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la date de saint Luc comprend les deux années du règne commun de Tibère et d'Auguste, qui mourut en 767 après R. f. (d'où 765 + 15 = 780). Or Jésus-Christ commença sa vie publique peu après Jean-Baptiste, âgé de trente ans, au rapport de saint Luc, III, 23 (780 30 750). Telle serait l'année la plus probable de sa naissance. Pour fortifier cette opinion, on a rappelé les calculs astronomiques d'après lesquels, longtemps avant et après Jésus-Christ, la pâque n'a pu tomber un jeudi qu'en 784. Mais Jésus-Christ célébra la dernière cène dans sa trente-quatrième année, d'après l'opinion commune (car Irénée seul prétend que Jésus-Christ a vécu quarante ans'), et il la célébra précisément un jeudi, ce qui nous ramène à l'an 7502. Néanmoins qui peut méconnaître qu'il y a encore bien de l'incertitude dans les diverses données de ce dernier calcul? et combien l'incertitude augmente, combien les difficultés deviennent insolubles quand on veut déterminer le mois et le jour de la naissance de Jésus-Christ 3? Quant à la vie publique de Notre-Seigneur, on peut conclure avec assez d'assurance des saints Évangiles, que la durée en fut de trois années.

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Les prophètes avaient annoncé dès l'origine, à travers tous les siècles, et d'une manière de plus en plus positive, que le Messie, qui devait racheter et régénérer le genre humain, naîtrait parmi les Juifs, non point comme tous les hommes, suivant les lois ordinaires de la nature, mais, comme le premier homme, par une création immédiate de Dieu".

(1) Iren. cf. Hæres. II, 22, ed. D. Massuet. Paris., 1710, in-f., p. 148.4. (2) C'est aussi le résultat des recherches de Wieseler, J. c., p. 131-138. (3) Pendant que saint Jérôme disait déjà, Sermo de nativitate : « Sive hodie Christus natus est, sive baptizatus est, diversa quidem fertur opinio in mundo, et pro traditionum varietate sententia est diversa. » Sepp a cherché à prouver par des calculs frappants que le jour de là nativité de Notre-Seigneur doit être le 25 décembre 747 apr. R. (4) Voy. § 28.

T. I.

Une vierge pure, de la race de David, devait concevoir le Christ dans son chaste sein et l'enfanter à Bethléem de Juda2.

Lorsque les temps marqués par Dieu furent proches3, un ange vint à Nazareth annoncer à une vierge, nommée Marie, de la race de David, qu'elle était choisie pour concevoir par l'opération de l'Esprit saint et enfanter le Fils unique de Dieu. Le paganisme et les puissances du siècle devaient à leur insu servir à l'accomplissement des desseins éternels. Au temps marqué pour la naissance du Messie, Tibère ordonne un dénombrement du peuple. Marie se rend à Bethleem. Joseph, son époux, pauvre charpentier, quoique issu de la race royale de David, l'y accompagne'. Là Marie met au jour, dans une étable, l'enfant merveilleux que les prophètes avaient salué de loin des noms de Dieu fort, Père du siècle à venir, Prince de la Paix. Et depuis lors la Vierge pure ne conçut plus dans son sein sacré*.

Les prodiges qui ont préparé cette naissance merveilleuse continuent. Les anges descendent du ciel; ils manifestent la joie que leur cause le salut apporté au genre humain déchu; ils expriment leur reconnaissance, au nom de l'humanité qui ne soupçonne pas encore que l'heure de sa rédemption est proche'. Ils annoncent la paix au monde dégénéré et la nouvelle alliance du ciel et de la terre. A ces accents de joie venus d'en haut, quelques pasteurs juifs s'éveillent et se dirigent en

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(1) Is. VII, 14.- (2) Michée, V. 2. (3) Dan. IX, 24. — (4) Luc, I, 23; Jean, I, 18.- (5) Luc, III, 1-5. (6) Is. IX, 6.

