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l'incrédulité couvrait toute la terre, et que désormais les té– nèbres diminueraient à mesure que la foi au Christ, Sauveur du monde, croîtrait parmi les hommes1.

Dès le VIIe siècle, on se préparait pieusement aux fêtes dè Noël comme à celle de Pâques (adventus). Aux dissolutions païennes, aux superstitions des fêtes de la nouvelle année l'Église opposa des jeûnes, et plus tard la fête de la Circoncision du Christ, symbole de la circoncision du cœur, qui seule pouvait mettre un terme aux désordres du paganisme. Il s'y rattacha deux nouvelles fêtes : la Présentation de Jésus-Christ au temple (Festum præsent. Chr. in templo, chez les Grecs Úπávτnσ15, occursus, d'après saint Luc, II, 27, Siméon rencontrant l'enfant Jésus et reconnaissant en lui le Messie); l'Annonciation de la bienheureuse Vierge Marie (ǹ Toù eυazze20μov, festum Annuntiationis), dont la date est incertaine mais dont il est déjà fait mention au concile in Trullo [692] 2. L'Église grecque célébrait aussi, depuis le VII° siècle, la fête de la Transfiguration du Christ (ueтaμоppáσεws); on y rattacha une fête commémorative de la naissance céleste de tous les apôtres, dont l'empereur Valentinien rehaussa la solennité, en ordonnant ce jour-là la suspension de toutes les fonctions judiciaires.

Alors aussi se multiplièrent les jours commémoratifs de certains martyrs, dont la première période offre déjà des exemples. La mémoire du martyr saint Étienne se lia, dans l'Église occidentale, avec beaucoup de sens, à la fête de Noël, pour montrer qu'Étienne n'avait obtenu la couronne du martyre que par le Verbe incarné, pour lequel il avait rendu témoignage et versé son sang. A Rome surtout, on célébra

(1) Gregor. Nyss. t. III, p. 340; August. serm. 190, n. 1; Leo Max. serm. 25, n. 1.

(2) Conc. Quinisext. can. 52: « In omnibus sanctæ quadragesimæ jejunii diebus, præterquam sabbato, et dominica et sancto Annuntiationis die, fiat sacrum præsanctificatorum ministerium. » (Mansi, t. XI, p. 967; Harduin. t. III, p. 1682.) Cf. Lambertini Commentarius de Jesu Christi ejusque Matris festis. Patav., 1782, in-f.

bientôt, avec la plus grande solennité, le jour de la mort de saint Pierre et saint Paul comme jour de leur véritable naissance [29 et 30 juin]. Le baptême de sang des enfants de Bethleem fut glorifié comme la fête des martyrs et des enfants [28 décembre]. Enfin l'Église grecque institua une fête en mémoire de tous les martyrs et de tous les saints, comme octave de la Pentecôte, parce qu'ils étaient les témoins vivants de la descente et de l'opération du Saint-Esprit. Cette fête s'introduisit en Occident sous Boniface IV [depuis le 1er novembre 606], lorsque l'empereur Phocas lui donna le Panthéon, depuis lors converti en un temple consacré à la sainte Vierge et aux martyrs. Sauf le jour de la naissance de JésusChrist, on n'avait jusqu'alors célébré que le jour de la naissance de saint Jean-Baptiste; c'était au 24 juin, époque où les jours commencent à diminuer, ce qui rappelle à saint Augustin les paroles de saint Jean : « Il faut qu'il croisse et que je diminue1. » La croix retrouvée par Hélène réveillait dans les cœurs chrétiens le sentiment d'une joie doulou→ reuse; lorsque ce bois sacré fut reconquis par la glorieuse victoire d'Héraclius sur les Perses, on en célébra le souvenir par la fête de l'Exaltation de la sainte Croix [depuis 531] (festum Exaltationis sanctæ Crucis, 14 septembre).

RÉALISATION DU CULTE CHRÉTIEN PAR LES SACREMENTS.

Brenner, Expos. hist. de l'admin. des sacrements. (Bamb.,
1818-1824, 3 t.)

