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centre du royaume, comme elle devait l'être du culte, et y fit amener l'arche d'alliance. Après avoir vaincu tous ses ennemis, avoir étendu les conquêtes de son peuple jusqu'à l'Euphrate, et avoir pacifié tout son royaume, il tourna son cœur et son esprit vers l'établissement du culte divin, et voulut préparer à Jéhovah une demeure digne de lui, d'après l'ordre qu'il en avait reçu du ciel1. Mais cette pieuse entreprise ne devait s'accomplir que sous le règne pacifique de Salomon (1000), qui, d'après le modèle du tabernacle', construisit le plus magnifique temple de la terre. Là, dans le saint des saints, fut déposée l'arche d'alliance construite par Moïse, image terrible de la majesté divine, dont nul n'osait approcher, image fidèle du ciel, fermé à l'homme jusqu'au jour où le Christ en ouvrit l'entrée par son sang3. Le bonheur de Salomon, la paix de son royaume durèrent autant que sa sagesse; sa chute entraîna celle de son empire. Dès 975, ce puissant et florissant État se divisa en deux royaumes hostiles, ceux de Juda et d'Israël, ce qui affaiblit singulièrement la nation entière dans les luttes qu'elle soutint pour son indépendance contre les Syriens, les Égyptiens et les Chaldéens. Mais au temps même où la dignité royale était ainsi abaissée, où tombaient à la fois la religion, les mœurs et la puissance politique, la grande voix des prophéties s'éleva : Moïse reparut dans le prophète Élie (sous Achab et Jéhu, 918-896 av. J.-C.); brûlant de zèle, intrépide en paroles, fort et puissant en œuvres et en miracles, Élie reproche aux Israélites leur infidélité et les presse de rétablir le culte de David et de Salomon. Le succès ne répond point à ses efforts. L'esprit de prophétic subsiste, plein de menaces et de fureur, et alors apparaissent, suivant les admirables décrets de Jéhovah, une foule de puissants PROPHÈTES; ce sont les quatre grands prophètes (Isaïe, Jérémie, Ezechiel et Daniel), ainsi nommés, non-seulement parce que leurs prédictions sont

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(1) 2 Samuel, VII. (2) 2 Paralip. III-VII. (4) 1 Rois, XII. (5) 1 Rois, XVII-2 Rois, II.

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plus étendues, mais encore parce qu'elles ont fréquemment rapport à d'autres nations, tandis que les douze petits prophètes ne s'adressent la plupart du temps qu'au peuple même de Dieu. C'est immédiatement les uns après les autres, et parfois ensemble, Jonas, Joël, Osée, Amos, Isaïe, Michée, Nahum.

Opiniâtre dans son infidelité, Israël expie son crime en 722, et Salmanasar, roi d'Assyrie, ministre des vengeances divines, envoie en exil la majorité des habitants de la Judée, qu'il fait peupler par des colonies assyriennes. Mêlées aux Israélites demeurés en Palestine, celles-ci formèrent plus tard le peuple samaritain, haï et réputé impur par les Juifs. Mais Juda ne profite pas de cette terrible leçon; il oublie de nouveau l'alliance que le roi Josias contracte avec le Seigneur, en présence des anciens de la nation et de tout le peuple, après avoir retrouvé la loi de Moïse dans le temple'; il reste sourd à la voix des prophètes Habacuc, Jérémie et Sophonie, et tombe en 558 sous la verge de Nabuchodonosor, le Babylonien. Jérusalem et son temple sont ruinés, et une grande partie du peuple est emmené captif. Jérémie console ceux qui demeurent en Judée; Ezechiel soutient les exilés. Et telle fut la dernière grande épreuve de la foi de ce peuple; longtemps la captivité de Babylone resta comme l'expression vivante du plus terrible châtiment, de la plus affreuse misère. Brisés par la douleur, certains d'avoir dans le monde une autre destination que de périr misérablement au milieu d'un peuple abominable par ses croyances et ses mœurs, convaincus qu'ils s'étaient privés par leur infidélité et leurs divisions intestines des moyens d'accomplir cette destination supérieure, les captifs accablés s'asseyaient au bord du fleuve de Babylone et pleuraient des larmes amères au souvenir de Sion: leurs lyres deineuraient suspendues aux saules du rivage, et leur voix restait muette sur la terre étrangère 2. Alors renaquit plus vif, s'accrut plus ardent et le désir d'expier ses fautes envers le Seigneur, et

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l'espérance du Sauveur promis. Ce sont surtout les prophètes de cette époque qui font entendre tous les tons de la douleur et de l'espérance, du repentir et de la confiance au Dieu bon, juste et puissant, dans un langage si profond, si simple et si majestueux, que jamais peuple du monde, jamais littérature humaine n'a pu l'égaler. Dieu et ses bienfaits, tel est le sujet de ces poésies sublimes. Leur forme harmonieuse et mesurée en augmente la force; tout en charmant l'oreille elles enflamment l'imagination, touchent le cœur, s'impriment profondément dans la mémoire. Chères en tout temps à l'âme noble et pieuse par leur immortelle beauté, elles lui sont précieuses surtout dans le malheur et au sein des plus poignantes adversités. Dieu lui-même inspira ces chants sacrés, et son peuple élu fut le seul dont la poésie naquit d'une véritable inspiration divine, comme le prouvent, avec une irrécusable évidence, les oracles sur le Messie, qui, à mesure qu'approche le temps de la venue, deviennent plus clairs, plus précis, plus circonstanciés, plus explicites sur le temps et le lieu de sa naissance, sa mission, les faits de sa vie, les merveilles de sa mort et de sa résurrection.

