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gnons éperdus en leur prédisant leur sort, qui lui avait été révélé dans une vision nocturne 1.

Arrivé à Rome, on le garde à vue durant deux années 2; il continue, ainsi que ses compagnons, les travaux de son apostolat; il propage le royaume de Jésus-Christ, gagne à la foi jusqu'aux membres de la cour impériale '. Il écrit aux Éphésiens, aux Philippiens, aux Colossiens, à Philemon; il leur parle de la gloire du Christ, de l'affranchissement de l'humanité déchue, de la vocation des Gentils. Il est probable que c'est de cette époque que date sa lettre aux Hébreux. Ici malheureusement s'arrêtent les Actes des Apôtres; l'historien sacré se tait sur le reste de la vie de l'apôtre des Gentils, qui recouvra encore une fois sa liberté, d'après d'anciens témoignages, et se rendit, selon le vœu de son cœur, en Espagne, pour y annoncer le Christianisme . Ce qui est certain, c'est qu'il arriva en Crète, y laissa son disciple Tite, à qui, plus tard, il écrivit de Nicopolis, en Épire, une épître pleine d'onction et de sollicitude pastorale; en même temps il adressa sa première épître à Timothée . Parti de Nicopolis, il visita de nouveau les églises de Corinthe, Troade, Milet, et, retournant en hâte à Rome, où ses frères étaient fortement menacés par Néron, il y trouva une seconde fois la captivité, écrivit encore à son fidèle Timothée, à Éphèse, et mourut durant la persécution cruelle qui éclata alors [an 67 ou 68 apr. J.-C.]. Il fut décapité par la hache du licteur, en sa qualité de citoyen romain, heureux d'avoir obtenu enfin cette couronne de justice qu'il savait lui être réservée, mais inquiet des malheurs qui menaçaient l'Église de toutes parts'.

(1) Act. XXVII, 1; XXVIII, 15. —(2) Act. XXVIII, 16.— (3) Philipp. I, 13; IV, 22. — (4) Hebr. XIII, 24.

(5) Rom. XV, 24-28. Saint Clément, dans son ep. I ad. Cor. c. V, dit à ce sujet : ἐπὶ τὸ τέρμα τῆς δύσεως ἐλθών, ce qui indique l'Espagne et non l'Italie, dans une lettre écrite d'Italie; cela est plus clair encore dans un fragment sur les canons de la dernière partie du Ile siècle, des Reliquiæ sacræ de Routh, t. IV, p. 4.

(6) S. Feilmoser, Introd. aux livres du Nouveau Testament, ed. II, p. 452–57. — (7) 2 Tim. IV, 8.

§ 48.

Travaux apostoliques de Pierre.

Pierre, plus que tous les autres apôtres, avait contribué à la fondation de la première Église chrétienne à Jérusalem. Il avait parcouru à plusieurs reprises la Palestine pour y régler tout ce qui concernait les nombreuses communautés naissantes. Peut-être aussi dirigea-t-il durant quelque temps l'Église d'Antioche, en qualité d'évêque'. Il évangélisa successivement le Pont, la Cappadoce, la Galatie, l'Asie et la Bithynie, et, d'après des traditions bien constatées, se rendit à Rome à peu près vers l'an 42 apr. J.-C. Il revint cependant à Jérusalem et y échappa miraculeusement à la persécution d'Hérode. Après la mort de ce prince, nous retrouvons en 52' Pierre à Jérusalem, plus tard à Antioche, enfin à Corinthe, où, dit-on, il se rencontra avec Paul et y consolida avec lui la communauté chrétienne. Ses lettres si belles aux fidèles du Pont et de la Galatie prouvent qu'il était, au moment où il les écrivait, à Rome, qu'il nomme Babylone'.

Quelque imparfaits que puissent paraître les documents historiques sur Pierre, ils suffisent cependant pour établir légitimement la primauté de Pierre sur tous les autres apôtres, comme pasteur et chef suprême de tout le troupeau.

