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l'humanité la conscience primitive qu'elle avait de Dieu; et la religion qu'il annonça, toute pénétrée de l'esprit de l'amour (religio per eminentiam), dut nécessairement unir les cœurs qu'elle toucha et former ainsi une société vivante.

Ceux qui adhérèrent à la religion du Christ durent former non-seulement une société intérieure, mais encore, suivant sa volonté expresse, une société extérieure, qu'il nomma, d'après les précédents de l'Ancien Testament, l'Église ( Exzλnoia), c'est-à-dire la société de tous les élus (xnToi), tirés d'un monde pécheur, et appelés à rentrer en union avec Dieu dans le royaume de l'éternelle filicité (βασιλεία τοῦ Θεοῦ, τῶν οὐρα VOY, TOU XOTO). Considérée plus positivement encore sous le point de vue historique, l'Église chrétienne est la société visible des adorateurs du Christ, qui, assistée du Saint-Esprit, et conservant les moyens de salut établis par son chef, propage et accomplit l'œuvre fondée par Jésus-Christ pour délivrer et sanctifier l'homme, l'unir au Père (sint unum3), et réaliser ainsi le royaume de Dieu sur la terre.

$2. Véritable Église chrétienne.

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du Christianisme.

Sectes particulières

Le but de l'Église était non-seulement de conserver purs et intacts les moyens de salut qui lui étaient confiés, mais encore de les faire pénétrer jusque dans les profondeurs de la vie

(1) Schlosser, Observ. sur la constitution et le pouvoir de l'État, par Fiévée, p. 185 sq. Francfort, 1816. Rothe, Commencements de l'Église chret., t. I, p. 2-5.

(2) Matth. XVI, 18; XVIII, 47.

(3) Matth. XX, 16; Rom. VIII, 28; 1 Cor. 1, 24; Eph. 1, 4; Thess. II, 12. (4) On retrouve l'étymologie du mot église dans le grec izinsia. Le mot allemand kirche remonte aussi à la mème langue rò xupixxòv, scilicet av, sive zupizzń, sc. cizíz. Les Grecs transmirent aux Goths, avec la connaissance du Christianisme, le mot kyrch, qui indiquait d'abord les communautés chrétiennes aussi bien que l'édifice sacré. On retrouve ce terme, non-sculement dans les idiomes germains, en suédois kyrka, en danois kyrke, mais aussi chez les Slaves convertis par les Grecs. En polonais on a cerkiew.

(5) Jean XVII, 21; Rom. XII, 5.

intellectuelle et morale de l'humanité, pour vivifier l'homme tout entier et l'animer dans ses rapports, ses actions et ses œuvres. Mais ces moyens divins furent souvent mal compris, leur caractère céleste et invariable fut trop souvent perverti. Il n'en pouvait être autrement, car un grand nombre de ceux qui embrassaient le Christianisme n'avaient ni le développement spirituel suffisant pour les comprendre, ni le respect des choses divines nécessaires pour les réaliser. Dès lors il aurait pu, à travers le cours des siècles et parmi les peuples divers, naître une telle diversité dans la manière de comprendre et de représenter ces moyens de salut nécessairement uns comme Dieu et l'humanité, leur objet (unus Dominus, una fides, unum baptisma1), qu'il eût été impossible d'en reconnaître l'origine et le sens primitif.

Il fallait donc que l'Église, et il semble que c'est un complément nécessaire de son institution divine', fût en même temps pour les hommes le criterium général et nécessaire de ce qui est vrai et divin d'origine. Et telle fut la mission du sacerdoce chrétien, de l'autorité doctrinale infaillible, divinement instituée et inspirée pour s'élever dans ses décisions audessus du cercle étroit et imparfait des opinions humaines, et les ramener sans cesse à leur principe éternel'. C'est par là que l'Église, colonne et base de la vérité (1 Tim. III, 15) ayant une règle infaillible pour discerner et juger les hérésies, put distinguer avec certitude tous ceux qui ne lui appartenaient point (of 4). Dès que l'ordre institué par Jésus-Christ

(1) Ephes. IV, 5 sq.- (2) Luc. XIV, 28 sq.

