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donnez-nous la paix; voilà le terme où nous demandons d'arriver, en tournant nos cœurs de la créature au Créateur, par l'acte de notre douleur.

de Jésus-Christ avait été composé de plusieurs grains pétris et mélés ensemble pour ne faire qu'un même pain.

Dans la seconde prière nous supplions Jésus-Christ présent sur l'autel de nous délivrer de tous nos péchés, de faire que nous nous attachions inviolablement à sa loi, et de ne permettre point que jamais nous nous séparions de lui. Dans la troisième nous lui adressons cette demande : « Que la communion de votre corps, Seigneur JésusChrist! que je suis sur le point de recevoir, tout indigne que j'en suis, ne tourne point à mon jugement, ni à ma condamnation; mais que par votre miséricorde elle me serve de défense pour l'âme et pour le corps!»

Après cet acte de crainte d'où naît ordinairement la douleur, et que la douleur avait ici augmenté, nous produisons un quatrième acte qui est celui de l'adoration, à laquelie, dit saint Augustin, il n'est jamais permis de manquer avant de communier : Nemo autem carnem illam manducat, nisi prius adoraverit. (S. AUG., in ps. XCVII; Conc. Trid. sess. 13, c. 5.) D'abord nous adorons Jésus

En disant ces paroles : Par le même JésusChrist Notre-Seigneur, qui vit et règne avec vous dans l'unité du Saint-Esprit, le prêtre rompt non le corps même de la victime, mais les espèces qui le cachent; voilà le signe démonstratif du prix auquel cette paix nous est donnée. Il a fallu, pour nous la procurer, que Jésus-Christ son auteur fût immolé sur la croix. Après avoir rompu l'hostie, le prêtre dit : Que la paix du Seigreur soit toujours avec vous. Voilà non un simple souhait de cette paix, mais une vraie bénédiction qui jusqu'ici vous était peu connue, et que depuis longtemps je désirais vous faire connaître, dans la persuasion que plus vous désirez la bénédiction du trèssaint Sacrement, plus aussi vous désirez assister au saint sacrifice, puisqu'il n'y en a aucun où vous ne puissiez recevoir cette bénédiction. Le prêtre mêle une portion de l'hostie avec le précieux sang, en disant : Que ce mélange du corps et du sang de Jésus-Christ de corps en faisant une génuflexion proChrist devienne pour nous qui le recevons un gage de la vie éternelle. Voilà, dans la réunion de ces espèces, une figure de la résurrection, ensuite de laquelle Jésus-Christ souhaita la paix à ses disciples. Trois fois nous disons (en nous frappant la poitrine autant de fois): Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous et donnez-nous la paix; voilà le médiateur par les mérites duquel nous sollicitons notre, pardon, c'est ce Jésus qui, comme un doux agneau, sans ouvrir la bouche pour se plaindre, a expiré sur la croix pour y expier nos péchés.

Nous approcher de l'autel sans en avoir obtenu la rémission, quel crime ce serait imiter Judas qui a livré son bon maître; ce serait commettre un crime plus horrible que les Juifs qui crucifièrent notre Sauveur; ce serait manger et boire notre propre jugement; ce serait nous rendre coupables du forfait le moins pardonnable et le moins pardonné; quel malheur de celui qui communie indignement! Vivement frappés de cette pensée, l'Eglise, après les prières que je viens de rapporter nous en met donc trois autres dans la bouche, pour demander de nouveau la même grâce, le pardon de nos péchés. «O Seigneur Jésus-Christ! nous fait-elle dire dans la première; vous qui avez dit à vos apôtres : Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix, n'ayez point d'égard à mes péchés, mais à la foi de votre Eglise, et daignez la pacifier et la réunir selon votre volonté, vous qui, étant Dieu, vivez et régnez dans tous les siècles.» Après cette prière le prêtre baise l'autel, pour marquer que nous recevons la paix de Jésus-Christ figurée par l'autel. Ensuite il la donne au diacre, et par lui à toute l'assemblée, pour marquer que nous tous qui participons au même pain, nous ne faisons qu'un corps et Qu'un esprit, comme le pain changé au corps

