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de la foi, sous le rapport du temps et de l'espace, ou le principe de la tradition, comme règle' de foi universelle et infaillible, que les Pères de l'Église mettent d'abord et toujours en avant dans leurs luttes contre l'esprit de séparation, les tendances à l'isolement et les conceptions partielles des hérésies. Et voici comment saint Irénée et Tertullien ont ré

sumé la doctrine de l'Église à cet égard :

1° Toute chose doit être vue dans son origine. La vraie doctrine du Christ doit donc être examinée d'après ses sources, savoir l'enseignement des apôtres, organes choisis par le Christ lui-même. Eux seuls ont connu toute vérité, et en ont confié le riche dépôt à l'Église fondée par eux 2.

2o Les apôtres sont morts; mais ils continuent à vivre et à enseigner par leurs successeurs, les évêques, qui conservent, comme le plus précieux des dépôts, la tradition apostolique et la sainte Écriture. On peut suivre dans les Églises apostoliques la série non interrompue des successeurs des apôtres, jusqu'au moment aetuel3.

3o Toutes les Églises fondées par les apôtres dans l'Asie Mineure, la Grèce et l'Italie, s'accordent aussi parfaitement dans leur doctrine que si elles demeuraient dans une même

schola (zipio, capio, eligo, censeo), les chrétiens et leurs adhérents qui, sans égard pour l'unité, l'universalité, l'immutabilité de la doctrine divinement révélée et maintenue par l'Esprit saint, changeaient, suivant leur sentiment personnel et leurs opinions propres, la doctrine chrétienne, comme s'il se fût agi des systèmes des écoles, et l'exposaient dans un sens contraire à la vérité et à la foi commune. C'est pourquoi Clem. Alexand. dit : ὅτι τῶν αἱρέσεων ἀναγκὴ τὴν ὀνομασίαν πρὸς ἀντιδιαστολὴν τῆς ἀλη θείας λέγεσθαι γιγνώσκομεν — αὐλοῦσι προίστασθαι διατριβῆς μᾶλλον ἡ ἐκκλη siac. Strom. VII. 15, p. 889. Ce contraste de l'uniformité de doctrine dans l'Église catholique et de la diversité des opinions dans les sectes séparées de son sein (ταὐτὰ μοὶ δόξαντες, ἑτεροδεξοῦντες) se trouve déjà marquée dans les plus anciens monuments de la littérature chrétienne, dans Ignat. ep. ad Smyrn., c. 6; dans Justin. Dial. c. Tryph. c. 48, ad fin. (Galland. Biblioth., t. I, p. 504).

(1) Cf. 2. Thess. II, 14, 15. Στήκετε, καὶ κρατεῖτε τὰς παραδόσεις, κ. τ. λο Polycarpi ep. ad Philipp. c. 7 (Patr. apostol. ed. Hifele, p. 121).

(2) Tertull. de Præscr. c. 28 et 27; Iren. Contra hær. III, 4, n. 1. (3) Iren. Contra hær. III, 3, n. 2 et 3. Tertull. 1. I, c. 32.

maison, que si elles n'avaient qu'un cœur, qu'une ame: irrécusable preuve de leur fidélité à conserver la verité apostolique. Car, comment cette unité entre des peuples si divers, dans des lieux si différents, serait-elle possible, si l'un ou l'autre avait dévié dans les sentiers de l'erreur? La paix, la fraternelle communion qui règnent entre toutes les Églises apostoliques est une autre preuve manifeste de cette unité de doctrine 1.

4° S'élève-t-il un doute sur quelque point de doctrine, il faut remonter aux Églises mères, aux Églises apostoliques, surtout à la glorieuse Église de Rome, avec laquelle il faut que toutes soient d'accord'. Toutes les Églises d'ailleurs nées même après les apôtres, ou n'ayant pas une origine apostolique, doivent être regardées comme apostoliques, du moment qu'elles s'accordent entre elles et avec Rome dans la même foi apostolique'.

