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lumineux en repos et en mouvement; par M. Poisson, lu a l'Académie le...

1839.

L'Académie décide que ce mémoire, dernier travail d'un de ses membres les plus illustres, sera imprimé dans le recueil de ses mémoires, et que des remerciments seront adressés à M. Poisson fils pour la communication qu'il en a faite.

18 juillet. — Les découvertes daguerriennes ont vivement ému la science, et de toutes les parties de l'Europe elles sont l'objet de nouvelles recherches, et donnent de nouveaux résultats dont on ne saurait méconnaître l'importance; M. Regnauld a communiqué à ce sujet, à l'Académie, les produits d'expériences faites par M. Moser de Koenigsberg.

Parmi les expériences faites par M. Moser, je citerai la suivante, dit M. Regnauld. Une plaque d'argent fut iodée pendant la nuit, et dans une obscurité complète; on plaça ensuite sur la plaque une médaille taillée en agathe, une plaque métallique gravée, un anneau en corne, etc. La plaque fut ensuite soumise aux vapeurs mercurielles; on vit apparaître les images parfaitement nettes des figures gravées sur l'agathe, des lettres gravées sur la plaque métallique, de l'anneau, elc.

29 août. M. Arago revient sur l'éclipse du 8 juillet, et il entre dans des développements théoriques sur les principaux faits qui ont été observés pendant le cours de ce phénomène.

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M. Libri lit un grand mémoire de mathématique Sur l'emploi, dans L'analyse, des fonctions discontinues pour la recherche des formules générales; l'auteur s'est proposé, dans ce travail, de soumettre à l'analyse ma. thématique une classe très étendue de problèmes qu'on doit résoudre en nombres et dans chaque cas individuel, mais qui jusqu'à présent avaient résisté aux efforts des géomètres lorsqu'on voulait les traiter généralement. M. Libri a déjà publié plusieurs mémoires sur des questions particulières du même genre; il donne aujourd'hui une théorie complète des fonctions entières et des fonctions discontinues. Les prin ́cipes qu'il expose dans ce mémoire lui

ont permis de résoudre beaucoup de questions diverses, parmi lesquelles nous nous bornerons à citer l'intégration des équations linéaires aux différences de tous les ordres, que Laplace avait inutilement cherchée, et la loi générale des nombres premiers, que Legendre avait affirmé devoir toujours échapper à l'analyse algèbrique.

Pour rendre plus sensible la théorie des fonctions discontinues, qui reposait jusqu'ici sur les intégrales définies. M. Libri l'a ramenée aux expérientielles, et il a pu ainsi l'introduire facilement dans l'analyse indéterminée. Ce n'est pas seulement dans l'analyse pure que l'usage des fonctions discontinues est d'une grande utilité : la géométrie de situation, cette géométrie dont les plus illustres géomètres se sont occupés, et qu'ils n'avaient jamais pu soumettre à l'analyse mathématique, peut être traitée généralement par les fonctions discontinues. A cet égard, M. Libri a cité un problème fort intéressant, dont Euler et d'autres géomètres s'étaient également occupés, sans avoir pu en donner une solution analytique et générale; il s'agit de la marche da cavalier au jeu d'échecs, avec la condition de faire parcourir tout l'échiquier à ce cavalier, sans qu'il passe deux fois par la même case. Ce problème, dont on n'avait jusqu'ici_que des solutions numériques, M. Libri l'a résolu généralement par ses méthodes, quels que soient le nombre des cases et la forme de l'échiquier.

3 octobre. — M. Gannal a présenté une tête de bélier conservée par son procédé d'embaumement et recouverte d'une couche de bronze par les procé dės galvanoplastiques. Pour appliquer la couche d'alliage sur les tissus organiques, il paraft qu'on les enduit ou qu'on les saupoudre de limaille de cuivre. La forme des parties ainsi bronzées n'est nullement altérée. On connait l'effet produit par certaines fonfaines incrustantes : c'est ici un effet analogue avec un perfectionnement de plus dans la conservation des for

mes.

24. M. Dumas revient sur cette thèse que les végétaux sont producteurs, et les animaux consommateurs. Suivant

l'illustre chimiste, le règne végétal fournit aux animaux diverses espèces d'aliments qu'il divise ainsi : aliments umylacés, sucrés, albumineux ou azotés et matières grasses. Ces grands ordres de matières, dont l'origine remonte toujours à la plante, dit M. Dumas (Essai de statique chimique des êtres organisés, p. 41), se partagent en produits assimilables, fibrine, albumine, caséum, corps gras, qui servent à accroître ou à renouveler les organes, et en produits combustibles, sucre et corps gras, que la respiration consomme. L'animal s'assimile donc ou détruit des matières organiques toutes faites; il n'en crée donc pas. »

L'animal ne crée pas de matières organiques! C'est bien là l'opinion de M. Dumas.

