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des diptyques de sa propre église', tandis qu'on avait substitué à son nom celui de Cyrille d'Alexandrie. Le pape et les évêques qui s'entendaient avec lui furent bannis. Bientôt diverses sollicitations firent retomber Vigile dans ses anciennes incertitudes. Il consentit à la condamnation des trois chapitres', dans lesquels, disait-il, on avait mis une certaine opiniâtreté à soutenir des erreurs dangereuses. Il retournait à Rome, quand il mourut en route. Son successeur Pélage trouva l'Occident trèsopposé au cinquième concile œcuménique qu'il avait admis, et fut même dans le cas de rendre compte à toute l'Église de l'orthodoxie de sa foi'.

Le schisme que firent naître les évêques du nord de l'Italie, de la Gaule et de l'Espagne, ne fut que partiellement éteint par les soins de Grégoire le Grand.

§ 123.— Établissement d'une église monophysite indépendante.

Le but du concile de Constantinople, qui avait été d'unir les monophysites à l'Église catholique, n'avait pas été mieux atteint en Orient qu'en Occident. L'empereur surtout y avait nui, en proclamant dans son zèle religieux, et immédiatement avant sa mort, par un édit impérial, l'orthodoxie des aphthartodocètes [564]. Les tentatives de son successeur Justin II furent tout aussi illusoires, lorsque, par un édit [565], il ordonna l'oubli de toutes les contestations nouvelles, et engagea les chrétiens à se contenter de louer le Sauveur, sans chercher à s'en faire des représentations nettes et distinctes". Bien plus,

(1) Cf. Mansi, t. IX, p. 286; Harduin. t. III, p. 131. Dans la collatio (Sessio) V de ce concile sont réunis un grand nombre de Testimonia vetera contra Theodorum.

(2) Cf. Harduin. t. III, p. 213 sq.; Mansi, t. IX, p. 413 sq.; les ep. Vigilii ad Eutych. patriarch. Constant. ed. de Marca, in Dissert. de decreto Papæ Vigilii pro confirmat. synodi V (De Marcæ Dissert. a Baluz. edit. Paris., 1689, in-8, et in de Marca, Concordia sacerdotii et imperii, ed. Bæhmer, p. 227).

(3) Mansi, t. IX, p. 433 sq.; Harduin. t. III, p. 421 sq. (4) Evagrius, Hist. ecclesiast. V, 4; Nicephor. XVII, 35.

T. J.

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les monophysites, persistant dans leur séparation, se formèrent alors en église indépendante, en opposant une contreélection à celle du patriarche catholique d'Alexandrie, Paul, nommé par Justinien.

Les monophysites continuèrent à vivre en une église séparée sous le nom de Coptes, et attirèrent à leur communion l'église d'Éthiopie1. Les Perses les favorisèrent en Arménie par opposition aux Romains2. Dans un synode tenu en 536 à Thévis, on adopta publiquement le monophysisme, et, vers 600, les monophysites se séparèrent définitivement et complétement du concile de Chalcédoine et de l'Église.

Jacob Baradai (Zanzale) fut un des sectaires les plus actifs du parti des monophysites, en Syrie et en Mésopotamie [541-78], et de là le nom de Jacobites que reçurent les monophysites syriens3.

§ 124.

Hérésie des monothélites. Conséquences de l'Eutychianisme; Maxime; le sixième concile œcuménique.

Documents dans Mansi, t. X et XI; Harduin. t. III, p. 1044 sq. Anastasii bibliothecarii [vers 870] collectanea de iis quæ spectant ad hist. Monothelitarum, ed. Sirmond. Paris., 1620. Galland. t. XIII, p. 32 sq. Nicephori [patr. de Constantin. † 828] Breviar. hist. [1602-1769] ed. Petavius. Paris., 1616.

Combefisii Hist. hær. Monothelit. novum auctarium. Biblioth. PP. t. II. Tamagnini Celebris hist. Monothelit. et Honorii controvers. scrutin. VIII, comprehensa. Paris., 1678. Jacq. Chmel, Dissert. de ortu et progressu Monothelit. dans ses Vindicia Concilii acumen. VI. Praga, 1777. Walch, Hist. des hér. t. IX, p. 3 sq. Fleury. Hist. ecclésiast. liv. XXXVIII.