fonde; puis ayant dit ces paroles:Je recevrai le pain céleste et j'invoquerai le nom du Seigneur ; Seigneur ! ajoutons-nous, je ne suis pas digne que vous entriez en moi, mais dites seulement une parole et mon âme sera guérie. Ce sont les paroles d'un centenier demandant à JésusChrist la guérison d'un de ses domestiques. Le Seigneur lui ayant répondu qu'il irait, et qu'il guérirait ce serviteur: Seigneur ! s'écria cet officier pénétré d'une humilité qui répondait à la grandeur de celui à qui il parlait, je ne suis pas digne que vous entriez dans ma maison; mais dites seulement une parole et mon serviteur sera guéri. (Matth. VIII, 8.) Quelle humilité ! quelle foi ! JésusChrist même l'a admirée, l'Eglise en a trouvé l'exemple si édifiant, qu'elle nous le remet devant les yeux toutes les fois que notre poitrine doit servir de demeure à notre divin Sauveur. Imitons donc alors ce digne militaire, et pour nous pénétrer des sentiments dont il fut rempli, occuponsnous comme lui de ces pensées.

« Qui êtes-vous, Seigneur? et qui suis-je? vous êtes le Seigneur des seigneurs, le Roi des rois, le Verbe de Dieu égal en bonté, en sagesse... au Père éternel; vous êtes le Dieu béni dans tous les siècles, le Créateur du ciel et de la terre, le Sauveur des hommes conçu dans le sein de Marie, sorti glorieux du tombeau, assis à la droite du Père toutpuissant; vous êtes le Saint des saints, le Saint de Dieu. Et moi, qui suis-je ? une faible créature, un ver de terre, une vile poussière, un néant; je suis un misérable pécheur que son péché a mis au-dessous du néant même; qui suis-je ? encore une fois, moi atome, imperceptible, pour recevoir celui que les cieux ne peuvent contenir; moi, coupable d'un si grand nombre de péchés, pour loger dans mon cœur l'ennemi implacable du péché? Non-seulement je ne suis pas digne, mais je suis positivement très-in

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digne que vous entriez en mon âme : Domine, non sum dignus ut intres sub tectum meum. D'une parole vous avez autrefois créé le ciel et la terre; d'une parole vous venez de changer le pain en votre corps, et le vin en votre sang; d'une parole, vous pouvez donc créer un cœur nouveau, détruire le vieil homme, changer ses affections basses, et leur en substituer de saintes et célestes. Dites-la donc cette parole, et mon âme sera guérie, purifiée de ses souillures, renouvelée dans la grâce. Je m'arrêterais ici Seigneur ! si je me considérais seul, mais vous m'invitez, vous me pressez, vous m'ordonnez de m'approcher de vous. Ah! je prendrai donc, quoiqu'en tremblant, le pain céleste; je vous recevrai en moi, afin que je puiss puisse demeurer en vous; venez, Seigneur Jésus et que votre corps me soit un gage assuré de la vie éternelle. »

A ces mots vous répondez, au moins de cœur ce que l'Eglise souhaite que vous répondiez de bouche, vous répondez: Amen, c'est-à-dire, car ce mot est ici susceptible de deux sens, c'est-à-dire « Oui, Seigneur ! que votre corps me soit un gage de la vie éternelle que vous promettez à vos élus; ou bien, il est une profession de notre foi sur la présenceréelle, et c'est comme si nous disions: Oui, Seigneur, c'est votre vrai corps que je reçois. Ainsi répondaient les fidèles des premiers siècles en communiant : « Oui,» disaient-ils, étendant les mains, et témoignant par ce geste la vivacité de leur foi, « oui, je crois, credo; je vous le répète, oui, je crois que vous êtes substantiellement présent dans le sacrement des autels; je crois que vous m'y donnez ce même corps qui est mort et qui est ressuscité pour moi; et je crois aussi fermement que si je voyais de mes yeux les traits de votre visage, la beauté de votre face, les charmes de votre bouche, la majesté de votre personne adorable; je le crois si constamment, que je donnerais ma vie plutôt que de douter de cette vérité. » Voilà, mes frères, la nature de cette foi qu'exige de vous la réception de la divine Eucharistie. Voici maintenant sa nécessité.