Nous venons, M. Payen et moi, apporter des preuves nouvelles à l'appui de l'opinion que j'ai émise en com. mun avec M. Boussingault, à savoir : que les matières grasses proviennent exclusivement des plantes, et que les animaux ne font que se les assimiler et les brûler dans l'acte de la digestion et l'acte de la respiration. M. Liebig, qui a adopté une opinion opposée, s'exprime ainsi dans un ouvrage récent:

Une oie maigre, pesant quatre livres, augmente de cinq livres dans l'espace de trente-six jours pendant lesquels on lui donne pour l'engraisser vingtquatre livres de maïs. Au bout de ce temps, on peut extraire des chairs de l'animal trois livres et demie de graisse. Il est évident que la graisse ne s'est pas trouvée toute formée dans la nourriture, car celle-ci ne renferme pas un millième de graisse ou de matière sem. blable. L'autorité de M. Liebig est si grande, que nous avions cherché depuis assez longtemps, M. Payen et moi, à nous rendre compte du pouvoir en. graissant du mais. Les agriculteurs savaient déjà qu'un boisseau de maïs pesant probablement 10 à 11 kilog. fournit un litre d'huile.

Des expériences précises nous ont appris que le mais renferme à peu près 9 p. 010 d'une huile jaune, dont j'ai l'honneur de mettre une centaine de grammes sous les yeux de l'Académie.

. Ainsi, en mangeant vingt-quatre livres de maïs, une oie mange en effet

deux livres et demie de matière grasse : il n'est pas étonnant qu'elle en puisse fournir trois livres et demie, en tenant compte de celle qu'elle contenait,»

- M. Arago communique à l'Académie des expériences de M. Colladon, relatives à la marche d'un rayon lumineux dans l'intérieur d'une veine liquide; il résulte de ces expériences que la lumière, par suite de nombreuses réflexions, suit la direction courbe de la veine sans sortir du liquide, et vient pour ainsi dire tomber avec lui dans le vase qui le reçoit. Cette expérience, dit M. Arago, avait déjà été faite par M. Babinet, qui l'avait antérieurement répétée au sein de la Société philantropique.

M. Colladon a remarqué, dans le cours de ses expériences, un autre fait non moins curieux : il a constaté qu'en imprimant des vibrations à la veine liquide ainsi éclairée, cette veine se sépare en un point, et que cette section se maintient sans réunion dans tout le cours du trajet de la veine. Savart, si nous avons bonne mémoire, avait déjà signalé ce fait.

- M. Pouillet a lu à l'Académie des sciences un travail très-ingénieux et qui offre un singulier exemple de l'application de la statistique à la recherche des grands phénomènes de l'his toire.

Le savant professeur commence par rappeler trois faits fondamentaux qui résultent des connaissances acquises sur la population française. Ces trois faits fondamentaux sont, depuis quarante ans, la prédominance constante du nombre de femmes dans tous les recensements, ensuite la supériorité relative des naissances des hommes sur celles des femmes; enfin l'existence d'une loi relative de mortalité égale pour les deux sexes. La coïncidence de ces trois faits est, en réalité, très-étrange; si elle était bien établie, elle impliquerait une contradiction inexplicable. Pendant qu'il naît tous les ans, en France, plus de garçons que de filles, pendant qu'il n'en meurt pas plus dans un sexe que dans l'autre, il existe cependant toujours plus de femmes que d'hommes. Quoiqu'il naisse tous les ans 17 garçons contre 16 filles, le recen

sement de 1836'a présenté un excédant de 620.000 femmes.

Comment expliquer cette énigme? Après avoir démontré que le rapport de survivance, depuis la naissance des hommes jusqu'à leur majorité, n'a pas éprouvé de changement sensible depuis 1800, M. Pouillet conclut que la prédominance actuelle des femmes ne peut se concevoir que par des causes qui ont agi sur les générations antérieures au commencement de ce siècle. Cette cause, selon lui, est dans une disparition marquée d'un nombre très-considérable d'hommes dans les années qui se sont écoulées de 1790 à 1815. On voit qu'il s'agit des hommes qui avaient atteint leur jeunesse ou leur virilité pendant les temps où la France fut en guerre perpétuelle avec le reste de l'Europe. Ce qu'il y a de plus curieux, c'est que M. Pouillet prétend pouvoir assigner les pertes que nous fimes alors d'après les faits de statistique existants, qui sont la prédominance du sexe et celle des naissances mâles; il arrive ainsi à ce résultat que de 1792 à 1815 nos pertes, si peu connues et souvent si exagérées, ne peuvent pas dépasser, dans leur ensemble, treize ou quatorze cent mille hommes.

