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sur ses adveraires vaincus ou fugitifs, dit en propres termes : Voilà ce qu'ils ont voulu. Moi, C. César, malgré mes grandes actions, j'étais condamné, si je n'eusse demandé du secours à mon armée. Quelques-uns croient qu'il était dominé par l'habitude du commandement, et qu'ayant pesé ses forces et celles de ses ennemis, il profita de l'occasion de s'emparer d'un pouvoir qu'il avait souhaité dès sa première jeunesse. Il paraît que telle était l'opinion de Cicéron, qui, dans le troisième livre du Traité des Devoirs, nous apprend que César avait sans cesse à la bouche ces vers d'Euripide dont il nous a donné la traduction :

« S'il faut violer le bon droit, que ce soit pour régner: dans tout le reste, observons la justice.

XXXI. Lorsqu'on lui annonça que l'opposition des tribuns avait été méconnue, et qu'eux-mêmes étaient sortis de Rome, il fit secrètement partir ses cohortes 66. Quant à lui, pour ne point exciter de soupçons, il se montra en public, au spectacle; il s'occupa d'un plan de construction pour un cirque de gladiateurs, et, selon son habitude, il assista à un repas où les convives étaient nombreux. Puis, après le coucher du soleil, il fit atteler à un chariot les mulets d'une boulangerie voisine, et, suivi de fort peu de monde, il prit les chemins les plus détournés; mais les flambeaux s'éteignirent, il s'égara, et, vers la pointe du jour, ayant enfin trouvé un guide, il marcha, par les sentiers les plus étroits, jusqu'au Rubicon, limite de sa province, où l'attendaient ses cohortes. Là, il s'arrêta quelque peu, et réfléchissant à la grandeur de son entreprise, il s'adressa à ceux qui l'entouraient: Nous pouvons encore, dit-il, retourner sur nos pas; une

possumus: quod si ponticulum transierimus, omnia armis agenda erunt.

XXXII. Cunctanti ostentum tale factum est. Quidam eximia magnitudine et forma in proximo sedens, repente apparuit, arundine canens : ad quem audiendum quum præter pastores, plurimi etiam ex stationibus milites concurrissent, interque eos et æneatores, rapta ab uno tuba prosiluit ad flumen, et ingenti spiritu classicum exorsus, pertendit ad alteram ripam. Tunc Cæsar, Eatur, inquit, quo deorum ostenta et inimicorum iniquitas vocat. Jacta alea esto.

XXXIII. Atque ita trajecto exercitu, adhibitis tribunis plebis, qui pulsi supervenerant, pro concione fidem militum, flens, ac veste a pectore discissa, invocavit. Existimatur etiam equestres census pollicitus singulis : quod accidit opinione falsa. Nam quum in alloquendo exhortandoque sæpius digitum lævæ manus ostentans affirmaret, se ad satisfaciendum omnibus, per quos dignitatem suam defensurus esset, annulum quoque æquo animo detracturum sibi; extrema concio, cui facilius erat videre concionantem, quam audire, pro dicto accepit, quod visu suspicabatur : promissumque jus annulorum cum millibus quadringenis, fama distulit.

XXXIV. Ordo et summa rerum, quas deinceps ges

fois que nous aurons franchi ce faible pont, il nous faudra tout décider par les armes.

XXXII. Tandis qu'il hésitait, une apparition se mafesta. Un homme de taille grande et belle se montra subitement assez près du rivage; il chantait en s'accompagnant du chalumeau. Outre les bergers, plusieurs soldats des postes voisins se rassemblèrent pour l'entendre; il y avait parmi eux des trompettes. Cet homme s'empara de l'instrument de l'un d'eux, se leva, et faisant retentir des sons mâles et guerriers, marcha vers l'autre rive. César alors s'écria: Eh bien! allons où nous appellent les prodiges des dieux et l'iniquité de mes ennemis. Que le sort en soit jeté!

