Immagini della pagina
PDF
ePub

Un autre groupe se constituait peu après dans des cir- Bernhard Primus. constances analogues. Bernhard Primus ', qui appartenait

Vaudois, à moins que ce ne soit pour les convertir qu'ils les approchent, nam, qui tangit immundum, immundus efficitur. »

L. XIII, [ep. 53, 57, 58; recommandent à la sollicitude des archev. de Narbonne, Tarragone et Milan les Pauvres Catholiques de Durand de Huesca et de Guill. de Saint-Antonin. Ils étaient inquiétés par des habitants de ces diocèses.

L. XV, ep. 82. « Helenensi episcopo »; lui recommande les Pauvres catholiques, et lui annonce que le pape a accordé aux religieuses qui se sont jointes aux Pauvres catholiques pour fonder un hôpital l'autorisation de recevoir les enfants abandonnés, les femmes pauvres, les malades.

L. XV, les lettres 90, 92, 93, 94 sont adressées à l'évêque de Marseille, au roi d'Aragon, à l'archev. de Narbonne, à l'évêque d'Uzès, pour leur recommander de protéger les Pauvres Catholiques contre la malveillance de leurs diocésains ou de leurs sujets. Les lettres 91 et 96 sont adressées à Durand de Huesca, Durand de Najac, Guill. de Saint-Antonin, etc. Elles leur recommandent de veiller à ce que leurs frères « ne vacent operibus inhonestis » et leur promet que la protection pontificale leur sera toujours assurée. Ce sont les dernières lettres adressées aux Pauvres Catholiques. A partir de ce moment (juin 1212), on perd leur trace jusqu'au moment où leur ordre est dissous. V. Ripoll, Bull. Praed., t. I, p. 96 et Élie Berger, Registres d'Innocent IV, 2752.

1. Sur Bernhard Primus, voy. Müller, op. cit., loc. cit., et plus particulièrement p. 18. Voy. aussi Gieseler, KG. II, 24 p. 320 et suiv. Nous sommes moins bien renseignés sur Bernhard Primus que sur Durand de Huesca. Un passage de la Chronique de Burchard et de Conrad d'Ursperg (Pertz, MGSS, XXIII, 376) nous dit qu'il alla avec quelques Vaudois demander l'approbation pontificale pour leur vœu de pauvreté, et que le pape ne la leur accorda pas. Il leur reprocha comme il le fit à d'autres hérétiques le caractère formaliste de leur piété : « Domnus papa quaedam supersticiosa in conversatione ipsorum eisdem objecit, videlicet quod calceos desuper precidebant et quasi nudis pedibus ambulabant; praetera cum portarent quasdam cappas quasi religionis, capillos capitis non atton. debant nisi sicut laici; hoc quoque probrosum videbatur in eis, quod viri et mulieres simul ambulabant, simul in lectulis accubabant, quae tamen omnia ipsi asserebant ab apostolis descendisse Cependant, nous trouvons parmi les lettres d'Innocent III les ép. 94 du 1. XIII et 146 du 1. XII qui les concernent. La première (1. XIII, 94) est ainsi intitulée : «< Universis Archiepiscopis et episcopis ad quos litterae istae pervenerint. De negotio Valdensium conversorum. » Elle est datée de juillet 1210. Elle renferme l'abjuration et la profession de foi orthodoxe de Bernhard Primus. Cette profession de foi pourrait, par toute sa première partie, faire supposer que Bernhard était Cathare et non Vaudois. Mais il est facile de reconnaître

probablement à une communauté vaudoise d'Allemagne, obtint aussi du pape une règle pour lui et quelques autres Vaudois convertis. On perd bientôt leurs traces, mais il reste sur ces deux ordres des lettres d'Innocent III, et rien ne montre mieux par quels efforts et grâce à quelles concessions Innocent III voulait ramener « dans le fleuve dont l'Église est le lit, le puissant courant de vie chrétienne réveillée et vivante » qui traversa tout le début du XIIIe siècle.

