duc de Montpensier. Venaient ensuite M. le maréchal Soult, les ministres, le maréchal Gérard, les officiers généraux, les officiers du roi et des princes, et toute la foule des assistants.

Le convoi parcourut ainsi l'avenue de Sablonville, franchit la vieille route de Neuilly et entra dans le parc royal, qu'il traversa dans toute sa longueur. Le roi n'avait voulu céder à personne le droit de conduire ce premier deuil de son fils aîné. Il est ainsi arrivé, accompagné de la reine, jusqu'à la chapelle du château, où LL. MM. et LL. AA. RR., après s'être agenouillées devant l'autel, ont laissé le corps de leur enfant bien-aimé sous la garde de Dieu!

Ce soir la famille royale s'était retirée. Le chancelier et les ministres seuls ont été admis chez le roi.

Voici d'autres détails donnnés le len. demain de cet affreux malheur :

L'incident de ce triste drame qui a le plus vivement préoccupé les esprits, c'était naturellement la cause qui avait déterminé la chute du prince; et bien que nos informations d'hier fussent d'une exactitude rigoureuse, nous allons les compléter en y ajoutant quelques renseignements nouveaux que nous avons puisés aux sources les plus irrécusables.

Le prince royal était parti des Tuileries dans la voiture dont nous avons donné hier la description minutieuse, et il est si peu vrai que l'emportement des chevaux eût résulté du dérangement d'une caisse de l'avant-train, que cette voiture n'a aucune espèce de caisse de ce genre. L'avant-train était dans un état parfait de conservation, et la voiture avait été visitée le matin même, comme on prenait soin de le faire chaque fois que S. A. R. devait s'en servir. Les chevaux ne se sont vraisemblablement pas emportés tout-à-coup, comme cela aurait eu lieu à la suite d'un choc soudain. Mais voici ce qui est arrivé: M. le duc d'Orléans avait l'habitude, quand il revenait de Paris, de prendre l'avenue qui est perpendiculaire à la Porte Maillot, et qui est si tristement célèbre aujourd'hui. Le prince suivait ordinairement cette route, parce qu'elle conduit plus directement à Villiers où était la résidence de S. A. R.; il entrait alors dans le grand parc de Neuilly par la grille qui fait

face à cette avenue. Mais le 18 juillet, quand le prince royal arriva de Paris, comme il se rendait chez le roi, il devait se diriger par la route transversale qui va de la Porte Maillot, en traversant Sablonville, jusqu'à la vieille route de Neuilly, et de là jusqu'à l'entrée d'honneur du parc. Cependant les chevaux, échauffés par une marche assez rapide depuis le départ des Tuileries, avaient commencé à s'animer outre mesure au moment où le prince arrivait devant la Porte Maillot. Déjà le postillon ne les maîtrisait plus qu'avec peine, quoique son porteur eût seul pris le galop, et naturellement, entre les deux routes, l'une perpendiculaire, l'autre diagonale, qui s'offraient à eux, ils prirent celle qu'ils avaient l'habitude de suivre; et à ce moment, comme cela arrive souvent aux chevaux qui sentent les approches de leur écurie, leur vitesse augmenta. Le porteur donna même quelques ruades dans son palonnier. Attaché très-court, ainsi que c'est l'usage, particulièrement dans les attelages à la Daumont, le cheval se sentit gêné, et c'est alors qu'il s'emporta avec une rapidité qui entraîna le cheval sous-main, lequel était resté jusqu'alors fort tranquille. Le prince cria au postillon: « Tu n'es plus maître de tes chevaux ? Non, monseigneur, mais je les dirige encore. Et en effet, il n'avait perdu ni les arçons ni les étriers; il tenait vigoureusement les guides et il pouvait espérer détourner ses chevaux, par la gauche, dans la vieille route de Neuilly qui lui offrait carrière. « Mais tu ne peux donc pas les retenir? » cria de nou. veau S. A. R., qui s'était levée debout. dans sa voiture.- Non, monseigneur.. Alors le prince, qui était fort agile et d'une adresse extraordinaire, se confiant dans la solidité et le peu d'élévation de son marchepied, sauta à pieds joints sur la route et retomba violemment sur le pavé, poussé par la puissance d'impulsion qui, de la voiture, s'était communiquée à sa personne. Quelques secondes plus tard, les chevaux se calmaient, la voiture s'arrêtait, et nous avons dit que le postillon était venu se mettre à la disposition du prince, qu'il trouva étendu sans connaissance au milieu du chemin.