Pour la comprendre il ne faut que voir ce que signifient ces deux mots, mystère de foi, qui font partie de la consécration. L'Eglise appelle donc l'Eucharistie mystère, parce que jamais la raison humaine ne pourra la comprendre. Elle l'appelle mystère de foi, parce qu'il exige toute la soumission de l'esprit, parce qu'il est même plus difficile à croire que plusieurs autres mystères; par exemple, plus difficile que celui de l'HommeDieu souffrant. « Dans celui-ci, dit saint Thomas, il n'y avait que la divinité cachée; ici vous ne voyez ni la divinité ni l'humanité; vous ne voyez rien de ce que vous êtes obligés de croire; que dis-je ? vous êtes obligés de croire le contraire de ce que vous voyez; vous goûtez, vous touchez du pain, et vous êtes obligés de croire que ce pain n'est qu'apparent, que sous ses espèces, est Jésus-Christ tout entier. Que ce mystère est

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donc profond! et cependant qu'il est croya ble, puisqu'il est fondé sur la parole de Dieu à qui rien n'est impossible»« Non, dit saint Chrysostome, nous ne devons pas hésiter un moment de le croire, et dès que le Verbe, aussi incapable de nous tromper que de se tromper lui-même, nous dit que l'Eucharistie est son corps, nous devons soumettre nos esprits, et le contempler des yeux de notre entendement: Quoniam igitur Verbum dicit, hoc est corpus meum, et pareamus, et credamus, et intellectualibus ipsum intueamur oculis. Croyons donc, adorons, gémissons, désirons et aimons. C'est ce que nous devons faire avant de communier, vous venez de l'entendre. Ce que nous devons faire après avoir communié, sera le sujet de mon second point.

SECOND POINT.

A cet endroit de la messe où nous sommes parvenus, et où se consomme le sacrifice auguste des Chrétiens, combien de questions j'aurais à résoudre, si mon dessein était de résoudre toutes celles qui s'y présentent? Pourquoi, après la communion du prêtre et avant celle du peuple, répète-t-on le Confiteor, 'Ecce Agnus Dei, et le Domine, non sum dignus? Le peuple ainsi que le prêtre ne doit-il pas communier sous les deux espèces? Quel est le temps de la messe où le peuple doit communier? Lorsqu'il ne fait pas une communion réelle, ne doit-il pas y suppléer par une communion spirituelle? Je ne nomme que ces questions d'un nombre beaucoup plus grand, parce que ce sont celles dont il m'a paru plus important de vous instruire.

On suppose qu'occupés du chant de l'introit et de l'Agnus Dei, vous n'avez peut-être pas récité le Confiteor et ces autres prières avec le prêtre;dans ce doute onjuge nécessaire de vous les répéter, parce qu'il est très-utile que vous soyez pénétrés des sentiments qu'elles contiennent, voilà ma réponse à la première question.

Anathème à quiconque dira que, par nécessité de précepte et même de salut, tous les fidèles doivent communier sous chaque espèce.

Anathème à celui qui dira que la sainte Eglise n'a pas eu de justes raisons de communier les simples fidèles et les clercs non célébrants sous l'espèce du pain seulement.Anathème à celui qui niera que Jésus-Christ, source et auteur de toute grâce, soit reçu tout entier sous la seule espèce du pain. Voilà, d'après le saint concile de Trente, ma réponse à la seconde question.

La messe est votre sacrifice et le mien: Meum ac vestrum sacrificium Vous devez y participer aussi bien que moi. Les prières qui me disposent à cette participation vous y disposent également. Elles nous sont toutes communes. Autre n'est pas la table du ministre célébrant, et autre celle du peuple; c'est la même hostie pour vous et pour moi; c'est le même banquet qui vous est préparé à tous. Où serait done l'ordre, si vous communiez après que le sacrifice est terminé?

que vous désirez seulement de communier, s'il ne dépendait que de vous. Sans ce désir quelques actes que vous exerciez avec le Sauveur, vous ne communieriez point de cette manière dont nous parlons: vous voyez le fond des cœurs, mon Dieu! et vous ne récompenserez la volonté comme le fait, que quand il ne manque rien de notre côté pour l'exécution. Voilà, mes frères, ma réponse à la quatrième des questions que j'ai proposées d'abord, et qu'il fallait résoudre avant de vous parler des actes qui doivent suivre la cominunion. Le recueillement, l'offrande, le remerciement, la demande sont les quatre principaux auxquels je les réduirai tous ici, conformément aux prières de la messe et aux actions du prêtre.

