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cela, l'histoire ecclésiastique, considérée objectivement, est le développement, dans le temps, du royaume de Dieu, et le progrès continu, dans les voies de la science et de la vie, de l'humanité régénérée, s'unissant à Dieu par le Christ dans le Saint-Esprit. Dans le sens technique, elle est la reproduction idéale ou l'exposition par le discours de ce développement vivant et réel.

L'histoire atteint d'autant mieux son but qu'elle montre d'une manière plus claire et plus convaincante l'humanité, dans son ensemble, croissant et se fortifiant, à travers les siècles, sous les mêmes conditions que l'homme individuel, à travers les années, en grâce, en sagesse, en science et en vertu.

§ 4.

Objet de l'histoire ecclésiastique.

L'histoire de l'Église, ayant pour but de produire, d'exposer par la parole la marche temporaire et les progrès du royaume de Dieu parmi les hommes, doit montrer :

1° Comment, dans quelles circonstances heureuses ou défavorables, le plan universel et intérieur du royaume de Dieu s'est manifesté au dehors, s'est réalisé par le fait et s'est posé dans le monde extérieur au milieu des États ', après avoir été annoncé à tous les peuples de la terre selon la parole du Christ. Tel est le but que l'on se propose en racontant les succès et les revers, les combats et les victoires de la propagation du Christianisme3.

lari christiana. » L'abbé Rohrbacher, appuyé sur cette vérité et en suivant les pas des anciens historiens ecclésiastiques, a jeté beaucoup de jour sur les temps qui précédèrent le Christ.

(1) Petr. de Marca, Dissert. de concordia sacerdotii et imperii, s. de libertatibus Ecclesiæ gallic. lib. VIII, ed. St. Baluz. Paris, 1663, in-f.; ed. J.-H. Boehmer. Lipsia, 1708, in-f. Riffel, Tabl. historique des rapports de l'Église et de l'Etat, depuis les premiers siècles jusqu'à nos jours, I" part. Mayence, 1836.

(2) Matth. XXVIII, 19, 20.

(3) J.-A. Fabricii Salutaris lux Evangelii toti orbi exoriens, s. notitia propagatorum christ. sacror. Hamb., 1731, in-4. P.-C. Gratien, Origine

2o Comment la vérité, qui libère et sanctifie l'homme, s'est formulée à l'occasion des hérésies naissantes, et suivant les besoins des temps, dans la science et la doctrine ecclésiastiques1.

3o Comment le rapport intérieur de l'homme avec Dieu, c'est-à-dire la piété du cœur, s'est manifesté et réalisé dans un fait vivant, public et général, dans le culte 2.

4° Comment, avec les éléments essentiels et immuables de la hiérarchie (primauté, épiscopat, sacerdoce, diaconat), s'est fondée la constitution organique de l'Église, embrassant tous ses membres dans son sein, déterminant la fonction de chacun 3, marquant leur action et leur influence réciproque, répondant toujours aux besoins des temps et des lieux.

5o Comment, enfin, les membres de cette Église, ennemie née du péché, vivent d'une vie véritablement religieuse et morale, qui se conserve et se renouvelle par la discipline ecclésiastique, seule vraie pédagogie de l'humanité.

et développement du Christianisme en Europe. Paris, 1766-73, 2o part. F.-G. Blumhardt, Essai d'une Histoire des missions. Bâle, 1828, 3° part., non achevée. Hæninghaus, Situation de l'Église catholique sur la surface du globe. Aschaffenb., 1837. Lettres édifiantes et curieuses des missions étrangères. Paris, 1717-77. Choix de lettres édifiantes, etc., précédé de tableaux géographiques, etc.; 3° éd. Paris, 8 T., jusqu'à l'année 1808. Nouvelles lettres éditiantes, 1820. Annales de la propagation de la foi. Henrion, Histoire générale des missions, etc. Paris, 1846.

(1) Walch, Biblioth. symbolica vetus ex monumentis V prior. sæculorum maximé collecta et observationib. hist. ac critic. illustrata. Lemg., 1770. Moehler, Patrologie, éd. par Reithmayer. 1840. Hahn, Bibliothèque. (2) Ephes., IV, 11.

(3) Edmund. Martene, De antiquis Ecclesiæ ritibus; ed. tertia auct. Antw., 1736, in-4, T. 4.

(4) Petavius, de Hierarchia ecclesiastica (Dogmata theol., t. VI, § 9, n. 2). Richerii Hist. conc. general. Colon., 1680, 3 t. in-4, in IV libb. distributa. Autre édition, Col., 1683, 4 t. in-8, mis à l'index à cause de son gallicanisme outré. L. Thomassini Vetus et nova Ecclesiæ disciplina circa beneficia et beneficiarios. Lucc., 1728, 3 t. in-f.; Mog., 1787, 10 t. in-8. Staudenmaier, Hist. des élect. épisc. Tubing., 1830.

