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ce n'est point le Dieu que j'adore. » Et qu'il me laisse en repos; car je n'adore point d'autre Dieu que l'Être infiniment parfait, dont la puissance seule me donne l'être, dont la sagesse seule m'éclaire l'esprit, et dont l'amour, amour seul substantiel et nécessaire, me donne tout le mouvement que j'ai pour le bien.

CHAPITRE X. M. Arnauld suppose cinq ou six fois seulement ce qui est en question, dans les definitions qu'il met avant ses prétendues démonstrations.

I. Supposé, Monsieur, que j'aie bien détruit « les modalités essentiellement représentatives de M. Arnauld,» il faut selon ce que j'ai dit dans le quatrième chapitre, qu'il demeure maintenant d'accord que le sentiment que j'ai sur la nature des idées est incontestable, puisque dans la page 33 il avoue que l'énumération que j'ai faite des cinq diverses manières dont on peut voir les objets, est exacle; et qu'il assure de plus, page 107, « qu'il n'y a nulle apparence de vérité dans les autres manières. » Néanmoins, je crois devoir encore renverser ses prétendues démonstrations, et faire voir que tout ce qu'il avance pour prouver son sentiment, n'a rien de solide; quoique je ne doute pas que vous n'en soyez déjà assez persuadé par le peu que je viens d'écrire.

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II. Il serait fort à désirer que M. Arnauld, qui se glorifie d'avoir une idée de l'âme, aussi claire que celles que les géomètres ont de l'étendue, nous apportât des preuves que les modalités de l'âme sont essentiellement représentatiaussi. bonnes et aussi courtes que celles qu'on peut donner, que la rondeur n'est autre chose que la modification de la matière : il convaincrait assurément toute la terre de son sentiment. Mais il est étrange que tout ce qu'il dit làdessus n'est qu'une pure pétition de principe; à quoi néanmoins, comme géomètre, il donne un certain tour géométrique, dont je doute que les autres géomètres soient contents. Voici, Monsieur, comme il s'y prend.

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II. «< Penser, connaître, apercevoir, sont la même chose. III. « Je prends aussi pour la même chose, l'idée d'un objet et la perception d'un objet. Je laisse à part, s'il y a d'autres choses à qui on puisse donner le nom d'idée ; mais il est certain qu'il y a des idées prises en ce sens, et que ces idées sont ou des attributs, ou des modifications de notre âme.

IV. « Je dis qu'un objet est présent à notre esprit quand notre esprit l'aperçoit ou le connaît. Je laisse encore à examiner s'il y a une autre présence de l'objet préalable à la connaissance, et qui soit nécessaire, afin qu'il soit en état d'être connu. Mais il est certain que la manière dont je dis qu'un objet est présent à l'esprit quand il en est connu, est incontestable; et que c'est ce qui fait dire, qu'une personne que nous aimons nous est souvent présente à l'esprit, parce que nous y pensons souvent.

V. « Je dis qu'une chose est objectivement dans mon esprit, quand je la conçois; quand je conçois un carré, le soleil, un son; le soleil, le carré, le son, sont objectivement dans mon esprit, soit qu'ils soient ou qu'ils ne soient pas hors de mon esprit.

VI. « J'ai dit que je prenais pour la même chose la perception et l'idée. Il faut néanmoins remarquer que cette chose, quoiqu'unique, a deux rapports: l'un à l'âme qu'elle modifie; l'autre à la chose aperçue, en tant qu'elle est objectivement dans l'âme et que le mot de perception marque plus directement le premier rapport, et celui d'idée le dernier. Ainsi la perception d'un carré marque plus directement mon âme comme apercevant un carré; et l'idée d'un carré marque plus directement le carré, en tant qu'il est objectivement dans mon esprit. Cette remarque est très-importante pour résoudre beaucoup de difficultés, qui ne sont fondées que sur ce qu'on ne comprend pas assez que ce ne sont

point deux entités différentes, mais une même modification de notre âme, qui enferme essentiellement ces deux rapports; puisque je ne puis avoir de perception, qui ne soit tout ensemble la perception de mon esprit comme apercevant, et la perception de quelque chose comme aperçue ; et que rien aussi ne peut être objectivement dans mon esprit (qui est ce que j'appelle idée) que mon esprit ne l'aperçoive.

VII. « Ce que j'entends par les étres représentatifs, en tant que je les combats comme des entités superflues, ne sont que ceux que l'on s'imagine être réellement distingués des idées prises pour des perceptions; car je n'ai garde de combattre toutes sortes d'êtres ou de modalités représentatives; puisque je soutiens qu'il est clair à quiconque fait réflexion sur ce qui se passe dans son esprit, que toutes nos perceptions sont des modalités essentiellement représentatives. »

III. M. Arnauld est grandement habile géomètre de supposer dans ses définitions comme certaine, la proposition qu'il doit démontrer. Voici cette proposition, dont il donne cinq démonstrations admirables. Une seule suffirait.

