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intime et durable de la charité fraternelle. L'Église primitive de Jérusalem porta cette charité à sa perfection, en réalisant la pensée hardie de la communauté des biens1. Cependant, cette imitation sainte de l'union parfaite de Jésus-Christ et de ses apôtres ne fut que locale et temporaire; elle resta comme un éternel monument de la puissance du Christianisme sur les esprits 2. D'autres Églises prouvèrent leur charité pour leurs frères éloignés en les soutenant par les aumônes, dont les épîtres des apôtres font si souvent mention. D'autres encore pratiquaient une cordiale et affectueuse hospitalité. D'autres enfin furent les flambeaux de leur temps et la lumière des siècles futurs, par la patience inaltérable avec laquelle elles supportèrent les mépris et les persécutions, par la foi vive, la confiance filiale et l'enthousiasme profond avec lesquels elles dirigèrent leurs regards et leurs espérances vers les choses éternelles3. Le mariage, que les païens comprenaient si mal, était pour les chrétiens le symbole de l'union du Christ et de son Église ; il était par cela même indissoluble pour eux, et en même temps la virginité recevait les honneurs qui lui sont dus ".

Cependant l'Église, dès les temps apostoliques, nous présente des membres gangrenés, les uns indignes du nom de chrétien, les autres infidèles un moment au vœu du baptême, revenant à la vérité par la pénitence, par la vertu sacramen

(1) Act. II, 44; IV, 31.

(2) Moshemii Commentat. de vera natura communionis bonor. in Eccl. Hierosolym. (Ejusd. Dissertat. ad Hist. Eccl. pertin., vol. 2, p. 23. Alton., 1743.)

(3) Les apôtres mettent souvent en avant, comme un des plus grands bienfaits de l'Evangile, le dogme de l'immortalité de l'âme enseigné par Jésus-Christ (2 Tim. I, 10; cf. Jean II, 25, 26), ce que justifient parfaitement les opinions antérieures au Christianisme. Combien peu d'entre les philosophes de la Grèce crurent à cette immortalité! Le germe d'une espérance immortelle fleurit cependant dans la doctrine noble et pure de Socrate. «Rien, disait ce sage, ne doit coûter pour conquérir l'immortalité; car la lutte est belle et l'espérance est grande. » Stolberg, t. VI, p. 247.

(4) Eph. V, 32; 1 Cor. VII, 11; cf. Gaum›, Histoire de la famille, etc. (5) 1 Cor. VII, 32, 34, 38.

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telle de l'absolution', et rentrant dans la communion de l'Église*; ce sont ces hommes que les apôtres ont en vue dans divers avertissements que renferment leurs épîtres. Tandis que l'Église de Jérusalem n'avait qu'un cœur et une âme, celle de Corinthe était déchirée par de déplorables désordres'. Ce qui arrêtait surtout les progrès de la moralité, c'était, d'un côté, la fausse opinion des chrétiens nés Juifs qu'il fallait continuer à observer la loi mosaïque, tandis que, d'un autre côté, on interprétait faussement la doctrine de saint Paul sur la justification par la foi sans les œuvres, pour justifier la licence et l'immoralité. On interprétait encore mal l'annonce de la venue spirituelle du Christ et de sa manifestation glorieuse"; on se la représentait comme un avénement prochain, et il en résultait des conséquences fâcheuses pour la vie religieuse des chrétiens'.

§ 56. Assemblées religieuses.

Culte.

Pendant que les chrétiens nés Juifs continuaient à fréquenter le temple de Jérusalem, il s'était formé des assemblées religieuses, dans des maisons particulières, qui étaient pour l'Église ce que les synagogues étaient pour le temple. Les chrétiens s'édifiaient mutuellement par la prière, dans laquelle on faisait toujours mention des frères absents et défunts; par la lecture des passages de l'Ancien Testament, et plus tard par celle des épîtres apostoliques'; par le chant des psau

(1) Matth. IX, 6; Jean XX, 22, 23.

(*) Conf. Act. Apost. XIX, 18. Il est dit en cet endroit : Hoàλots TŴY πεπιστευκότων ἤρχοντο, ἐξομολογούμενοι καὶ ἀναγγέλλοντες τὰς πράξεις αὑτῶν. Le mot TEGTEUXOT; indique, par opposition à ceux dont il est question au v. 17 en général, à ceux qui ont été émus par les miracles, les croyants de l'Eglise d'Ephèse (cf. V, IX), qu'indique aussi le mot perfecti. De même les expressions τας πράξεις, et non τὰ πράγματα (cf. Luc, XXIII, 51, et Col. III, 9) indiquent formellement une confession spéciale des péchés en particulier.