(5) Acta sanctorum, quotquot toto orbe coluntur, edd. Bollandus aliique (Soc. J.). Antw., 1643-94, 53 t. in-f. Pour la continuation de nov. à déc., voy. de Prosecutione operis Bollandiani, quod Acia sancior. inscribitur. Namurci, 1838. Ont dejà paru: Acta sanctorum, m. octob.,

Observation. Le catholique, pour qui l'Église est une institution absolument divine, diffère essentiellement du protestant dans la manière d'observer la marche, les progrès, le développement de l'histoire. D'après le point de vue catholique, le but de l'Église, se déroulant dans l'histoire, est de rendre la vérité, toujours présente d'ailleurs et connue dans la société visible des fidèles, de plus en plus évidente, de l'imprimer de plus en plus profondément dans la conscience des hommes, d'établir de plus en plus son empire et son autorité dans les mœurs publiques et privées, dans la famille et dans l'État, dans la science et dans l'art. Au point de vue protestant, la vérité objective ne se trouvant que dans l'Église invisible ne peut jamais se réaliser complétement dans l'Église visible, et par conséquent ne peut être que plus ou moins entrevue dans le développement de l'histoire. Quelle influence n'a d'ailleurs pas exercée, n'exerce pas encore le protestantisme sur la manière de juger l'état ecclésiastique, institué par Jésus-Christ même, sa hiérarchie, le célibat, les priviléges de la virginité! Aussi Schleiermacher a-t-il dit avec raison: Tels les principes, les convictions, telle l'histoire, et surtout l'histoire de l'Église : elle diffère avec les partis, les sectes, les écoles philosophiques. Chacun voit selon ses préjugés, et fait l'histoire non selon ce qu'elle est, mais selon ce qu'il la voit.

§ 5.- Histoire ecclésiastique universelle et particulière.

L'idée d'une histoire universelle ne pouvait être complétement conçue, encore moins réalisée, dans l'antiquité anté

t. VII, p. 1, 1, edd. Vandermoere et Vanhecke. Brux., 1845. Containes parties attirèrent surtout l'attention, telles que : Præfationes, tractatus, diatriba et exegeses præliminares atque nonnulla venerandæ antiquitatis tum sacræ tum profana monumenta a J Bollando, etc. Nunc primum conjunctum edita et in tres tomos distributa. Ven., 1749-51,

3 t.

in-f. - Neander, Mémoire pour servir à l'Hist. du Christianisme. Berlin, 2° édit., 3 vol.

rieure au Christianisme. Polybe en avait, il est vrai, un pressentiment, quand il disait : L'histoire spéciale ( xava μfos ioTopia) est isolée, sans liaison, sans but commun avec l'ensemble; l'histoire universelle, au contraire (zhou is гofía), forme un tout organique (wxToad's) vivifié par une unité intérieure. Quand on connaîtrait également tous les États et tous les peuples de la terre, cela ne suffirait pas pour reconnaître l'organisation et la marche du monde, pas plus que l'observation des membres isolés du corps ne peut donner la connaissance de la force et de la beauté de l'ensemble. Il faut, pour obtenir une vue claire de l'ensemble, saisir les rapports intimes qui unissent tous les peuples dans un but commun σurtéλaa Tâν oλwr). Mais c'est en vain qu'on cherche dans Polybe la réalisation de cette idée: on ne l'y trouve pas plusque celle de la promesse de Diodore de Sicile, qui s'était engagé à rassembler aussi complétement que possible les événements des temps anciens et modernes, et d'en faire, pour ainsi dire, l'histoire d'un seul État, et qui ne tint point parole, malgré les matériaux nombreux entassés dans les bibliothèques d'Alexandrie et de Rome. La cause n'en est nullement dans l'étonnante et générale médiocrité des connaissances historiques chez les anciens, mais bien plus dans la tendance des Grecs et des Romains à ne s'attacher qu'à des faits particuliers et matériels, et surtout dans leur idolâtrie, cause de l'isolement des peuples, et du peu d'intérêt qu'ils prenaient à l'histoire des Barbares.

Le Christianisme donna le premier l'idée fondamentale de l'histoire universelle, par sa doctrine d'un Dieu, père des hommes, tous essentiellement unis par la rédemption en Jésus-Christ et tous appelés à la sanctification et à l'union avec Dien dans son céleste royaume.

Cette idée fondamentale, incorporée et visiblement réalisée dans l'établissement et la propagation d'une Église catholique, fut exposée avec une merveilleuse clarté par le grand évêque d'Hippone, dans son magnifique livre de la Cité de Dieu.

L'histoire universelle de l'Église a donc pour but d'exposer

l'action et l'influence de l'Église, dans tous les temps et tous les pays, sous toutes ses formes, et de montrer comment tout se lient et tend à une fin commune, Dieu et sa gloire (UVTÉλEIα Tar oλar). Elle choisit surtout les événements qui, par leurs causes et leurs effets, ont eu l'influence la plus générale sur l'ensemble; tandis que l'histoire particulière de l'Église a pour objet telle ou telle branche du Christianisme, sa propagation, la constitution de l'Église, les hérésies, le culte et la discipline, ou encore telle époque, tel royaume chrétien, et forme ou l'histoire ecclésiastique particulière des trois premiers siècles, ou celle du moyen âge, de la France, de la Pologne, et ainsi de suite.

CHAPITRE II.

FORME DE LA SCIENCE.

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Gervinus, Bases de la Science historique. Leipzig, 1837. Læbell, Sur les diverses époques historiques et sur leurs rapports avec la poésie. -Raumer, Manuel d'Histoire. Nouv. série, 2° année, 1841. Haug (t. I, p. 3-26) donne un excellent aperçu des différentes manières d'écrire l'histoire, etc.

§ 6. Comment l'histoire ecclésiastique est une science.

Pour que l'histoire ecclésiastique mérite le nom de science, il faut d'abord que, comme toute histoire, elle soit le résultat de recherches vraiment scientifiques, présentées dans un récit littéraire, et qu'elle tienne ainsi à la fois de la science et de l'art'.

(1) Gervinus a dit des choses fort sensées sur les différentes manières

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