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été chargé de suppléer le directeur, et M. Bordet, directeur provisoire, étant là, je n'avais rien à y voir. Je pouvais exercer une influence morale; mais M. Bricogne était seul chargé de l'ins pection du matériel. J'étais allé voir jouer les eaux de Versailles, et j'en suis revenu cinq heures et demie, au mo ment même où le convoi partait.

D. Pouvez-vous dire si, à l'époque du 8 mai, le nombre de locomotives et de wagons avait été augmenté?— R. Il y a eu en effet des augmentations considérables en vitesse et en machines.

D. Il y avait dans l'origine douze locomotives; n'en a-t-on pas ajouté quatre? R. C'est possible; le nombre total aurait été porté à seize; quant aux wagons, on en a ajouté onze.

D. Le matériel était-il suffisant? R. Avec douze locomotives on a fait jusqu'à soixante-quatre départs par jour. On pouvait aisément, avec seize machines, en faire trente-deux.

M. Dupin: Le prévenu n'accepte pas la qualité d'administrateur délégué. M. Bourgeois: J'étais seulementadministrateur de service.

Me Liouville: La qualité d'adminis trateur délégué a été donnée à M. Bourgeois par délibération spéciale du conseil d'administration.

M. le président : Bourgeois, reconnaissez-vous qu'au départ de cinq heures et demie il a été employé dix-sept wa gons, pouvant contenir 768 personnes, et deux locomotives dont celle à quatre roues, le Mathieu-Murray, était en avant et suivie de l'Eclair, locomotive à six roues ?

Bourgeois: Tout cela ne me regar. dait pas; je n'étais point présent à l'attelage; et lorsque des ingénieurs comme M. Bricogne et M. Perdonnet, connus de tous ceux qui s'occupent de chemins de fer, ont réglé un attelage, je n'ai pas à m'en mêler. J'avoue là-dessus mon ignorance complète.

D. Georges lui-même n'a-t-il pas élevé des plaintes sur ce mode d'attelage au moment du départ? R. Je n'en ai pas entendu parler.

D. Un témoin déclare que vous auriez recommandé à Georges d'aller trèsvite. R. Je n'ai point été confronté avec ce témoin, et je n'ai fait aucune recommandation de ce genre. J'ai seulement recommandé à M. Bricogne

d'aller avec beaucoup de prudence. Je regardais l'Eclair moins comme destiné à accélérer la marche du Mathieu-Murray que comme pouvant servir de frein pour arrêter le convoi.

D. Les machines n'étaient-elles pas à pleine vapeur? - Je l'ignore; je suis comme le public, qui, dans le moment même où on lâche la vapeur pour ar rêter, croit au contraire que c'est pour aller au plus vite.

M. de Royer, avocat du roi : Quel était le traitement dont vous jouissiez ?

M. Bourgeois: Je suis bien aise que M. l'avocat du roi me fournisse l'occasion de m'expliquer là dessus. Les deur administrateurs qui m'ont précédé re cevaient 1,000 fr. par mois; j'ai fait réduire moi-même mon indemnité à cing cents francs.

M. le président: Bordet, en quoi con sistaient vos fonctions ?

M. Bordet: Tout ce qui concerne la voie et l'établissement de la locomotive.

D. Bourgeois vous a-t-il donné quelques ordres? R. Non, Monsieur, je n'avais personne à consulter. J'ai proposé un ordre de service qui a été adopté par le conseil d'administration.

D. Ne saviez-vous pas que le Mathieu-Murray était une machine vicieuse, qui avait manqué plusieurs fois? - R. Les personnes qui ont dit que la machine était rétive sont des ouvriers, des chauffeurs, des tourneurs de plaques, qui ne sont nullement mécani ciens. Tant que les voyageurs partaient de Paris, je suis resté à Paris. C'est lorsque l'affluence s'est portée pour le retour que je suis allé à Versailles. Je suis monté à quatre heures sur le Mathieu-Murray pour me rendre a Versailles, parce que du haut de la machine on juge mieux que tout est en bon état que si l'on était enfermé dans un wagon ou une diligence.

Me Bethmont: On a reproché l'emploi du Mathieu Murray, qui n'aurait été que la treizième machine dans l'ordre de service.

