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à s'évanouir, et des terreurs nocturnes le saisissaient ordinairement au milieu du sommeil. Deux fois aussi il fut atteint d'épilepsie 10 dans l'exercice de ses fonctions. Il mettait trop d'importance au soin de son corps; nonseulement il se faisait tondre et raser la barbe, mais quelques personnes lui ont reproché de s'être fait arracher le poil. Il souffrait très - impatieminent le désagrément d'être chauve, et souvent il essuya les plaisanteries de ses ennemis à cet égard. Aussi ramenait-il habituellement ses rares cheveux de derrière en avant, et de tous les honneurs que le sénat et le peuple lui décernèrent, il n'y en eut aucun qui lui fit plus de plaisir, ou dont il usât plus volontiers, que le droit de porter perpétuellement une couronne de laurier. On rapporte qu'il était aussi remarquable par sa mise. Il avait un laticlave garni de franges jusqu'aux mains 102: c'était toujours par-dessus ce vêtement qu'il se ceignait, et même d'une manière fort relâchée; ce qui donna lieu à ce trait de Sylla, qui avait coutume d'avertir les grands de prendre garde à ce jeune homme dont la ceinture était si mal attachée.

XLVI. Il habita d'abord une maison fort modeste dans le quartier appelé Subura; mais, quand il eut été nommé souverain pontife, il fut logé dans un bâtiment public, sur la voie Sacrée. Beaucoup d'auteurs rapportent que César aimait fort le luxe et l'élégance. Une maison de campagne dont il avait fait jeter les fondemens sur le territoire d'Aricie 103, et qu'il avait fait achever à grands frais, fut, dit-on, entièrement rasée parce qu'elle ne répondait pas à son idée; cependant il était encore sans fortune et obéré de dettes. Il emportait avec lui, dans ses expéditions, des parquets en pièces de rapport et en mosaïque 104.

XLVII. Britanniam petisse spe margaritarum, quarum amplitudinem conferentem, interdum sua manu exegisse pondus : gemmas, toreumata, signa, tabulas operis antiqui semper animosissime comparasse : servitia rectiora politioraque immenso pretio, et cujus ipsum etiam puderet, sic ut rationibus vetaret inferri.

XLVIII. Convivatum assidue per provincias duobus tricliniis, uno, quo sagati palliative, altero, quo togati cum illustrioribus provinciarum discumberent. Domesticam disciplinam in parvis ac majoribus rebus diligenter adeo severeque rexit, ut pistorem', alium quam sibi panem convivis subjicientem, compedibus vinxerit; libertum gratissimum, ob adulteratam equitis romani uxorem, quamvis nullo querente, capitali pœna affecerit.

XLIX. Pudicitiæ ejus famam nihil quidem præter Nicomedis contubernium læsit, gravi tamen et perenni opprobrio, et ad omnium convicia exposito. Omitto Calvi Licinii notissimos versus :

Bithynia quidquid

Et pædicator Cæsaris unquam habuit.

Prætereo actiones Dolabellæ et Curionis patris, in quibus eum Dolabella pellicem reginæ, spondam interio

de

XLVII. On dit qu'il ne fit son expédition de Bretagne que dans l'espoir d'y trouver des perles, et qu'il avait coutume de les comparer entre elles et de les peser la main. On ajoute qu'il se montra toujours très-empressé d'acquérir des pierres précieuses, des sculptures, des statues et des tableaux antiques; qu'enfin il payait un prix immense les esclaves ou bien faits ou bien élevés, et qu'il défendait d'insérer cette dépense dans ses comptes, parce qu'il en avait honte lui-même.

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XLVIII. Dans les provinces, il donnait fréquemment des repas divisés en deux tables : à l'une étaient assis les militaires revêtus de quelque grade, et les personnes de sa suite 105; à l'autre les magistrats et les plus illustres habitans du pays 106. Dans les grandes comme dans les petites choses, il maintint exactement et sévèrement la discipline établie dans sa maison, à tel point qu'il fit jeter dans les fers un esclave boulanger qui servait aux convives un autre pain qu'à lui. Un jour, quoique personne n'en rendît plainte, il frappa de la peine capitale un affranchi qu'il aimait beaucoup, par le motif qu'il avait commis un adultère sur la femme d'un chevalier romain.