après que l'assemblée est congédiée par l'Ite missa est? ou avant que la messe ne soit commencée? D'ailleurs la postcommunion qui est une prière d'actions de grâces après la communion, est commune au prêtre et au peuple; comment le peuple pourrait-il, comme il le doit, et comme le prêtre l'y invite, s'unir à celui-ci pour faire cette action de grâces, s'il n'a pas encore communié? Voilà ma réponse à la troisième question, d'où je conclus deux choses; l'une, qu'or dinairement nous ne devons point administrer l'Eucharistie à ceux qui n'ont pas assisté à la messe, excepté les cas de nécessité, d'infirmité, et d'autres raisons pressantes (Rit. Met.); l'autre, que vous ne devez donc point, hors ces cas, vous présenter à la table sainte avant ou après la messe; ce serait vous éloigner de l'esprit de l'Eglise, vous écarter du sens de ses prières, mépriser les vœux des premiers pasteurs qui désirent que l'usage de communier le peuple aussitôt après le prêtre, soit continué où il existait, et qu'il soit rétabli où il n'existait pas, le nombre des communiants dût-il être de trois et quatre cents. « O homme! s'écrie saint Chrysostome, se plaignant déjà du même abus que je combats ici; ô homme! que faites-vous? quoi! Jésus-Christ est ici présent; il est environné de ses anges; il distribue son corps à cette table redoutable, et tandis que vos frères y participent, les laissant là vous vous retirez? » Quelle låcheté de ce Chrétien qui ne peut veiller un quart d'heure de plus avec Jésus-Christ! (De Bapt. Christi, hom. 24.)

L'Eglise souhaite que tous les fidèles communient non-seulement par une affection spirituelle, mais aussi réellement chaque fois qu'ils assistent à la messe; vous devez donc faire vos efforts pour vivre si saintement que la communion journalière vous soit permise. C'est une première conséquence que j'ai déjà déduite des paroles du concile. Vous devez donc, c'en est une seconde que je dois tirer ici, au moins vous devez suppléer au défaut de la communion réelle par la communion spirituelle, et dire du fond de

votre cœur :

<< Non, mon Dieu! je ne suis pas digne que vous entriez en moi; que n'ai-je assez de pureté pour vous recevoir tous les jours? mais puisque mes péchés et les embarras de cette vie m'en empêchent, souffrez au moins que je vous reçoive d'esprit et de

cœur. »

Cette communion que nous appelons spirituelle vous procurera les plus grands avantages; elle détruira en vous les causes du péché; elle bannira. les ténèbres de votre esprit; elle modérera les passions de votre cœur; elle vous unira moralement à JésusChrist; en un mot elle opérera en vous avec quelque proportion, ce qu'opère la communion réelle, pourvu cependant, et remarquez bien ceci, pourvu que cette communion spirituelle soit ce qu'elle doit être, un désir ardent et sincère de communier, en sorte que vous communierez réellement au moment OEUVRES COMPL, de Thiebaut. I.

Celui-ci après avoir pris la sainte hostie. se recueille un moment: c'est une leçon qu'il vous fait du recueillement profond dans lequel vous devez entrer après avoir communié. A ce moment le plus précieux de la vie où la plénitude de la Divinité habite corporellement en vous, vous devez comme la sainte Vierge méditer profondément sur les merveilles qui s'opèrent en vous, vous regarder comme le tabernacle vivant où réside le Saint des saints, tantôt écouter JésusChrist comme Madeleine à ses pieds, et tantôt lui dire, ou avec l'épouse du sacré cantique: Mon bien-aimé est à moi, et moi je suis à lui (Cant. 11, 16); ou avec saint Thomas: Mon Seigneur et mon Dieu: « Dominus meus et Deus meus. » ( Joan. xx, 28.)- -« Oui, vous êtes mon Seigneur et mon Dieu; je vous révère comme mon roi ; je vous adore comme mon Dieu. A vous seul, roi des siècles! Dieu immortel! tout honneur et toute gloire; qui suis-je, Seigneur! pour que vous daigniez habiter en moi? tout ce qu'il y a de gran dans le ciel et sur la terre se reconnaît indigne de paraître devant vous; toutes les nations de la terre ne sont rien en votre présence; leur puissance comparée à la vôtre n'est que faiblesse, leur grandeur que bassesse; qui suis-je donc à vos yeux, Seigneur, et comment avez-vous eu la condescendance de descendre dans mon cœur ? Votre majesté et mon néant me confondent, et tout ce que je puis, c'est de me taire et de vous honorer dans un respectueux silence. »>

