Immagini della pagina
PDF
ePub

que ceux de l'Orient. Ils descendaient des Manichéens par Paul et Jean, fils de la Manichéenne Gallinice, de Samosate. Ceux-ci quittèrent le lieu de leur naissance et intriguèrent en Arménie. Ils fondèrent à Épiparis une école qui devint la pépinière de la secte, dont l'existence se prolongea jusqu'au temps de l'empereur Constantin Pogonat [668-85]. Sous cet empereur, un certain Constantin de Mananalis, près de Samosate en Syrie, donna un essor particulier à cette secte. Il se crut appelé à fonder, en face de l'Église catholique, de nouvelles communautés apostolico-pauliniennes, selon les formes des gnostiques et les principes des Manichéens éclectiques [v. 680]. Elles n'admettaient, outre les quatre évangélistes, comme sources de la parole révélée, que les épîtres pauliniennes; rejetaient l'Ancien Testament, les épîtres apostoliques, l'Apocalyse, les symboles de l'Église, toute la littérature ecclésiastique et toutes les formes liturgiques. Ils prétendaient que ce christianisme paulinien était le αἰων ὁ μέλλων, manifestation dernière du vrai Dieu, étoupávios Deós, et que l'Église catholique était o apar aicv, où règne l'esprit des ténèbres. Dans leur orgueil, ils prétendaient seuls être dignes du nom de chrétiens; leur communauté était l'Église catholique, tandis que tous les chrétiens non pauliniens n'étaient que des Romains. Tout en cherchant à cacher leurs erreurs sous les formules orthodoxes, ils favorisaient les opinions fantastiques et mythiques des gnostiques et des Manichéens, considéraient le soleil comme une manifestation visible de Dieu et le nommaient le Christ. Quant à l'humanité du Christ, leur opinion était celle des Docètes. La rédemption n'était pour eux qu'un procédé de purification commencé par le Christ, et qui doit ramener peu à peu tous les esprits à leur source divine. Dans leur spiritualisme exclusif ils rejetaient, avec un orgueilleux mépris de la matière, tous les moyens de salut de l'Église catholique. L'empereur Pogonat chargea Siméon, dignitaire de l'empire, de les poursuivre. Ce dernier fit en effet exécuter le chef de la secte. Elle persista néanmoins, conserva un chef entouré de compagnons de route

(ouvézdnuor, comperegrini) et de notaires (vorάpio), comme frères auxiliaires. Siméon lui-même, après avoir été leur persécuteur, devint leur chef ou évêque, sous le nom de Titus, à Cibossa en Arménie, et fut mis à mort, avec beaucoup d'au-tres, dans une nouvelle persécution, sous Justinien II [685– 95]. Paul, un des Pauliniens les plus considérables, échappa à la mort et se remit activement à travailler à la propagation de la secte. Il en établit le siége à Phañaræa dans l'Hellespont. Elle fut protégée par l'empereur Léon l'Isaurien qu'avait séduit le fils de Paul, Génésius (Timothée). Plus tard elle retrouva un chef vigoureux dans Sergius (Tychichus) [vers 777], personnage plein d'orgueil qui se disait la lumière, le guide du salut, le bon pasteur, et se fit adorer par ses disciples les plus intimes comme le Paraclet, qu'ils invoquaient en ajoutant à la fin de leurs prières : Que le Saint-Esprit ait pitié de nous! De tels excès, des nouveautés si étranges divisèrent la secte et excitèrent d'ardentes discussions dans son sein. De sévères édits de l'empereur Michel Rhangabé [81113], de Léon l'Arménien [813-20] et de l'impératrice Théodora [845] les firent rentrer dans l'Église catholique, après une abjuration expresse de leurs erreurs. Ceux qui s'opiniâtrèrent subirent d'affreux supplices, et la secte fut ainsi presque entièrement détruite *.

