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jeunesse, déjà flétrie par César; il ajoute qu'il avait coutume de se brûler les cuisses avec de l'écorce de noix, afin d'y faire croître un poil plus doux. Un jour, aux jeux publics, on prononça, sur la scène ce vers qui est relatif à un prêtre de Cybèle, jouant du tambourin :

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Voyez comme de son doigt cet impudent dirige la machine ronde 194. »

Le peuple entier applaudit et lui en fit malignement l'application.

LXIX. Ses amis mêmes ne nient point qu'il n'ait commis beaucoup d'adultères; ils l'excusent en disant que, de sa part, ce n'était point volupté, mais calcul, pour mieux connaître, par les femmes de chacun, les projets de ses adversaires. Parlant de son brusque mariage avec Livie, M. Antoine lui reproche d'avoir, en présence de son mari, emmené une femme consulaire, de la salle à manger dans un cabinet, d'où elle ne serait revenue à table que les oreilles rouges et les cheveux en désordre. Il ajoute que Scribonia ne fut répudiée que pour avoir trop déploré la puissance de sa rivale. Antoine parle aussi d'amis d'Auguste qui allaient déshabiller des femmes mariées et des vierges nubiles, afin de voir si elles remplissaient les conditions voulues, comme s'il se fût agi de les acheter au marchand d'esclaves Toranius 195. A une époque où il n'était pas encore son ennemi déclaré, il lui écrivait familièrement : «Qui t'a donc changé? Serait-ce parce que je couche avec une reine? Mais elle est ma femme. Ai-je commencé seulement à présent, ou l'ai-je depuis neuf ans? Et toi, t'en tiens-tu donc à la seule Drusilla? Je parie qu'au moment où tu liras cette

LXX. Cœna quoque ejus secretior in fabulis fuit, quæ vulgo Sodexάleos vocabatur: in qua deorum dearumque habitu discubuisse convivas, et ipsum pro Apolline ornatum, non Antonii modo epistolæ, singulorum nomina amarissime enumerantis, exprobrant, sed et sine auctore notissimi versus :

Quum primum istorum conduxit mensa choragum,
Sexque deos vidit Mallia, sexque deas;

Impia dum Phœbi Cæsar mendacia ludit,
Dum nova Divorum cœnat adulteria;
Omnia se a terris tunc numina declinarunt,
Fugit et auratos Juppiter ipse toros.

Auxit cœnæ rumorem summa tunc in civitate penuria ac fames, acclamatumque est postridie, «omne frumentum Deos comedisse; » et, «Cæsarem esse plane Apollinem, sed Tortorem : » quo cognomine is deus quadam in parte urbis colebatur. Notatus est et ut pretiosæ supellectilis Corinthiorumque præcupidus, et aleæ indulgens. Nam et proscriptionis tempore ad statuam ejus adscriptum est,

Pater argentarius, ego Corinthiarius;

quum existimaretur quosdam propter vasa Corinthia in

lettre, tu auras joui déjà de Tertulla, de Térentilla, de Rufilla, de Salvia Titiscénia, ou peut-être de toutes. Et qu'importe en quel lieu, et pour quelle femme tu.... 196.

LXX. Il a été question aussi de ce souper secret, que vulgairement on appelait celui des douze divinités 197. Les convives s'y placèrent habillés commme les dieux et les déesses; et Auguste lui-même était déguisé en Apollon. Non-seulement les lettres d'Antoine nomment tous les assistans, et leur font à ce sujet les reproches les plus amers, mais on a encore des vers fort connus, quoique sans nom d'auteur :

« Dès que leur table eut établi son chorége198, dès que Mallia aperçut six dieux et six déesses, et que César, par un mensonge impie, eut représenté Phœbus, qu'enfin son repas eut amené pour les dieux de nouveaux adultères, toutes les puissances célestes détournèrent leurs regards de la terre et Jupiter s'enfuit de ses trônes dorés. >>

