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venu vers nous, nous proposer de te faire périr en secret, moyennant un salaire. Nous avons refusé de l'entendre; nous lui avons ôté l'espoir de rien tirer de nous; en même temps, nous avons cru à propos de t'avertir, afin que, si on attentait à ta vie, les peuples ne pussent croire que nous avons préparé le crime, et que nous combattons nos ennemis dans l'ombre, par la trahison soldée et par l'assassinat, moyens qui ne sont point à notre usage. Tiens-toi sur tes gardes, ou crains de périr. » Ce qu'on cite d'Antias est infiniment peu de chose; et encore les transcripteurs n'ont-ils pas reproduit les paroles textuelles de l'historien. Nous nous dispenserons donc de chercher, dans de pareilles reliques, ce qui pouvait caractériser son style et sa manière. Je remarquerai seulement qu'on ne sépare guère le nom d'Antias de celui de Quadrigarius, et que les qualités et les défauts de l'un semblent avoir été, à peu de chose près, les défauts et les qualités de l'autre.

Il ne nous reste plus qu'à rappeler quelques noms, plus ou moins obscurs: C. Licinius Macer, dont les Annales ont été plus d'une fois mises à profit par Tite Live; L. Otacilius Pilitus, qui avait raconté les exploits de Pompée; Q. Élius Tubéro, auteur de plusieurs ouvrages historiques; Vennonius, Munatius Rufus, Q. Dellius. Ces derniers, et tous ceux que je pourrais énumérer encore, ne sont pour nous que des noms.

On voit si j'avais raison de craindre que ce chapitre ne fût qu'ennuyeux. Nous allons trouver, je l'espère, une matière un peu moins ingrate : l'éloquence, après Caton, ne déchut pas comme l'histoire; et plus d'un Romain, avant Cicéron, se montra digne du titre d'orateur.

CHAPITRE XIV.

L'ELOQUENCE APRÈS CATON; LES GRACQUES.

LE BRUTUS DE CICERON.

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L'ÉLOQUENCE JUDICIAIRE APRÈS CATON. -GENRE DEMONSTRATIF. SERVIUS SULPICIUS GALBA. · LÉLIUS ET SCIPION ÉMILIEN. DISCOURS DE LÉLIUS. DISCOURS DE SCIPION. LÉPIDUS PORCINA.

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CARBON.

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- INSTITUTIONS FAVORABLES AU DÉVELOPPEMENT DE L'ÉLOQUENCE.

LES GRACQUES. - ÉLOQUENCE DES GRACQUES.
DISCOURS DE CAÏUS.

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Le Brutus de Cicéron.

- DISCOURS DE TIBÉRIUS.

Cicéron a écrit une histoire de l'éloquence: c'est le dialogue intitulé Brutus ou des Orateurs illustres. Nous nous bornerons, en général, à rédiger, d'après ce grand critique, la liste des orateurs romains, et à transcrire les jugements qu'il a portés sur eux. Mais le Brutus est à la fois incomplet et surabondant: incomplet, car les hommes les plus fameux par leur éloquence ne sont pas toujours ceux à qui Cicéron a consacré le plus de place dans son livre; surabondant, car Cicéron énumère une foule d'hommes qui n'ont presque rien eu de commun avec l'éloquence. Il suffit qu'on se soit mêlé un instant des affaires de l'État, qu'on ait été sénateur, qu'on ait émis publiquement son avis sur quelque mesure à prendre: Cicéron s'en souvient; il vous en sait gré, et il vous compte au nombre des orateurs; il ne vous ménage pas même les éloges. Son patriotisme romain le tient, pour ainsi dire, dans une illusion perpétuelle, et lui fait voir des orateurs là où il n'y a eu que des parleurs plus ou moins sérieux. Nous choisirons donc, parmi tous ces noms; et nous chercherons, dans Cicéron ou ailleurs, de quoi mettre les principaux dans une suffisante lumière.

L'éloquence judiciaire après Caton.

Il ne faut pas qu'on s'attende à trouver, après Caton, un développement régulier de tous les genres d'éloquence. Plusieurs restèrent en germe; l'éloquence politique seule poussa dans tous les sens ses jets vigoureux. Caton avait fait déjà retentir les tribunaux d'accents solennels, et la collec

tion de ses discours écrits contenait plus d'un plaidoyer. Ses successeurs se remirent aux vieilles méthodes : ils se contentèrent d'être légistes et ergoteurs; et ils pensèrent, avec raison, que la postérité se soucierait médiocrement de jeter les yeux sur des discussions de textes, même assaisonnées de sel romain. Aussi leurs plaidoyers ne furent-ils que paroles volantes. Du moins on aperçoit à peine quelques rares vestiges des monuments de l'éloquence judiciaire proprement dite, depuis le temps de Caton jusqu'à celui des orateurs illustres dont Cicéron fut l'héritier immédiat ou l'émule.

Genre démonstratif.

