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possible du calcul à tous les genres de démonstration, la diffusion des sciences et des arts, l'organisation universelle des expériences et des travaux scientifiques.

En dernier résultat, l'unification de l'espèce humaine dont chaque groupe conservera cependant son individualité originelle et nécessaire.

Si j'ai poursuivi ma pensée jusqu'aux dernières limites d'un idéal irréalisable peut-être ici-bas; c'est que je voulais faire connaitre tous les problèmes que doit poser

et résoudre la philosophie du langage et des signes graphiques de la pensée. Parmi ces problèmes, il en est plusieurs dont j'ai cherché la solution. Je ferai bientôt connaître les résultats que j'ai obtenus; la tâche sera facile. Les vérités métaphysiques sont un perpétuel sujet de contradiction, les démonstrations mathématiques ne frappent que les initiés; mais les faits philologiques parlent directement aux sens, à la vue et à l'ouïe, ils sont ainsi à la portée du vulgaire.

En comparant à l'importance des résultats la simplicité des moyens, on dira: comment des faits aussi palpables n'ont-ils pas été signalés plus tôt? Comment n'a-t-on pas, depuis longtemps, songé à en tirer parti? Il en fut toujours ainsi; chaque découverte doit venir en son temps: avant l'époque qui lui est assignée elle échappe aux plus grands génies; quand l'heure est arrivée, elle peut s'offrir au travailleur le plus obscur, au plus modeste ami de la science; mais pour celui qui la rencontre, c'est un devoir de la faire connaître.

NALA,

ÉPISODE DU MAHABHARATA,

TRADUIT DU SANSKRIT EN FRANÇAIS

PAR M. ÉMILE BURNOUF.

OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES.

La littérature de l'Inde produit de nos jours en Europe le même étonnement que fit naître à la fin du XVe siècle et au commencement du XVIe l'apparition des œuvres de l'ancienne Grèce; mais, comme alors aussi, il est difficile au public de se procurer ces nouveautés et de les étudier à loisir; on s'étonne déjà que cette grande littérature indienne, si variée, si intéressante, n'ait encore suscité qu'un si petit nombre de traducteurs. Des quatre Vêdas, il est vrai, dont l'ensemble compose la Sainte-Ecriture de l'Inde, le plus important, le Rig-Véda, a été traduit en Français; nous possédons aussi quelques fragments épiques et plusieurs grands ouvrages d'un haut intérêt, tels que le Bhagavata-Purána où sont réunis tant de mythes sacrés des brahmanes, le Lotus de la bonne Loi qui est comme un évangile des bouddhistes. Mais

ni l'une ni l'autre des deux grandes épopées n'est encore rendue dans notre langue. Nous n'ignorons pas que les premiers chapitres du Râmâyana de Vâlmiki ont été publiés dernièrement dans deux traductions différentes; mais nous ne savons ni à quelles époques elles seront terminées, ni quelle en sera la valeur. Ajoutez que jusqu'à ce jour les traductions des ouvrages sanskrits, généralement publiées avec les textes, sont tellement coûteuses, que le public et les libraires même, ne pouvant se les procurer, en connaissent à peine l'existence.

Cependant l'une des deux grandes épopées indiennes, le Râmâyana, peut aisément être traduite par un seul homme, comme le prouve la belle version italienne de M. Gorresio; son étendue, qui équivaut à peu près à deux Homères, ne dépasse point les forces d'un esprit ordinaire; et nous aurions lieu de nous étonner que cette traduction tant désirée n'existe pas encore, si nous n'en connaissions la principale cause: l'étude de l'Inde, toute récente, n'est abordée que par un petit nombre d'esprits ou trop élevés ou trop curieux pour vouloir se consacrer entièrement à l'œuvre d'une traduction; quand ils ont vaincu les premières difficultés, ils se croiraient mal récompensés de leur peine s'ils mettaient seulement en français des œuvres que tous les gens du métier lisent dans la langue originale; ils vont donc plus avant, et s'enfonçant dans ce que le public appellerait les curiosités de la science, ils veulent faire du nouveau et découvrir eux-mêmes quelque chose; ils continuent le défrichement, tandis que derrière

eux s'étendent de grands espaces défrichés, et qu'il serait

temps de mettre en culture.

L'autre épopée indienne, le Mahâbhârata, forme moins un poëme unique, œuvre d'un seul homme, qu'un vaste cycle héroïque, dont seulement toutes les parties se rattachent à un centre commun, à une unité d'action et de doctrine. Ce poëme immense attribué à Vyaça, se compose de 107,389 clokas ou distiques, c'est-à-dire, d'environ 215,000 vers; un homme traduisant dix vers par jour emploierait donc près de soixante ans à traduire le poëme entier. Toutefois le puissant intérêt qui s'attache à cette grande œuvre, soit qu'on la lise pour elle-même, soit qu'on en veuille comparer les récits aux traditions des autres peuples, demande qu'elle soit dans un avenir prochain entièrement reproduite en notre langue. Or, si l'on considère comme peu probable qu'un seul homme réalise une version de si longue haleine, on peut cependant concevoir deux moyens également puissants d'arriver au même but plusieurs personnes pourraient s'entendre pour former en quelque sorte un comité de traduction, sous la direction de l'une d'elles, se partager le travail, et faire pour le Mahâbharata ce que firent les Septante pour les livres de la Bible; ou bien, ce qui est plus probable de nos jours, ce partage peut se faire de lui-même et par la force des choses, et des traducteurs isolés livrer au public les parties séparées de l'œuvre totale.

C'est dans cette pensée que nous publions l'histoire de

Nala et de Damayantî, comprise dans le livre III de l'épopée, lequel a pour titre : Vana-parva (le livre de la Forêt).

On sait que le sujet du Mahâbhârata est la lutte des Kurus (1) et des Pândus, deux puissantes dynasties prétendant l'une et l'autre au gouvernement général de l'Inde. Le droit est pour les fils de Pându, qui sont au nombre de cinq sous l'autorité de l'aîné d'entre eux, Yudhichthira; la force est aux Kurus, leurs nombreux cousins, fils du vieux roi Dritarâshtra ; ils ont à leur tête leur aîné Duryodhana.

Nous n'avons pas à donner ici l'analyse de la grande épopée ; il nous suffit de dire que par éducation autant que par leur naturel, les fils de Pându, en qui revivent des divinités bienfaisantes, sont doux, humains, modérés, généreux et justes, tandis que les Kurus ont les défauts ou les vices opposés. La naissance et l'éducation des uns et des autres sont racontées dans le premier Livre, ainsi que les inimitiés de leur adolescence, l'incendie de l'habitation des Pândus, leur fuite secrète dans la forêt, le mariage de Draupadî. Le royaume fut partagé à l'amiable entre les Kurus et les Pândus; les premiers eurent pour capitale Hastinapura, et les Pândus régnèrent dans Indraprastha (Delhi). La contiguité de ces deux villes entretint la haine; elle éclata lorsque Yudhichthira voulut

(1) Prononcez ou, comme en italien, et de même dans toute traduction du sanskrit.

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