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En Occident, les athlètes de la foi étaient le pape Damase, et l'intrépide et pieux évêque de Milan, Ambroise. La paix fut consolidée, et les efforts de tous ces généreux confesseurs, de tous ces docteurs illustres, pleinement justifiés par le concile réuni à Constantinople, sous l'autorité de Théodose [381].

Ce concile nombreux, que le consentement du pape et des évêques d'Occident éleva au rang de deuxième œcuménique, confirma les décisions du concile de Nicée et déclara solennellement, contre les Macédoniens semi-ariens, que le SaintEsprit doit être adoré comme le Père, Théodose ayant, comme nous l'avons dit, promulgué des lois civiles pour assurer la réalisation de ces décrets [384]. L'arianisme disparut de l'empire romain, pour se réfugier parmi les Barbares, Goths, Vandales, Lombards, qui s'avançaient de toutes parts, et dont il sera question dans l'histoire de la seconde époque.

§ 113.

Controverses dépendantes de l'arianisme; Photin,
Apollinaire, Macédonius.

Quelques expressions obscures firent accuser de sabellianisme et même déposer1 Marcel, évêque d'Ancyre, un des plus fermes défenseurs du symbole de Nicée. Un de ses disciples, Photin, diacre à Ancyre, et plus tard évêque de Sirmium, enseigna une erreur manifeste [341], en prétendant que le Logos n'était point une personne, mais une vertu divine, qui se manifesta dans Jésus. Jésus n'était qu'un homme; Dieu l'adopta comme fils à cause de ses vertus; dès

(1) Le principal écrit de Marcell. de Subjectione Domini Christi, dont des fragm. dans Rettberg, Marcelliana, etc. Gœtt., 1794. Il reste des écrits de son adversaire: Euseb. Casar. Κατὰ Μαρκέλλου et Περὶ τῆς ἐκκλησιαστι xñ; Oecλcyíz;, après Euseb. Demonstr. evang. Paris., 1628; pour lui Athan. contra Arianos, n. 21-35; de Synod. n. 26 sq. (t. I, p. 589 sq.) Epiphan. Hær. 72 (t. I, p. 833 sq.); Socrat. Hist. ecclesiat. II, 19; Hieron. de Viris illustr. c. 107. Ce qu'il y a de mieux, c'est Marcel défendu par Montfaucon, Diatrib. de causa Marcelli Ancyr. (ejusd. Coll. nova PP. t. II, p. 51 sq. Paris., 1707; Opp. Athanas. t. III, p. 33-41). Cf. Mæhler, Athanas. t. II, p. 22-36, p. 71.

qu'il aura rendu le pouvoir au Père, le Logos se séparera de lui. Photin s'appuyait, pour soutenir son erreur, sur les textes de 1 Timot. II, 5; 1 Corinth., XV, 47; Jean, I, 1; Gen., I, 26; Dan., VII, 15. Les semi-ariens le condamnèrent à Antioche [345] et les orthodoxes à Milan [347 ou 49]. Enfin les Eusébiens le déposèrent au premier synode de Syrmium [351], pour avoir condamné de nouveau les opinions sabelliennes sur l'extension et la concentration de la substance divine'. Cette condamnation fut renouvelée par plusieurs autres conciles et par celui de Constantinople [381] de la manière la plus définitive, ce qui n'empêcha pas que cette hérésie ne menaçât de reparaître dans Bonose, évêque de Sardique.

Les deux Apollinaire de Laodicée avaient bien mérité de l'Église catholique par les apologies du Christianisme qu'ils avaient composées contre les philosophes païens, et par la persévérance avec laquelle ils avaient défendu l'égalité de substance du Père et du Fils contre les Ariens. Mais en s'efforçant de conserver, dans toute son intégrité, la doctrine de l'unité de la nature divine et humaine dans le Christ, ils tombèrent dans une erreur opposée. La doctrine d'Arius avait surtout porté sur la Trinité et le rapport du Verbe avec le Père. Celle d'Apollinaire porta principalement sur le Verbe fait homme. S'attachant à l'hypothèse de la trichotomie platonicienne de l'homme (σῶμα, ψυχή - πνεῦμα οι νους ) et à la doctrine du traducianisme', Apollinaire disait : « Le

(1) Athanas. de Synod. n. 27, expose une formule de foi accompagnée de vingt-cinq anathèmes projetés contre Photin. L'Anath. VI est ainsi conçu : Εἴ τις τὴν οὐσίαν τοῦ Θεοῦ πλατύνεσθαι ἡ συστέλλεσθαι φάσκοι, ἀνάθεμα ἔστω. VII : Εἴ τις πλατυνομένην τὴν οὐσίαν τοῦ Θεοῦ τὸν υἱὸν λέγοι ποιεῖν, ἢ τὸν πλατυσμὸν τῆς οὐσίας αὐτοῦ υἱὸν ὀνομάζει, ἀνάθεμα ἔστω. — VIII : Ε τις ἐνδιάθετον ἢ προφορικὸν λόγον λέγει τὸν υἱὸν τοῦ Θεοῦ, ἀνάθεμα ἔστω. (Opp. t. I, p. 593.) Klose, Hist. et Doctr. de Marcell. et Photin. Hamb., 1837. (2) Mansi, t. III, p. 179 sq.; Hilarius, de Trinit. VII, 3, 7; Augustin. de Hæresib. c. 45.