(2) Act. IV, 32. — (3) Ep. de S. Jacq.; Galat. V, 6; 1 Cor. XIII, 2. – (4) Matth. X, 23; XXIV; XXVIII, 20; Jean, XIV, 18, 21, 23. (5) 2 Thess. III, 11; 1 Thess. IV; 12-17. (6) Rom. XVI, 4; 1 Cor. XVI, 19; Col. IV, 15. — (7) Col. IV, 16; 1 Thess. V, 27.

mes1, peut-être même d'hymnes chrétiens déjà composés alors. On y faisait aussi des instructions sur le texte lu, et ce n'étaient pas seulement les évêques et les prêtres qui parlaient, car, par le fait, plusieurs d'entre eux étaient incapables d'enseigner (didaxrixoí3); mais c'étaient aussi de simples fidèles, inspirés par l'Esprit saint et autorisés par le consentement des supérieurs. Alors se manifestaient les dons divers du SaintEsprit, les dons de sagesse, de science, de prophétie, de discernement des esprits, des langues (2λwooais λaλéïv“) et de l'interprétation des langues, voire même le don des miracles, qui n'était pas propre aux seuls apôtres. Mais c'était surtout à obtenir le don de charité que devaient tendre les efforts des chrétiens. Le fait capital de ces réunions journalières, ce qui en faisait le fond et la vie, était la SOLENNITÉ DE LA CÈne et de LA FRACTION DU PAIN', en mémoire de la mort de Jésus-Christ; elle se célébra d'abord comme elle l'avait été par le Christ à la dernière Cène; on y joignait une agape, un repas de charité (ázáπn3). Malheureusement, dès les premiers temps, il se commit de coupables excès durant ces pieuses solennités'.

Les malades qui ne pouvaient prendre part à ces réunions

(1) Act. II, 47; Col. III, 16; Eph. V, 19; 1 Tim. III, 16.

(2) Pline lui-même en parle d'une manière étonnante, Epp. lib. X, ep. 97: «Carmenque Christo, quasi Deo, dicere secum invicem : seque sacramento non in scelus aliquod obstringere, sed ne furta, ne latrocinia, ne adulteria committerent, ne fidem fallerent, ne depositum appellati abnegarent, etc. >>

(3) Cf. 1 Tim. V, 17.

(4) Malgré les efforts qu'on a faits, dans ces derniers temps, pour expliquer ce don des langues dans un sens différent des anciens, qui comprenaient par là « parler des langues étrangères» (Bleek, sur cas λaλiv dans Etud. et Crit. 1839, I; Billroth, Comment. sur les Epitr. aux Corinth. p. 166. Leipzig, 1833; Néander, «la Langue nouvelle de l'inspiration chrétienne, » dans son Hist. de l'Établ., etc. t. I, p. 10; Olshauzen, Comment.sur les Épîtr. aux Corinth., p. 657), nous ne pouvons nous départir de l'opinion ancienne qui repose sur les explications positives de saint Paul, et sur les circonstances qui accompagnèrent l'établissement des premières Églises chrétiennes. Voyez Chrysost. Hom. 29 et 34 sur 1 Cor., et surtout Dieringer, loc. cit., t. II, p. 394-422.

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(5) 1 Cor. c. XII. (8) 1 Cor. XI, 20; Act. VI, 2.

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(7) Act. II, 42-46; XX, 7. (9) 1 Cor. XI, 20-34.

religieuses devaient appeler les prêtres auprès d'eux, pour en recevoir l'onction sainte. Se sentaient-ils chargés de péchés, ils devaient les confesser pour en recevoir la rémission'.

Un des traits les plus caractéristiques de ces assemblées religieuses, dont, le premier, Justin le martyr2 nous a donné une courte description, était le baiser de paix (Píλnμ¤ àzáπNS, ayov), que se donnaient les chrétiens en se saluant fraternellement après la prière.

Les fidèles joignaient le jeûne à la prière, surtout quand ils songeaient à entreprendre quelque affaire importante‘.