Babylone, l'orgueilleuse reine de l'Orient, tant de fois menacée de sa ruine par les prophètes1, tombe à son tour, vaincue par les Mèdes et les Perses que conduit l'envoyé de Dieu, Cyrus, leur vaillant capitaine. Le marteau de la terre est brisé et mis en poudre, comme Daniel l'avait prédit au superbe et coupable Balthazar au moment même de la catastrophe 2. Les soixante-dix années de la captivité, prédites par Jérémie, touchaient à leur terme. Cyrus permit aux captifs de Babylone de retourner (l'an 536) dans leur patrie. Les plus zélés d'entre les Juifs profitèrent seuls de cette liberté, et, revenant en diverses colonnes, se fixèrent principalement dans la terre de Juda, adorant, dans leur repentir et leur joie, les jugements de Dieu, dont ils lurent avec surprise l'annonce dans les li

(1) Isaïe, XIII-XIV; XXI, 1-11; XLVII-XLVIII.-(2) Dan. V.-(3) Jérém. XXV, 12; XXX, 10.

(4) Cf. Esdr. I, 1, etc.

vres mêmes de Moïse1, et l'accomplissement littéral dans les paroles de Jérémie.

Désormais soutenus par le souvenir de leurs ancêtres, heureux de vivre conformément à la loi, après en avoir été si longtemps éloignés, pleins d'ardeur, et vivifiés dans leurs espérances par les promesses de Daniel, prophétisant qu'après soixante-dix semaines d'années', le Fils de l'homme 3, établissant son éternel royaume, viendrait détruire le péché et justifier le genre humain, les Israélites firent diverses tentatives pour rétablir les institutions mosaïques, sous la direction de Zorobabel, d'Esdras et de Néhémie, et réussirent à achever le second temple de Jérusalem (515)*. Aggée et Zacharie (vers 520) avaient réchauffé leur zèle pour cette reconstruction de la maison de Dieu, en leur annonçant que la gloire du second temple surpasserait celle du temple de Salomon, puisqu'il verrait le Désiré de toutes les nations. C'est alors que les Juifs, pleins du sentiment d'eux-mêmes, firent de leur nom celui de la nation entière, n'accordèrent qu'avec peine l'entrée du temple aux Israélites du nord de la Galilée et de l'Orient en deçà du Jourdain, à cause de leur mélange réel ou présumé avec les païens; les Samaritains en furent entièrement exclus. Protégés par la Perse, s'appuyant sur cette base de nationalité, les Juifs rétablirent une forme de gouvernement national en concentrant toute la puissance publique dans le grand prêtre, qui était à la tête du peuple, et dans le sanhedrin, composé de soixante-dix membres, qu'on lui adjoignit dans Jérusalem pour la décision des affaires importantes. Les membres du sanhédrin étaient tirés de toutes les tribus, mais choisis surtout dans l'école des membres de ce conseil.

Les sacrifices qu'offraient les Juifs dans ce temple nouveau étaient encore impurs et imparfaits; Malachie, irrité, s'en dé

(1) Nehem. I, 8, 9.

(2) Dan. IX.

(3) Dan. II, 44; VII, 13, 14, 27. (4) Cf. Esdr. I, 1-4; VI, 1, etc. (5) Agg. 11, 8.

(6) D'après les Nomb. XI, 16.

tourne, et voit dans l'avenir le sacrifice pur et sans tache offert à Jéhovah, non plus seulement dans le temple de Jérusalem, mais dans toute la terre, du couchant à l'aurore, par les Juifs et les païens1; il voit que le Messie est Dieu même, et prédit la venue du nouvel Élie, précurseur du Sauveur du monde, dont il préparera les voies. Et désormais, jusqu'à la venue du Libérateur, il ne devait plus y avoir de prophètes. La loi de Moïse devait suffire au peuple juif, et c'est pourquoi Malachie clôt la série admirable des prophéties de l'ancienne alliance par ces merveilleuses paroles: Souvenez-vous de la loi de Moïse, mon serviteur; je vous enverrai le prophète Élie, avant que le grand et épouvantable jour du Seigneur arrive, et il réunira le cœur des pères avec leurs enfants, et le cœur des enfants avec leurs pères. C'est-à-dire qu'il montrera à ceux-là ce que ceux-ci n'ont fait qu'espérer. Tout avait été dit et marqué par Dieu dans la loi et les prophètes pour l'instruction de son peuple. A dater de ce moment l'esprit de prophétie resta muet.

Quoique la nouvelle constitution politique et religieuse des Juifs eût été fondée précisément par ceux qui étaient le plus vivement touchés du désir de vivre conformément à la loi du Seigneur, peu à peu l'esprit et les formes de la Grèce gagnèrent les Juifs, et soumirent à leur influence les générations dont les pères avaient résisté si opiniâtrément à la violente domination des royaumes de l'Orient. A côté des zélateurs de la loi apparaissaient les amateurs de nouveautés, partisans des mœurs et des coutumes de la Grèce. A dater de la conquête d'Alexandre (323), les Juifs de la Palestine furent soumis tantôt aux Ptolémées d'Égypte, tantôt aux Séleucides de Syrie. Le dernier des Séleucides, Antiochus Epiphanes (175), dont le caractère ambitieux, cruel et impie, avait été prédit par Daniel', poussa si loin la violence de ses mesures pour gréciser les Juifs, qu'il voulut, contre toute forme légale, leur imposer un grand prêtre, qu'il traita de rebelles tous ceux qui faisaient de l'opposition ou qui montraient du zèle pour la

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