Uapou les prosélytes que le révérend père Carey n'a pu enlever avec Jui en s'en allant. Je n'ai pas cru devoir refuser de rendre ce service à la mis

sion. Le succès peut avoir d'importants résultats pour son progrès, et par suite pour notre établissement luimême. J'ai, en conséquence, donné l'ordre au commandant Postel de se présenter devant la baie de Hakapou, déja visitée par nous, et de tâcher d'embarquer les prosélytes qui s'y trouvent, pour les porter ensuite à Vaïtahu, d'où je lui ai recommandé de revenir du 20 au 25 au plus tard.

Le meilleur appui que l'on puisse donner à nos établissements, et le seul nécessaire, est de faire séjourner sur rade des bâtiments de guerre ; il est même urgent d'en maintenir constamment un à Vaïtahu, et un second à Taiohae, jusqu'à ce que nos établissements soient achevés et que nos mœurs aient commencé à faire impression sur ces populations, ce qui, je l'espère, ne peut être très-long, surtout ici; le roi se montrant fort enclin à la civilisation, il suffira de l'entretenir dans ses bonnes dispositions, chose facile en lui donnant de temps à autre des présents, surtout de ceux qui peuvent favoriser son penchant pour nos goûts et nos mœurs tels que des meubles pour orner une petite maison à l'européenne qu'il vient de faire bâtir, des vêtements pour lui et pour sa femme. Déjà le roi est vêtu en colonel et porte des souliers; étant resté à bord avec sa femme, après le

coucher du soleil, pour assister à la représentation d'une petite pièce que l'on jouait, il a vu des matelots habillés en femmes, et aussitôt il nous a priés de faire faire des robes semblables pour sa femme, ce que nous nous sommes empressés de faire, convaincus que ces moyens sont les plus puissants sur eux pour nous les attacher; en leur créant des besoins, nous nous rendons néces saires.

Je suis, etc.

Le contre-amiral commandant en chef la station navale de l'Océan Pacifique,

4. Industrie.

A. DUPETIT-THOUARS.

JUILLET.

Statistique générale, Du progrès de la production minérale.-Houille. S'il est vrai, comme classer, sous le rapport de leur prospé on l'a dit, que les nations tendent à se rité matérielle, et en grande partie sous celui de leur puissance politique, dans un ordre que semble déterminer leur richesse houillère, il est important de suivre les progrès que fait dans les divers pays l'exploitation de ce précieux combustible. En 1839, le mouvement de l'industrie houillère a été :

En France: Exploitation : 59,897,226 quintaux (1). -Valeurs: 29,005,601 fr.

Importation: 24,374,896 quintaux. Exportation: 328,524 quintaux. Consommation. 83,645,074 quintaux. Membres de leurs familles : 130,000

[blocks in formation]
[blocks in formation]

La France compte trente-deux départements qui produisent de la houille. L'exploitation prend chaque année plus d'importance, surtout dans les départements du Nord, de la Loire, de Saône-et-Loire et de l'Aveyron. Elle ne fut que de 1,425,000 quintaux métriques en 1788, 8,355,234 en 1812, 10,033,808 en 1817, 15,410,007 en 1826, 20,576,314 en 1833, et enfin 31,132,526 en 1838. A lui seul, le bassin de la Loire a donné 12 millions de quintaux métriques de houille pendant l'année 1839; celui de Valenciennes, 7,200,000; du Creuzot et de Blangy, 2,250,000; d'Alais, 1,050,000, et les cinquante-cinq autres bassins, ensemble 6,200,000 quintaux.

Cependant les besoins de la consommation dépassent de beaucoup la production, et nous sommes forcés de faire venir annuellement une quantité considérable de houille de l'étranger. En 1839, nous avons consommé près de 42 millions de quintaux métriques, dont 12,187,448 nous étaient venus de l'étranger, principalement de l'Angleterre, de la Belgique et de la Prusse rhénane. Cette dernière nous en a envoyé, en 1839, 1,569,136 quintaux métriques.