Il en est de même pour ce qui concerne le genre démonstratif, comme on l'appelle. Ce n'est pas qu'on se fit faute, par exemple, de prononcer des oraisons funèbres. L'usage antique subsistait; mais on ne voit pas que personne, sauf peut-être Lélius, ait songé, durant tout un siècle, à écrire rien de pareil aux discours de Q. Metellus ou de Fabius Maximus. Pour rencontrer une oraison funèbre écrite, on est réduit à descendre le cours des temps, jusqu'à Cicéron même. Mais ne parlerons-nous pas des inscriptions qu'on gravait sur les tombeaux? Ce ne sont pas des discours, il est vrai; ce sont quelquefois des choses belles et éloquentes. Les Romains ont excellé dans l'épitaphe. On en a déjà vu quelque chose; on va le voir encore. Voici une épitaphe en vers ïambiques qui n'a pas pu trouver sa place dans les chapitres que nous avons consacrés aux poëtes. L'auteur en est inconnu. On devine la date, à certaines particularités du langage et de l'orthographe: sovo pour suo, pulcrai pour pulcræ, deico pour dico, etc. Je profite avec empressement de l'occasion qui me permet d'en faire jouir le lecteur. C'est un éloge funéraire, sinon une oraison funèbre; le titre est même Eloge de Claudia. « Passant, j'ai peu à te dire; arrête-toi donc et lis. Ici est le modeste tombeau d'une belle femme. Ses parents lui avaient donné le nom de Claudia. Elle aima son mari de tout son cœur ; elle mit au monde deux fils : l'un des deux vit encore après elle, l'autre repose en terre. Elle était d'un entretien agréable, d'un abord

charmant. Elle garda la maison; elle fila de la laine. J'ai dit. Adieu. »

Servius Sulpicius Galba.

Servius Sulpicius Galba, le dernier adversaire contre lequel Caton essaya ses forces, était un orateur très-habile, un homme rempli de talent, et capable de tenir tête à l'accusateur. Mais sa cause était mauvaise; et ce n'est point par des arguments oratoires qu'il détruisit l'effet des attaques du terrible vieillard. Il apitoya les Romains sur le sort de ses enfants, et d'un neveu qui était son pupille. Il fit paraître à ses côtés ses deux fils et le fils de Sulpicius Gallus : il les embrassa en pleurant; il prononça quelques paroles touchantes; et le peuple fut désarmé, et les abus d'autorité dénoncés par Caton furent pardonnés au magistrat, par considération pour le père. Galba avait laissé trois discours écrits; mais c'est à peine s'il en reste trois mots authentiques. Cicéron nous apprend que cet orateur fut le premier, à Rome, qui sut mettre en œuvre les ressources de l'art des Grecs l'amplification, les digressions, les lieux communs, en un mot tout ce qui vise à charmer l'esprit. Mais, ce qui faisait surtout le succès de Galba, c'était son adresse à s'emparer des affections de l'auditeur, et à forcer l'assentiment, à défaut de la conviction. Cicéron, toutefois, avoue que les discours de Galba laissaient beaucoup à désirer le style en était un peu sec et maigre, et il sentait l'antique plus que le style de Lélius ou de Scipion, plus que celui de Caton même.

Lélius et Scipion Émilien.

On ne peut guère séparer les noms de ces deux hommes, qui furent unis d'une si étroite amitié pendant leur vie, et que les anciens ne nomment presque jamais l'un sans l'autre. C'étaient tous les deux des orateurs distingués; mais la différence des caractères en mettait une assez tranchée entre l'éloquence des deux amis. Celle de Scipion était plus vive et plus passionnée; celle de Lélius était plus savante, plus agréable, plus attique, plus émaillée de mots

heureux et de fines plaisanteries. Scipion orateur était encore un soldat; Lélius orateur n'était que l'homme sage habile dans l'art de convaincre. Du reste, il serait difficile de dire lequel des deux était le plus complétement possédé de l'amour du bien et du beau; lequel l'emportait par la noblesse des sentiments, par l'élévation de la pensée, par la solidité et la variété des connaissances. Il a déjà été question ailleurs de leurs goûts littéraires. Panétius, le grand philosophe et le grand écrivain, fut leur maître et leur ami. Diogène le stoïcien, avant Panétius, les avait initiés aux nobles doctrines de l'école de Zénon. La culture grecque avait perfectionné, mais non gâté leur esprit : c'étaient des Romains dignes de la Grèce, mais qui n'avaient pas démérité de Rome. Caton, l'adversaire acharné de tous les leurs, les aima comme des fils; Périclès se fût applaudi de laisser après lui de pareils héritiers.

Discours de Lélius.

Les fragments des discours de Lélius ne sont pas beaucoup plus considérables que ceux des discours de Galba. Il y a lieu pourtant de dire un mot de quelques titres, et de transcrire les cinq ou six lignes que nous avons de Lélius. Le titre Plaidoyers pour les Publicains ne prouve pas que Lé· lius eût rédigé des discours proprement judiciaires. Ces plaidoyers, ou, selon le mot latin, ces actions, étaient sans doute d'un genre mixte, demi-judiciaire, demi-politique, comme sont certains discours de Cicéron, entre autres les Verrines. Scipion, après sa mort, eut deux panégyristes, Fabius Émilien, son frère, et son neveu, Q. Tubéro. Mais les deux discours étaient l'œuvre de Lélius, s'il en faut croire certains témoignages. Cicéron fait allusion quelque part à un passage du discours prononcé par Fabius; et un scoliaste de Cicéron nous a conservé ce passage, qui vaut la peine qu'on le recueille « Ainsi donc, Romains, nous ne saurions rendre grâce aux dieux immortels, autant que nous le devons, de ce qu'un tel homme, animé d'un tel esprit, doué d'un tel génie, est né dans cette république et non ailleurs; et nous ne saurions donner preuve ni d'assez de déplaisir,

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