Immagini della pagina
PDF
ePub

721 Presque tous les empereurs, leurs femmes et leurs ministres avaient des statues. Léon l'Isaurien, célèbre par son attachement fanatique pour les opinions des Iconoclastes, s'en fit élever à lui-même un grand nombre (1).

Parvenue au douzième siècle de notre ère, la sculpture grecque n'offrait plus qu'une pure routine, mais étonnante dans ses vieux jours, cette routine n'avait point entièrement oublié la savante théorie dont elle avait reçu l'héritage. Le portail de l'église de Saint-Trophime d'Arles, terminé en 1152 (2), dernier soupir du ciseau grec, reporte l'imagination vers les plus belles époques de l'art; on y retrouve encore dans les attitudes du naturel, dans les draperies de la simplicité, dans les têtes de la vérité, de la dignité, de l'énergie, et quelquefois sur les bas-reliefs d'heureuses réminiscences des compositions antiques.

Des chefs-d'œuvre d'une haute antiquité, un Hercule de Lysippe, une Junon plus ancienne, honorée autrefois à Samos, des statues d'athlètes, des chars et des chevaux de bronze, apportés d'Olympie, conservés avec respect, embellissaient encore Constantinople dans le commencement du treizième siècle; et les Grecs gémirent sur la barbarie des Latins qui, dans le pillage de cette capitale, détruisirent sans pitié tant de vénérables monuments (3).

Enfin, vers ce même temps et pendant les deux cents années qui avaient précédé, les derniers artistes qu'ait produits la Grèce opprimée, appelés en Italie par de sages magistrats, y apportèrent la dernière étincelle du feu qu'ils n'avaient pas laissé périr (4). Pise, Sienne, Florence, recueillirent ce dépôt précieux; bientôt la flamme se ralluma; la Grèce, qui avait perfectionné les arts, eut, avant de tomber dans

(1) Il en avait plusieurs à Rome, vers l'an 729. Elles furent détruites à cette époque par le peuple, lors des différents du pape Grégoire II avec cet empereur. M. Heyne a donné une énumération très-détaillée des statues et des édifices élévés par les empereurs grecs, depuis Constantin jusqu'à Manuel Comnène, dans plusieurs dissertations intitulées: Serioris artis Opera quæ sub imperatoribus Byzantinis facta memorantur; (Comment. Societ. Reg. scient. Gotting. tom. IX, p. 36 et seq.) De interitu operum quum antiquæ, tum serioris artis qua Constantinopoli fuisse memorantur, ejusque causis ac temporibus, comment. prior; (ibid. tom. XII, p. 273 et seq.) Comment, altera (ibid. p. 292 et seq.) Artes e Constantinopoli nunquam prorsus exsulantes, etc. (ibid. tom. XIII, p. 3 et seq.) Le lecteur pourra consulter ces savantes dissertations.

(2) Gallia Christ. tom. I, col. 561, C. D. On trouve une gravure de ce monument dans le voyage au midi de la France de M. Millin, Pl. LXX.

(3) Nicetas, de Statuis cen. ign. trad. apud Fabric. Bibl. græc. tom. VI, pag. 405 et seq. Edit. 1708.

(4) Buschetto, architecte et statuaire, un des artistes grecs les plus renommés des derniers temps, fut appelé à Pise en l'an 1016, et bâtit la célèbre cathédrale qui fait encore l'ornement de cette ville. On peut regarder cet artiste et les sculpteurs qu'il amena de la Grèce comme les fondateurs de l'école moderne de sculpture. Les magistrats de Pise lui firent élever un tom. beau. Vasari, Proem. dell. vite, p. 76, 77. Ed. 1759.

une entière servitude, le mérite de nous transmettre les restes de l'antique héritage. L'art n'avait pas péri dans l'Occident, mais ranimé par les productions des Grecs, il y puisa une sorte de grandeur, une âme, une expression, que depuis long-temps il ne connaissait plus.