La Prusse n'exploitait que 4, 492,627 tonnes en 1819; elle en a exploité 12,213,160 en 1839. La Silésie n'avait tiré dans la première de ces deux années que 1.428,107 tonnes; elle en tira 3,576,750 en 1839. L'augmentation fut plus forte encore en Westphalie : de 1,851,341 tonnes, elle alla à 5,034,958; la province rhénane, de 1,165,957 à 3,514,815. Il faut ajouter, car c'est un fait remarquable, que cette énorme augmentation n'a apporté aucun changement notable dans le prix de la houille, qui est toujours resté de 30 centimes le quintal (2 gr. 9 pf.) et n'a augmenté dans certaines localités que de 6 p. /. pendant les vingt dernieres années; tandis que, dans ces mêmes lieux, le bois a augmenté de 50 p. pendant ce même laps de temps. De

Ann. hist. pour 1842. App.

puis 1830, les exportations de bouille que la Westphalie fait en Hollande par la Roër et le Rhin sont devenues de plus en plus considérables. La province rhénane, particulièrement le cercle de Trèves, envoie la sienne aux départements français limitrophes. Les mines de Saarbruck, grâce aux progrès rapides et continuels que fait l'industrie dans nos six départements dont elles sont voisines, ne cessent de nous envoyer des quantités de houille d'année en année plus considérables. Les usines de fer de Hayange. Mayeuvre, Jamaille, Moulin-Neuf, Hombourg et Baerenthal, ainsi que les machines à vapeur, les arsenaux, la ville de Metz. les salines, les fabriques de sucre et les papeteries de Dieuze, le Haut-Rhin, le Bas-Rhin, la Meuse, la Marne et les Vosges, qui, en 1820, n'avaient reçu par Saarbruck et Saint-Ymbert que 278,443 quintaux métriques, en ont reçu 1,569,136 en 1839.

On connaît les quantités fort considérables que la Belgique nous envoyait, principalement des mines de Mons, par les bassins de l'Escaut, de la Somme, de l'Aisne, l'Oise, de la Seine et de la Marne ; le port de Dun-. kerque la répandait sur tout notre littoral de la Manche et de l'Océan. Depuis 1834, plusieurs ordonnances ayant successivement abaissé le tarif sur les houilles anglaises, l'importation de ces dernières s'est élevée au sextuple, et elles ont opposé à la houille belge une concurrence qui lui a été des plus fatales. L'Angleterre nous envoie sa houille par toutes les voies de navigation, elle la fait même pénétrer jusqu'à Paris, au Mans, à Limoges, jusque dans le département du Gers.

Ainsi, pour nous résumer, la production de la houille a triplé en France pendant les trente dernières années; elle a triplé en Prusse pendant les vingt 'et une dernières années, et elle reste à peu près stationnaire en Angleterre. Tout porte croire qu'elle continuera à progresser en France ainsi que dans la Prusse, et que le pays qui, le premier, se couvrira d'un réseau de chemins de fer sagement combiné, sera le premier où elle prendra toute l'extension dont elle est capable.

[merged small][ocr errors][merged small]

duit dans toute l'Europe s'élève annuellement à 50 1/3 milliers de quin taux: la Grande-Bretagne, 29,632,000 quintaux; la France, 6,762,900; la Rus sie, y compris les provinces de l'Ural, 3,820,000; la Belgique, 2,917,850; l'Allemagne (pays de l'union des doua. nes), 2,550,762; l'Allemagne (pays qui ne font pas partie de l'union), 143,500; la monarchie autrichienne, 1,820,000 ; la Suède, 1,455,245. Etats italiens: Sardaigné, 245,000; Toscane, 120,000; Parme, 28,000; Modène et Naples, 15,000; Espagne, 252,000; Pologne, 184,000; Norwège, 107,420; Luxembourg, 60,000; la Suisse, 14,000; Portugal, 8,400. Le fer en barres tiré immédiatement des mines peut être estimé à 236,566 quintaux.