Quant au temps de ces assemblées, l'Apôtre avait appris aux chrétiens que tous les jours devaient être également saints pour eux'; ce qui n'excluait point la célébration solennelle de certains jours plus importants dans l'œuvre de la Rédemption. Dans l'Église mère de Jérusalem on observait encore le jour du sabbat. A Antioche c'était le dimanche surtout que, en mémoire de la résurrection de Jésus-Christ, célébraient les chrétiens nés païens de cette ville. La résurrection et la passion de Notre-Seigneur étant les points fondamentaux de la foi chrétienne, les chrétiens nés Juifs ajoutaient à la sanctification du sabbat celle du dimanche, et bientôt ils substituèrent l'une à l'autre. Quant à la célébration de la pâque dès les temps apostoliques, elle est tout à fait vraisemblable, quoiqu'elle ne puisse être démontrée par le passage de saint Paul, 1 Cor. V, 7.

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L'infidélité des chrétiens, qui ne répondaient pas tous à leur sublime vocation en imitant Jésus-Christ, rendit néces

(1) Sacrement de l'Extrême-Onction. Jac. V, 14-16; ex instituto Christi, Marc, VI, 13. Hugo Grotius.

(2) Justinus martyr. Apol. I, c. 65-67.

(3) Rom. XVI, 16; 1 Cor. XVI, 20.-(4) 1 Cor. VII, 5; cf. Matth. XVII, 20.—(5) Gal. IV, 9; Col. II, 16; cf. Rom. XIV, 5.-(6) Act. XX, 7; 1 Cor. XVI, 2; Apoc. I, 10, huépa Tou Kupiov; Ignat. Ep. ad Magnes. IX. Barnab. ep. c. 15. Justin. Apol. I, c. 67.

saires de bonne heure certaines ordonnances particulières. L'autorité, instituée par Jésus-Christ pour enseigner et gouverner son Église devait non-seulement régler le culte dans les assemblées religieuses, mais encore surveiller chaque chrétien dans sa direction morale. Elle excluait de la communauté celui qui péchait trop gravement; il ne pouvait être réintégré qu'après des preuves certaines de repentir et d'amendement1. Cette excommunication se trouvait déjà préfigurée dans le judaïsme'. On usait de la même sévérité envers ceux qui niaient ou altéraient une partie de la doctrine chrétienne3. Transmise par les apôtres assistés du Saint-Esprit, et par là même infaillibles, cette doctrine était considérée comme la pure doctrine du Christ et, par conséquent, la seule vraie, sacrée et sanctifiante, comme la parole de Dieu, et, par conséquent, comme la seule sainte, éternelle et immuable. C'est une singulière méprise et une déplorable erreur que de juger les temps apostoliques d'après l'esprit des temps modernes, et de prétendre que les partisans de la doctrine du Christ ne reçurent, dès le principe, sa parole, qu'en l'appropriant à leurs vues propres et individuelles, en la développant ou la restreignant à leur gré.

Les apôtres réclament avec force la plus complète soumission, quant aux choses de foi, et l'accord de tous les membres de l'Église dans la doctrine unique de la vérité". Si quelqu'un, si un ange du ciel enseignait une autre doctrine, qu'il soit

(1) Cf. 1 Cor. V, 4, avec 2 Cor. II, 6-11; Matth. XVIII, 17.

(2) Vitringa, de Synagoga vetere. Francf., 1696. Winer, Vocabul. des noms et des choses bibliq., t. I, p. 156. Jahn, Archæol. bibl. p. II, t. II, p. 349, sur la triple excommunication.

(3) 1 Tim. I, 20.

(4) Il faut ici faire attention aux passages suivants : 1 Tim. VI, 3; 2 Tim. I, 12-14; IV, 3; 1 Cor. I, 10; Gal. I, 6-9; Ephes. II, 21; IV, 11–16; Tit. III, 10; 1 Cor. XI, 18, 19; 2 Thess. II, 14, 15; 2 Petr. II, 1, dans lesquels l'opposition est bien marquée; ainsi : ἀλήθεια, λόγος ἀληθείας, ὑγιαίνουσα διδασκαλία, ὑγιαίνοντες λόγοι, παραδόσεις, παραθήκη· πάντας τὸ αὐτὸ λέγειν· ἑνότης τῆς πίστεως· οἰκοδομὴ συναρμολογουμένου καὶ συμβιβαζομένου σώ ματος Κριστοῦ. Par contre lἕτερον Εὐαγγέλιον des ψευδοαπόστολοι et ψευδοδι δάσκαλοι, ἑτεροδιδασκαλοῦντες, αἱρετικοί, et l'influence pernicieuse de l'αίρεσις καὶ σχίσματα, qui est menacée de Γἀνάθεμα ἔστω.

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