(3) Cf. Hilar. de Trinit. XI, 1. Ce qu'il dit se lie avec les passages suivants, Ephes. IV, 5: «Unus Dominus, una fides, unum baptisma, etc.>> «Non enim ambiguis nos et erraticis indefinitæ doctrinæ studiis dereliquit, vel incertis opinionibus ingenia humana permisit, statutis per se et oppositis obicibus libertatem intelligentiæ voluntatisque concludens : ut sapere nos, nisi ad id tantum quod prædicatum a se fuerat, non sineret, cum per definitam fidei indemutabilis constitutionem credi ali er atque aliter non liceret. » Déjà le païen Séneque avait dit, Ep. 102: « Veritatis una vis, una facies est; -nunquam falsis constantia. » (Opp. ed. Bipont., vol. IV, p. 30.)

(4) 1 Cor. V, 12; 1 Jean II, 19.

était altéré, quant à l'unité de la doctrine, il y avait séparation, hérésie (aires). L'Église retranchait de son sein les auteurs de l'hérésie et ses partisans, de peur qu'ils n'entamassent la société entière, comme on sépare du corps, de peur d'une corruption générale, les membres gangrenés et incurables. Ne méconnaissait-on l'ordre divin que dans la forme et la discipline de l'Église; alors, d'ordinaire, les auteurs et les adhérents de l'erreur se séparaient eux-mêmes de l'unité de charité il y avait scission, schisme (σxioμa)'.

Il ne faut pas confondre avec le schisme et l'hérésie les dissidences théologiques (dissidia theolog.). Celles-ci ne portent que sur la forme de la science théologique, sans en altérer nécessairement le contenu, ou sur des opinions probables et controversées (theologomena), qui n'ont point été expressément et doctrinalement résolues par l'Église et qui ne contredisent point l'ensemble de la doctrine chrétienne'.

Sous le point de vue politique une société religieuse ne reçoit le nom d'Église qu'autant qu'elle est reconnue par un État; hors de là on la nomme secte.

§3.-Histoire.

Histoire ecclésiastique chrétienne.

Ce qui s'est passé dans la sphère des choses temporaires forme l'histoire, dans son sens le plus général. Cependant tout ce qui arrive n'appartient point à l'histoire : les événements importants, qui excitent ou promettent un intérêt moral, sont seuls de son ressort; et c'est pourquoi son objet principal est l'homme, considéré en lui-même, dans ses rapports nécessaires avec l'État et l'Église, et principalement dans sa direction morale et spirituelle. Dès lors l'histoire, comme fait, est le développement de l'esprit humain, tel

(1) Sur la différence entre l'hérésie et le schisme, voy. Augustin. advers. Crescon. grammatic. Donatist., lib. II, c. 3 sq. (Opp. ed. Bened. in-4. Bassani, t. XII, p. 520 sq.)

(2) Saint Augustin parle tout à fait dans l'esprit de l'Eglise lorsqu'il dit : « In necessariis unitas, in dubiis libertas, in omnibus caritas. »>

t

qu'il se manifeste dans ses relations sociales et ses rapports publics avec l'État; comme science, elle est l'intelligence de ce développement; comme art, elle en est la reproduction ou la représentation par la parole (histoire proprement dite). C'est dans ces limites qu'était restreinte l'histoire des temps antérieurs au Christianisme, qui ne considérait que l'homme terrestre : aussi ne pouvait-il être question alors d'histoire ecclésiastique, puisque les choses spirituelles et matérielles, religieuses et nationales, l'Église et l'État étaient encore confondus. L'histoire était toute politique. L'histoire de l'Église ne commence qu'avec le Christianisme, qui sépare, comme ils doivent l'être, l'Église et l'État. Les événements du domaine reli– gieux sont d'ailleurs bien moins intéressants dans les temps antérieurs au Christianisme que depuis cette époque. Tout, chez les peuples anciens, dans leurs luttes, leurs tendances et leurs efforts, converge vers l'État; la religion n'est point le principe vivant de l'activité sociale.