L'Église ne parvint donc pas à se créer une milice puissante et sûre avec les groupes si divers qu'elle fonda ou

qu'Innocent III a seulement voulu enchaîner de façon définitive la liberté religieuse des nouveaux convertis, ne leur laisser aucun prétexte pour s'éloigner du dogme. On peut aussi s'apercevoir de la différence qui existe entre la règle des Pauvres Catholiques et celle à laquelle sont soumis Bernhard et ses compagnons. Cette dernière, comme l'a fait remarquer M. Müller, est singulièrement plus étroite. Ainsi, Innocent III agissait à l'égard des hérétiques qui revenaient à l'orthodoxie avec une fermeté sans cesse croissante. On peut le voir en comparant la règle des Humiliés à celles de Durand de Huesca et de Bernhard Primus (1201-1208-1210). La seconde lettre (L. XV, ep. 146) est adressée à l'évêque de Crémone et leur recommande Bernhard Primus et ses frères comme de fidèles serviteurs de l'Eglise. Elle est d'août 1212. Nous ne possédons sur Bernhard aucun autre document.

Innocent III fit fonder par le futur Saint Dominique une maison à Prouille (Aude) « pour enlever aux seigneurs peu fortunés tout prétexte de confier l'éducation de leurs filles aux sœurs Cathares » (Schmidt, Hist. des Cathares, I, 216). Des hommes et des femmes, pour la plupart des Cathares récemment convertis, s'y occupaient d'éducation après avoir subi des pénitences fort dures. Innocent III en confirma la règle en 1215, voy. Thes. Anecd. I, 802. D. Vaissette, Hist. du Languedoc, III, 148-149; AA. SS. Boll. août I, 401 et suiv.; Innocent III, lettre citée par Schmidt, op. cit., I, 217.

Voir dans Hurter: Tableau des Institutions au temps d'Innocent III, page 193 et suiv. Quelques autres associations moins importantes : une ligue contre l'usure fut fondée par l'évêque Foulques de Toulouse (Gall. Christ., Archiep. Tolos, p. 23). En 1213 apparaît à Marseille une confrérie pour la « protection des droits de l'évêque et du clergé ». C'est aussi une association de secours mutuels. Les membres ne devaient pas avoir de querelles, faisaient des quêtes pour les pauvres des hôpitaux, etc. Voy. la règle dans Martène et Durand. Thes. Anecd. IV.

ramena à elle durant les années qui précédèrent l'entrée en scène des ordres mendiants. Elle dut tenir les uns et les autres en une continuelle défiance: la contagion des sectes qui se développaient parallèlement à eux ou le souvenir d'un passé hétérodoxe encore trop récent dissolvaient bientôt ces ordres sans cohésion et sans vie personnelle. Ceux qui subsistèrent durent abandonner leurs caractères propres, se confondirent dans les grandes familles de Saint François et de Saint Dominique. Le mouvement franciscain, surtout, dépouilla de toute leur influence et de toute leur utilité ces débiles créations de la politique religieuse d'Innocent III.

CHAPITRE II

LES CATHARES.

Dans les dernières années du XIIe siècle, malgré le nombre sans cesse croissant des petites sectes, deux grandes tendances apparaissent nettement dans l'activité hétérodoxe : l'hérésie cathare d'une part, l'hérésie vaudoise de l'autre, font sentir plus ou moins directement leur influence sur tous les groupes qui se forment à côté ou franchement en dehors de l'Église romaine.

Il existe entre elles une différence fondamentale. Le catharisme est la négation absolue du catholicisme; c'est

1

1. Nous ne pensons pas qu'il soit utile de donner ici une bibliographie critique des textes controverses ou chroniques qui nous fournissent des renseignements sur les dogmes cathares. Le bel ouvrage de Schmidt : Histoire des Cathares ou Albigeois (Paris-Genève, 2 vol. in-8°, 1848-49) que cinquante ans ont à peine vieilli sur quelques points de détail, contient des notices très complètes sur tous les auteurs qui ont parlé de cette hérésie (Histor. II, 296-297. Controv. II, 309-315). Il faut y ajouter les notices, brèves mais très exactes et tout à fait au courant de la science, qu'a données M. C. Molinier, dans Un Traité inédit sur les Cathares (Bordeaux, 1883), sur quelques-uns de ces auteurs: Rainier Sacchoni, pp. 3 (n. 3) et 15; Moneta, p. 2, n. 1; Luc de Tuy, pp. 4-7; Peregrinus Priscianus (dont Schmidt ne parlait pas), pp. 17-18. Voir surtout cet opuscule à propos des premiers controversistes Eckbert, Ebrard, Bernard de Fontcaude, Ermengaud, Alain, Bonacursus (pp. 20-21), de Grég. de Florence (20-21), de Bernard Gui (dont Mgr Douais a publié la Practica Inquisitionis. Paris, 1885, in-4°) et de Nic. Eymeric (24-25). Sur les documents d'Inquis., voir, du même auteur: L'Inquisition dans le midi de la France aux XIIIe et XIVe s. Études