Il ne suffit pas, mes frères, que vous observiez ce silence au moment de votre com- ; munion seulement, il faut le continuer le reste du jour, le plus qu'il vous est possible, tenant toutes les puissances de votre âme unies à Jésus-Christ, vous entretenant avec lui, vous rappelant souvent le souvenir du bienfait que vous avez reçu, veillant sur tous les mouvements de votre cœur, évitant la dissipation, et généralement tout ce qui peut vous faire perdre le sentiment et le goût de la présence de Dieu. Ce n'est, dit sainte Thérèse, que parce qu'on néglige cette pratique qu'on tire si peu de fruit de ses communions. La messe où l'on a communié est à peine finie qu'on sort de l'église; on se livre aussitôt au soin des choses temporelles;

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on forme des conversations inutiles avec les hommes; on oublie la grâce qu'on a reçue. Voilà la raison du peu de progrès qu'on fait ensuite de ses communions: c'est qu'on ne se tient pas dans le recueillement nécessaire pour en profiter.

Un second acte dont le prêtre fait aussi une leçon est celui de l'offrande, qu'il exprime en ces termes :-Que rendrai-je, dit-il avec le Psalmiste dont il emprunte les paroles, que rendrai-je au Seigneur pour tous les biens qu'il ma faits? a Quid retribuam Domino pro omnibus quæ retribuit mihi?» (Psal. CXV, 12.) Je prendrai, ô mon Jésus! ce calice du salut qui renferme votre sang précieux; je vous l'offrirai pour vous remercier du sacrement de votre corps; j'invoquerai votre saint nom; je chanterai vos louanges; j'inviterai les hommes et les anges, toutes les créatures, à chanter avec moi, et parce que toutes ces louanges réunies ne vous glorifieraient pas encore assez si elles étaient séparées des vôtres, je vous prierai de vous glorifier vous-même, d'exalter votre magnificence et de publier vos miséricordes. C'est ainsi que je satisferai au devoir de la reconnaissance, et que je me mettrai à couvert de mes ennemis: Laudans invocabo Dominum, et ab inimicis meis salvus ero (Psal. XVII, 4). C'est là l'offrande que le prêtre fait après sa communion, et que vous devez faire après la vôtre, sinon quant aux paroles, du moins quant au sens.

«Mon Dieu, pouvez-vous dire, « vous venez de me donner votre corps, votre sang, votre âme, votre divinité, vous-même tout entier et sans aucune réserve; n'est-il pas bien juste que je me donne à vous entièrement et sans aucun partage? Je vous offre donc ma mémoire, pour me souvenir de vous et de vos bienfaits, mon esprit pour vous connaître, mon cœur pour vous aimer, ma volonté pour vouloir tout ce que vous voulez, mes yeux pour admirer les merveilles de votre puissance et de votre sagesse, mon ouïe pour entendre votre divine parole, ma langue pour bénir votre saint nom, ma voix pour chanter vos louanges, mes mains pour travailler à votre gloire, mes pieds pour marcher dans la voie de vos commandements; je vous offre toutes les facultés de mon âme et tous les sens de mon corps, pour être autant d'instruments des vertus qui vous sont agréables; je vous offre mes biens, mes talents, mon crédit, ma réputation, ma santé, ma vie, pour vous en faire hommage; je vous offre mes pensées, mes désirs, mes desseins, mes projets et toutes mes actions; je vous offre les infirmités, les maladies, les adversités, toutes les peines, tant intérieures qu'extérieures, dont il vous plaira de m'éprouver; mais qu'est-ce que tout cela, Seigneur, et quelle proportion y a-t-il entre ce que vous m'avez donné et ce que je vous offre? Pour suppléer au défaut de mon offrande, j'y ajoute donc toutes les souffrances des martyrs, tous les travaux des apôtres, tout le zèle des confesseurs, toutes les mortifications des pénitents,