XXXIII. L'armée ayant passé, César prit avec lui les tribuns du peuple, qui l'avaient rejoint après avoir été chassés de Rome; et, devant les troupes assemblées, il invoqua la fidélité du soldat, en pleurant et en déchirant ses vêtemens sur sa poitrine 67. On croit aussi, mais par suite d'une méprise, qu'il promit à tous de leur donner le cens de chevaliers. Comme il arriva, dans ses allocutions et dans ses exhortations, qu'il se servit souvent du doigt annulaire de la main gauche, comme il répéta fréquemment, en le montrant aux soldats, qu'il ferait tout pour ceux qui défendraient sa dignité, qu'il irait même jusqu'à s'ôter en leur faveur l'anneau qu'il portait, les derniers rangs, qui le voyaient mieux qu'ils ne l'entendaient, prirent pour dit ce que la vue leur avait fait soupçonner, et la renommée répandit que César avait promis à ses soldats le droit de porter l'anneau, et quatre cent mille sesterces.

XXXIV. Voici la série et comme le sommaire des

sit, sic se habent. Picenum, Umbriam, Etruriam occupavit et L. Domitio, qui per tumultum successor ei nominatus Corfinium præsidio tenebat, in deditionem redacto, atque dimisso, secundum Superum mare Brundisium tetendit, quo consules Pompeiusque confugerant, quamprimum transfretaturi. Hos frustra per omnes moras exitu prohibere conatus, Romam iter convertit : appellatisque de republica patribus, validissimas Pompeii copias, quæ sub tribus legatis, M. Petreio, et L. Afranio, et M. Varrone in Hispania erant, invasit ; professus ante inter suos, ire se ad exercitum sine duce, et inde reversurum ad ducem sine exercitu. Et quanquam obsidione Massiliæ, quæ sibi in itinere portas clauserat, summaque frumentariæ rei penuria retardante, brevi tamen omnia subegit.

XXXV. Hinc urbe repetita, in Macedoniam transgressus, Pompeium, per quatuor pæne menses maximis obsessum operibus, ad extremum Pharsalico prœlio fudit et fugientem Alexandriam persecutus, ut occisum deprehendit, cum Ptolemæo rege, a quo sibi quoque insidias tendi videbat, bellum sane difficillimum gessit; neque loco, neque tempore æquo, sed hieme anni, et intra mœnia copiosissimi ac sollertissimi hostis, inops ipse rerum omnium, atque imparatus. Regnum Ægypti victor Cleopatra fratrique ejus minori permisit :

choses que César fit ensuite Il occupa le Picenum, l'Ombrie, l'Étrurie; puis, Domitius, qui tenait Corfinium, et que, dans ces troubles, on lui avait donné pour successeur, fut contraint de se rendre à lui, à discrétion; il le renvoya, et marcha, le long de la mer Supérieure, sur Brindes, où s'étaient enfuis les consuls et Pompée, qui voulaient passer le plus tôt possible de l'autre côté de la mer. Ayant vainement essayé, par toutes sortes d'obstacles, d'empêcher leur sortie, César se dirigea sur Rome, où il assembla les sénateurs, pour délibérer sur la république. Il courut, immédiatement après, s'emparer des meilleures troupes de Pompée, qui étaient en Espagne, sous les ordres de trois lieutenans, M. Petreius, L. Afranius et M. Varron. Avant de partir, il avait dit à ses amis qu'il allait vers une armée sans chef, et que de là il reviendrait vers un chef sans armée. Quoiqu'il fût retardé par le siège de Marseille 68, qui lui ferma ses portes, et par le dénûment absolu de vivres, il ne lui fallut que peu de temps pour tout soumettre.

XXXV. Revenu d'Espagne à Rome, César passa en Macédoine; pendant près de quatre mois, il tint Pompée assiégé, et l'entoura d'ouvrages immenses; enfin il le vainquit en bataille rangée à Pharsale, le poursuivit dans sa fuite jusqu'à Alexandrie, où il le trouva mort; puis, voyant que le roi Ptolémée lui dressait aussi des embûches, il lui fit une guerre des plus difficiles, n'ayant pour lui ni l'avantage du lieu ni celui du temps, et luttant, en hiver, sans y être préparé, être préparé, sans aucune provision, contre l'ennemi le plus actif et le plus nombreux, et cela dans les murs mêmes de cet ennemi. Vainqueur, il abandonna le royaume d'Égypte à Cléopâtre et à son plus jeune frère; car il craignait, s'il le réduisait en province, que

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