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sans y rencontrer de nombreuses hybrides, et celles-ci ne peuvent être contestées, puisqu'elles ont été reproduites artificiellement par plusieurs expérimentateurs.

De plus, tous nos Drosera de France sont vivaces, comme il est facile de s'en convaincre par l'examen de leurs pousses annuelles qui sont courtes, et de leur rhizome vertical, enfoncé dans le sol souvent d'un décimètre. On trouve même quelquefois à la partie supérieure de ce rhizome des restes assez bien conservés, des hampes anciennes (1). Or, si le Drosera obovata est une hybride, il doit vivre pendant plusieurs années, ce qui explique encore jusqu'à un certain point sa fréquence.

Jusqu'ici tous les auteurs qui ont considéré le Drosera obovata comme une hybride, ont accepté cette opinion plutôt par instinct, qu'en se fondant sur des preuves positives. Deux faits viennent toutefois confirmer cette opinion.

D'une part, le Drosera obovata croit toujours en société avec les Drosera anglica et rotundifolia; jamais on ne l'observe isolé de ces deux espèces, ni en

(1) Les hampes sont axillaires dans les Drosera, et le rhizome est indéterminé, ce qu'il est facile de constater à l'automne, où le bourgeon central commence à se développer. On peut observer également à cette époque, que les feuilles ont d'abord le limbe complétement réfléchi sur le pétiole, qui est embrassé en outre par ce limbe infléchi sur les bords.

compagnie seulement du Drosera anglica, ce qui devrait cependant arriver s'il n'était qu'une variété de cette espèce. Il est donc permis de conclure que son existence est vraisemblablement liée à celle de ses congénères.

D'une autre part, en examinant, sur des échantillons desséchés, les graines du Drosera obovata, ou du moins ce que j'ai pris autrefois pour des graines, on les trouve plus petites que dans les autres Drosera et d'une forme assez mal déterminée, tandis que dans les autres espèces les graines ont des formes nettement définies. J'ai pu m'expliquer cette anomalie par l'observation attentive des nombreux échantillons de Drosera obovata que j'ai eus sous les yeux cet automne. Tous, sans exception, avaient leurs graines avortées, tandis que celles des deux autres espèces, recueillies en même temps et dans la même localité étaient parfaitement développées.

Le Drosera obovata ne se multiplie donc pas par lui-même, puisqu'il ne porte ni graines, ni bulbilles, ni stolons. On ne peut expliquer son existence que par l'effet d'une fécondation adultérine, et comme nous venons de le voir, il présente en réalité tous les caractères essentiels d'une plante hybride.

NOTE

SUR

UN MOLLUSQUE

RÉCEMMENT

NATURALISÉ EN LORRAINE,

PAR LE MÊME.

Aujourd'hui que les idées d'acclimatation ont pris faveur en France et provoquent, sur divers points de l'Empire, des expériences sérieuses, il y aurait peutêtre opportunité, non-seulement à rappeler les nombreux exemples de naturalisations bien établies, dues aux efforts persévérants de l'homme, mais encore de comprendre dans cette énumération ceux qui se sont produits à son insu et même malgré lui.

Sans parler des plantes assez nombreuses, dont les graines ont été transportées accidentellement dans des pays plus ou moins éloignés de leur sol natal, et qui néanmoins ont indéfiniment prospéré dans leur nouvelle

patrie, nous trouverions aussi, dans le règne animal, des faits de tous points semblables.

Ainsi la Blatte orientale, qui se plaît dans le voisinage du four des boulangers et près du foyer de nos cuisines, a été anciennement importée en France par le commerce du Levant et cet insecte fétide s'y est malheureusement trop bien acclimaté. Nous sommes menacés en outre par un autre orthoptère du même genre, de taille bien plus grande, la Blatte américaine, qui s'est montrée à Paris au commencement de ce siècle et s'y propage de plus en plus.

On pourrait citer encore le rat noir qui n'existait pas autrefois en Europe, qui n'y a paru qu'à l'époque des Croisades, importé sans doute par les nombreux navires qui ramenèrent nos pères de ces lointaines expéditions. Cet animal si fécond, comme le sont du reste presque tous les rongeurs, y pullula bientôt d'une manière effrayante.

Il est devenu aujourd'hui assez rare, non pas que notre climat ait cessé de lui convenir à merveille. Mais, depuis le milieu du XVIIIe siècle, une nouvelle espèce du même genre, le rat surmulot, importé également par la navigation de l'Inde ou d'Amérique, on n'est pas d'accord sur son lieu d'origine, a fait invasion sur notre sol et a déclaré une guerre d'extermination aux premiers occupants.

Si nous n'avons gagné aux exploits de ce nouveau conquérant qu'un ennemi plus redoutable, et qui, dans

nos grandes villes, est devenu un véritable fléau, contre lequel la police s'arme en vain de toutes ses rigueurs, il n'en résulte pas moins des faits que nous venons d'exposer, que des animaux étrangers à notre pays peuvent s'y acclimater d'une manière complète dans un temps souvent peu considérable.

Un fait, récemment observé par M. Mathieu, professeur à l'Ecole impériale forestière, et dont j'ai pu constater la parfaite exactitude, nous fournit un exemple d'un naturalisation bien plus rapide encore, qui vient de sc produire en Lorraine par une cause purement fortuite.

Le Dreyssena polymorpha Van Bened., mollusque bivalve, qui jamais n'avait été rencontré dans nos rivières, vient d'apparaître dans le canal de la Marne au Rhin, à peine mis en eau depuis six années; et, circonstance remarquable, il s'y est bien plus multiplié que nos espèces aquatiques indigènes. Ce qui démontre encore son introduction récente, c'est qu'on n'y trouve pas jusqu'ici d'individus ayant atteint la taille qui leur est habituelle.

Ce mollusque, originaire des rivières du nord de l'Europe, ne nous est pas arrivé des contrées septentrionales sans stations intermédiaires; il a paru successivement en France à l'embouchure de la Somme, dans l'Escault à Valenciennes, dans la Seine à Rouen et à Paris.

On s'explique, du reste, très-facilement son importation dans le canal de la Marne au Rhin par l'effet de

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