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Selvaggio, 1. c. lib. III, c. 1-7. Pellicia, 1. c. t. I,

p.

14 sq.

Cf. Bin

terim, Mémoires, t. I, P. I. Boehmer, t. II, p. 265. Cyrilli Hie

(1) Jean, III, 30. August. Homil. 287.

(1) Cf. § 88.

rosol. Cateches. mystagog. I-III. Dionysii Areopag. de Hierarchia Eccl. c. 2 et 3.

A mesure que le culte se développa, on exprima d'une manière plus significative le sens profond de ces deux grands sacrements. Outre l'exorcisme, l'évêque soufflait sur le catéchumène, touchait ses oreilles en disant : Ephphetha1, signe de l'intelligence spirituelle qui allait s'ouvrir, lui mettait le sel béni dans la bouche, symbole de la parole et de la sagesse divine, parfois aussi du lait et du miel (signum regenerantis gratiæ et suavitatis evangelicæ), et oignait en général sa tête de l'huile consacrée. L'eau, ainsi que l'huile employée, était bénite de diverses manières, probablement d'après une tradition apostolique. Pendant la cérémonie, le cathécumène tenait un cierge allumé dans la main (wτióμevov); tourné vers l'Occident, il se consacrait au Christ. Alors il était revêtu d'une aube blanche, symbole de la vie sainte et pure à laquelle il était consacré (candidatus). Peu à peu, le baptême des enfants devint général en Orient et en Occident, et Grégoire de Nazianze blâmait déjà sévèrement l'inquiète sollicitude des mères, qui craignaient de faire baptiser leurs enfants trop faibles encore. «Ne laissez point au mal le temps de ga«< gner du terrain! Que dès les langes du berceau votre enfant << soit sanctifié, consacré à l'Esprit saint! Sa faiblesse vous << arrête et vous fait craindre d'imprimer à son âme le sceau << divin! O mère de peu de foi! voyez Anne vouant au Sei<< gneur son fils unique et l'élevant à l'ombre des autels. Ne «< craignez pas ce qui est mortel, mais ayez confiance au Sei« gneur1! » L'on n'eut que trop longtemps l'occasion d'adresser ces reproches aux adultes, qui remettaient leur baptême jusqu'à un âge avancé. L'Epiphanie, mais surtout la Pentecôte et le temps de Pâques, restèrent les époques spécialement destinées à l'administration du baptême. Les néophytes étaient alors revêtus d'habits blancs, qu'ils conservaient

(1) S. Marc, VII, 34.

(2) Gregor. Nazianz. Or. 40, t. I, p. 648.

durant toute la semaine et ne déposaient que le samedi suivant (Dominica in albis, sc. depositis, s. dominica post albas).

On n'administrait plus le sacrement de confirmation en même temps que celui du baptême, comme dans la période précédente, les prêtres baptisant désormais plus souvent. La confirmation était rentrée dans les attributions spéciales de l'évêque, qui l'administrait ordinairement durant les visites de son diocèse. Le chrême employé dans ce sacrement était consacré par l'évêque sur l'autel, et saint Cyrille dit avec une sainte gravité à ce sujet : « Gardez-vous de mépriser cette huile salutaire et de n'y voir qu'une huile ordinaire; comme « le pain de l'Eucharistie, consacré par les paroles sacramen<< telles, est non plus du pain ordinaire, mais le corps du Christ, << ainsi cette huile, sanctifiée par l'invocation du Saint-Esprit, << n'est plus une huile ordinaire qui opère une onction vulgaire, << mais c'est le don même du Christ et de son Esprit saint, rendu <«< efficace par la puissance de Dieu même. »>

§ 136. L'Eucharistie centre de tout le culte. Cf. § 92.

