Immagini della pagina
PDF
ePub

CHAPITRE III.

ORGANISATION ET CONSTITUTION DE L'ÉGLISE APOSTOLIQUE.

Comme mon Père m'a envoyé, je vous envoic.
Jean, XX, 21.

Petavius, de Hierarch. Eccl. lib. V, dans sa Theol. dogm., ed. Venet., 1757, t. VI, p. 52-209; dans d'autres éd. t. IV; Schollinger, de Hierarch. Eccl. diss. Ratisb., 1757, in-4; Molher, l'Unité dans l'Église, ou Principe du catholicisme. Tub., 1825; Dr. Sylvius, Évangile et Église. Ratisb., 1843, surt. p. 1-114: «Nature et essence de l'Eglise ; » Rothe, Commenc. de l'Église chrét. Wittemb., 1837, t. I.

§ 52. Clercs et laïcs. (Cf. § 39.)

Le Christ, habitant parmi les hommes, formait avec ses apôtres et ses disciples choisis une société religieuse dont il était le maître, dont ils étaient les serviteurs1. Là était déjà le germe de l'organisation de l'Église, dont les membres enseignent ou sont enseignés, commandent ou obéissent, sont prêtres ou laïcs. Si donc, après l'Ascension du Christ, sa mission devait se continuer et s'accomplir, il fallait que la société religieuse qu'il avait fondée, pour répondre aux besoins de l'humanité, fût toujours garantie dans son existence par une intervention et une sanction divines. Le Christ, trouvant le modèle de l'organisation de son Église dans l'Ancien Testament, qu'il était venu non détruire, mais (1) Jean XIII, 14, 16; XV, 15.

accomplir', en appropria la hiérarchie et les formes à la constitution libre et spirituelle de la société nouvelle. Comme, jusqu'à sa mort expiatoire, il avait uni en sa personne tous les pouvoirs de l'ancien pontificat, sous le rapport de la doctrine, de la liturgie et du gouvernement, il transmit, à la fin de sa carrière terrestre, ce triple pouvoir à ses apôtres, en les établissant les ministres de son sacerdoce, en leur donnant le pouvoir de remettre et de retenir les péchés, en les chargeant d'enseigner toutes les nations : << Comme mon Père m'a envoyé, je vous envoie; qui vous « méprise, me méprise. » Paroles solennelles que Paul rappelle, quand il dit : « Que chacun nous considère comme <«<les ministres de Jésus-Christ et les dispensateurs des mystè«<res de Dieu. >> Cette sanction divine se manifesta pleinement quand le Saint-Esprit descendit visiblement sur les apôtres, sous la forme de langues de feu, comme il avait apparu au baptême du Christ, sous la forme d'une colombe. Ainsi fut divinement et positivement établie, et pour toujours confirmée, la distinction entre les maîtres et les disciples, les pasteurs et les fidèles. Le passage de saint Paul, dans son épître aux Romains (1, 1), et celui des Actes (XIII, 2) qui parle de la séparation (dcopilen) de Paul et de Barnabé pour l'Évangile, marquent encore très-nettement cette distinction des clercs (xpos) et des laïcs (de λaos, (κληρος) * λαός, peuple), qui passa de l'Ancien Testament dans l'Église chrétienne. Saint Clément de Rome distingue aussi très-positivement les diverses fonctions des prêtres et des laïcs. Le pontife a des charges particulières, dit-il; le prêtre a des fonc

(1) Matth. V, 17. - (2) Luc, XXII, 19. (4) Lúc, X, 16. (5) 1 Cor. IV, 1.