M. de Royer: Voici la feuille de service qui a été saisie et qui porte le Mathieu-Murray sur le n° 13. Votre feuille n'est point signée.

Me Bethmont: La feuille que je présente était sur M. de Milhau; elle porte encore la trace de la vapeur.

Me Liouville: L'autre pièce a été signée et saisie.

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M. Bethmont La locomotive la Seine, qui aurait dû marcher auparavant, n'a pu servir parce qu'elle avait éprouvé un accident pendant la nuit. Comme elle était blessée, elle a été mise de côté.

M. l'avocat du roi : La Seine a été malheureusement remplacée par le Mathieu Murray,'qui, ainsi que le Fulton. était désigné pour servir seulement au besoin.

M. le président : Henry, vous étiez chef du mouvement?

M. Henry Dès le 7, j'ai envoyé quinze machines; elles furent allumées le lendemain.

M. le président: Vous ne pouviez ignorer que le Mathieu-Murray était une machine vicieuse et de mauvais service.

M. Henry Mes fonctions n'exigent point une semblable connais

sance.

Me Chaix d'Est - Ange: J'entends dire par un de nos adversaires que l'ignorance n'est point une excuse. Sans doute il ne faut pas ignorer ce qu'on doit savoir; mais quand on n'est pas obligé de savoir, il est permis d'ignorer.

Me Bérit Je prie le tribunal de recevoir l'intervention de M. Troup, qui a perdu sa femme dans ce malheureux événement, et dont la sœur a été blessée ainsi que lui.

M. Troup, âgé de trente ans, demeu. rant à Nancy, s'explique ainsi : Nous avions pris trois billets de diligence au moment du départ; nne altercation s'est élevée entre les employés et moi; il n'y avait plus de place; cependant on est parvenu à nous faire entrer dans la seconde diligence où se trouvait M. le contre-amiral d'Urville. Il y avait en avant deux wagons découverts, puis deux diligences; j'étais dans la dernière.

J'ai gardé le lit pendant six semaines, j'ai porté des béquilles pendant quatre mois. Je ne recouvrerai probablement plus l'usage entier d'une de mes jambes, je boîte encore, j'ai perdu ma femme, et ma sœur est dans un état de santé tout-à-fait déplorable.

M. Bérit: Mon client pourrait dire au tribunal si les autres voyageurs n'ont

pas été effrayés de l'extrême rapidité de la marche.

M. le président : M. l'amiral n'a-t-il pas fait lui-même des observations à ce sujet?

:

M. Troup M. Dumont d'Urville était au fond, en face de son fils. Madame d'Urville était en face de M. Chavardės, l'un de ceux qui ont pèri. L'amiral, qui était dans l'angle, a dû être écrasé lors de la chute de la voiture; il n'a pas proféré une parole. Le maréchal-des-logis que je viens de voir dans la salle des témoins m'a sauvé la vie en m'arrachant de la voiture où la fumée était si épaisse que je m'étonne de n'avoir pas été asphyxié. Tout cela s'est fait promptement. M. Chavardės s'est écrié Nous sommes perdus!» Voilà les seules paroles que j'ai pu entendre.

M. l'avocat du roi : Il y avait dans la même diligence deux jeunes gens qui se sont sauvés.

M. Troup: Ils ont sauté à bas, et P'un d'eux est venu reprendre la canne qu'il y avait laissée. Tout le monde s'est aperçu que le convoi allait extrêmement vite; les deux jeunes gens ont fait à cet égard des observations, et parlé d'accidents graves dejà arrivės sur ce chemin de fer. C'est au moment même de cette conversation que l'accident est arrivé. Ma sœur porte encore les traces des ongles de madame d'Urville, qui s'était cramponnée après elle, et ne voulait pas la quitter.

M. le président : Êtes-vous bien sûr que le contre-amiral d'Urville fût dans la même voiture que vous ?

M. Troup: Oui, Monsieur. M. Poulain-Ladreue, à qui j'ai fait part de ce qui était arrivé, a été de cet avis, et j'ai parfaitement reconnu M. Dumont-d'Ürville à son portrait lithographié.

M. le président : La vitesse avait-elle progressivement augmenté ?

M. Troup: La vitesse a augmenté graduellement au départ de Versailles; ensuite elle est restée stationnaire, et enfin elle se ralentissait au moment de l'événement, c'est-à-dire lorsque l'essieu du Mathieu Murray s'est brisé.