Ce qui augmenta encore le scandale de ce souper, c'est qu'alors Rome était en proie à la disette. Le lendemain on s'écriait que les dieux avaient mangé tous les grains, et que César était vraiment Apollon, mais Apollon le Bourreau, surnom sous lequel ce dieu était révéré dans une partie de la ville. Auguste avait encouru le blâme public à cause de son goût pour les meubles précieux et les vases de Corinthe, et à cause de son penchant pour le jeu de dés. Au temps de la proscription, on écrivit

sous sa statue :

<< Mon père était banquier, je vends des vases de Corinthe. »

car on pensait qu'il avait fait porter plusieurs citoyens

ter proscriptos curasse referendos. Et deinde bello Siciliensi epigramma vulgatum est :

Postquam bis classe victus naves perdidit,
Aliquando ut vincat, ludit assidue aleam.

LXXI. Ex quibus sive criminibus sive maledictis infamiam impudicitiæ facillime refutavit, et præsentis et posteræ vitæ castitate. Item lautitiarum invidiam; quum et Alexandria capta, nihil sibi præter unum murrhinum calicem ex instrumento regio retinuerit, et mox vasa aurea assiduissimi usus conflaverit omnia. Circa libidines hæsit; postea quoque, ut ferunt, ad vitiandas virgines promtior, quæ sibi undique, etiam ab uxore, conquirerentur. Aleæ rumorem nullo modo expavit, lusitque simpliciter et palam oblectamenti causa, etiam senex; ac præterquam Decembri mense, aliis quoque festis profestisque diebus. Nec id dubium est. Autographa quadam epistola, «Cœnavi,» ait, «mi Tiberi, cum iisdem. Accesserunt convivæ Vinicius et Silius pater. Inter cœnam lusimus ysportixas, et heri et hodie. Talis enim jactatis, ut quisque canem aut senionem miserat, in singulos talos singulos denarios in medium conferebat: quos tollebat universos, qui Venerem jecerat. » Et rursus aliis literis : «Nos, mi Tiberi, Quinquatrus satis jucunde egimus. Lusimus enim per omnes dies, forumque aleatorium calfecimus. Frater tuus magnis clamoribus rem gessit. Ad summam tamen perdidit non mul

sur les listes de proscription pour s'approprier leur vaiselle. Pendant la guerre de Sicile, on répandit l'épigramme suivante :

<< Deux fois vaincu, il a perdu ses vaisseaux; afin de vaincre à son tour, il joue aux dés. »

LXXI. De toutes ces accusations, ou de toutes ces calomnies, les bruits infâmes sur son impudicité 199 furent ceux qu'il confondit le plus aisément par la régularité de sa conduite présente et par celle qu'il tint dans la suite. Il repoussa de même le reproche de luxe effréné, car après la prise d'Alexandrie, il ne retint pour lui, de toutes les richesses des rois, qu'un vase d'argile, et fit fondre tous les vases d'or de l'usage le plus ordinaire. Les plaisirs des sens exercèrent toujours sur lui un puissant empire; il aimait principalement les vierges sa femme même se prêtait à lui en chercher. Il se soucia peu de sa réputation de joueur, et joua sans en faire un mystère 200 : dans sa vieillesse même il ne se gênait pas sur ce genre de plaisir, non-seulement pendant le mois de décembre, mais il en usait de même les autres jours de l'année, que ce fût fête ou non. Cela n'est pas douteux; car on a une lettre de sa main dans laquelle il dit : « Mon cher Tibère, j'ai soupé avec les mêmes personnes. Vinicius et Silius le père sont venus augmenter le nombre des convives. Pendant le repas, nous avons joué à la manière des vieillards, et cela hier et aujourd'hui. Après avoir jeté les dés 201, celui qui avait amené un chien ou le six mettait au jeu un denier pour chaque dé, et celui qui avait amené Vénus prenait tout.» Dans une autre lettre, il dit : «< Mon cher Tibère, nous avons assez bien passé

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