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« Rome l'est par le monde entier. Rome a parlé, que l'erreur « se taise et disparaisse. »

Cependant c'est dans la seconde moitié de la période actuelle que l'on trouve pour la première fois un nom distinctif et caractéristique de la primauté de l'évêque de Rome, car on disait aussi en parlant d'autres évêques papa, apostolus, vicarius Christi, summus pontifex, sedes apostolica1. Ennodius, évêque de Pavie (Ticinum) [510], est le premier qui nomma l'évêque de Rome, de préférence à tout autre, papa2, et dès lors cette dénomination resta en usage en Occident. Plus tard, par suite de la controverse née de l'usurpation du nom d'évêque universel, pris par le patriarche de Constantinople Jean le Jeune3, Grégoire le Grand, voyant renaître la discussion, prit, contrairement à cette dénomination superbe, l'humble titre de servus servorum Dei; et les papes, ses successeurs, le conservèrent, en se conformant à cette parole du Christ: «Que les plus grands d'entre vous soient les servi<«<teurs de tous. » Parmi les papes de cette période, si nombreux et si excellents, Silvestre Ier, Jules Ier, Libère, Innocent I et Grégoire le Grand se signalèrent surtout; mais celui en qui se réalisa le plus parfaitement l'idée de la primauté pontificale fut le pape

Léon le Grand [440-461].

Caractère ferme et vigoureux", Léon se montra l'un des

(1) Cf. Thomassini t. I, lib. I, c. 4 : « Præsulibus quidem omnibus communia fuisse nomina papæ, apostoli, præsulis, etc., sed ea tamen jam tum singulari quadam quum honoris prærogativa Romano pontif. attri

buta sunt. >>>

(2) Cf. Sirmond. (ed. Opp. Ennodii. Paris., 1611, et dans Galland. t. XI, p. 47) ad Ennod. I. IV, ep. 1. Le mot de papa, employé comme titre d'honneur dans le conc. tenu sous le pontificat de l'évêque de Rome Symmaque. Act. dans Mansi, t. VIII, p. 247 sq.

(3) Cf. Thomassini 1. c. t. I, lib. I, c. 11, de Controversia Gregorium papam inter et Joannem, etc.

(4) Leonis Max. Opp. ed. Quesnel, ed. II. Lugd., 1700, 2 t. in-fol.; Bal

plus zélés défenseurs et des plus solides appuis de la doctrine de l'Église attaquée par Eutychès. « Pierre a parlé par la << bouche de Léon, » s'écria d'une voix le concile de Chalcédoine, après la lecture de la lettre. de Léon à Flavien. Le honteux brigandage d'Ephèse affecta douloureusement Léon, et il chercha de toutes manières à garantir l'Église de ses tristes résultats. Sa vigilance apostolique lui fit découvrir les crimes épouvantables des Manichéens; il parvint à convertir un grand nombre de ces sectaires et à paralyser le mauvais vouloir des autres. Il provoqua le concile national d'Espagne tenu contre la secte des Priscillianistes, alliés des Manichéens. Ses quatre-vingt-seize sermons, d'un style à la fois allégorique et vigoureux, prouvent qu'au milieu des charges et des affaires que lui imposait la haute dignité de successeur de saint Pierre, les devoirs de l'évêque et du prêtre furent toujours pour lui les premiers et les plus précieux. Il sut, par sa prudence et son énergie, conserver l'Église d'Illyrie sous la dépendance de l'Occident, mettre autant de gravité que d'élévation dans les blâmes qu'il adressa au violent et rebelle métropolitain de Thessalonique, Anastase, et le ramener à la douceur qui convient au représentant du vicaire apostolique de Rome. Il fit rentrer dans les bornes de la modération et réconcilia avec le Saint-Siége Hilaire, évêque d'Arles, qui défendait, avec un zèle exagéré, ses prétendus droits métropolitains sur les deux provinces narbonnaises, en lui rappelant les prescriptions des papes Boniface et Célestin à ce sujet. Il profita de la désolation de l'Église d'Afrique, dévastée par les Vandales, pour la soumettre au patriarcat de Rome, et contraignit Valentinien III à reconnaître en lui le titre et la dignité de chef suprême de l'Église, que l'empe

lerini. Venet., 1753-57, 3 t. in-fol. Maimbourg, Hist. du pontificat de saint Léon. Paris, 1687, 2 t. Arendt, Léon le Grand et son siècle. Mayence, 1835. Perthel, Vie et doctrine de Léon ler. Jéna, 1843.