Revenons maintenant sur nos pas, et considérons l'ensemble de notre travail. Quelle route immense nous venons de parcourir ! quel nombre prodigieux d'hommes illustres et de beaux ouvrages nous a présenté l'histoire d'un seul peuple! Pendant les dix siècles écoulés depuis Dédale jusqu'à Phidias, nous avons vu s'élever, de toutes parts, de grands, de riches monuments, qui attestaient à chaque génération des efforts soutenus et des conquêtes successives. Chez le plus léger, chez le plus inconstant de tous les peuples, au milieu des révolutions et des guerres les plus sanglantes, nous avons vu l'art, dirigé dès son enfance par de sages principes, repousser toutes les erreurs, marcher avec constance vers le but auquel il devait atteindre, jamais ne rétrograder, ne s'arrêter jamais. Nous l'avons vu, parvenu au plus haut degré de perfection, se soutenir dans cet état glorieux pendant six cents années. Dix siècles avaient instruit sa jeunesse; après la longue durée de sa vigueur et de sa gloire, dix siècles se sont écoulés durant son déclin! Quelle différence entre cette marche ferme, soutenue, toujours progressive, et les nombreuses révolutions que l'art naissant à peine a dejà éprouvées parmi nous!

Antique patrie d'Homère, de Démosthène, de Lysippe, de Phidias, mère infortunée des lettres, des sciences et des arts, jamais nous ne t'aurons assez accordé de louanges et d'actions de graces! Chaque jour nos vains efforts attestent la divinité de ton génie. Tous les hommes éclairés s'inclinent devant les dieux que formèrent tes enfants. Toi seule as montré l'art, rival de la nature, luttant avec elle dans la formation de la beauté. Tes exemples et tes préceptes doivent être nos guides; si nous parvenons à égaler tes chefs-d'œuvre, ce ne sera qu'à force de les étudier mais nous aurions en vain reconnu tes sages principes, en vain nous posséderions tes ouvrages les plus admirables, nous n'obtiendrons jamais une gloire égale à la tienne, si nous n'apprenons encore, en imitant ta conduite, à vaincre l'inconstance de nos goûts.

P. S. Cet écrit ayant été publié en 1806, époque où il n'avait paru que très-peu de traités méthodiques sur la même matière, j'ai cru devoir le réimprimer tel à peu près qu'il était d'abord, sauf de nombreuses additions. Depuis sa publication, plusieurs illustres archéologues ont composé des ouvrages où les mêmes questions ont été discutées avec plus ou moins d'étendue. Je dois citer MM. Frédéric Thiersch, Uber die Epochen der bildenden Kunst unter den Griechen, Munich 1825;

Jacobs, Uber den Reichthum der Griechen an plastischen Kunstwerken, Munich 1810; Ottfried Müller, dans ses deux ouvrages intitulés Orchomène, et, les Doriens; Böttiger, Archéologie de la peinture; Sillig, Catalogus artificum græcorum et romanorum, Dresdæ 1827; les savants auteurs des Mémoires qui forment le Recueil publié par M. Böttiger sous le titre d'Amalthea ou Musée de l'antiquité figurée, Dresde 1824; Quatremère de Quincy, le Jupiter Olympien, 1814. Mais les époques où j'avais placé les principaux chefs d'école n'ont point été changées. Ces maîtres sont Dipœnus et Scyllis, Callon d'Égine, Canachus l'ancien, natif de Sicyone, Glancias d'Égine, Calamis, Onatas, Phidias, Polyclète, dit de Sicyone, Naucydès, Lysippe, Praxitèle, Agasias, Pasitèle, Apollonius, mais principalement Callon, Canachus, Lysippe et Praxitèle, qui élevèrent l'art graduellement, depuis l'ancien style éginétique, jusqu'à sa plus haute perfection.

MM. Böttiger, Thiersch et Ottfried Müller pensent qu'il faut distinguer deux Théodore de Samos, l'un fils de Rhœcus, qui florissait vers le commencement des olympiades; ce serait celui dont parlent Diogène Laërce, liv. II, segm. 103, et Diodore de Sicile, liv. I, ch. 98; l'autre, fils de Téleclès, et petit-fils du même Rhœcus, serait celui dont Hérodote fait mention, liv. I, ch. 51; liv. III, ch. 41. Je suis d'autant plus disposé a me ranger à cette opinion, qu'elle est partagée par mon honorable confrère, M. Hase. Elle ne change rien à la marche que j'ai tracée des progrès de l'art.