Les vains efforts de Justinien et de Justin II n'arrêtèrent pas,

(1) Le Quien, Oriens Christian. etc. (Paris., 1740, 3 t. in-f.), t. II, p. 357 sq. Renaudot, Hist. patriarcharum Alexandrinor. Jacobitarum. Paris., 1713, in-4. Takieddini-Makrizii [jurisc. au Caire, † 1441] Hist. Coptorum christianor. in Egypto, arabice et lat. ed. Wetzer. Solisb., 1828. Ami de la Religion, 1841, p. 750.

(2) Saint-Martin, Mémoires sur l'Arménie (Paris, 1828-1829, 2 t.), t. I, p. 329 sq. Galani, Hist. Armena ecclesiast, et polit. Colon., 1686; Francof., 1701, in-8.

(3) Assemanni Dissert. de Syris Nestorianis. Biblioth. orient. t. III, P. II. Cf. Le Quien, Oriens Christian. II.

plus tard, l'empereur Héraclius dans le projet de réunir les monophysites et les catholiques. Sa puissance ayant été rétablie en Syrie et en Arménie, il voulut ramener à l'Église de l'État les nombreux monophysites qui vivaient dans ces provinces. Théodore, évêque de Pharan, en Arabie, et Sergius, patriarche de Constantinople, lui inspirèrent probablement la pensée que les deux partis se calmeraient plus tôt si on leur proposait de n'admettre dans le Christ, avec deux natures, qu'une seule opération (evépyea); il défendit, dès 622, dans une lettre adressée au métropolitain de Chypre, Arcade, de parler de deux opérations dans le Christ'. Cette opinion se fondait sur cette autre erreur : tout ce qui se fait par les deux natures doit être attribué au Logos, de sorte que la volonté humaine est absorbée dans la volonté divine... ce qui n'était qu'une forme nouvelle de l'eutychianisme. La vérité, qui planait obscurément devant leurs yeux, c'est qu'on ne peut concevoir dans le Christ qu'une direction de la volonté, mais une direction divino-humaine. Cyrus, évêque d'Alexandrie, gagna en effet les Théodosiens de son diocèse [633]; mais Sophronius s'opposa à une réunion qui n'était fondée que sur l'erreur. Ce moine plein de pénétration, qui, plus tard, fut patriarche de Jérusalem, défendit d'abord oralement à Alexandrie, plus tard dans une lettre synodale' forte et solide, la doctrine des deux volontés, et qualifia d'erreur eutychienne l'opinion d'une volonté. Cette opposition engagea Sergius, encore indécis, à s'adresser dans une lettre adroite et très-mesurée au pape Honorius, pour lui représenter les résultats heureux et si longtemps désirés de la réunion des monophysites, et le

(1) Voyez la correspondance entre Cyrus, év. de Phasis (plus tard patr. d'Alex.), Sergius et Théodore, év. de Pharan, dans Mansi, t. XÌ, p. 525-567; id. p. 561 pour la défense impér. adressée à l'év. Arcadius.

(2) Actio XIII concilii acum. VI, dans Mansi, t. XI, p. 561 sq. Dans Part. VII il est dit entre autres : καὶ τὸν αὐτὸν ἕνα Χριστὸν καὶ υἱὸν ἐνερ γοῦντα τὰ θεοπρεπῆ καὶ ἀνθρώπινα μια θεανδρικῇ ἐνεργείᾳ κατὰ τὸν ἐν ἁγίοις Atovúatov. C'est-à-dire Dionys. Areopag. ep. IV. ad Cajum.

(3) Sophronii ep. Synod., dans Mansi, t. XI, p. 529. (4) Sergii ep. ad Honor., dans Mansi, t. Xl, p. 529.

prier de prévenir, par son autorité, le dessein perturbateur de Sophronius, qui voulait arrêter la réunion d'innombrables chrétiens à l'Église, en s'opposant à une expression nécessaire à cet effet, et déjà employée par Denys l'Aréopagite, savoir : une opération dans le Christ (évépeia Jeandpixn). Malheureusement Honorius ne sentit point la ruse, et, tenant le tout pour «< une nouvelle dispute de mots,» il loua Sergius de s'être efforcé de l'étouffer. N'ayant pas saisi le vrai point de la controverse, il entra trop promptement dans la manière de voir de Sergius', se servant d'expressions en partie obscures, tout en répétant à plusieurs reprises qu'il fallait soigneusement éviter les opinions folles et impies de Nestorius et d'Eutychès, et en prouvant clairement que ses opinions sur les opérations du Christ étaient saines et orthodoxes. Mais le pape augmenta sa faute en croyant, par ce rapide exposé d'une lettre privée, s'être élevé au-dessus de toute discussion ultérieure, et en ne répondant à une exposition claire et vive, faite par Étienne, évêque de Dora', des opinions de Sophronius, que par la défense adressée aux deux partis de parler d'une ou de deux opérations dans le Christ. Alors l'empereur Heraclius intervint de nouveau et d'une manière plus décisive. Il donna un édit de for (exeσIS TYS TIOTEWS) [638], qui, d'un côté, comme le pape, défendait de parler ni d'une ni de deux opérations dans le Verbe incarné, mais, d'un autre côté, favorisait secrètement la doctrine d'une volonté (èv Féλnua)3. Cet édit rencontra beaucoup d'adversaires, même