Que conclure de ce récit ? deux choses. Que le prince prévit, et avec rai son, que, sila course des chevaux con

tinuait, il serait impossible de garantir la voiture d'un choc violent à l'approche des fossés et des amas de pierres qui obstruent en ce moment le chemin de la Révolte à l'entrée du parc de Neuilly. En second lieu, que S. A. R. ne vit aucun inconvénient sérieux à sau. ter à bas d'une voiture très-basse et dont le marchepied est tout près du sol; ce que le prince avait déjà essayé plusieurs fois, et avec succès, dans des circonstances à la vérité moins critiques. Telle est la vérité sur cet affreux incident.

Extrait des registres de l'état civil de la Maison royale.

a Du mercredi treizième jour du mois de juillet, mil huit cent quarante deux, dix heures du soir.

Acte de décès du très-haut et trèspuissant prince FERDINAND- PHILIPPA LOUIS-CHARLES-HENRI D'OBLÉANS, DUC D'ORLEANS, PRINCE ROYAL, Dé a l'alerme le trois septembre mil, huit cent dix, fils de très-haut, très-puissant et trés-excellent Prince LOUIS - PHILIPPE, PREMIER DU NOM, Roi des Français et de très-haute, très-puissante et très-excellente Princesse MARIE - AMELIE, Reine des Français; marié à très-haute et très - puissante Princesse HÉLÈNE - LOUISE - ELISABETH, princesse de Mecklembourg-Schwerin; décédé ce jourd'hui, à quatre heures après midi, en une maison sise commune de Neuilly, département de la Seine, où il avait été transporté à la suite d'une chute de voiture.

Le présent acte dressé par nous Etienne-Denis, baron Pasquier, chancelier de France, président de la chambre des Pairs, grand'croix de l'Ordre royal de la Légion d'Honneur, rem'plissant, aux termes de l'ordonnance royale du 23 mars 1816, les fonctions d'officier de l'état civil des princes et princesses de la Maison royale; accom

pagné de Elie, duc Decazes, pair de France, grand-référendaire de la Chambre des Pairs, grand'croix de l'Ordre royal de la Légion d'Honneur, assisté de Alexandre Laurent Cauchy, garde honoraire des archives de la Chambre des Pairs, chevalier de l'Ordre royal de la Légion d'Honneur.

En présence et sur la déclaration de Jean de Dieu Soult, duc de Dalmatie, pair et maréchal de France, ministre de la guerre, président du conseil des ministres, grand'croix de l'Ordre royal de la Légion-d'Honneur, né à Saint-Chamans-la-Bastide (Tarn), âgé de soixante-treize ans ;

Et de Nicolas - Ferdinand - MarieLouis-Joseph Martin (du Nord), gardedes-sceaux, ministre de la justice et des cultes, grand - officier de la Légiond'Honneur, né à Douai (Nord), âgé de cinquante-un ans, second témoin.

> Fait au château royal de Neuilly, où nous nous sommes transportés en vertu d'ordre du Roi, et où le corps du Prince décédé, placé dans la chapelle du château, nous a été représenté par Louis Marie-Jean-Baptiste, baron Athalin, pair de France, lieutenant - général, aide-de-camp du Roi, grand - officier de la Légion d'Honneur.

» Et ont, les personnes ci-dessus désignées, signé avec nous, après lecture faite, au château de Neuilly, les jours, mois et an que dessus.

Signé: Maréchal duc DE DALMATIE,
N. MARTIN (du Nord),

baron ATHALIN, le duc DE.
CAZES PASQUIER, AL.
CAUCHY.>

31. Paris, Statistique de la Caisse d'épargne. Voici le résumé des opé. rations de la Caisse d'épargne de Paris, pendant le 1er semestre de 1842, d'après les bulletins hebdomadaires que nous avons publiés :

Mars....

3,964,424

Avril...... 3,575,145

Mai...... 3,951,858

Juin....

2,941,361

Totaux... 21,892,361

5,908,361

Donc les dépôts ont été de........ les remboursements de.

AOUT.

1. Paris. Statistique des lettres. Voici quelle a été la progression du

nombre des lettres soumises à la taxe en France depuis 1820 exclusivement: en 1821, le nombre des lettres soumises à la taxe a été de 45,382,151; en 1830, de 63,817,260: en 1831, de 63,580,392; en 1832. de 66,915,014; en 1833, de 68,886,377; en 1834, de 70,826,519;

en 1835, de 75,019,918; en 1836, de 78,970,551; en 1837, de 83,348,008; en 1838, de 07,625,570; en 1839, de 89,313,080; en 1840, de 91,317,109; en 1841, de 97,015,000. En 1842, le chiffre devra dépasser 100 millions, car pour les premiers six mois on en compte déjà plus de 55 millions.