un système ou plutôt une foi philosophique. Les doctrines vaudoises ne réclament de l'Église qu'un retour à la sim

sur les sources de son histoire. Paris. 1880, in-8°. Mgr Douais a publié dans la Coll. de la Société de l'Hist. de France un premier volume de Documents sur l'Hist. de l'Inquis. en Languedoc, précédé d'un volume d'introduction (Paris, 1900, 2 vol. in-8°o). Les documents publiés par Mgr Douais sont les Sentences de Bernard de Caux et de Jean de St Pierre; les dépositions reçues par les mêmes; le Registre du notaire de l'Inquis. de Carcassonne; la Commission pontificale exécutée par les cardinaux Taillefer de la Chapelle et Bérenger Frédol. Le Rituel cathare de Lyon a été publié pour la première fois par Cunitz (Iena, 1852), commenté, en même temps que la version romane du Nouveau Testament, par Reuss (Rev. de Theol. de Strasbourg, déc. 1852, février 1853), édité de nouveau, d'une façon qui semble définitive, et accompagné d'une traduction, par M. Clédat (Paris, 1888, in-8°). Nous n'avons fait que d'assez rares emprunts à ce rituel, peut-ètre destiné aux non-initiés et qui, très précieux pour l'étude de certaines formes liturgiques cathares, ne laisse apparaître que très peu de la doctrine métaphysique et morale de la secte, telle qu'elle nous est révélée non seulement par les controversistes catholiques indirectement renseignés, mais aussi par d'anciens hérétiques comme Rainier Sacchoni ou Bonacursus. Dans le deuxième volume de l'ouvrage posthume de J.-V. Döllinger: Beiträge z. Sektengeschichte im M. A. 1890, on peut trouver la plus grande partie des copies de doc. d'Inquisition renfermées dans la Coll. Doat (Bibl. Nat.), une partie du Liber Sententiarum (pp. 17-30) et surtout un intéressant traité désigné sous le nom de Supra stella et attribué à Salve Burce de Plaisance (vers 1235) d'après un manuscrit de Rome. Le Liber Sententiarum, de Bernard Gui, avait déjà été publié in-extenso par Ph. a Limborch à la suite de son Historia Inquisitionis. (Amsterdam), 1692. Voy. aussi dans Döllinger, op. cit., une suite d'interrog. de l'Inquis. du Languedoc (comm. du xiv. s. pp. 97-258).

La question très obscure et très complexe des origines du catharisme, (question qui n'a d'ailleurs pour la présente étude qu'un intérêt secondaire), a été étudiée dans les ouvrages de Schmidt et de Döllinger, mais elle a fait aussi l'objet de travaux spéciaux de valeur diverse et dont aucun n'apporte une solution bien nette. L'article de M. Steude, Ursprung der Katharer (Z. f. KG. t. V, pp. 1-12), trop bref tableau récapitulatif des opinions déjà émises sur la question, se termine par des affirmations un peu trop hâtives à notre sens et insuffisamment étayées de preuves. M. Vacandard a publié dans la Revue des Quest. Hist. (1894) une étude qui, sous le titre de : Les origines de l'hérésie albigeoise, nous semble être bien plutôt une histoire, très sûre d'ailleurs et très complète, des hérésies du XIe siècle qui ont précédé la crise cathare, et notamment de celle des « apostoliques >> Pierre de Bruys et Henri de Lausanne. Enfin, c'est à dessein que nous signalons en dernier lieu le savant article qu'a consacré M. Léger aux Bogomiles de Bosnie et de Bulgarie (Rev. des Quest. Hist., 1870, p. 479 et suiv.). D'après les travaux de M. Raczki, chanoine d'Agram, auxquels il ajoute bon nombre

« IndietroContinua »