Depuis le moment où l'Homme-Dieu remonta au ciel, nous voyons toujours Pierre à la tête de toutes les affaires importantes. Il préside l'élection de l'apôtre Mathias*. Le premier il parle au peuple après la descente du Saint-Esprit'. C'est au nom de tous les apôtres qu'il parle au sanhedrin de Jérusalem. Il opère le premier miracle et prononce le premier un arrêt terrible contre Ananie'; le premier il ouvre les portes de l'Église chrétienne aux Gentils. C'est Pierre que

(1) Hieronym., de Script. ecclesiast., c. 1. Eusèbe, Hist. ecclésiast. III, 22, paraît d'un avis contraire quand il nomme Evodius comme premier, Ignace comme deuxième évêque d'Antioche. Cependant, au liv. III, 36, Eusèbe nomme Ignace le second successeur de Pierre.

(4) Act. I, 15.

(2) Act. XV.- (3) 1 Pierre V, 13. (5) Act. II, 14. — (6) Act. IV, 8. — (7) Act. III, 4; V, 1. — (8) Act. X.

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Paul cherche à Jérusalem, après sa conversion, pour s'entretenir avec lui. C'est Pierre qui préside le premier concile de Jérusalem', et c'est toujours Pierre que tous les Évangélistes nomment le premier, quoiqu'il n'eût pas été le premier qui suivît Jésus-Christ, preuve certaine de la reconnaissance de sa primauté par tous les apôtres'.

Il mourut à Rome, en même temps que Paul, durant la persécution de Néron [an 67 ou 68 apr. J.-C.]. Il fut crucifié dans le quartier des Juifs, au mont Vatican; seulement l'humble apôtre, se croyant indigne de mourir comme son Dieu et son Seigneur, demanda à être crucifié la tête en bas'.

C'est en admettant, comme nous l'avons indiqué, un double séjour de Pierre à Rome qu'on parvient peut-être le mieux à expliquer l'antique et universelle tradition de son épiscopat de vingt-cinq ans dans la ville éternelle*. Stenglein a prouvé qu'il

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(3) Tholuck s'exprime ainsi à ce sujet : « De tous les apôtres, saint Jean paraît avoir le moins de force d'action. Combien la prééminence de Pierre se montre, toutes les fois qu'il faut agir, parler, rendre une décision! >>

(4) Origen. dans Eusèbe, Hist. ecclésiast., III, 1 Tertull. de Præscript. hær. c. 36.

(*) Voyez, sur le séjour de Pierre à Rome, le Père apost. saint Ignace ep. ad Rom., c. 4. Denys de Corinthe (107 vers 180), dans Eusèbe, Hist. ecclésiast., II, 25; Iren. III, 1, 3; Tertull. contr. Marcion. IV, 5. Une critique exagérée pouvait seule mettre en doute un fait de l'antiquité chrétienne aussi unanimement constaté, comme l'ont fait Spanhemii dissert. de ficta profectione Petri in urbem Romam (Opp. t. II, p. 331, etc.); Baur, dans la Gazette de théol. protest. de Tub. Fasc. 4, 1831. Les objections faites jusqu'au milieu du XVIIIe siècle sont réfutées dans Foggini, de Romano divi Petri itinere et episcopatu ejusque antiquissimis imaginibus exercitationes historico-critica. Florent., 1741. (Dédié à Benoît XIV.) Voir, pour les temps modernes, les ouvrages suivants, pleins d'une érudition sérieuse et consciencieuse : Herbst, sur le Séjour de Pierre à Rome. Dællinger, Man. de l'Hist. ecclésiast., p. 65. Windischmann, Vindiciæ Petrinæ. Ratisb., 1836. Ginzel, de l'Épiscopat de Pierre à Rome. (Pletz, Gazette théolog. XI ann. p. 1-4, surtout contre Mayerhof, Introd. aux écrits concern. Pierre. Hamb., 1835.) Cf. Olshausen, Étud. et crit. ann. 1838, p. 4; enfin Stenglein, de l'Épiscopat de vingt-cinq années de saint Pierre à Rome. (Tub., Revue trimestrielle, 1840, p. 2 et 3.) Voir aussi Origines eccl. Rom. des Bénéd. de Solesmes, 1837.

T. I.

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est très-facile de réfuter la principale objection contre cette tradition, tirée du passage des Actes XXVIII, 22, où les chefs de la synagogue de Rome disent à Paul que tout ce qu'ils savent de la doctrine chrétienne, c'est que l'on combat partout cette secte nouvelle.

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Natal. Alexander, Hist. Eccl. I sæc., t. IV, c. 8, p. 54-60.