On pourrait objecter contre mon sentiment au sujet de Canachus, que Xerxès enleva de Milet sa statue colossale d'Apollon Didyméen, la deuxième année de la soixante-quinzième olympiade (Pausanias, I, 16; VIII, 46), pour la placer à Ecbatame; et que la ville de Milet ayant été saccagée par Darius la troisième année de la soixante-onzième olympiade (Hérodote, VI, 18), il est à croire que cette statue n'y avait été consacrée qu'après ce dernier événement. Je répondrais que le pillage et la destruction même d'une ville ne supposent pas l'anéantissement des statues des dieux, témoin la ville de Corinthe, où furent conservées tant de statues anciennes. Mais il y avait ici un motif particulier pour faire respecter l'Apollon de Canachus, c'est le culte que les Perses rendaient au soleil. Nous voyons, dans Hérodote, qu'après la bataille de Marathon, Datis, général de Darius, ayant appris qu'un de ses soldats avait enlevé une statue d'Apollon de la ville de Délium, la transporta lui-même à Délos, comme un objet que sa propre religion lui enseignait a révérer (Hérodote, VI, 18). C'est ce sentiment qui porta Xerxès à placer la statue de Canachus à Ecbatane.

Heyne et d'autres critiques voudraient supprimer le nom de Périclète

724 CLASS. CHRON. DES SCULPTEURS GRECS.

que

du texte de Pausanias, tant dans le chapitre 22 du livre II, que dans le chapitre 17 du livre V, et le remplacer par celui de Polyclète d'Argos, ou Polyclète le jeune, d'où il suivrait que celui-ci aurait été élève de Polyclète l'ancien. J'avoue que je ne saurais adopter cette correction, quand même elle semblerait autorisée par le texte de quelque manuscrit. Deux motifs me déterminent : le premier, c'est que Pausanias se trouve d'accord avec lui même dans les deux passages, et qu'il dit formellement Périclète était fils de Mothon, et frère de Naucydès; le second est l'âge comparé des deux Polyclète, car Polyclète l'ancien, dit Polyclète de Sicyone, dut naître dans la soixante-quatorzième ou la soixante-quinzième olympiade, vers l'année 480 avant notre ère; et Polyclète le jeune exé-` cuta son dernier ouvrage connu, qui est la statue de Jupiter Milichius d'Argos, au plutôt la deuxième année de la cent neuvième olympiade, l'an 343 avant J.-C. (Voyez la Biographie univers. articles Polyclète de Sicyone, Polyclète d'Argos.) Il y a par conséquent entre la naissance du premier de ces maîtres, et le dernier ouvrage connu du second, un intervalle de cent quarante ans. Une si grande distance suppose au moins une génération entre les deux Polyclète. En admettant avec Pau sanias que Polyclète l'ancien a été le maître de Périclète, celui-ci le maître de son frère Naucydès, et Naucydès le maître de Polyclète le jeune, tout est d'accord. Mon opinion est conforme à celle de Facius, éditeur de Pausanias. Pausan. Græc. descript. lib. II, cap. 17, not. 12, tom. I, pag. 261.

TABULA

RERUM

QUÆ IN PLINII NONO VOLUMINE CONTINENTUR.

C. Plinii Secundi Naturalis Hist. lib. XXXIII. Pag.

C. Plinii Secundi Naturalis Historiæ liber XXXIV. 135

Excursus I. De annis Alexandri Magni.....

Excursus II. De Ære et ejus recrementis.

Excursus III. De Ferro

Excursus IV. De Plumbo et Stanno..

Excursus V. De Arsenico

251 .. 258

269

270

272

C. Plinii Secundi Naturalis Historia liber XXXV.. 275 Excursus.

[ocr errors]

429

C. Plinii Secundi Naturalis Historiæ liber XXXVI.. 431
C. Plinii Secundi Naturalis Historiæ liber XXXVII. 565
Essai sur le classement chronologique des sculp-
teurs grecs les plus célèbres..

689

FINIS TOMI NONI.

« IndietroContinua »