Enfin, M. Pouillet conclut que toutes les déterminations de vie moyenne qui ont été faites dans ces temps exceptionnels et meurtriers sont néces. sairement fausses.

La théorie et les calculs de M. Pouil let ont rencontré de nombreux contradicteurs au sein de l'Académie, entre autres MM. Mathieu, Ch. Dupin et de Montferrand. Ainsi M. Ch. Dupin a contesté que la loi des naissances fût constante depuis un demi siècle, et par des calculs fort ingénieux il a cru pouvoir affirmer que les naissances mâles ne sont pas relativement plus fortes que celles des filles dans nos départements maritimes; ce qui semblerait invalider le système de M. Pouillet.

BEAUX-ARTS.

Pourquoi faut-il que nous n'ayons pas un chef-d'œuvre à admirer, pas un progrès à constater? L'architecture existe-t-elle encore en France, et peut

on rapporter au premier, au plus noble des arts quelques essais isolés sans direction et sans unité, quelques pastiches plus ou moins heureux? L'Hô tel de Ville de Paris, cette œuvre admirable dans sa simplicité primitive, quadruplé par MM. Godde et Le Sueur, est devenu sans doute un monument vaste et grandiose, et peut compter, pour sa part, dans les travaux d'embellissement et d'assainissement de la capitale; mais du point de vue artistique. sera-t-il injuste de blâmer les architectes, pour avoir dénaturé le palais du Corione, pour avoir brisé ses grandes lignes, pour avoir abaissé ses toits, en vue de la plus graude commodité des constructions nouvelles ? Si l'unité est une des premières règles de l'architecture, cette unité doit-elle être poussée jusqu'à l'abus du parallélisme, et la destination des parties n'est-elle pas l'indication la plus logique de leur forme? Donner à l'aile utile, au corps qui renfermera les mille bureaux d'une vaste commune, les proportions gigantesques et les détails splendides de l'aile consacrée aux fêtes et aux réceptions, n'est-ce pas, tout en sacrifiant le commode, fausser la physionomie d'un monument de cette nature? Nous adresserons les mêmes reproches à l'architecte du palais des jeunes aveugles. Ce temple grec dont, par une innovation incroyable, le fronton se soutient sur lui-même et donne un démenti bizarre aux plus simples règles de la logique architecturale, ce temple gree est-il bien destiné à servir d'asile à une population nombreuse, à renfermer des salles d'étude, des dortoirs, des réfec toires? Qui nous délivrera du temple grec et du fronton? Nous ne parlerons pas encore de la Madeleine, cet autre temple grec, ce colossal anachronisme, dont nous examinerons en détail, l'année prochaine, le splendide et malbenreux ensemble. Que dire de la sculp ture? Que M. Jouffroy a sculpté sur ce pauvre fronton des jennes aveugles quelques têtes charmantes d'expression, el que M. Marochetti travaille encore à sa gigantesque Madeleine. Au reste, en sculpture comme en architecture, pas une œuvre exceptionnelle, pas une direction originale. Les grands maîtres travaillent attendons.

Attendons aussi pour la peinture. A

l'année prochaine, les fresques de la Madeleine, les tableaux commandés pour Saint Germain l'Auxerrois, les travaux incomplets de la chambre des pairs, et les études isolées des maîtres. Renvoyons à l'exposition de 1843 le tableau encore inachevé que M. Papety nous envoie de Rome et qui doit, dit-on, faire école.

Si les concerts sont nombreux, si la foule des exécutants s'épaissit tous les jours, si les prodiges d'habileté se comptent par centaines, les grandes partitions, les poèmes musicaux qui font époque nous ont manqués. Un seul grand événement, le Stabat de Rossini est venu réveiller un moment les admirations fanatiques et les querelles passionnées. OEuvre simple, grandiose, le Stabat a été écouté avec recueillement et avec amour: mais cette composition isolée ne saurait suffire à justifier la longue inaction du grand maître. Meyerbeer, lui aussi, se tait : mais son silence est, dit-on, un prélude à de nouveaux succès. Signalons, dans des régions inférieures Linda di Chamouni, élégante composition de Donizetti, savante avant tout, mais souvent monotone et puérile; la reine de Chypre, brillante partition d'Halévy, qui nous avait accoutumés à des triomphes plus sérieux; la Vestale de Mercadante, musique froide et compassée, espèce de compromis malheureux entre l'Italie et la France, l'Italie moins les roulades folles et les cavatines brillantes, la France moins l'harmonie complète du chant et des paroles. Parlerons-nous du Vaisseau fantôme, opéra de Dietsch, lugubre et plat comme un mélodrame? Nous préférerions encore la gentillesse vulgaire du Roi d'Yvetot, par Adam, ou l'habileté frivole et l'élégance sans imagination d'Auber, qui du Domino noir est descendu jusqu'au duc d'O.

lonne.