Les Actes des Apôtres se bornent à l'histoire de Pierre et de Paul; ils ne font point mention des travaux du reste des apôtres. Ce n'est pas sans motif : ils n'eussent pu que répéter les mêmes miracles, les mêmes souffrances et les mêmes vertus. Les apôtres étaient d'autant moins inquiets de transmettre le souvenir de leurs travaux, qu'ils étaient plus jaloux de répandre la bonne nouvelle jusqu'aux confins de la terre. De là l'obscurité des traditions, l'incertitude des documents. Le fait le plus remarquable que nous en pouvons tirer, c'est que, douze ans après l'Ascension de leur divin Maître, les apôtres, avant de se séparer et de quitter Jérusalem, se partagèrent le monde et rédigèrent en commun le Symbole de la foi. Jacques, fils d'Alphée (le même certainement que Jacques le Mineur, le Jušte, le frère du Seigneur), fut le premier évêque de Jérusalem. Estimé même par les Juifs à cause de sa justice et de sa douceur, il consolida son Église par sa fermeté, et rappela avec autant de force que de cœur, aux chrétiens nés Juifs, dans les contrées éloignées, la nécessité de la foi prouvée par les œuvres, dans son épître catholique. Selon le témoignage assez probable de Flavien Josèphe, Jacques, dénoncé par le grand prêtre Anne comme violateur de la loi, avant l'arrivée du nouveau gouverneur, fut lapidé [an 63 apr. J.-C.],

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(1) Hug. Introd. au Nouv. Test., vol. II, 8, p. 517; Schleyer, Gazette théol. de Fribourg, t. IV, p. 11-65. Cf. Guerike, Introd. au Nouv. Test., p. 483.

(2) Act. XV, 13.

crime que les Juifs les plus zélés répudièrent eux-mêmes, et qui, sur la demande adressée par eux au roi Agrippa, fit dé– poser le grand prêtre. Hégésippe, postérieur à Josèphe, raconte, dans Eusèbe, que Jacques, refusant de se déclarer contre Jésus, fut précipité par les scribes et les pharisiens du sommet du temple, et tué par un foulon armé de son instrument'. Matthieu 2, apôtre et évangéliste, annonça la parole de Jésus-Christ dans l'Arabie Heureuse (l'Inde et l'Éthiopie?). Philippe', qui vécut, dit-on, comme Jean, jusqu'à la fin du Ier siècle, consuma les derniers jours de son long apostolat à Hierapolis, en Phrygie. D'après d'antiques traditions, Thomas évangélisa les Parthes, André les Scythes", Barthélemy' les Indes, Thadée Abgar, prince d'Édesse. Il est plus certain que l'évangéliste Marc', qui accompagna d'abord Paul et Barnabé et plus tard Pierre à Rome, s'il ne fut le fondateur, fut du moins le premier évêque de l'Église d'Alexandrie. Quant à la très-sainte Vierge Marie, qu'on ne saurait oublier en parlant de cette société d'élus, nous ne pouvons rappeler que deux traditions, dont l'une porte qu'elle mourut à Jérusalem en 45 ou 47, et dont l'autre dit qu'elle accompagna l'apôtre Jean à Éphèse, ce qui aurait eu lieu bien plus tard.

OBSERV.

Tillemont, T. I et II, a soigneusement rassemblé tout ce qu'on sait, d'après d'incertaines traditions, sur les compagnons des apôtres nommés dans le Nouveau Testament, tels que Luc, Thimothée, Tite, Lin, Crescens, le rhéteur philosophe Apollon, d'Alexandrie, passé du judaïsme au Christianisme (Act. XVIII, 24; XIX, 1; 1 Cor. I, 12, etc.), et d'autres.

(1) Cf. Flav. Jos. Antiq. XX, 9, 1. Voy. Credner, Introd. au Nouv. Test., p. 481; Heges. dans Eusèbe, Hist. ecclésiast., II, 1, 23; Stolberg, p. VI, p. 360-65.

(2) Rufin, Hist. ecclésiast., I, 9; Eusèbe, Hist. ecclésiast., III, 24, (3) Eusèbe, III, 3; VI, 24. — (4) Ibid. III, 1. (5) Ibid. V, 10.

(6) Ibid. 1, 13; II, 1.

39.

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(7) Ibid. II, 16, 24. Chronic. Paschale (Alexandrin.), p. 230, ed. du Fresne. Paris, 1688.

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