(1) Formule d'abjuration dans Galland. Biblioth. t. XIV, p. 87 sq. : « Exsecror et anathemate devoveo eos omnes qui dicunt corpus e malo principio prodiisse, et quæ mala sunt existere natura. Exsecror nugacem ac futilem Manetis fabulam, quum ait primum hominem nobis dissimilem formatum, etc. Exsecror eos qui dicunt Dominum nostrum Jesum Christum specie tantum manifestatum fuisse, etc., qui Christum solem esse dicunt, et solem ac lunam cæteraque sidera venerantur, etc. Exsecror eos qui transmigrationem animarum statuunt, quam et animarum de vase in vas defusionem appellant, etc. Anathema iis qui sanctam Deiparam Mariam contumelia afficiunt, — qui a communione venerandi corporis et sanguinis Christi abhorrent, quique baptismum aspernant, etc. >>

(*) Les Hypsistariens en Cappadoce (visto Oto пpoczuvcüvre;), dont le père de Grégoire de Nazianze avait fait jadis partie, n'étaient pas, il est vrai, une secte chrétienne, mais c'étaient, selon Boehmer, les restes d'une religion primitive répandue en Asie, ou mieux, d'après Ullmann, un

Coup d'œil rétrospectif.

Pour bien apprécier la prodigieuse influence de l'Église catholique sur l'empire gréco-romain durant cette époque, il faut comparer les résultats obtenus avec la situation religieuse et morale de l'empire avant l'introduction du Christianisme. Qui ne se sentirait rempli d'admiration et de respect pour ces peuples généreux, en se rappelant avec quel enthousiasme les Grecs et les Romains accueillirent la prédication de l'Évangile, avec quel héroïsme ils le défendirent durant les persécutions, avec quelle fidélité ils employèrent leur science profane à expliquer et développer les dogmes chrétiens, dans une littérature dont les chefs-d'œuvre resteront toujours les modèles des écoles chrétiennes et les sources des plus nobles inspirations; avec quelle force enfin ils ont constitué, organisé l'Église, réalisé les idées chrétiennes par les symboles mystérieux d'un culte sublime, et donné au monde d'innombrables exemples de vertus, de dévouement et de sainteté ?

Combien cette gloire serait pure devant Dieu et les hommes si l'Église grecque n'avait, par ses fatales et interminables controverses, ouvert la porte, d'une part, au fanatisme islamite, et, de l'autre, à une indifférence spirituelle plus mortelle encore! Infidèle désormais à sa destinée, elle ne sera plus que rarement le sujet de nos études, que le cours de l'histoire entraîne vers d'autres peuples et de nouvelles régions.

syncrétisme formé de judaïsme et de l'antique religion des Perses, ou bien, enfin, au milieu de la fermentation religieuse des premiers siècles chrétiens, l'essai d'une fusion des éléments chrétiens et païens. Les Massaliens ou Euphémites (becaecis, cœlicola) se rapprochaient des Hypsistariens; négligeant toute autre divinité, ils n'adoraient que le seul Dominateur et l'honoraient soir et matin, dans des temples particuliers, par des chants et des prières. Cf. Boehmer, de Hypsistariis præfatus est Neander. Berol., 1824. Ullmann, de Hypsist. Heidelb., 1823. SOURCES. Epiph. Hær. 80; Cyrill. Alexand. de Adorat. in spirit. et verit. 1. III; Gregor. Naz. or. 18, § 5; Gregor. Nyssen. Adv. Eunom. 1. II.

FIN DU TOME PREMIER.

CHRONOLOGIE

DES PERSONNAGES ET DES ÉVÉNEMENTS LES PLUS IMPORTANTS

PENDANT LA PREMIÈRE PÉRIODE

(1-700).

Ère dionysienne.

1. Naissance de Jésus-Christ, Fils de Dieu et Sauveur du monde.

[ocr errors]

2. Mort d'Hérode. Partage de son royaume entre ses fils Archélaus, Antipas et Philippe.

6. Exil d'Archélaüs en Gaule.

La Judée, l'Idumée et la Samarie

réduites en une province romaine sous le gouvernement d'un procurateur, et dont le cinquième est Ponce-Pilate (28-37).

12. Jésus-Christ enseigne dans le Temple devant les Pharisiens étonnés. 14. Mort de l'empereur Auguste, qui est remplacé par Tibère (jus

qu'en 37).