De nos jours encore, trop souvent, l'histoire reste ainsi limitée dans la sphère de l'homme, qu'on fait le centre de tout, et à qui on rapporte tout honneur et toute gloire. Mais Mohler pense que, partant du principe fondamental du Christianisme, il faut définir l'histoire : « La réalisation dans <«<le temps du plan éternel de Dieu, disposant l'homme, par <«<le Christ, au culte et à l'adoration qui sont dignes de la « majesté du Créateur et de la liberté de la créature intelli<< gente. Montrer, ajoute-t-il, comment l'esprit du Christ « s'est introduit dans la vie commune de l'humanité et se « développe dans la famille, les peuples, les États, dans l'art « et dans la science, pour en former des instruments de la « gloire de Dieu, tel est le but de l'histoire chrétienne 1. »

Et l'on tiendra d'autant plus à cette manière de concevoir l'histoire, qu'on sera plus convaincu que l'esprit chrétien, l'esprit éclairé, transfiguré par la lumière de la révélation divine, peut seul reconnaître et suivre la conduite de la Pro

(1) Ad loc. cit., p. 263–271.

vidence dans l'histoire du monde, avant et après la venue du Christ'.

Car personne, ni dans le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre, ne peut ouvrir le Livre, ni même le regarder, si ce n'est le Lion de la tribu de Juda, le Rejeton de David, l'Agneau qui a été immolé 2.

De là il résulte : 1° que si, d'après la définition donnée plus haut, l'histoire est le récit des choses temporaires, T'Église chrétienne ne peut, dans ce sens, entrer dans le domaine de l'histoire, puisqu'elle est une institution divine, absolue et immuable comme Dieu même; mais qu'elle devient nécessairement historique, temporaire et changeante, d'après sa destination et son but, qui est d'entrer en rapport avec l'homme, être essentiellement historique, soumis au temps et à l'espace; 2° que la conduite providentielle de l'humanité dans le temps, avant et après Jésus-Christ, ou l'histoire du monde et l'histoire du Christianisme, sont dans un rapport intime, analogue à celui de la préparation et de la consommation (στοιχεία του κοσμου, elementa mundi, en opposition avec йwux rouxporo), et qu'ainsi on ne peut, en faisant l'histoire de l'Église chrétienne, entièrement passer sous silence la période de préparation". D'après

(4) Cf. l'Essai intitulé: La Conscience chrét. considérée comme la lumière qui nous fait comprendre le paganisme. Revue théol. de Fribourg, t. VIII, p. 49-87. Allem.

(2) Apoc. V, 3, 5.—(3) Gal. IV, 3, 9; Col. II, 8, 20.- (4) Gal. IV, 4 ; Eph. 1, 10.

(5) Épiphane dit à ce point de vue : Ἡ νῦν πίστις ἐμπολιτευομένη ἐν τῇ ἄρτι ἁγίᾳ τοῦ Θεοῦ καθολική Εκκλησίᾳ, ἀπ' ἀρχῆς οὖσα, καὶ ὕστερον πάλιν ἀποκα. λυφ εἶσα. Τῷ γὰρ βουλομένῳ φιλαλήθως ἰδεῖν, ἀρχὴ πάντων ἐστὶν ἡ κατολικὴ zai áɣix Exxancíaz. (Hæres., lib. I. nr. V.) De même Augustin de Civ. Dei, lib. XVIII, c. 51, sub finem: « Sic in hoc sæculo, in his diebus malis, non solum a tempore corporalis præ entiæ Christi et Apostolorum ejus, sed ab ipso Abel, quem primum justum impius frater occidit et deinceps usque in hujus sæculi finem inter persecutiones mundi et consolationes Dei peregrinando procurrit Ecclesia. » Il ajoute (Retractat., lib. I, c. 13): « Res ipsa, quae nunc christiana religio nuncupatur, erat et apud antiquos, nec defuit ab initio generis humani, quousque ipse Christus veniret in carne; unde vere religio, quæ jam erat, cœpit appel

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