(*) Les frères de Jésus dont il est question dans le Nouveau Testament (Matth. XII, 46; XIII, 55; Marc, III, 31; VI, 3; Luc, VIII, 19-21; Jean, II, 12; Act. des Ap. I, 14) sont, d'après l'analogie du mot hébreu, les parents, vé. Autre preuve le Christ mourant recommande à son bien-aimé disciple Jean, Marie comme sa mère (Jean, XIX, 25-27.) Le terme protoxos (Matth. I, 25), employé pour le Christ, n'est nullement contraire à cette explication, et se démontre par la locution hébraïque. Voyez Matth. XIII, 55, et XXVII, 56. Schleyer, Nouvelles Recherches sur l'Ép. de saint Jacques, et surtout sur les frères de Jésus (Frib., Journal de théolog., t. IV, p. 1-116).

(7) Luc, II, 9-12. Cf. Hébr. I, 6

hâte vers le Sauveur nouveau-né'. Mais bientôt, du fond même de l'Orient, l'attrait du Père amène au Fils des sages qui l'adorent, et l'humanité tout entière, que devait racheter le Fils de Dieu, est représentée près de son berceau. Et comme il fallait qu'il fût en tout semblable à ses frères3, le Fils de Dieu est, selon les prescriptions de la loi, circoncis au huitième jour de sa naissance et reçoit le nom de Jésus ( contracté

de y, c'est-à-dire secours de Dieu).

Illuminé par l'Esprit saint, le juste et pieux Siméon salue le Rédempteur d'Israël, la lumière des nations, l'enfant divin, posé pour la ruine et la résurrection de plusieurs. Anne, que l'esprit amène au temple, s'unit aux cantiques de Siméon et va prophétisant le Verbe à tous ceux qui attendent la rédemption d'Israël".

Depuis quatre cents ans l'esprit de prophétie ne s'était plus fait entendre en Israël. Il s'était tu avec Malachie'. Quel printemps radieux succède tout à coup à ce long hiver! De toutes parts retentissent des chants de gloire : celui dont le nom est Merveille a apparu ! Et l'archange et la Vierge, Zacharie et Élisabeth, dans les prairies verdoyantes les anges, dans le temple et le sanctuaire Anne et Siméon, tous prédisent un immense avenir et se réjouissent au rayon du soleil que le Seigneur envoie au monde : le ciel lui-même s'abaisse vers la terre, et les fils de la poussière se relèvent dans le sentiment. d'une joie toute divine.

§ 35. De ce que l'on appelle le développement de Jésus.

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Marie et Joseph, au rapport des plus anciennes histoires judaïques, pour échapper aux desseins homicides de l'artificieux Hérode, s'enfuirent pour quelque temps en Égypte'; mais bientôt, ramenés par l'esprit qui avait décidé leur départ,

(1) Luc, II, 18. (2) Matth. II, 10-11. (4) Luc, 11, 25-38.

(5) Cf. Stolberg, t. IV, p. 46-47.

(6) Matth. II, 19-20.

(3) Hébr. II, 17-18.