(1) Leonis Opp. ed. Ballerini, t. I, p. 683 sq.

(2) Leonis ep. 12 ad episcop. Afric. (Opp. t. I, p. 657 sq.); ep. 44 (t. 1, p. 642), et Theodosii Nov. tit. 24 d'après l'éd. Ritter.

reur lui contestait. Il sauva Rome [452] et en détourna le fléau de Dieu ', en se présentant à Attila, le bâton pastoral à la main, revêtu de ses ornements pontificaux; pasteur hardi, défendant son troupeau sans crainte d'exposer sa vie; chef suprême et magnanime de l'Église, dont l'influence, bien plus que la puissance impériale, soutenait seule alors la grandeur de Rome. Attila, selon la tradition, se retira, effrayé d'avoir vu, à côté de Léon, saint Pierre armé d'une épée nue et menaçante. Ceux même qui ne reconnaissent point en Léon le chef de l'Église, et un de ses plus illustres docteurs, ne peuvent lui refuser le titre de grand.

§ 131. Conciles œcuméniques (σúvod'oi oixovμevixaí).

Les conciles œcuméniques, véritables représentants de l'esprit catholique, furent, dans ces temps de controverses ardentes, l'autorité décisive qui terminait toutes les discussions dogmatiques 3.

Dès la première période, les docteurs, réfutant les héréti

(1) Voy. Jean de Müller, Voyages des papes (OEuvres compl., t. VIII). Aix-la-Chapelle, 1831. Cf. Arendt, 1. c. p. 323-30.

(2) Paroles tirées de Vocat. gentium, écrit probablement par Léon étant diacre (Opp. t. I, p. 167 sq.).

(3) Le mot œcuménique tire son étymologie de la désignation de l'empire romain (cizcupévn, orbis terr.), d'abord can. 6 conc. Constant. [381]. -L'esprit de ces conciles est parfaitement caractérisé par S. Hilaire, de Trinit. XI, 1. Les expressions du conc. de Constant. sur la signification et la tendance de ce concile sont importantes : « Sanctum et universale concilium dixit: Sufficiebat quidem ad perfectam orthodoxæ fidei cognitionem atque confirmationem pium atque orthodoxum hoc divinæ gratiæ symbolum (concilii Constant. II, a. 553). Sed quoniam non destitit ab exordio adinventor malitiæ cooperatorem sibi serpentem inveniens, et per eum venenosam humanæ naturæ deferens mortem, et ita organa ad propriam sui voluntatem apta reperiens, Theodorum dicimus, etc. excitavit Christus Deus noster fidelissimum imperatorem, novum David, qui non dedit somnum oculis suis donec per hunc nostrum a Deo congregatum sacrumque conventum, ipsam rectæ fidei reperit perfectam prædicationem. » (Harduin. t. III, p. 1398.)

T. I.

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ques, en avaient appelé à la doctrine unanime de l'Église réunie. Mais les persécutions empêchèrent longtemps les évêques de se réunir et de proclamer la foi commune, de manière à être entendus par tous les fidèles. Dès que les persécutions cessèrent, les évêques se réunirent: preuve que les conciles ressortent de l'essence même de l'Église, et qu'ils ne dépendent de l'État, que quant à la possibilité de leur

réalisation extérieure 1.

L'autorité des décisions dogmatiques des conciles était essentiellement fondée sur la promesse faite à l'Église par le Christ, de l'assister toujours. Les fidèles étaient assurés que l'épiscopat réuni ne pouvait s'écarter de la vraie doctrine. Sans doute tous les évêques, même de l'empire romain (oixouuévn), n'assistaient pas toujours aux conciles œcuméniques, mais, les décisions des conciles une fois admises par l'universalité des évêques, les conciles devenaient dès lors œcuméniques, ainsi que le devint, par l'adhésion de l'Église d'Occident, celui de Constantinople [381]. Leurs décisions étaient considérées comme les paroles mêmes du Saint-Esprit 2,

(1) Euseb. Vita Constant. Max. III, 7 : « Constantin, par cette réunion d'évêques, nous donne l'image d'une assemblée apostolique » (et non, par conséquent, d'une assemblée des amphictyons de la Grèce).