[ocr errors]
[ocr errors]

13. Mort du duc d'Orléans. Aujourd'hui, à midi, M. le duc d'Orléans devait partir pour SaintOmer, où S, A. R. devait inspecter plusieurs des régiments désignés pour le corps d'armée d'opérations sur la Marne. Ses équipages étaient commandés, ses officiers étaient prêts. Tout se disposait au pavillon Marsan pour ce voyage, après lequel S. A. R. devait aller rejoindre madame la duchesse d'Orléans aux eaux de Plombières.

A onze heures, le prince monta en voiture dans l'intention d'aller à Neuilly faire ses adieux au roi, à la reine et à la famille royale.

La voiture qui conduisait le prince était un cabriolet à quatre roues, en forme de calèche, attelé de deux chevaux à la Daumont. Cet équipage était celui dont S. A. R. se servait habituellement pour ses courses dans les environs de Paris. Le prince était seul, n'ayant permis à aucun de ses officiers de l'accompagner.

Arrivé à la hauteur de la Porte Mail

lot, le cheval monté par le postillon s'effraya et prit le galop. Bientôt la voiture fut emportée dans la direction du chemin de la Révolte. Le prince, voyant que le postillon était dans l'impossibilité de maîtriser ses chevaux, mit le pied sur le marchepied de la voiture, lequel est très près de terre, et sauta sur la route, à peu près à moitié du chemin de l'avenue qui est perpendiculaire à la Porte Maillot. Les deux pieds du prince touchèrent le sol, mais la force de

l'impulsion le fit trébucher; la tête porta sur le pavé, la chute fut horrible. S. A. R. resta sans connaissance à la place où elle était tombée.

On accourut au secours du prince, et on le transporta dans la maison d'un épicier, située sur la route, à quelques pas de là, vis-à-vis les écuries de lord Seymour. Pendant ce temps, le postillon s'était rendu maître des chevaux, et il revenait se mettre à la disposition du prince.

S. A. R. n'avait pas repris ses sens. Elle fut étendue sur un lit, dans une des salles du rez-de-chaussée, et on se mit en quête des premiers secours que réclamait la gravité de son état. Un médecin des environs, le docteur Baumy, accourut et lui donna les premiers soins. Une saignée fut pratiquée; elle ne produisit aucun bien.

Cependant la nouvelle de cet accident avait été apportée à Neuilly. La reine était partie à pied en toute hâte; le roi l'avait suivie. S. M. avait dû aller à midi présider le conseil des ministres aux Tuileries. Ses voitures étaient prétes; elles rejoignirent LL. MM. qui, accompagnées de madame la princesse Adélaïde et de madame la princesse Clémentine, continuèrent leur route en voiture jusqu'à la maison où M. le duc d'Orléans avait été porté, et où il ne donnait presque plus aucun signe de vie. On se figure plus aisément qu'on ne les décrit l'émotion et la douleur de LL. MM. et de LL. AA. RR. en présence d'un pareil spectacle.

Cependant M. le docteur Pasquier fils, premier chirurgien du prince royal, venait d'arriver. En même temps, M. le duc d'Aumale, accouru de Courbevoie, et M. le duc de Montpensier, de Vincennes, avaient rejoint leurs augas. tes parents.

Le docteur, après avoir examiné l'état du blessé, avait déclaré que sa situation était des plus graves. On craignait un épanchement au cerveau, et tous les symptômes se réunissaient malheureusement pour donner crédit à cette appréhension redoutable; chaque minute semblait empirer le mal; le prince n'avait pas repris un seul instant connaissance. Quelques mots, confusément prononcés en langue allemande, avaient seuls pu inspirer un espoir presque aussitôt évanoui que conçu.

!

Le roi avait fait prévenir les ministres rassemblés en conseil aux Tuileries, et qui s'étaient immédiatement rendus à Sablonville, dans la maison où S. A. R. se mourait. M. le maréchal duc de Dalmatie, président du conseil, M. le maréchal Gérard, MM. les ministres de la justice, des affaires étrangères, de l'intérieur, de la marine, des finances et de l'instruction publique étaient présents. M. le chancelier de France, M. le préfet de police, M. le lieutenant-général Pajol, M. le général Aupick, les officiers de la maison du roi et des princes étaient accourus et avaient été introduits dans l'espace laissé libre près de la maison, et entouré d'un cordon de sentinelles.