[blocks in formation]

(*) Dans le partage de la terre de Chanaan, la tribu de Lévi n'avait point eu de part (po;). «Propterea vocantur clerici (dit saint Jérôme), vel quia de sorte sunt Domini, vel quia ipse Dominus sors, id est pars clericorum est; qui autem vel ipse pars Domini est, vel Dominum partem habet, talem se exhibere debet ut et ipse possideat Dominum et possideatur a Domino; quod si quidpiam aliud habuerit præter Dominum, pars ejus non erit Dominus. » (Ep. ad Nepotian.)

tions spéciales; le lévite a son ministère propre; le laïc n'est tenu qu'aux préceptes qui concernent les laïcs. Cette distinction n'est nullement infirmée par les textes qui parlent d'un sacerdoce intérieur, auquel sont appelés tous les chrétiens'; ces passages désignent, comme dans l'Ancien Testament3, l'obligation générale d'honorer Dieu par le sacrifice de la prière, de l'amour et de soi-même, obligation toute différente de celle du sacerdoce proprement dit, qui a mission d'enseigner, de consacrer et d'administrer les choses saintes. « Cette distinction entre clercs et laïcs, dit Mohler, <«< n'est autre chose que la distinction permanente, établie par <«<le Saint-Esprit même, de ses dons dans l'Église.

§ 53. Hierarchie instituée par Jésus-Christ.-L'épiscopat. La prêtrise. Le diaconat.

[ocr errors]

Lorsque le Christ eut transmis aux apôtres la plénitude de son sacerdoce, le caractère sublime, l'éminente dignité dont furent revêtus par là les apôtres les rendirent, plus que jamais, les représentants du Sauveur au milieu de l'humanité, et c'est en effet au nom et en place du Christ qu'en toutes circonstances nous les voyons parler et agir.

Or, comme le ministère apostolique devait durer jusqu'à la fin des siècles, et que la mort devait mettre fin à la mission des douze premiers apôtres, ils transmirent leur mission et leur fonction aux évêques (éπioxoxo), de manière que l'épiscopat devint la continuation de l'apostolat. Seulement les évêques devaient ne présider qu'une Église spéciale, n'agir que dans un ressort déterminé, tandis que les apôtres jouissaient d'une autorité universelle et illimitée. Divers passages du Nou

(1) Ep. 1 ad Corinth. c. 40; Ignat. ep. ad. Ephes. c. 6, et ad Smyrn. c. 8; Polycarp. ep. ad Philipp. c. 5. (2) 1 Petr. II, 5, 9; Apoc. I, 6.

(3) Exod. XIX, 6.

(4) Orig. hom. IX, in Lev. n. 9. Cf. Tertull. de Orat. c.

apost. 1. III, c. 15. (Galland, t. 3, p. 99-100.) (5) Matth. XXVIII, 20; Hebr. VII, 23.

28, et Constitut.

veau Testament, et les conclusions qui en ressortent, prouvent que la volonté du Christ fut, en effet, que les Églises particulières fussent présidées par un chef unique et suprême (EπioxOTOS), et non par plusieurs prêtres égaux en droits et en dignité (peб'Tepos). Et tel fut aussi l'usage, dès le siècle apostolique. Les exhortations que saint Paul adresse à Tite 2, à Timothée, qu'il a laissés en Asie comme évêques, prouvent que celui qu'il nomme évêque exerce en effet une autorité suprême sur les prêtres. C'est ainsi que dans l'Apocalypse les reproches de saint Jean s'adressent spécialement aux sept anges (chefs préposés) des Églises d'Éphèse, de Smyrne, etc., comme aux vrais représentants de ces Églises, quoiqu'il soit historiquement démontré que quelques-unes d'entre elles avaient plusieurs prêtres. Mais c'est surtout dans les lettres de saint Ignace, Père des temps apostoliques, que la prééminence des évêques sur les prêtres est mise en relief: «Obéis<< sez tous à votre évêque comme Jésus à son Père, et aux prê<< tres comme aux apôtres. Honorez les diacres comme la loi de << Dieu; que toutes choses se terminent dans la paix du Sei<< gneur. Et puisque l'évêque tient la place de Dieu, et le prêtre <«< celle de l'apôtre, soyez soumis à l'évêque comme à Jésus<«< Christ, aux prêtres comme aux apôtres; ainsi l'ont ordonné les << apôtres eux-mêmes'. » Si cette prééminence n'eût pas existé, comment, dans leurs controverses avec les hérétiques, les docteurs de l'Église eussent-ils pu, durant le II et le III siècle, prétendre donner, et donner en effet la liste des évêques des Églises les plus célèbres depuis les apôtres ? L'histoire démontre que partout, durant les deux premiers siècles, l'évêque était

(1) Пpsocúrect, conformément à l'hébreu ', les anciens, c'està-dire les chefs des synanogues, membres du sanhédrin.

