Immagini della pagina
PDF
ePub

gesse suprême: elle fit éclater dans toute sa plénitude la vertu du Christianisme et les mystérieux décrets de la Providence. Il fallait que le prédicateur de l'Évangile parmi les païens fût un Juif, afin de pouvoir, d'une part, avoir son point d'appui dans les synagogues, d'où le Christianisme se répandait dans les villes, et, de l'autre, fonder l'alliance nouvelle sur les bases de l'ancienne alliance. Il fallait de plus qu'il eût parmi les Gentils une culture classique capable d'attirer leur estime et leur confiance, et telle que Paul l'avait acquise dans les écoles de Tarse, alors des plus florissantes.

Il fallait encore, pour que la mission de l'Apôtre parmi les Gentils réagît sur les Juifs, que l'envoyé de Dieu fût un Juif par excellence, xar' ¿ox, afin qu'il pût, par une connaissance approfondie et imposante des Écritures, et par le fait de la conversion des Gentils, due au plus zélé des Juifs, détruire, anéantir le dogme fondamental de la nationalité juive, à savoir que le peuple d'Israël était seul le peuple élu et bien-aimé de Dieu.

Ainsi, plus que tous les autres apôtres, Paul était préparé à sa haute mission par la culture de son esprit, par ses talents, par l'énergie de sa volonté, l'ardeur de son caractère, et surtout par son union intime et profonde avec le Christ'. Ce fut lui qui, plus que les autres, étendit et propagea au loin l'Église du Christ, et fit connaître toute la profondeur et la richesse de la doctrine évangélique, en l'exposant avec une merveilleuse clarté, en face des préjugés du judaïsme et des sophismes du paganisme.

[ocr errors]

Tantôt Paul jette ses regards sur le passé de l'humanité, et, rattachant l'origine du Christianisme aux éternels décrets de Dieu qui doivent s'accomplir dans la plénitude des temps par le Christ, principe et terme (réλos) de l'histoire du genre humain, il montre la vraie destinée du paganisme et du judaïsme.

(1) Gal. II, 20; Phil. IV, 13.—(2) Ephes. I, 4-12; III, 8-12; Rom. XVI, 25-26.-(3) Gal. IV, 4; Ephes. I, 10,-(4) Ephes. 1, 4; Tite, I, 3; 1 Tim. II, 6. (5) Rom. 1 et VII; Gal. III, 24; Act. XVII, 26-27.

--

Tantôt il contemple l'avenir, soulève le voile qui couvre les destinées futures de toute l'humanité, en donne la solution définitive dans ce mot profond et énergique : « Toutes choses sont de lui, en lui et par lui; Dieu sera tout en toutes choses 3. >>>

Ainsi l'Apôtre des Gentils posa les bases de la véritable philosophie de l'histoire, en même temps qu'il montra, par son activité apostolique et sa vie évangélique, que toute la destinée de l'homme est de renaître dans le Christ".

Comme l'Apôtre avait changé de sentiments et de pensées, il changea de nom; c'était l'usage des rabbins: Pierre en avait déjà donné l'exemple. La conversion du proconsul Sergius Paul lui fit peut-être prendre le nom de Paul'.

§ 46. Prédication de l'Évangile parmi les Gentils.

Il avait été montré, dans une vision, à Pierre, parti de Samarie et visitant les villes maritimes de la Palestine, que le moment était arrivé où les Gentils devaient être admis dans le Christianisme. Il baptisa donc le centurion Corneille, qui était probablement un prosélyte des portes . Ce fait excita d'abord un grand mécontentement parmi les chrétiens nés juifs établis à Jérusalem 7. Malgré les enseignements de Pierre, ils prétendirent d'abord que les Gentils, admis au

(1) Rom. XI.—(2) Rom. XI, 36.—(3) 1 Cor. XV, 28.— (4) 2 Cor. V, 17.-(5) Act. XIII, 9. Cf. XIII, 7 sq.

(*) L'admission des païens dans le Christianisme dut, d'après les préjugés des Juifs, souvent exciter des doutes et du scandale parmi les chrétiens nés juifs. Dans la victoire remportée sur ces doutes, il faut remarquer les moments suivants : 1° la vision de Pierre et l'annonce qu'il fait que les Gentils ont réellement reçu le Saint-Esprit (Act. X, 916; XI, 15); leur justification sans mérite propre; 2° l'assemblée des Apôtres (Act. XV ;)Pierre montre que l'homme est sanctifié par la grâce du Christ et la foi en lui; 3° Paul prouve enfin que la loi mosaïque est une loi temporaire, dont le but était d'élever l'humanité comme un pédagogue, et qu'elle est superflue pour les chrétiens (Gal. IV, 11 ; V, 6).

(6) Act. X.-(7) Act. XI, 1-18.

baptême sans circoncision, restassent soumis d'ailleurs, comme les prosélytes des portes, à l'observation de la loi mosaïque. Ce fut sous cette condition qu'un grand nombre de Gentils d'Antioche furent admis parmi les fidèles '. Bientôt même quelques prêtres juifs, quelques pharisiens et leurs partisans, convertis à la foi, exigèrent de ces Gentils, devenus chrétiens', l'accomplissement des plus sévères ordonnances imposées aux prosélytes de justice.

Cette communauté florissante d'Antioche, composée de chrétiens nés juifs ou païens, devint la seconde Église mère, et ses membres furent les premiers qui, au lieu de Galiléens ou de Nazaréens, se nommèrent chrétiens 3. Du reste, l'amour, principe du sacrifice et de la véritable union, la tenait étroitement unie à l'Église mère de Jérusalem *. Celle-ci était alors persécutée par Hérode-Agrippa, qui, espérant plaire par là au peuple juif, avait fait périr par le glaive Jacques le Majeur, frère de Jean [an 41-44 apr. J.-C.]. Pierre n'échappa de sa prison que sous la conduite d'un ange '; il revint à Jérusalem, après la mort d'Agrippa, et grâce à la domination plus tolérante des Romains . C'est alors que lui, Jacques et Jean furent nommés les colonnes de l'Église '.

