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NOTE SUR LE RHYTHME

DES

BATTEMENTS DU CŒUR,

A PROPOS D'UNE FISSURE STERNALE OBSERVÉE CHEZ

L'HOMME,

PAR M. LÉON PARISOT.

Les hommes habitués à la contemplation des phénomènes du monde inorganique sont surpris du peu d'accord qui existe entre les observateurs, lorsqu'il s'agit de rendre compte des manifestations des êtres vivants. Leur étonnement cesserait, s'ils réfléchissaient que la vie n'est pas un impondérable comme la lumière et l'électricité ; que son essence nous restera toujours cachée et que la complexité et la mobilité forment ses principaux attributs. Avec elle, en effet, nous ne pouvons, comme en physique, faire naître les phénomènes à volonté pour les étudier à notre loisir; le calcul ne saurait en prédire les résultats avant que l'expérience ne les ait démontrés. Néanmoins, l'analyse n'a pas craint d'aborder les mystères de la nature vivante. Mais l'histoire de ces tentatives de l'intelligence humaine nous apprend que la généralisation des phénomènes du monde organique donne souvent des résultats peu satisfaisants et que les assertions

les plus opposées se produisent à propos de faits qui paraissaient incontestables.

Ces réflexions me sont suggérées par l'étude du rhythme des mouvements du cœur. Il n'est guère, en effet, de question physiologique qui ait donné lieu à plus de dé– bats et d'opinions contradictoires. Ici, non-seulement l'observation du phénomène normal est hérissée de difficultés en raison de sa nature, mais elle se complique encore par la situation exceptionnelle que l'on est obligé de créer pour s'en rendre témoin. Car si l'on veut étudier les battements du cœur d'un animal, il faut lui faire subir une mutilation : l'observateur alors n'a sous les yeux que des mouvements, tantôt faibles, tantòt irréguliers, et toujours dépourvus de leurs véritables caractères ; il est vrai de dire qu'on lève quelques-unes des difficultés en expérimentant sur des animaux à sang froid, dont le cœur transparent permet de suivre le passage du sang de l'oreillette dans le ventricule; mais malgré la régula– rité que conserve encore l'organe mis à nu, on peut toujours objecter que l'on n'assiste pas à une scène vraiment physiologique. Aussi me suis-je empressé de mettre à profit une anomalie que m'a présentée un jeune Hambourgeois, déjà examiné par presque tous les professeurs des Universités allemandes et par un grand nombre de médecins français et étrangers.

Ici, c'est un sujet rempli de santé, porteur d'une fissure sternale, dont l'écartement permet de constater le mécanisme des mouvements du cœur, cette observation

nous a paru trop intéressante pour ne pas la recueillir, Il nous semble qu'elle peut jeter quelque lumière sur une question aujourd'hui si litigieuse. M. Hamernick, de Prague (1), M. le professeur Forget (2), et la Société médicale allemande de Paris (3) ont déjà entretenu le monde savant de cette rare anomalie: elle a été pour nous, au mois de mars 1855, le sujet d'une leçon à l'Ecole de médecine de Nancy.

M. Groux présente à la partie antérieure et médiane de la poitrine une excavation, se continuant en haut avec le cou et terminée en bas à l'épigastre; elle résulte de l'écartement du sternum, dont les moitiés latérales ne se sont pas soudées. Sa forme est triangulaire; la base du triangle répond à l'espace interclaviculaire, le sommet au cartilage xiphoïde; sa largeur varie dans les différents points de son étendue; elle diminue graduellement de haut en bas; elle augmente sous l'influence des mouvements des grands pectoraux, soit qu'on porte les bras sur la tête; soit qu'on les dirige en arrière. Lorsque la respiration est normale, sa profondeur est d'environ deux centimètres; dans les plus grandes inspirations elle peut

(1) Notice sur une bifidité complète du sternum par le docteur Hamernick, traduite de l'allemand par Louis Grandeau. (2) Gazette médicale de Strasbourg (XVe année, no 3, 22 mars 1855).

(5) Gazette hebdomadaire de médecine et de chirurgie (T. II, n° 14, 6 avril 1855).

atteindre le double; elle tend à disparaitre dans l'expiration et dans ce mouvement exagéré, elle fait place à une tumeur molle, pulsatile, se dilatant régulièrement et progressivement:

1° Cette tumeur appartient à l'oreillette droite;

2o Son battement indique l'afflux du sang dans cette cavité ; il coïncide par conséquent avec la diastole auriculaire. La Société médicale allemande de Paris le regarde au contraire comme le signe de la systole : nous ne pouvons partager cette opinion; car, qu'une pulsation se produise dans une artère ou dans une autre cavité, elle ne peut avoir lieu qu'à la condition de l'écartement des parois du tube par le flot du liquide; personne n'a jamais rapporté le pouls à la contraction de l'artère; quelques-uns l'ont attribué à l'allongement du vaisseau ; d'autres à sa dilatation ; d'autres à sa locomotion ; d'autres à plusieurs de ces causes ou à toutes réunies. La pulsation auriculaire coexiste done avec la dilatation de la cavité;

3o Cette pulsation n'est isochrone, ni avec le pouls radial, ni avec le choc de la pointe du cœur contre les parois thoraciques, ni avec le battement que l'on perçoit entre les deux clavicules au-dessus de la tumeur. Ce dernier est simultané avec le pouls radial et appartient à la crosse de l'aorte ou à l'origine des gros troncs artériels. Ici M. le professeur Forget émet une opinion diamétralement opposée; il trouve que ce battement de l'oreillette est synchrone avec le pouls aortique ;

4o Cette tumeur auriculaire disparait, mais jamais complétement, au moment où le choc du cœur se fait sentir entre la 5e et la 6° côte: pour nous, c'est l'instant de sa systole ;

3o Elle ne reparait pas brusquement, elle se forme lentement et semble diminuer de haut en bas;

6o Dans les expirations forcées, elle acquiert un volume plus considérable; elle est alors surmontée d'une autre tumeur située entre les clavicules, plus à droite qu'à gauche; cette dernière est due aux gros troncs vei

neux;

7° Le premier bruit, c'est-à-dire, le bruit sourd, a son maximum d'intensité au niveau du 5e espace intercostal, en dehors du mamelon gauche;

8° Le deuxième bruit est plus éclatant que d'habitude, on le trouve à gauche vers la troisième côte en dehors de la fissure sternale.

Les deux oreillettes se contractent ensemble et se " relâchent ensemble. Les deux ventricules exécutent " aussi simultanément leur systole et leur diastole. La " dilatation et le resserrement des oreillettes alternent " avec la dilatation et le resserrement des ventricules, de " sorte que les premières reçoivent du sang, alors que "les secondes chassent le liquide de leurs cavités. "

Telle est la régularité qu'a pu formuler la théorie, mais que la nature est loin de confirmer; le respect que l'on a toujours montré pour ces spéculations de cabinet n'a pas peu contribué à entretenir la confusion qui règne

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