(2) Tit. I, 5. (3) 1 Tim. V, 17. — (4) Apoc. c. II et III. (5) Ep. ad. Smyrn. c. 8; ad. Magn. c. 6; ad Trallian. c. 2, et autres pass. Cf. ad. Philad. c. 3. ὅσοι γὰρ Θεοῦ εἰσιν καὶ Ἰησοῦ Χριστοῦ, οὗτοι μετὰ τοῦ ἐπισκόπου εἰσίν. Ad Polycarp. c. 6. Τῷ ἐπισκόπῳ προςέχετε, ἵνα καὶ ὁ Θεὸς ὑμῖν.

(6) Iren. Contra hær. III, 3, n. 3 et 4, p. 176; Tertull. de Præscript. hær. c. 32 et 36, p. 243 et 45.

réellement à la tête de son Église, ayant des prêtres sous ses ordres. Cette organisation uniforme de toutes les Églises, partout où le Christianisme avait pénétré, ne prouve-t-elle pas que l'épiscopat est d'institution divine? L'on n'a qu'à y comparer, pour s'en convaincre, la diversité des formes politiques des diverses nations de la terre. On ne conçoit pas qu'on veuille expliquer cette unité par l'usurpation; comment s'imaginer en effet une pareille ambition se manifestant en tout lieu, de la même manière, et cela dans les temps reconnus comme les meilleurs de l'Eglise? Les fonctions épiscopales pouvaient-elles avoir assez d'attrait pour séduire des cœurs ambitieux, dans ces temps de persécution où la rage des ennemis de l'Église se tournait surtout contre les évêques * ? De

(1) Saint Jérôme semble vouloir démontrer de la même manière la prééminence des évêques sur les prêtres, lorsqu'il commente A Tite, c. 1: «ldem est pre-byter, qui et episcopus, et antequam diaboli instinctu studia in religione fierent et diceretur in populis : Ego sum Pauli, etc. (1 Cor. I, 12), communi presbyterorum consilio Ecclesiæ gubernabantur. Postquam vero unusquisque eos, quos baptizaverat, suos esse putabat, non Christi, in toto orbe decretum est (?!) ut unus de presbyteris electus superponeretur cæteris, ad quem omnis Ecclesiæ cura pertineret, ut schismatum semina tollerentur? »ll trouve surtout ses preuves dans Phil. I, 1 (cf. Phil. IV, 15, avec 2 Cor. XI, 8, 9); Act. XX, 17, 28; 1 Petr. V, 1. Saint Jérôme dit aussi, ep. 82 ad Oceanum : «Apud veteres iidem episcopi et presbyteri fuerunt, quia illud nomen dignitatis, hoc ætatis. » De même Ambrosiaster (vers 380), Commentar. ad Ephes. IV, 11. Ce point est à éclaircir bien plus par l'histoire que par l'interprétation subtile des Écritures. Saint Jérôme, pour combattre certaines erreurs ou certains abus, se laisse facilement entraîner à des opinions extrêmes, comme lorsqu'il exagère les prérogatives de la virginité contre Jovinien: c'est ainsi qu'il compare ici les prêtres aux évêques, pour combattre l'ambition de quelques diacres. Une autre expression, par laquelle saint Jérôme pense affaiblir la dignité des évêques, sert précisément à la faire ressortir dans ce qu'elle a de plus important, l'ordination. « Quid facit, excepta ordinatione, episcopus, quod presbyter non faciat? » (Ep. 101, alias 85 ad Evangelium.) Voy. Dællinger, Man. de l'hist. ecclésiast., 327 sq. not. 16. Cf. Petav. Theol. dogm. t. VI; Dissert. ecclesiast. t. I, de Episcopis et eor. jurisdict. ac dignit. c. 1-3, p. 21-25; Le Quien, Oriens christian. t. II, p. 343; Renaudot, Liturg. orient. collect. II, 373; Abrah. Echelensis, Eutychius vindicatus, p. 50 sq. Romæ, 1661; Mamachii Origg., etc., t. IV, p. 503 sq.

« IndietroContinua »