J.-A. Assemanni Codex liturgicus Eccles. univ. Rom., 1749 -1766, 13 vol. in-4. Les liturgies de l'Église grecque: 1" de l'Eglise de Jérus. ou de S. Jacques et de Cyrille; 2° de Constantin, ou de Basile et de Chrysostome; 3° d'Alexandrie, ou de S. Marc et de Cyrille; 4° les Jacobites égyptiens se servaient de la liturgie d'Alexandrie et de deux autres attribuées à Grégoire de Nazianze et à Basile; 5o les Éthiopiens, douze liturgies des Jacobites égyptiens; 6° les Nestoriens, trois liturgies syriaques, la plus ancienne dite la liturgie des apôtres, celle de Théodore de Mopsueste et de Nestorius. Dans l'Eglise d'Occident, la liturgie romaine; celle de Milan ou de S. Ambroise, analogue à celle d'Orient; la gallicane; en Espagne, la liturgie gothique espagnole ou mozarabique. Cf. Muratori, Liturg. Rom. vetus. Ven., 1748, 2 vol. in-f. Mabillon, de Liturgia Gallicana. Paris., 1729, in-4. Pamelii Liturgicon eccl. lat. Colon., 1571, 2 vol. in-4. Grancolas, les Anciennes Liturgies et l'ancien Sacramentaire de l'Église. Paris, 1704, 3 vol. in 4. Les différences de ces liturgies très-soigneusement indiquées dans Martene, 1. I. lib. 1, c. 3-5, t. I, p. 97 sq., et Dællinger, Précis de l'hist. ecclésiast. t. I, p. 274-282. Cf. Pellicia, 1. I ed. Ritter, t. 1, p. 183 sq. Binterim, 1. c. t. IV, P. II et II; t. II, P. 1, p. 93. Kossing, Différences des liturgies grecque et romaine démontrées par le canou de la messe. (Frib., Revue théolog., 1841, t. VI, p. 225-275.)

Au commencement de cette époque, un coup de marteau

T. I.

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appliqué sur du métal, et, à dater du VIIe siècle, le son des cloches appelaient les chrétiens à l'église, pour les prières journalières du matin et du soir et pour la célébration des saints mystères. Cette célébration consistait en deux parties principales. A la première (missa catechumenorum) assistaient les catéchumènes et même des païens. Les fidèles baptisés devaient seuls rester à la seconde.

La messe des catéchumènes commençait, selon les diverses liturgies, soit par le chant des psaumes, soit par la lecture d'un passage des saintes Écritures. Tous les assistants chantaient les psaumes à l'unisson, ou bien, surtout depuis le IVe siècle en Orient, depuis saint Ambroise en Occident, les fidèles, séparés en deux chœurs, chantaient les psaumes alternativement, comme des antiennes et des répons. Le premier psaume se chantait comme l'introit de la messe actuelle (introitus). Puis, d'après les plus anciennes liturgies, venaient, comme aujourd'hui, une invocation à la miséricorde divine (Kúpie, ¿λéntov), et la doxologie plus ou moins développée (gloria). L'évêque saluait le peuple (pax vobiscum) et faisait une prière au nom de toute l'assemblée (collecta, quia fidelium vota ab eo quasi colligebantur). Alors il prenait place sur son trône; le lecteur montait au pupitre et lisait, en langue vulgaire, un passage des épîtres des apôtres ou de l'Ancien Testament, le plus souvent dans un livre où ces leçons étaient disposées suivant les temps. A cette lecture succédait le chant d'un psaume (gradualis), et alors encore le lecteur (à dater du VIe siècle le diacre seul) lisait l'Évangile que, de son trône ou du haut de l'autel, l'évêque expliquait, en l'accompagnant de réflexions pratiques et familières (ouλia, tractatus); ou bien il faisait un discours sur un sujet choisi à volonté (sermo). Quand le peuple était vivement remué, il lui arrivait parfois, par suite des habitudes païennes, de marquer son approbation par des applaudissements tels qu'un jour Chrysostôme fut obligé de s'interrompre, en s'écriant: « Ce n'est point ici un << théâtre, ce ne sont pas des comédiens que vous venez en<«< tendre ici!» Et une autre fois : « Vous m'avez applaudi,

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