12. Paris. Séance annuelle de l'Académic des inscriptions et belles-lettres. M. le président a fait l'annonce des prix décernés et des projets de prix proposés.

Un concours était ouvert depuis deux ans sur cette question: Tracer l'histoire des mathématiques, de l'astronomie et de la géographie dans l'école d'Alexandrie. Un seul Mémoire a été envoyé au concours. L'auteur, M. Matter, inspecteur-général des études, a obtenu le prix.

M. Wladimir Buret a obtenu le prix du concours ouvert sur la question suivante: Tracer l'histoire des établisse. ments formés par les Grecs en Sicile ; faire connaître leur importance politique; rechercher les causes de leur puis sance et de leur prospérité; et déterminer, autant que possible, leur population, leurs forces, les formes de leur gouver nement, leur état moral et industriel, ainsi que leurs progrès dans les sciences, les lettres et les arts, jusqu'à la réduction de l'ile en province romaine.

L'Académie a décerné le prix de numismatique, fondé par M. Allier d'Hauteroche, à M. de La Saussaye, auteur de la Numismatique de la Gaule narbonnaise, ouvrage qui renferme un certain nombre de médailles inédites, avec quelques attributions nouvelles, et

........

21,892,364 fr. 15,984,000

5,908,361

qui se recommande par une classification exacte et solide.

On sait que le testament de M. le baron Gobert contient deux legs, l'un à l'Académie française, l'autre à l'Académie des inscriptions. Ce dernier est destiné à récompenser le travail le plus savant ou le plus profond sur l'histoire de France et les études qui s'y rattachent.

L'Académie des inscriptions paraît adopter la règle suivie par l'Académie française, qui est de convertir en rente le prix essentiellement mobile d'un concours annuel; elle a décidé que M. Ampère et M. Monteil seraient maintenus dans la jouissance du prix qui a été décerné à chacun d'eux en 1830.

Des médailles de divers degrés avaient été offertes au concours pour les meil leurs ouvrages sur les antiquités de la France. L'Académie n'a pas décerné de première médaille; elle a décidé, sur le rapport de son comité, qu'en général les concurrents ne s'étaient pas montrés assez sévères et scrupuleux pour l'exactitude des faits et des dates, et qu'ils s'étaient souvent livrés à des conjectures contestables. La certitude des preuves est la première des qualités exigées dans l'histoire archéologique. L'Académie a accordé deux secondes et une troisième médaille, et plusieurs mentions honorables.

15. Paris, Statistique de la chambre des députés. M. le ministre de l'intèrieur vient de publier, sous le titre de ont formé la chambre des députés disTableau comparatif des élections qui soute en juin 1842, et la chambre des députés élue en juillet suivant, un travail fort curieux qui fait connaître la qualité de chaque député et le nombre 1839, par les députés élus et par leurs de suffrages obtenus, en 1842 et en

concurrents.

Emmanuel Poulle.

6 premiers présidents: MM. Mater, Amilhau, Viger, Moreau, Lavielle, - 4 présidents de chambre: MM. Maurice, Abbatucci, Bouet, Costé. 7 procureurs généraux MM. de la Tournelle, Hébert, Feuilhade de Chauvin, Chegaray, Daguenet, Parés, de Golbery. 12 conseillers MM. Champanhet, Darnaud, Dilhan, Muteau, de Malleville, Véjux, Teulon, Marion, Dozon, Aylles. Piéron, Martin (honoraire). 1 premier avocat général : M. Berville. 2 avocats-généraux: MM. Reissigeac, Duléry de Peyramon.

:

52 avocats MM. Odilon Barrot, Vivien, Lherbette, Oger, Dugabé, Stourm, Berryer, de Montette, Mauguin, de Carné, Joly, de Larcy. Jollivet, Jaubert, Legraverand, Ferdinand Barrot, Crémieux, Couturier, Dalloz, Durand, Lanjuinais, Boudousquié, Croissant, Berger, Sauzet, de Beaumont, Marie. Carnot, Bethmont, Mermilliod, Rémilly, Philippe Dupin, Tavernier, Demeufve, Pons, Legorrec, Glais-Bizoin, Legrand de Lafarelle, de Laplesse, de Monthierry, Defermon, Billault, Duthil, Toy, Blin, Roubier d'Hérambault, Genoux, Couture, Chaigneau, Luneau, Maurat-Ballange. 1 ancien avoué: M. Martin. 4 notaires MM. Aumont-Thiéville, Regnault, Gaultier, Moreau. - 8 anciens notaires: MM. Desabes, Raimbault,

12 maîtres des requêtes: MM. Lelorgne d'Ydeville, Mortimer Ternaux, de Sahune, Agénor de Gasparin, Nisard, Delebecque, Magnier de Maisonneuve, de Jouvencel, Allard, Desmousseaux de Givré, Liadières, Floret.