30. Jésus-Christ commence sa vie publique peu après la mort de saint

Jean-Baptiste.

[ocr errors]

Au jour de La première assemblée

34. Crucifiement, résurrection et ascension de Jésus.
la Pentecôte il envoie le Saint-Esprit.
des chrétiens se réunit autour des apôtres à Jérusalem, qui de-
vient ainsi l'Église mère.

Vers 36. Lapidation du diacre Étienne, premier martyr chrétien.
37. Vocation de Paul à l'apostolat des Gentils.

(57-41).

Caligula, empereur

41-44. Hérode-Agrippa persécute l'Église mère de Jérusalem et fait décapiter saint Jacques le Majeur (en 44). - Un miracle sauve

saint Pierre.

42. La communauté d'Antioche, formée de Juifs et de païens, prend

le nom de chrétiens.

45-59. Les trois grands voyages apostoliques de saint Paul.

[blocks in formation]

mort d'Agrippa, toute la Palestine est réduite en province romaine. Claude, empereur (41–54).

52. Concile des apôtres à Jérusalem. Les apôtres Pierre, Jacques, Jean, Paul, Barnabas, les prêtres et les fidèles y assistent, pour

Ère dionysienne.

décider si les païens sont obligés d'observer la loi mosaïque.Néron, empereur (de 54 à 68).

61. Saint Paul déporté à Rome, où il est emprisonné pour la première

fois.

63. Supplice de saint Jacques le Mineur, évêque de Jérusalem.

67 ou 68. Seconde captivité de saint Paul, qui est mis à mort avec saint Pierre. Première persécution.— Galba, Othon, Vitellius (68-69) ; Vespasien (69-79).

70. Destruction de Jérusalem par Titus, qui règne après Vespasien

(79-81).

81-96. Domitien, empereur. Deuxième persécution.

[blocks in formation]

Jean dans l'île de Patmos. Erreurs de Cérinthe: le chi

[blocks in formation]

Nerva, empereur (96-98).

98-117. Trajan, empereur.

Mort de l'apôtre saint Jean.

persécution. Pline le Jeune.

mort.

[ocr errors]
[ocr errors][merged small]

107. Siméon, évêque de Jérusalem, et Ignace d'Antioche sont mis à En même temps arrivent les martyres de Polycarpe, disciple de saint Jean et évêque de Smyrne, et de Papias, évêque de Hierapolis.

[blocks in formation]

Sixte er et Télesphore, évêques de Rome. Les gnostiques Basilide et Saturnin; puis (vers 150) l'apologète Quadratus.

[ocr errors][merged small][ocr errors]

Les gnostiques Valentin († 160), les Ophites, Marcien. Controverse de la Pâque entre Polycarpe et l'évêque Conciles tenus contre les Montanistes :

[blocks in formation]

161-180. Quatrième persécution sous Marc-Aurèle. Martyre de Justin à Rome, de Polycarpe à Smyrne (vers 167).

Légion fulminante (174). · Les gnostiques Bardesanes et Carpocrates. Aux rèveries et aux vues subjectives des gnostiques, Tertullien et Irénée opposent la tradition de l'Église. - Apologétique.de Minutius Félix. La controverse de la Pâque continuée par Claude Apollinaire et Mélito, évêque de Sardes. — Persécutions à Lyon et à Vienne.

180-193. Commode, empereur.

Le satirique Lucien de Samosate. Développement de l'école catéchétique d'Alexandrie. Pantène, Clément, Théophile, évêque d'Antioche († vers 186). Cet apologète se sert du mot Tpías, qui est la Trinitas de Tertullien.

193-211. Cinquième persécution de Septime-Sévère.

Pour défendre les chrétiens, Tertullien compose son Apologétique (en 198). — La controverse de la Pâque continue entre Polycrate, évêque d'Ephèse, et Victor, évêque de Rome (en 196). Caius, prêtre romain, combat le chiliasme ou hérésie millénaire. Les antitrinitaires de cette époque dont les principes s'éloignent le plus du gnosticisme sont Praxéas, Théodote, Arté

« IndietroContinua »