[ocr errors]

§ 47. Voyages apostoliques de Paul. - Ses épitres.

Après sa miraculeuse conversion, Paul se rendit d'abord en Arabie, où, sans doute, il exerça son activité pour répandre le Christianisme parmi les nombreux Juifs de cette contrée. De là il revint à Damas. Trois ans après sa conversion, il alla à Jérusalem, surtout pour y voir Pierre, et y être reconnu

(1) Act. XI, 20.- (2) Act. VI, 7; XV, 5.

(3) Act. II, 26. Cf. Ignatii ep. ad Polycarp. c. 7: Xprotiavò; ixutcũ ἐξουσίαν οὐκ ἔχει, ἀλλὰ Θεῷ σχολάζει.

(4) Act. XI, 27-30; XII, 25. — (5) Act. XII, 1-19. (6) Act. XII, 23. (7) Gal. II, 9. —D'après une antique tradition (Eusèbe, Hist. ecclésiast., II, 1), le Christ aurait, après sa résurrection, accordé le don de science (va) à Pierre, Jean et Jacques.

comme apôtre de l'Évangile '; puis il parcourut la Syrie et la Cilicie, suivi de Barnabé et de Jean, savant lévite de l'île de Chypre, qui l'avait conduit lui-même vers Pierre et vers Jacques. Pendant que d'un côté Paul travaillait avec activité à fonder le Christianisme à Antioche, de l'autre il étendait sa sollicitude sur l'Église de Jérusalem, persécutée par Hérode-Agrippa 2.

Ce fut alors qu'il entreprit avec Barnabé la première grande mission dans l'île de Chypre, la Pamphylie, la Pisidie, la Lycaonie; il la termina en revoyant l'Église d'Antioche. La discussion qui s'y était élevée, pour savoir si les Gentils, devenus chrétiens, devaient être soumis à toutes les ordonnances légales de Moïse, obligea Paul et Barnabé à se rendre à Jérusalem. Là (et cette décision fut de la plus haute importance pour toutes les controverses futures, quant à la manière dont elle fut rendue), il fut décidé, d'un commun accord et au nom du Saint-Esprit, que les Gentils n'étaient pas tenus d'accomplir la loi mosaïque, qu'ils n'avaient qu'à observer les commandements dits de Noé, concernant les sacrifices et le culte des idoles. Bientôt après, Paul commença une seconde mission avec Silas [an 53 apr. J.-C.]; il se rendit en Asie Mineure. Barnabé l'avait quitté pour suivre à Chypre Jean Marc, son parent. A Lystre, Timothée se joignit à Paul et Silas, et tous trois parcoururent la Phrygie, la Galatie et la Mysie. A Troade, ils s'adjoignirent un médecin, qui devint plus tard l'évangéliste saint Luc, et, se dirigeant vers la Macédoine, ils fondèrent successivement des églises à Philippe, à Thessalonique et à Bérée, où Paul, quittant Timothée et Silas, s'embarqua pour Athènes. Arrivé dans cette ville, capitale de l'idolâtrie grecque, Paul annonça aux Athéniens étonnés le Dieu inconnu. Dans la riche et molle Corinthe, il fut reçu par un Juif fidèle, nommé Aquila. Ce fut dans cette ville qu'il écrivit ses premières épîtres aux Thes

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

saloniciens. Ses travaux, durant un an et demi, y fondèrent une des plus florissantes communautés chrétiennes. De là il retourna à Antioche, passant par Éphèse, Césarée et Jérusalem. Son zèle apostolique le poussa à entreprendre une troisième grande mission dans l'Asie Mineure. Il s'arrêta d'abord deux ans à Éphèse, travaillant sans relâche au royaume de Dieu, non-seulement dans cette ville et ses environs, mais étendant son action et sa parole sur des contrées plus éloignées. C'est de là qu'il écrivit aux Églises de Corinthe et de Galatie. Mais bientôt une sédition éclate : le peuple d'Éphèse s'émeut par la crainte de voir tomber dans le mépris le culte de Diane [an 59 apr. J.-C.] 2. Paul est obligé de fuir il part pour la Macédoine et en visite les églises; il écrit une deuxième épître aux Corinthiens, et, peu après, revient lui-même à Corinthe pour étouffer les divisions qui s'y étaient formées. Cependant, toujours pressé par l'ardeur de son zèle, l'Apôtre des nations, qui se doit tout à tous, écrit aux Romains. Trois mois après il retourne à Jérusalem, en passant par Milet; là il trouve réunis les évêques et les prêtres des contrées voisines; il leur fait ses adieux les plus affectueux dans un discours aussi grave que touchant [an 60 apr. J.-C.]. A peine à Jérusalem, on l'épie dans le temple; ses ennemis, et surtout les Juifs de l'Asie Mineure, l'accusent de violer la loi on l'arrête; sa qualité de citoyen romain le soustrait à la juridiction du sanhédrin; on le conduit à Césarée, devant le proconsul Félix. Il se justifie successivement devant ce magistrat, devant Festus, son successeur, devant le roi Agrippa; enfin, après deux années de captivité, il en appelle à César, il est envoyé à Rome, avec Luc et Aristarque [an 63 apr. J.-C.] *. Souvent menacé, durant la traversée, de trouver la mort dans les flots d'une mer orageuse, Paul conserve une fermeté inébranlable, rassure ses compa

[blocks in formation]
« IndietroContinua »