M. le président interroge le prévenu Bricogne, et lui demande quelle était sa qualité.

M. Bricogne: J'étais directeur provisoire. Le Mathieu-Murray aurait

suffi pour mener le convoi sur le sol uni; mais il n'aurait pas suffi peut-être pour les descentes. C'est ce motif qui m'a fait accoupler l'Eclair, et je regarde comme un bon attelage d'avoir placé la machine à quatre roues avant la machine à six roues.

M. le président : Plusieurs personnes ont dit le contraire.

M. Bricogne: C'est une erreur.

M. Lamoninari, chef de la gare de Versailles, interrogé a son tour, affirme que toutes les précautions exigees par la prudence ont été prises.

M. de Milhau, qui a été blessé, ne peut rendre compte de l'événement lui-même.

M. le président : Georges n'avait-il pas témoigné de la répugnance à partir avec le convoi ainsi attelé ?

M. de Milhau: Je n'ai pas vu Georges avant le départ. Le régulateur était fermé, ainsi on n'allait pas à toute vapeur.

M. le président : Combien a-t-on mis de temps pour arriver à la station de Sèvres ?

M. de Milhau: Treize minutes. M. le président : Un témoin, qui avait la montre à la main, affirme que le trajet a été fait en sept minutes.

M. de Milhau : C'est absolument impossible.

Me Delair, ancien avoué à la Cour royale et actuellement avocat, entre en robe dans l'auditoire avec deux autres personnes.

:

Me Joly MM. Minard, Jobard et Delair, interviennent comme actionnaires en leur qualité de commissaires délégués par une réunion d'actionnaires du chemin de fer de la rive gauche. Ils concluent à ce que les dommages et intérêts, s'il en est prononcé par le tribunal, ne soient pas a la charge de la Compagnie anonyme du chemin de fer, mais supportés personnellement par les membres du conseil d'administration.

Me Bethmont repousse l'intervention comme non recevable. Soixante actionnaires n'ont pu, au nom de tous les autres, nommer une commission. Il est reconnu qu'on ne plaide point par procureur. Il faut se présenter en persoone devant les tribunaux, ou donner en son propre nom un mandat spécial. M. Minard, M. Delair et M. Jobard, ne peuvent représenter ici qu'eux-mêmes.

Il serait trop facile de se passer les uns aux autres des actions au porteur, et de supposer ainsi une masse collective qui n'aurait point existé. Il faudrait donc que les actionnaires vinssent ici décliner leurs noms et qualités, en présentant leurs actions avec leurs numéros. Ce débat est d'ailleurs prématuré, il faut que le procès actuel soit d'abord jugé; si les actionnaires veulent ensuite attaquer les membres du conseil d'administration, cela ne peut être que devant des arbitres.

M. Joly développe ses conclusions tendant à l'intervention; il indique la manière dont les pouvoirs les plus formels ont été donnés par soixante-dix actionnaires, et soutient la compétence du tribunal.

M. Philippe Dupin réplique au nom du prévenu Bourgeois.

M. de Royer, avocat du roi, conclut à ce que l'intervention soit déclarée non recevable.

Le tribunal, après en avoir délibéré, déclare MM, Minard, Delair et Jobard non recevables et les condamne aur dépens.

On passe à l'audition des témoins.

M. Martinet, commissaire de police de Meudon, était invité à dîner chez le maire. On allait se mettre à table, à cinq heures demie, quand un bruit extraordinaire éclata sur le chemin de fer. Le témoin rend compte des faits consignés dans son procès-verbal, et qui ne sont malheureusement que trop connus. Je me suis transporté, ajoutetil, le lendemain matin avec M. Mathias, ingénieur, sur les lieux; nous avons constaté qu'à partir de l'endroit où l'essieu du Mathieu-Murray s'était brisé jusqu'à celui où la machine ellemême s'était abattue, il y avait une distance d'environ cent mètres.

M. le président; M. Milhau était-il alors présent?

M. Martinet: Oui, Monsieur.

M. Piart, âgé de quarante-huit ans, brigadier de gendarmerie, dépose: J'étais de service à la station de Bellevue, lorsque je fus témoin de l'acci dent. Le Mathieu Murray étant enfoncé dans le sable, l'incendie se communiquait aux wagons; je m'empressai de porter secours, et je fus assez heureux pour retirer plusieurs personnes des wagons embrasés.