PROPOSITION A DÉMONTRER.-Notre esprit n'a point besoin pour connaître les choses matérielles, de certains êtres représentatifs distingués des perceptions, qu'on prétend être nécessaires pour suppléer à l'absence de tout ce qui ne peut être par soi-même uni intimement à notre âme.

EXAMEN DES DÉFINITIONS DE M. ARNAULD, PAR RAPPORT A SA PROPOSITION A DÉMONTRER.-IV. Je prends, dit M. Arnauld dans sa troisième définition, «pour la même chose l'idée d'un objet et la perception d'un objet. »

RÉPONSE.-Vraiment, Monsieur, cela supposé, « notre esprit n'a point besoin, pour connaître les corps, de certains êtres représentatifs distingués des perceptions, » comme il prétend le démontrer; car lorsqu'on a l'idée d'un objet, on connait l'objet. Mais ce que M. Arnauld doit démontrer, c'est que l'on puisse avoir une perception de quelque ob

jet, sans une idée de cet objet, distinguée de la modalité de l'âme.

M. ARNAULD.-V. « Mais je laisse à part, dit-il, s'il y a d'autres choses à qui on puisse donner le nom d'idée. Mais il est certain, qu'il y a des idées prises en ce sens, et que ces idées sont ou des attributs, ou des modifications de notre âme. »

RÉPONSE.-Je crois avoir prouvé dans les chapitres précédents, que bien loin qu'il soit certain qu'il y ait des idées prises en ce sens, « qu'elles soient une même chose avec les perceptions, » que cela est très-faux. Je prétends qu'il n'y a point de perception quand il n'y a rien qu'on puisse apercevoir. Certainement, supposé qu'on puisse avoir la perception des objets sans en avoir les idées, il ne faut point un si grand attirail de définitions, d'axiomes et de demandes que celui qu'apporte M. Arnauld dans son cinquième chapitre, pour prouver que « nos modalités sont essentiellement représentatives; » car c'est la même proposition quant au sens. Ainsi, Monsieur, vous voyez que M. Arnauld suppose ce qui est en question.

Sa quatrième définition et toutes les autres sont superflues. Car pour démontrer les choses bien géométriquement, il ne faut dire que ce qui est nécessaire pour la démonstration ; et la troisième définition suffit, supposé qu'on soit assez bon pour la recevoir. Mais il faut examiner encore quelques autres définitions.

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M. ARNAULD. VI. « Je dis qu'un objet est présent à notre esprit quand notre esprit l'aperçoit ou le connaît. »> (Cela est fort bien jusque-là; car on peut attacher aux termes les idées qu'on veut. Mais pour ce qui suit, c'est pétition de principe.) « Je laisse, continue M. Arnauld, à examiner s'il y a une autre présence de l'objet préalable à la connaissance. Mais il est certain que la manière dont je dis qu'un objet est présent à l'esprit quand il en est connu, est incontestable. »

RÉPONSE.

Vous voyez, Monsieur, qu'il suppose pour la seconde fois, qu'on puisse avoir la connaissance d'un objet sans en avoir d'idée, ce qui est sa proposition à démontrer. Je reçois la cinquième; c'est une définition de nom, cela est dans les règles. Voyons la sixième :

M. ARNAULD. VII. « J'ai dit que je prenais pour la même chose, la perception et l'idée. Il faut néanmoins remarquer que cette chose, quoique unique, a deux rapports; l'un à l'âme qu'elle modifie; l'autre à la chose aperçue, en tant qu'elle est objectivement dans l'âme. »

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RÉPONSE. Certainement il faut être étrangement préoccupé de son sentiment, et l'avoir bien peu examiné, pour ne pas voir qu'on le suppose, lorsqu'on prétend faire des définitions pour en convaincre les autres. Cela est déjà arrivé à M. Arnauld dans la troisième et quatrième définition; mais comme celle-ci est plus longue, il le fait deux fois; car il continue ainsi : « Cette remarque est fort importante pour résoudre beaucoup de difficultés, qui ne sont fondées que sur ce qu'on ne comprend pas assez que ce ne sont point deux entités différentes, mais une même modification de notre âme qui enferme essentiellement ces deux rapports (c'est ce qu'il doit démontrer); puisque je ne puis avoir de perception qui ne soit tout ensemble la perception de mon esprit comme apercevant, et la perception de quelque chose comme aperçue. » Fort bien. Mais il faut qu'il démontre ce qu'on lui conteste, qui est qu'il puisse avoir la perception d'un carré, sans une idée de ce carré, qui soit différente de la modification de son esprit.

VIII. Dans sa septième définition, il suppose toujours ce qu'il doit prouver dans sa proposition à démontrer. « Ce que j'entends, dit-il, par les êtres représentatifs, en tant que je les combats comme des entités superflues (je rejette aussi aussi des entités représentatives. Quand on sait mon sentiment, on ne peut pas m'attribuer cette pensée; mais je ne m'arrête pas à cela) ne sont que ceux que l'on s'imagine

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