A deux heures, le mal empirant, le roi a donné l'ordre de faire prévenir madame la duchesse de Nemours, qui était restée à Neuilly d'après le désir de S. M. La princesse est arrivée quel ques instants après, accompagnée de ses dames.

Aucune plume ne peut rendre l'aspect déchirant que présentait la chambre où le prince royal avait été déposé, au moment où la duchesse de Nemours était venue confondre ses larmes avec celles de sa famille. La reine et les princesses étaient agenouillées auprès du lit du prince mourant, versant sur cette tête si chère des flots de larmes et de prières. Les princes sanglotaient. Le roi, debout, immobile, les yeux fixés sur le visage décoloré de son fils, suivait les progrès du mal dans un silence douloureux. Au dehors, la foule augmentait à chaque minute, éperdue et consternée. M. lé curé de Neuilly et son clergé, prévenus par ordre du roi, s'étaient immédiatement rendus à Sablonville.

Cependant, sous l'influence d'une médication énergique, l'agonie du prince se prolongeait. La vie se retirait, mais lentement, et non sans lutter contre la destruction qui allait emporter tant de jeunesse. Un moment la respiration pa. rut plus libre; le pouls devint sensible; et comme les cœurs désolés se rattachent aux moindres espérances, on se reprit à espérer. Un instant de calme interrompit cette longue scène d'affliction; mais cette lueur d'espoir disparut bientôt. A quatre heures, le prince royal était en proie à tous les symptô

mes les moins équivoques d'une fin prochaine; à quatre heures et demie, il rendait son âme à Dieu, béni par la religion, qui avait assisté ses derniers moments, entre les bras du roi son père, qui avait incliné ses lèvres sur ce front mourant, sous les larmes de sa mère, infortunée, au milieu des sanglots et des cris de douleur de toute sa famille.

Le prince mort, le roi avait entraîné la reine dans une pièce contiguë ä la chambre mortuaire, et où les ministres, les maréchaux et tous les assistants étaient rassemblés. On se précipite aux pieds de la reine. « Quel malheur pour »notre famille ! s'écrie S. M.; mais quel ■ affreux malheur aussi pour la France! » Et en prononçant ces mots la reine sanglotait. Autour d'elle, tout était larmes, gémissements, désolation. Le roi s'est approché du maréchal Gérard, qui fondait en larmes, et lui a serré la main avec une indicible expression de douleur paternelle, de résignation magnanime et de fermeté toute royale.

Cependant la dépouille mortelle du prince royal avait été placée sur une litière, recouverte d'un drap blanc. La reine avait refusé de remonter dans sa voiture, et elle avait déclaré qu'elle accompagnerait le corps de son fils jusqu'à la chapelle du palais de Neuilly, où elle avait voulu qu'il fût exposé. En conséquence, on avait fait venir en toute hâte une compagnie d'élite du 17a rẻgiment d'infanterie légère pour former la haie sur le passage du cortége funébre; et c'est ainsi que ces braves, qui avaient accompagné le prince royal dans le défilé des Portes-de Fer et sur les hauteurs de Mouzaia, servaient aujourd'hui d'escorte à son convoi. Plusieurs soldats pleuraient; tous se rappelaient avec quelle valeur brillante le duc d'Orléans abordait l'ennemi, par quelle bienfaisance délicate et géné reuse il savait tempérer la rigueur nécessaire du commandement.

A cinq heures, le lugubre cortége s'est mis en route. Le lieutenant-général Athalin marchait en avant de la litière, qui était portée par quatre sousofficiers. Derrière le corps suivaient à pied: le roi, la reine, madame la princesse Adélaïde, madame la duchesse de Nemours, madame la princesse Clé. mentine, M. le duc d'Aumale, M. le

« IndietroContinua »