M. le président Etiez-vous seul lorsque l'accident est arrivé?

M. Piart: J'étais avec le sieur Lenoir. M. le president: N'avez-vous pas remarqué que la vitesse du convoi était extrême ?

M. Piart: Oui, jamais je n'avais vu une pareille rapidité.

M. l'avocat général : A quel endroit avez-vous remarqué cette vitesse ?

Le témoin: En face de la station de Bellevue.

M. Busco, âgé de soixante-neuf ans, ancien commissaire spécial du chemin de fer de la rive gauche, actuellement attaché au chemin de fer d'Orleans, dépose: Le dimanche 8 mai, les grandes eaux de Versailles devant amener un grand concours de personnes de Paris à Versailles, je restai au débarcadère de Versailles jusqu'à quatre heures du soir, et je fus présent aux divers départs. Je plaçai ensuite deux hommes de la force armée à une station où je présumais qu'il y aurait foule, et puis je revins présider aux départs de cinq heures et demie et de six heures.

A ce moment, voyant que le convoi de Paris à Versailles n'arrivait point, je conçus quelques inquiétudes; on parlait d'un sinistre. Je montai sur une locomotive, et me fis conduire à l'endroit où déjà depuis une heure l'accident avait eu lieu. Je fis transporter des blessés, soit au château de Meudon, soit dans des maisons voisines, où des secours leur furent prodiguės; douze personnes, quoique blessées, voulurent retourner chez elles.

Je fis ensuite partie du convoi qui transporta à Paris les victimes de ce funeste événement. Tous les corps furent provisoirement étendus sur de la paille, et je fis appeler M. le docteur Grenier pour constater l'état de carbonisation. D'après les ordres de M. le préfet de police, les sept cadavres qui pouvaient avoir quelques traces de reconnaissance furent transportes à la Morgue; les trente-huit autres restérent au cimetière du Mont-Parnasse, sous la surveillance de M. Pranier-Quatremère, commissaire de police.

M. le president: A quelle cause attribuait-on l'accident?

M. Busco: D'abord à la vitesse. Je fis une sorte d'enquête; j'appris de quelques personnes que la vitesse était

extraordinaire, et d'autres qu'on avait seulement été un peu plus vite que d'habitude. C'était le dire du plus grand nombre.

D. Toutes les locomotives n'ontelles pas été employées le 8 mai? — R. Oui, monsieur.

D. Vous étiez habituellement à la gare; qu'avez-vous entendu dire au sujet du Mathieu Murray? R. On le considérait comme une machine capricieuse, c'est-à-dire dont la manœuvre était difficile, et l'on disait que MM. Georges et Dupin, deux des mécani ciens, étaient seuls capables de la conduire.

D. N'arrivait-il pas quelquefois que cette machine reculait au lieu d'avancer? R. J'ai entendu dire qu'elle était difficultueuse, mais non pas dangereuse.

D. Pourriez-vous dire si, lorsqu'on emploie deux locomotives, il est d'usage de mettre la machine à quatre roues seulement en avant plutôt qu'en ar rière? -- R. Je ne puis répondre d'une manière précise à cette question.

à

D. N'avez-vous pas fait des rapports l'administration dans lesquels vous signaliez des fautes commises par la compagnie du chemin de fer? - R. J'ai adressé des rapports à M. le préfet sur telles ou telles mesures que je lui demandais. Ce n'est que lorsqu'il y avait contestation que j'écrivais à M. le préfet, pour qu'il pût s'arranger avec elle ou lui intimer l'ordre de prendre les mesures que je proposais.

M. l'avocat du roi : Emploie-t-on en ce moment des machines à quatre roues sur le chemin de fer de Corbeil?

M. Busco: Je le crois, mais je ne saurais l'affirmer: demain je pourrai vous rendre réponse à ce sujet.

M. le président : Si vous prenez des informations, assurez-vous de la largeur des plaques de garde,

M. Moutardier, agent spécial de surveillance, n'a appris que par ouï dire les causes de l'accident du 8 mai. Le Mathieu-Murray avait déja frėquemment servi, et notamment la veille ou l'avant-veille de l'événement; on plaçait cette machine en avant ou en arrière.