LITTÉRATURE.

C'est du théâtre qu'il faut nous occuper, le théâtre, ce but de toutes les ambitions, cette fin dernière et souvent ce tombeau de toutes les grandes gloires modernes. Deux hommes entre autres sont devenus,

dans deux régions différentes, le type du succès populaire au théâtre, M. Scribe et M. Dumas. L'un, à l'imagination ardente et bizarre, novateur hardi, cherchant l'effet et le trouvant presque toujours, type dramatique avant tout, peu soucieux des moyens et fécond en heureuses audaces; l'autre, esprit souple et délié, constructeur habile de charmants dédales, versant l'esprit sur toutes choses, n'étonnant jamais, mais amusant toujours: tous deux avides de succès et le cherchant par toutes les routes, celui-ci déJaissant la grâce pour la mignardise, si la mignardise est plus goûtée que la grâce; celui-là créant, dans sa fantaisie novatrice, une nature d'exception, si la nature véritable lui paraît rebelle à l'effet. Ces deux hommes, placés si haut naguère, nous ne voulons pas les juger encore, et il nous serait pénible de croire que leur temps est fini, et que de là où ils sont descendus ils peuvent descendre encore à un sujet heureusement choisi. Lorenzino, le Brutus de l'Italie moderne, n'a pu fournir à M. Dumas qu'un drame mal étudié, où brillent a de rares intervalles, au milieu de nombreuses réminiscences et de traces déplorables d'une précipitation malheureuses, quelques éclairs du génie dramatique de l'auteur d'Henri III et d'Antony. N'y a-t-il pas quelque part, dans les rares productions d'un excellent esprit, une admirable étude dramatique, et M. Dumas ne connaissait-il pas le Lorenzino? A qui attri buer un je ne sais quoi sans nom, qui n'est ni un drame, ni un vaudeville, ni une comédie, un Halifax représenté sur le théâtre des Varietés, déplorable succès dont M. Dumas n'a pas craint de ternir sa gloire dramatique. Et quel chef d'œuvre faudrait-il pour faire oublier de telles miseres?

Le Fils de Cromwell, comédie en cinq actes, de M. Scribe, est la dernière et la plus malheureuse de ces œuvres de politique bâtarde qui rapetissent et dénaturent l'histoire. Le style, nous n'en parlerons pas, mais l'esprit de détails, mais la grâce coquette et presque naturelle, M. Scribe nous y avait accoutumés. Pour en finir avec le théâtre et les grands noms qui s'y perdent, parlons aussi de M. de

Balzac qui vient d'ajouter à Vautrin la triste récidive des Ressources de Quinola.

A l'Odéon, Second-Théâtre-Français, quelques études de jeunes gens, faibles essais sans direction arrêtée, sans unité d'efforts, une comédie posthume de Camille Bernay, l'Héritage du Mal, composition gracieuse d'un jeune homme arraché trop tôt à des études sérieuses; enfin, et ceci est le grand événement de la fin de l'année, une comédie de M. Gozlan, la Main droite et la Main gauche. Nous remettons à l'année prochaine l'appréciation de ce début d'un jeune et brillant esprit dans la carrière dramatique.

Après le théâtre, le roman. Ici en

core il nous faut attendre, car le roman de l'année, le seul par le succès, un succès jusqu'alors sans exemple, les Mystères de Paris, par M. E. Sue, n'est pas encore terminé.

Où trouver la littérature sérieuse? dans des essais encore inachevés, dans des leçons orales, dans des brochures brillantes et passagères? Avouons plutôt que l'année a été pauvre, et que les ingénieux paradoxes de M. Victor Hugo dans son Rhin, l'excellente étude de M. Mignet sur Destutt de Tracy, les cours éloquents et utiles de MM. Philarète Chasles, Saint-Marc Girardin et Edgar Quinet, ne sauraient suffire à composer un progrès dans notre époque littéraire.

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