(3) Sur le Traducianisme et sa doctrine opposée de la Création, voy. Günther, École prép. à la théol. spécul. P. II, p. 137. Vienne, 1829. Schütz, du Générationisme et du Créationisme (Anticelsus, 1842, P. IV, p. 34-74). Pabst, Adam et le Christ. Vienne, 1835, p. 225-32.

Christ, il est vrai, a eu un corps humain et une ↓ux hu«maine; mais en place du πνεῦμα humain, le λόγος divin << était en lui. Car, en admettant le contraire, ou on admet << deux fils de Dieu, deux personnes engendrées de Dieu, ou << on ne voit dans le Christ qu'un pur homme, soutenu par le «λó20s. On a donc un dilemme insoluble ou il faut nier « que le Christ ait été sans péché, ou, si l'on admet son impec«< cabilité et en même temps son union parfaite avec le λyos, << on nie la liberté humaine, l'attribut essentiel de l'être rai<< sonnable; et, dans ce cas, nous aurions été rachetés par << un homme; la Rédemption serait inefficace. »>

Athanase et Grégoire de Nysse, combattant cette erreur, démontrèrent avec force la nécessité de l'union réelle de l'humanité et de la divinité dans le corps, l'esprit et l'âme du Christ'. Augustin la démontra plus tard, avec sa sagacité ordinaire, d'une manière plus évidente encore. Le concile d'Alexandrie [362], et celui de Rome, tenu sous le pape Damase [378], rejetèrent la doctrine d'Apollinaire, et ce jugement fut confirmé par les conciles d'Antioche [379] et de Constantinople [381]', qui proclamèrent avec force que le Christ est homme parfait, comme il est Dieu parfait. La secte des Apollinaristes, fractionnée, s'évanouit à la fin du IIIe siècle.

Jusqu'à cette époque, on n'avait encore touché qu'accessoirement à la doctrine du Saint-Esprit, dont les Ariens cependant niaient la divinité. Mais lorsqu'Athanase, Hilaire de Poitiers et Basile le Grand' eurent démontré, dans leurs

(1) On trouve déjà une indication de cette erreur (non pas sous son nom, il est vrai) dans Epist. synod. conc. Alex. ann. 362, auquel assistèrent des envoyés de l'évêque Appollinaire : Ωμολόγουν γὰρ καὶ τοῦτο, ὅτι οὐ σῶμα ἄψυχον, εὔδ' ἀναίσθητον, οὐδ ̓ ἀνόητον εἶχεν ὁ Σωτήρ. Fragm. d'Apoll. tirés des écrits de ses advers. dans Galland. t. XII, p. 706 sq. La réfutation la plus forte : Greg. Nyss. Λόγος ἀντιῤῥητικὸς πρὸς τὰ Απολλιναρίου dans Galland. t. VI, p. 517 sq. Athanas. Ep. ad Epictetum, contra Apollin. lib. II. Mohler, Athan. t. II, p. 372.

(2) Concil. Constantinop. can. VII (Mansi, t. III, p. 563; Harduin. t. 1, p. 811.)

(3) Basilii Max. Пepi toũ άyícu Пvεúμz; ad Amphilochium.

T. I.

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écrits, le rapport de la divinité du Verbe et du Saint-Esprit, on exigea de tous les Ariens qui revenaient à l'Église de déclarer que le Saint-Esprit n'est pas une créature. C'est pourquoi on les nomma d'abord ennemis du Saint-Esprit (VEUμaτóμaxo). Lorsque le semi-arien Macédonius, évêque de Constantinople [341-60], se mit à leur tête, on les appela Macédoniens. Cette opinion, expressément formulée, choqua beaucoup de semi-ariens1, dont jusqu'alors la croyance sur ce dogme était vague, et qui se séparèrent de la secte et se rapprochèrent de la foi de Nicée. Alors parut plus évidente encore la différence des opinions des Macédoniens et des Anoméens, et leur doctrine fut expressément condamnée par le concile œcuménique de Constantinople [381]*. On y proclama solennellement un Dieu trois personnes en Dieu (únоoτάoas), le Père, le Fils qui est engendré, l'Esprit saint