toutes les louanges des anges, tout l'amour des chérubins, toutes les bonnes œuvres qui ont été faites dans le ciel et sur la terre depuis le commencement du monde, et toutes celles qui se feront jusqu'à la fin des siècles je vous offre surtout celles de Marie votre mère, et parce que cette offrande n'égale pas encore la grandeur de votre bienfait, je vous offre vous-même à vous même, vous victime d'un prix infiui, à vous Dieu infini en toutes perfections. >>

Voilà, mes frères, une idée de ce que vous pouvez dire, et de la manière dont vous pouvez faire votre acte d'offrande et presque votre acte de remerciement, lequel ne peut pas plus être sans offrande, que l'offrande sans remerciement.

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Avant de faire ce troisième acte plus distinctement, le prêtre prend les ablutions et dit à la première : « Faites, Seigneur, que nous recevions avec un cœur pur, ce que nous avons mis sur nos lèvres, et que ce don temporel devienne pour nous un remède qui nous soutienne durant cette vie jusqu'à l'éternité, contre nos faiblesses, contre nos penchants, et contre toutes les maladies de notre âme. » «Que votre corps, dit-il à la seconde ablution, que votre corps que j'ai mangé, et que votre sang que j'ai bu, demeurent attachés à mes entrailles, à ce qu'il y a de plus intime à mon âme, à mes pensées, à mes desseins, à mos affections, et faites par votre sainte grâce qu'il ne reste en moi aucune tache de mes péchés, puisque jai été nourri par des sacrements si purs et si salutaires.»- Ensuite, et après avoir dit une antienne appelée communion, parce que le temps de la chanter est celui où le peuple communie, il dit et vous invite à dire la collecte nommée postcommunion, c'est-à-dire, prière après la communion, ou prière pour remercier le Seigneur du bonheur ineffable d'avoir participé aux divins mystères, et pour lui demander la grâce d'en conserver le fruit; car tel est le sens renfermé dans toutes les colJectes que nous nommons postcommunion; et lorsque nous les récitons, c'est comme si nous disions ce que je vais vous apprendre à dire pour remercier et demander après la communion.

«Que vous êtes bon, Seigneur, que vous êtes libéral, généreux, magnifique, de vous donner ainsi à moi dans le sacrement de votre amour! non content d'être né pour me servir de modèle, d'être mort pour me racheter, d'être monté au ciel pour y être mon avocat et ma félicité un jour, vous devenez aujourd'hui la nourriture spirituelle de mon âme; quelle action de grâces pourrai-je vous rendre pour un si grand bienfait celle-là mème qui s'appelle par excellence l'action de grâces; je vous rendrai vous-même à vous-même, pour reconnaître la grâce que vous m'accordez par vousmême qui êtes l'auteur de cette grâce, et puisque vous daignez agréer mes présents lorsqu'ils sont sanctifiés par votre esprit, je vous offre avec tout ce que j'ai, tout ce que je suis confus d'avoir été jusqu'ici un ir

grat et un prévaricateur, je vous aimerai à l'avenir de tout mon cœur ; je serai fidèle à votre loi; je vous marquerai par toute la suite de ma vie les obligations que je vous ai, ô mon Dieu ! de vous être donné à moi : oui, mon Dieu ! vous serez désormais le roi de mon cœur ; vous serez toute ma vie ma joie, ma lumière, ma force, mon espérance et mon amour, trop heureux de ce que vous daignez m'entendre, et recevoir le don que votre bonté m'inspire la hardiesse de vous offrir. >>

Cet acte, mes frères, est une disposition au suivant, d'autant plus excellente, qu'un moyen efficace pour obtenir des bienfaits à l'avenir, c'est d'être reconnaissant pour les bienfaits passés. Après avoir remercié de la manière que je viens de dire, et dans les sentiments que je désirerais vous avoir inspirés, vous pouvez donc avec une pleine confiance adresser cette prière à Jésus habitant dans votre poitrine:

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formes à leur état personnel, que les formules publiques d'actions de grâces après la communion sont si succinctes.