XLIX. Rien ne porta préjudice à sa réputation sous le rapport de la pudicité 107, excepté son séjour chez Nicomède; mais l'opprobre qui en rejaillit sur lui fut grave et durable, il l'exposa aux railleries de tous. Je ne dirai rien de ces vers si connus de Calvus Licinius 108:

« Tout ce que la Bythinie, tout ce qu'eut jamais le pédéraste de César. >>

Je tairai les discours de Dolabella 109 et de Curion le père, dans lesquels Dolabella l'appelle la rivale de la reine, la

:

rem regia lecticæ, ac Curio stabulum Nicomedis, et Bithynicum fornicem dicunt. Missa etiam facio edicta Bibuli, quibus proscripsit collegam suum, Bithynicam reginam «eique regem antea fuisse cordi, nunc esse regnum.» Quo tempore, ut M. Brutus refert, Octavius etiam quidam, valetudine mentis liberius dicax, conventu maximo quum Pompeium regem appellasset, ipsum reginam salutavit. Sed C. Memmius etiam ad cyathum et vinum Nicomedi stetisse objecit, cum reliquis exoletis, pleno convivio, accubantibus nonnullis urbicis negotiatoribus, quorum refert nomina. Cicero vero, non contentus in quibusdam epistolis scripsisse, a satellitibus eum in cubiculum regium eductum, in aureo lecto, veste purpurea decubuisse, floremque ætatis a Venere orti in Bithynia contaminatum : quondam etiam in senatu defendenti Nysæ causam, filiæ Nicomedis, beneficiaque regis in se commemoranti, «Remove, inquit, istæc, oro te; quando notum est, et quid ille tibi, et quid illi tute dederis.» Gallico denique triumpho milites ejus inter cetera carmina, qualia currum prosequentes joculariter canunt, etiam vulgatissimum illud pronuntiaverunt :

Gallias Cæsar subegit, Nicomedes Cæsarem.

Ecce Cæsar nunc triumphat, qui subegit Gallias :
Nicomedes non triumphat, qui subegit Cæsarem.

L. Pronum et sumptuosum in libidines fuisse, con

planche intérieure de la litière royale; et Curion, l'écurie de Nicomède, le mauvais lieu de Bithynie. Je ne m'arrêterai pas non plus aux édits par lesquels Bibulus affichait publiquement son collègue, en le taxant de reine de Bithynie, en ajoutant qu'autrefois il s'était senti du goût pour un roi, qu'aujourd'hui c'était pour un royaume. M. Brutus nous apprend qu'un certain Octavius, que le dérangement de sa tête autorisait à tout dire, se trouvant un jour dans une assemblée nombreuse, appela Pompée roi, puis salua César du nom de reine. C. Memmius aussi, lui reproche de s'être mêlé avec d'autres débauchés pour présenter à Nicomède les vases et le vin de la table; et il cite les noms de plusieurs négocians romains qui étaient au nombre des convives. Non content d'avoir consigné dans ses lettres que César avait été conduit vers la couche royale par des satellites, qu'on l'avait placé dans un lit d'or, puis revêtu d'un vêtement de pourpre, et qu'il avait souillé en Bithynie la fleur de l'âge qu'il devait à Vénus, Cicéron l'apostropha un jour en plein sénat; César y défendait la cause de Nysa, fille de Nicomède; il rappelait les obligations qu'il avait à ce roi, «Passons sur tout cela, je te prie, s'écria Cicéron, on ne sait que trop ce qu'il t'a donné et ce qu'il a reçu de toi. >> A son triomphe sur les Gaules, les soldats, parmi les vers qu'ils ont coutume de chanter en suivant gaîment le char du général, répétèrent ceux-ci, qui

sont fort connus:

<< César a soumis les Gaules, Nicomède a soumis César. Eh bien! « César triomphe en ce jour, lui qui a soumis les Gaules; Nico« mède ne triomphe pas, lui qui a soumis César. »

L. Une opinion bien établie, c'est que César était

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