(1) Honorii ep. I ad Sergium, dans Mansi, t. XI, p. 537. Fragm. de l'ep. II. ad Serg., ib. p. 579. Honorius est bien faible en attaquant les textes de S. Matth. XXVI, 39, et de S. Luc, XXII, 42, si évidents pour la doctrine des deux volontés: «Que votre volonté, et non la mienne, soit faite; » par l'observation superficielle : « Ista enim propter nos dicta sunt, quibus dedit exemplum, ut sequamur vestigia ejus, pius magister discipulos imbuens ut non suam unusquisque nostrum, sed potius Domini in omnibus præferat voluntatem. » Dans Mansi, t. XI, p. 542.

(2) Libellus Stephani Dorensis Episcopi, dans Mansi, t. X, p, 891–902; Harduin. t. III, p. 711-719.

(3) L'Ecthèse dans Harduin. t. III, p. 791-798; Mansi, t. X, p. 991 sq.

en Orient. Car quoique le patriarche Sophronius fût mort durant l'invasion des Arabes [11 mars 638], l'autorité de son nom préserva un grand nombre d'esprits habitués aux spéculations dogmatiques, et sa doctrine continua d'être défendue par son ancien ami, l'abbé Maxime1, le plus profond et le plus savant théologien de son temps, qui, dans une conférence, où il dévoila complétement l'erreur du monothélisme, parvint, en 645, à faire abjurer cette hérésie au patriarche de Constantinople, Pyrrhus, réfugié en Afrique. Le pape Jean IV [640-42], successeur d'Honorius et de Séverin, fut à peine élu qu'il rejeta l'ecthèse [640] dont l'empereur Héraclius désignait publiquement Sergius comme le premier auteur2. Malheureusement Constantin II, élevé au trône après les scènes épouvantables qui avaient ensanglanté la maison impériale, donna, d'après le conseil de Paul, patriarche de Constantinople, un nouvel édit dogmatique (Túπos) [648,] qui, sous peines graves, ordonnait de s'en tenir aux décisions des cinq conciles œcuméniques, et de cesser toute discussion sur une ou deux volontés et opérations dans le Christ3. Les fidèles, dont le courage égalait la foi, virent dans cet édit une contrainte religieuse et un indifférentisme condamnable. Les mécontents, les opprimés trouvèrent appui et secours auprès du pape Martin Io. Ce pontife condamna, dans le premier concile de Latran [649], la doctrine des monothélites, en même temps que l'Ecthèse et le Type. Théodore de Pharan, Sergius, Pyrrhus et Paul, auteurs de l'hérésie, furent anathématisés. La déposition vio

(1) Maximi Opp. (en grande partie contre les Monoth., surtout Disputatio cum Pyrrho et de duabus naturis) ed. Fr. Combefisius. Paris., 1675, 2 t. in-fol.

(2) Decreta et epist. Joann. IV. Dans Harduin. t. III, p. 609-98; Mansi, t. X, p. 679 sq.

(3) Voy. pour le Type, Harduin. t. III, p. 823 sq. Mansi, t. X, p. 1029 sq. (4) Martini I epist. sur le concile de Latran dans Harduin. t. III, p. 626-676; Mansi, t. X, p. 785 sq. Les actes du concile de Latran, dans Mansi, t. X, p. 863 sq.; Harduin. t. III, p. 687-946. On tenait séance dans l'église patriarcale de Saint-Jean-de-Latran, bâtie par Constantin le Grand, ou plutôt dans un bâtiment accessoire nommé secretarium; c'est pourquoi on nomme les cinq sessions de ce concile secretaria,

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