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ils revinrent à Nazareth, accomplissant ainsi le sens profond de la prophétie d'Osée, II, 1 : « J'ai appelé mon fils de l'Égypte. » A douze ans, l'enfant divin laissa échapper quelques rayons de sa céleste sagesse, devant les docteurs étonnés du temple de Jérusalem'. Sanctifiant tous les rapports de l'homme et tous les degrés de son développement, le Fils de Dieu demeura filialement soumis et obéissant à ses parents. Il aida, selon une ancienne tradition, son père nourricier dans les travaux de son dur métier'. L'histoire garde le silence sur le reste de ses actions jusqu'à son entrée dans la vie publique. On a prétendu expliquer la sagesse, la sublimité, la sainteté que Jésus manifesta plus tard, en les attribuant à la piété de sa mère, à la science des pharisiens, des sadducéens et des esséniens, à la civilisation alexandro-judaïque. N'était-ce pas méconnaître complétement le Christ historique comme Fils de Dieu? Bien loin d'expliquer le miracle divin, n'était-ce pas en rendre l'explication plus difficile encore? car en quel temps et où jamais l'âme d'un juif ou d'un païen donna-t-elle les signes d'une sagesse, d'une pureté, d'une majesté semblables à celles qui brillèrent dans la vie du Sauveur? Combien les peintres chrétiens sont plus près de la vérité, lorsqu'ils représentent l'enfant Jésus entouré d'une auréole de gloire dans tous les moments, dans toutes les circonstances de sa vie ! et n'est-ce pas dans ce sens que les Pères de l'Église ont expliqué les paroles qui nous montrent Jésus croissant en âge, en grâce et en sagesse, c'est-à-dire laissant éclater de plus en plus au dehors la vertu divine qui résidait en lui, à mesure que son corps croissait et que son humanité se développait davantage.

§ 36.-Jean-Baptiste ".

Lorsque le temps de la venue du Messie fut proche, un

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(1) Luc, II, 46-47.-(2) Luc, II, 51. (3) Marc, VI, 3. (4) Cf. Jean, VII, 15. (5) Luc, II, 40, 52.

(6) Cf. Kuhn, Vie de Jésus, t. 1, p. 161-300.

ange annonça au saint prêtre Zacharie que Dieu susciterait dans le sein de sa femme Élisabeth, déjà avancée en âge et parente de Marie, un fils qui serait grand devant le Seigneur. Jean, c'est-à-dire le béni de Dieu, sera son nom, dit l'ange. Il sera rempli du Saint-Esprit dès le sein de sa mère; il convertira plusieurs des enfants d'Israël au Seigneur leur Dieu, et il marchera devant le Sauveur du monde, dans l'esprit et dans la vertu d'Élie, pour lui préparer les voies'. Élisabeth à son tour, s'élevant sur les ailes d'une divine inspiration, salue Marie comme la mère du Seigneur, et Marie répond dans un prophétique enthousiasme : « Désormais je serai appelée bienheureuse dans la suite des siècles 2. »

Presque tout le peuple juif croyait, d'après une ancienne prophétie ', que le retour du prophète Élie précéderait l'arrivée du Messie et préparerait ses voies. Cette attente ne fut point complétement réalisée. Élie ne reparut point lui-mème; il reparut en esprit dans la personne de Jean, précurseur du Messie. Ce fut dans la quinzième année du règne de Tibère, et sous l'administration de Ponce-Pilate, gouverneur de la Judée, que Jean, âgé de trente ans, apparut comme maître et docteur en Israël, suivant l'antique usage des Juifs. Il vint, comme il avait été prédit, prêcher dans un lieu désert, près du Jourdain. Sa vie était austère et mortifiée, sa parole grave et sérieuse; il allait criant au loin: «< Faites pénitence, le royaume du ciel est proche. Vous ne connaissez pas celui qui est au milieu de vous: il vient après moi; mais il est avant moi et il est plus grand que moi. Déjà la cognée est à la racine de l'arbre. Tout arbre qui ne porte pas de fruit sera coupé et jeté au feu. » Et Jean, pour initier le peuple aux mystères du Seigneur, le baptisait dans l'eau, se servant, comme on s'y attendait du précurseur, d'un rite sensible, d'une lustration matérielle et symbolique, qui ', administrée

(1) Luc, 1, 5, 17. (2) Luc, I, 39-56.-(3) Mal. IV, 5-6.-(4) Matth. XVII, 10; Marc, IX, 10; Luc, I, 17; Jean, 1, 21.

(5) Matth. III, 2.

(6) Buxtorf, Lex. Talm., p. 408. Lighfoot, Schattgen, Welstein et au

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