(1) Philastrius, de Hæresibus c. 20: « Semiariani sunt quoque; ii de Patre et Filio bene sentiunt, unam qualitatis substantiam, unam divinitatem esse credentes: Spiritum autem non de divina substantia, nec Deum verum, sed factum atque creatum spiritum prædicantes, ut eum conjungant et comparent creaturæ, etc. » (Max. Biblioth. vett. Patr. t. V, 708). Déjà Origène, dans la première période, déclare contre cela : « Alius enim a Patre Filius, et non idem Filius qui et Pater, sicut ipse in Evang. dicit (Joan. VIII, 18). Alius enim et ipse est a Patre et a Filio, sicut et de ipso nihilominus in Evang. (Joan. XIV, 16) dicitur Mittet vobis Pater alium Paracletum, Spiritum veritatis. Est ergo hæc trium distinctio personarum in Patre et Filio et Spiritu sancto, quæ ad pluralitatem puteorum (Prov. V, 15) revocatur. Sed horum puteorum unus est fons. Una enim substantia est et natura Trinitatis. » Homil. XII in Num. n. 1 (Opp. t. II, p. 312.)- Et Greg. Thaumaturg., son élève, dit dans son Expositio fidei : « Trinitas perfecta, quæ gloria et æternitate ac regno atque imperio non dividitur, neque abalienatur; non igitur creatum quid aut servum in Trinitate, neque superinductitium aliquid et adventitium, quasi prius non existens, posterius vero adveniens. Non ergo defuit unquam Filius Patri, neque Filio Spiritus; sed immutabilis et invariabilis eadem semper manet Trinitas. » (Galland. Biblioth. t. 1, p. 386.) Cf. Novatiani lib. de Trinit. (Galland. Biblioth. t. III, p. 287 sq.).

(*) Symb. Nicæno-Constantinop. complète le symbole de Nicée sur le Saint-Esprit : (Πιστεύομεν) καὶ εἰς τὸ Πνεῦμα τὸ ἅγιον, τὸ κύριον, τὸ ζωοποιόν, τὸ ἐκ τοῦ Πατρὸς ἐκπορευόμενον, τὸ σὺν Πατρί καὶ Υἱῷ συμπροσκυνούμενον, καὶ συνδοξαζόμενον, τὸ λαλῆσαν διὰ τῶν προφητῶν. (Harduin. t. I, p. 814; Mansi, t. III, p. 565.)

qui procède des deux. Ce dogme de la sainte Trinité, fondement et sommaire de la foi catholique, est complétement formulé dans ce qu'on appelle le symbole de saint Athanase*.

(*) Voyez ses recherches complètes sur ce symbole, sa rédaction primitive en latin, les traductions en grec s'écartant du texte original, Diatrib. in symbol.: «Quicunque vult salvus esse.» (Opp. S. Athanas., t. II, p. 652-667.) Voici le texte du symbole : Quicumque vult salvus esse ante omnia opus est, ut teneat catholicam fidem. Quam nisi quisque integram inviolatamque servaverit, absque dubio in æternum peribit. Fides autem catholica hæc est: ut unum Deum in Trinitate, et Tritatem in unitate veneremur.

Neque confundentes personas, neque substantiam separantes.
Alia est enim persona Patris, alia Filii, alia Spiritus sancti.

Sed Patris, et Filii, et Spiritus sancti una est divinitas, æqualis gloria, coæterna majestas.

Qualis Pater, talis Filius, talis Spiritus sanctus.

Increatus Pater, increatus Filius, increatus Spiritus sanctus.
Immensus Pater, immensus Filius, immensus Spiritus sanctus.
Eternus Pater, æternus Filius, æternus Spiritus sanctus.

Et tamen non tres æterni, sed unus æternus. Sicut non tres increati, nec tres immensi, sed unus increatus et unus immensus.

Similiter omnipotens Pater, omnipotens Filius, omnipotens Spiritus

sanctus.

Et tamen non tres omnipotentes, sed unus omnipotens.

Ita Deus Pater, Deus Filius, Deus Spiritus sanctus.

Et tamen non tres dii, sed unus est Deus.

Ita Dominus Pater, Dominus Filius, Dominus Spiritus sanctus.

Et tamen non tres Domini, sed unus est Dominus. Quia sicut singillatim unamquamque personam Deum ac Dominum confiteri christiana veritate compellimur; ita tres Deos aut Dominos dicere catholica religione prohibemur.

Pater a nullo est factus, nec creatus, nec genitus.

Spiritus sanctus a Patre et Filio, non factus, nec creatus, nec genitus, sed procedens.

Unus ergo Pater, non tres Patres; unus Filius, non tres Filii; unus Spiritus sanctus, non tres Spiritus sancti.

Et in hac Trinitate nihil prius aut posterius, nihil majus aut minus; sed totæ tres personæ coæternæ sibi sunt et coæquales.

Ita ut per omnia, sicut jam supra dictum est, et unitas in Trinitate, et Trinitas in unitate veneranda sit.

Qui vult ergo salvus esse, ita de Trinitate sentiat.

Sed necessarium est ad æternam salutem, ut incarnationem quoque Domini nostri Jesu Christi fideliter credat.

Est ergo fides recta, ut credamus et confiteamur quia Dominus noster Jesus Christus Dei Filius, Deus et homo est.

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