5o Il y a plus : unie à l'Église romaine, l'Église tout entière a une garantie plus haute encore de la pureté de la tradition apostolique, en ce que, suivant la promesse du Sauveur, elle est perpétuellement assistée par l'Esprit saint, par l'Esprit de vérité. Elle est une création toujours nouvelle, qui ne vieillit et ne défaille jamais. Colonne et base de la vérité, selon le langage de l'Apôtre, l'Église est la seule règle infaillible de la vie religieuse, le seul préservatif contre les conceptions arbitraires, les imaginations désordonnées de l'esprit humain. L'union avec l'Église est la condition nécessaire dù salut promis par le Christianisme‘. « Celui-là n'a pas Dieu « pour père, dit saint Cyprien, qui n'a pas l'Église pour mère*. »

(1) Iren. Contra hær. I, 10, n. 2; Tertull. 1. I, c. 20, sub. fin. c. 28. (2) Iren. Contra hær. III, 4, n. 1, et III, 3, n. 2: «Ad hanc enim Ecclesiam propter potiorem (potentiorem) principalitatem necesse est omnem convenire Ecclesiam, hoc est, eos qui sunt undique fideles, etc. >>

(3) Tertull., 1. I, c. 32: « Ut multo posteriores (Ecclesia), quæ quotidie instituuntur, tamen in eadem fide conspirantes, non minus apostolicæ deputantur pro consanguinitate doctrinæ. » P. 243.

(4) Iren. Contra hær. III, 24, n. 1; Tertull. 1. I, c. 19.

(5) Cypr. de Unit. Ecclesiæ: «Habere jam non potest Deum patrem, qui

Pendant qu'on exposait ainsi d'un côté l'origine céleste de la doctrine catholique, datant du Christ, invariable jusqu'alors et partout unanime, et qu'on ramenait cette indéfectibilité à une cause toute divine, on remarquait d'un autre côté:

6° Qu'on peut toujours assigner une origine bien postérieure aux doctrines hérétiques qui, par conséquent, sont des inventions humaines, opposées, dès leur apparition, à la doctrine une de l'Église ';

7° Qu'on ne peut admettre l'appel que font les hérétiques à l'Écriture sainte, en rejetant la tradition et l'autorité de l'Église', parce que :

A. La parole vivante, la tradition est plus ancienne, plus générale que les Écritures, composées dans et d'après des circonstances spéciales;

B. Les Écritures n'appartiennent point aux hérétiques;

C. Elles ne peuvent être comprises sans la tradition qui les explique, et qui seule présente la doctrine complète du Christ. La lettre morte ne peut se passer de la parole vivante qui l'explique: l'Église seule, d'ailleurs, conserve intacte P'Écriture sainte, parce qu'elle la regarde, de même que la doctrine oralement révélée, comme l'expression de l'Esprit saint, qui a inspiré l'une et l'autre (papai JeóπvevOTAI, xavovizaí) et que seule elle en donne l'intelligence véritable '; κανονικαί) tandis que les hérétiques mutilent certains passages, en rejettent d'autres, et n'expliquent le tout que d'une manière subjective et arbitraire.

Cependant, cette tradition ne resta point simplement orale :

Ecclesiam non habet matrem.» (Opp. p. 397.) Cf. Ignat. ep. ad Polycarp.

c. 6.

(1) Iren. Contra hær. III, 4, n. 3; Tertull. 1. I, c. 29 et 30, et Adv. Prax. c. 2.

(2) Tertull. 1. I, c. 17, 19, 38. Cf. Iren. 1. 1. IV, 23, n. 8.

(3) Clem. Alexand. Strom. VII, 16, p. 894; Orig. Prolog. in Cant. cantic. (1. ΙΙΙ, p. 36). Le N. V. divisé en εὐαγγέλιον et ἀποστολικόν (ὁ ἀποστολής). Ignat. ep. ad Philad. c. 5; Tertull. adv. Prax. c. 15; Iren. Contra hær. 1, 3, n. 6; Clem. Alexand. Strom. V, 5, p. 664.

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elle fut de diverses manières fixée par l'Écriture, surtout par les Symboles de foi. Outre l'antique Symbole des Apôtres, les symboles de Rome, d'Aquilée, d'Orient et d'Antioche“, et plusieurs symboles particuliers qu'on trouve dans Irénée, Tertullien, Origène', Grégoire le Thaumaturge', eurent tous leur signification, leur portée et leur forme spéciale, déterminées par les opinions particulières des hérétiques auxquels ils étaient opposés.

§ 77. · Doctrine de l'Église sur l'unité de Dieu.