(2) Déjà Constantin le Grand disait aux Donatistes du conc. d'Arles : « Meum judicium postulant (Donatistæ), qui ipse judicium Christi exspecto. Dico enim, ut se veritas habet, sacerdotum judicium ita debet haberi ac si ipse Dominus residens judicet. Nihil enim his licet aliud sentire, vel aliud judicare, nisi quod Christi magisterio sunt edocti. » — Il dit du concile de Nicée dans l'Epist. catholicæ Alexandrinor. Eccles. dans Socrat. Hist. ecclesiast. I, 9: « Quod trecentis placuit (ρɛσεv) episcopis, nihil aliud existimandum est quam Dei sententia, præsertim quum in tantorum virorum mentibus insedens Spiritus S. divinam voluntatem aperuit.» (Ed. Valesii, t. II, p. 26.)-Conformément à cela, il était dit toujours dans le préambule de chaque décision: Le Saint-Esprit l'ordonne. Basil. Max., ep. 111, sur le concile de Nicée: Oi rpiaxóotor Séza καὶ ὀκτὼ - οὐκ ἄνευ τῆς τοῦ ἁγίου Πνεύματος ἐνεργείας ἐφθέγξαντο, c'est-à-dire, TÙY TÍσTIV. — Gregor. Max. Ep. lib. III, ep. 10: « Sicut quatuor synodos sanctæ universalis Ecclesiæ, sicut quatuor libros sancti Evangelii recipimus.Chalcedonensis (IV) fides in quinta synodo non est violata. »> (Opp. ed. Bened. t. II, p. 632.)

et les explications authentiques des vérités de la foi chrétienne attaquée par l'hérésie 1.

Les adversaires de l'Église n'ont pu élever quelques doutes sur la haute considération et l'autorité irréfragable dont jouissaient les décrets des conciles œcuméniques 2 qu'en s'appuyant sur les paroles si vives de Grégoire de Nazianze. Ce saint évêque blâme en effet, souvent d'une manière rude et rigoureuse, la conduite parfois passionnée des évêques et des conciles provinciaux; il s'indigne surtout contre les nombreux symboles de foi tour à tour forgés et abandonnés par les Ariens. Mais, d'un autre côté, en maint endroit de ses ouvrages, il défend avec chaleur et énergie l'autorité de ces saintes assemblées. A la fin de cette époque on admettait unanimement, comme conciles œcuméniques, les conciles de Nicée [325], de Constantinople [381], d'Ephèse [431], de Chalcédoine [451], le deuxième et le troisième de Constantinople (553–680]. Quant au concile de Sardique [347], que l'Occident voulait mettre au premier rang, comme l'Orient le prétendait pour les deux conciles in Trullo [692], on ne put jamais réunir le consentement général. Outre le dogme, objet principal des décisions des conciles, on y traitait aussi des questions de droit et dè discipline ecclésiastiques d'un intérêt général; souvent même on y déposait des patriarches.

Les décrets, ratifiés par la souscription des évêques présents, étaient communiqués aux fidèles des divers diocèses par des lettres synodales, et recueillis dans des collections qu'on pouvait consulter, afin de maintenir l'observation des

(1) Jean, XVI, 13-14.

(2) Gregor. Nazianz. ep. 55 ad Procop.: « Telle est ma disposition, si je dois dire la vérité, que je fuis toute assemblée d'évêques : car je n'en ai pas vu encore qui ait eu une heureuse issue; je n'ai pas vu de concile qui, au lieu de détruire le mal, ne l'ait augmenté et qui n'ait été le théâtre des disputes les plus incroyables et de l'ambition la plus effrénée, etc. » L'interprète latin Billius, dans l'argument de cette lettre, prétend avec raison qu'il n'est ici question que des synodes provinciaux, et nommément de ceux des Ariens. Cf. surtout l'opinion du païen Amm. Marcellin, plus haut, § 111.

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