D. N'avez-vous pas appris que cette locomotive était défectueuse?—R. J'ai entendu dire qu'elle sautait un peu.

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D. Les jours de fête, ne faisait on pas ce trajet en moins de temps? R. Oui, monsieur, quelquefois.

D. C'est vous qui avez disposé une salle d'attente pour recevoir les cadavres; quel en était le nombre? — R. Trente-neuf, plus ceux en débris.

M. Grenier, docteur en médecine, déclare qu'il a constaté, pendant la nuit du 8 au 9, la présence de trenteneuf cadavres, dont vingt-cinq dans un état de carbonisation absolue.

M. Boussard, contre-maître du chemin de Versailles (rive droite), pense qne le ressort du Mathieu Murray a été cassé avant l'essieu. Cette machine, d'après son opinion, était trop faible pour le service tel qu'il existe aujourd'hui.

M. Bineau, ingénieur en chef des mines, chargé de la surveillance spéciale des chemins de fer, rend compte des circonstances qui, selon toute probabilité, ont occasionné le sinistre. L'excès de vitesse n'était pas un motif suffisant pour avoir à lui seul déterminé le malheur qui a eu lieu.

M. le président : L'emploi simultané de deux locomotives n'entraîne-t-il pas des dangers?

M. Bineau L'emploi de deux locomotives me paraît une méthode moins périlleuse que celle qui consisterait à faire partir à peu d'intervalle l'un de l'autre deux convois mus par une seule machine.

M. le président : Une locomotive à quatre roues présente-t-elle plus de chances de sinistre que celle à six roues?

M. Bineau: Je pense qu'une machine à quatre roues ne présente pas plus de chances de basculage qu'une autre à six roues; que toute machine est sujette à sortir de la voie ; et quand mêmé la vitesse du convoi aurait été moins grande, une fois l'essieu cassé, les désordres qui sont survenus, par suite de la superposition du tender de l'Eclair et des wagons, auraient pu arriver de même.

M. Busco, commissaire spécial près le chemin de fer d'Orléans, met sous les yeux du tribunal le plan des locomotives employées sur le chemin de

fer d'Orléans. Elles sont toutes de la même forme,de la même dimension, et on les emploie indistinctement dans le service. Elles sont toutes à la Jackson, avec une plaque de garde conforme.

M. Combes, ingénieur, dépose que le 9 mai, à sept heures du matin, son confrère M. de Sénarmont et lui se sont rendus sur le théâtre de la catastrophe de la veille. Ils avaient cru d'abord, d'après un faux bruit, que la chaudière d'une machine à vapeur avait éclaté. Ils ont reconnu qu'il n'y avait point eu d'explosion, mais rupture du ressort de l'une des roues et rupture de l'essieu, ce qui a déterminé le dérayement des locomotives et l'incendie des premières voitures.

M. le président: Les freins étaientils suffisants pour arrêter le convoi subitement au moment de l'avarie des locomotives?

M. Combes : Oui, sans doute; il faut que le mécanicien de l'Eclair (Bontemps, l'une des personnes tuées) ait perdu la tête pour n'avoir pas lâché sa vapeur.

Le témoin examine l'essieu déposé sur l'estrade; il reconnaît, malgré la cassure lamelleuse, que le fer devait être d'une bonne qualité.

M. de Sénarmont, ingénieur de marine, fait une déposition semblable.

M. Baude, ingénieur en chef des ponts-et-chaussées, pense que l'essieu coudé a dû être cassé avant l'essieu droit. L'attelage qui a consisté à placer la machine à quatre roues avant la machine à six roues lui paraît une chose indifférente.

M. Lebas, ingénieur de la marine, celui qui est allé chercher l'obélisque de Luxor et l'a élevé à Paris sur son piedestal, rend compte de l'examen qui a été l'objet du rapport fait par MM. Cavé et Farcot. Il fait la démonstraction exacte sur le fac-simile d'environ 36 centimètres de longueur qu'il a fait du Mathieu-Murray. L’administration du chemin de fer a fait apporter aujourd'hui sur le bureau un autre modèle dans des proportions plus grandes.

Le témoin déclare que ses deux collègues et lui ont indiqué sur la plateforme qui soutient leur modèle l'état de la voie aussitôt après l'accident.

A l'intérieur (entre les rails), on re

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