4 auditeur au conseil d'Etat : M.Saglio. Conseil royal de l'instruction publique. 2 conseillers: MM. Dubois, SaintMarc-Girardin.

Conseils de préfecture.

6 conseillers: MM. de Montseignat, Richond des Brus, Manuel, Molin, Genoux, Chaigneau.

Administration.

2 sous-secrétaires d'Etat à l'intérieur, M. Antoine Passy; aux travaux publics, M. Legrand. 1 secrétairegénéral au ministère du commerce : M. Paganel. 3 directeurs-généraux: des contributions directes, M. Legrand; de l'enregistrement, M. Calmon; de l'administration des forêts, M. Bresson. -7 directeurs des affaires commerciales, au ministère des affaires étrangères. M. Drouyn de l'Huys; de l'administration des cultes, au ministère de la justice, M. Dessauret; des affaires criminelles, au ministère de la justice, M. Meilheurat; au ministère de l'agriculture et du commerce, M. Magnier de Maisonneuve ; des ports, au ministère de la marine, M. Tupinier; des colonies, au ministère de la marine, M. Gaios; au ministère de l'instruction publique, M. Delebecque. 1 sous

directeur des archives au ministère des affaires étrangères: M. d'Hauterive. 2 ambassadeurs, M. de Dalmatie, M. de Chasseloup - Laubat. 2 secrétaires d'ambassade: MM. de Saint-Aulaire, d'Haussonville. - 1 ancien consul: M. David.

On voit que l'ordre judiciaire et l'administration ont de nombreux représentants à la chambre. Voici maintenant dans quelle proportion les professions ou fonctions diverses entrent dans la composition de la représentation nationale :

13 membres de l'Institut : MM. Thiers, Guizot, H. Passy, de Salvandy, de Rémusat, Pouillet, Alexis de Tocqueville, de Chabrol de Volvic, Arago, Lamartine, Mathieu de Beaumont, Vitet. -2 hommes de lettres: MM. Emile Girardin, Chambolle. 2 directeurs de l'Observatoire: MM. Arago, Mathieu. 1 directeur de l'Ecole normale: M. Dubois.

1 inspecteur de l'Académie de Paris: M. Gayx. 4 conservateur de la bibliothèque Mazarine M. Auguis. 1 professeur de la Faculté de médecine: M. Bouillaud. 1 professeur de la Faculté de droit: M. Schutzenberger. 1 professeur au Conservatoire des arts et métiers: M. Pouillet. 4 ingénieur en chef des ponts-et-chaussées: M. Billaudel. — 1 Inspecteur divisionnaire des ponts-etchaussées: M. Goury. 1 président du conseil des bâtiments civils: M.Vatout.-4 inspecteur-général des haras: M. de Mesgrigny. 1 inspecteur-général de la liste civile: M. Edmond Blanc. 1 intendant des domaines du duc d'Aumale: M. Delahaye-Jousselin. 1 directeur de la manufacture des Gobelins: M. Lavocat. - 1 caissier-général de la caisse d'amortissement: M. Gravier. 3 régents de la Banque de France: MM. Joseph Pėrier, Narcisse Lafond, Jacques Lefebvre. 1 régisseur de l'octroi de Paris : M. Gauthier d'Hauteserve. 1 maître de poste M. Lemaire.

Militaires en activité, disponibilité ou retraite 11 lieutenants généraux, 46 maréchaux de camp, 8 intendants militaires, 33 officiers supérieurs et autres, 1 vice-amiral, 1 contre-amiral, 1 capitaine de vaisseau, 1 ancien marin.

53 maires, 1 ingénieur en chef des mines, 2 ingénieurs des ponts-et-chaus

Il est démontré dans cette même statistique que depuis 1830, c'est-à-dire depuis le premier abaissement du cens, le zèle des électeurs à se rendre au lieu des élections a cependant été toujours croissant. En 1831, sur 166,583 inscrits, on compte 125,090 votants; en 1834. sur 171,015 inscrits, on compte 129,211 votants; en 1837, sur 198,836 inscrits, 151,720 votants; en 1839, sur 201,271 inscrits, 164,852 vótants. Ainsi, nonseulement le nombre des inscriptions a grandi progressivement de 166,583 à 201.271, mais encore la proportion s'est également accrue entre les électeurs votants: elle était, en 1831, des trois quarts; elle a été, en 1839, des quatre cinquièmes.