L'Église catholique fut portée à exposer, d'une manière plus précise, sa doctrine sur Dieu, d'un côté pour combattre le polythéisme et la fatalité des païens, la théorie de l'émanation et le dualisme des gnostiques et des Manichéens; de l'autre, pour répondre à l'accusation d'athéisme dirigée contre les chrétiens. Elle posa nettement l'unité de Dieu' contre les païens. Elle combattit rudement le dualisme des gnostiques 10, rejeta le Démiurge ou l'Archon, créateurs du monde; exposa clairement le dogme du Dieu un, et de la création du monde, tiré, non d'une matière préexistante et par des émanations successives, mais du néant, et créé bon et tel qu'il devait être ". Elle enseigna, enfin, que le mal n'a

(1) Rufin. Expos. in Symb. App. (Opp. Cypr. supp. p. CLXXXV). (2) Maria de Rubeis, Monum. Eccl. Aquil. p. 67.

(3) Rufin compare le symbole d'Aquilée à celui de Rome et d'Orient (Opp. Cypr. suppl. CLXXXIV).

(4) Ludov. Ruelius, Concilior. illustrat. t. 1, p. 904.

(5) Iren. Contra hær. I, 10, n. 1, p. 48.

(6) Tertull. de Virg. veland. c. 1; Adv. Prax. c. 2; de Præscr. c. 13.

(7) Orig. de Princip. præfat. n. 4 sq. (Opp. t. 1, p. 47 sq.).

(8) Greg. Thaumat. Expos. fid. (Opp. Paris., 1622. Galland. Biblioth. t. III, p. 385 sq.).

(9) Athenag. Legat. pro Christ. c. 8. Cypr. de Idolor. van. (Opp. p. 450 sq.).

(10) Tertull. Adv. Marcion. I, 3, 4, 5, 11. Cf. le symbole dans Irénée

et Tertull.

(11) Tertull. Adv. Hermog. c. 5. Hermas, Past. (cité souv. comme l'Écrit.) dans Iren. Contra hær. IV, 20, n. 2, p. 253 sq. Theophil. Adv.

pas sa racine dans la matière, mais qu'il est une suite de l'abus de la liberté humaine'. Ainsi fut rejetée aussi la distinction gnostique des hommes pneumatiques, psychiques et physiques, et il fut clairement démontré que les divers degrés du développement moral et intellectuel de l'homme dépendent de l'usage qu'il fait de sa liberté.

§ 78.

Doctrine de l'Église sur le Christ, comme rédempteur.
Sa divinité. Son humanité.

Klee, Hist. des dogmes, t. I, p. 184. Mohler, Athan. le Gr. et l'Église de son temps. Mayence, 1827, P. 1, p. 1–116. Staudenmaier, Philos. du Christ. t. I, p. 342-55, 462-83.

L'Église catholique nous a déjà fait connaître sa foi quant au Christ, en rejetant les doctrines de Simon le Mage, des Ébionites, des Artémonites, des Théodotiens, des Pauliniens, en répondant au reproche d'inconséquence et de polythéisme que les païens adressaient aux chrétiens, adorateurs du Christ. Elle nous l'enseigne d'une manière plus positive encore quand elle nous déclare que le Christ est la victime qui a réconcilié les hommes avec Dieu; que le fidèle obtient la rémission de ses péchés par les seuls mérites du Christ'; que le Christ est le principe de toute vertu, de toute vie divine, et qu'en lui seul l'homme est véritablement uni à Dieu.

Ces propositions dogmatiques supposent nécessairement la foi en Jésus-Christ comme vrai Dieu; divinité qui est d'ailleurs expressément enseignée et clairement exposée dans les circonstances les plus diverses".

Autolyc. I, 3, 5. (Publ. avec les apol. grecs p. Prudent. Maranus. Paris., 1742; Ven., 1747, dans Galland. Biblioth. t. II, p. 78 sq.)

(1) Iren. Contra hær. III, 22; V, 20; Tertull. de Anima, c. 40. (2) Iren. Contra hær. IV, 37; V, 6; Justin. Apol. 2, c. 7.

(3) Clem. Rom. ep. I. ad Corinth. c. 12; Justin. Mart. Dial. e. Tryph. c. 95; Iren. Contra hær. V, 1; V. 17, n. 1-3, p. 313 sq.; Tertull. de Fuga, c. 12; Adv. Jud. c. 10 et 13: on trouve déjà chez lui l'expression satisfactio. Orig. in Numer. homil. XXIV, n. 1 (Opp. t. II, p. 362). In Levit. homil. III, 8 (t. II, p. 198).

(4) Clément d'Alex. parle de lui comme de Osos óyos, & pavepúτatos

T. I.

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