A celles que j'ai nommées, l'Eglise ajoute aujourd'hui le Placeat, la bénédiction du célébrant et le commencement de l'Evangile selon saint Jean. Cependant parce que ces dernières prières sont assez récentes, et que la messe jusqu'au 1x siècle finissait à ces mots: Ite, missa est, c'est aussi par ces mots que je finirai mes instructions sur la matière importante du sacrifice de la messe. C'est de ces dernières paroles que l'auguste sacrifice de nos autels a pris son nom, et le sens qu'elles ont est un de ces deux : le premier: Vous pouvez vous retirer, on vous en donne la permission; le second: Vous pouvez aller en paix, l'hostie a été envoyée pour nous à Dieu le Père (104).

Plaise à sa Majesté, disait ici un ancien dont les expressions édifiantes termineront ce discours, plaise à sa Majesté suprême que quand nous entendrons dire ces mots, notre esprit se tourne vers la céleste patrie où notre chef nous a précédés, et que nous soyons. par nos désirs là où le Désiré des nations nous attend avec son trophée ! C'est, mes frères, le bonheur que je vous souhaite, au nom du Père, etc. (105).

Ame sainte de Jésus! sanctifiez-moi; corps sacré de Jésus ! sauvez-moi; sang précieux de Jésus! enivrez-moi; eau pure du côté de Jésus! purifiez-moi; sueur salutaire de Jésus! guérissez-moi; passion de Jésus! fortifiez-moi; bon Jésus! gardez-moi, cachez-moi dans vos plaies, ne permettez pas que jamais aucun péché me sépare de vous, défendez-moi de l'esprit malin, ordonnez que j'aille à vous, et placez-moi près de vous à votre droite, afin qu'avec vos anges et vos archanges, je vous loue dans les siècles des Dispositions intérieures pour assister aux

siècles ! »>

D'un grand nombre d'autres prières qu'il serait facile de rapporter ici, je me borne à celle-là seule pour vous faire une remarque qui justifiera ma brièveté sur un point qui s'étend à l'infini.

Il semblerait d'abord que l'Eglise après la communion devrait être très-diffuse en louanges, en actions de grâce, en bons propos, en actes d'amour, en demandes; la circonstance de la personne qui se donne, celle du sujet à qui elle se donne, celle des avantages attachés à l'art de converser avec cette personne divine, combien d'autres circonstances encore paraissent justifier et même exiger cette prolixité? Cependant l'Eglise passe avec une sorte de rapidité sur ces divers actes de piété; elle les indique, pour ainsi dire, plutôt qu'elle ne les fait, pourquoi ? C'est afin que chacun puisse s'en occuper dans son particulier selon que l'EspritSaint lui suggérera; les dispositions de l'un veulent qu'il loue et qu'il adore plus longtemps, les dispositions de l'autre exigent qu'il prie, qu'il demande, et qu'il s'applique surtout à exposer sa misère; c'est afin que tous puissent donner plus de liberté à leur cœur, seconder plus fidèlement les impressions de la grâce, et produire des actes con

(104) De là cette manière de parler des anciens, de dire qu'ils avaient assisté a la messe, pour dire qu'ils avaient assisté au sacrifice jusqu'à la tin. It y aurait péché de sortir avant ce temps, selon saint Antonin, il y aurait même péché de manquer à la moitié ou à la troisième partie de la messe un jour

INSTRUCTION XCII.

SUR LE SECOND COMMANDEMENT DE L'Église.

vépres.

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Je vous l'ai dit, mes frères, en commençant mes instructions sur le second commandement de l'Eglise; ces sacrifices dont il est parlé dans la loi ancienne, figuraient ceux qui devaient s'offrir dans la loi nouvelle; celui du matin désignait le sacrifice auguste de nos autels, et celui du soir pouvait marquer le sacrifice de nos lèvres et de nos vêpres. Dans mes instructions précédentes, je vous ai appris une partie des choses qu'il convenait que vous sussiez du premier de ces sacrifices, et je vous apprendrai l'autre partie lorsque nous en viendrons aux sacrements, et à celui de l'Eucharistie. Touchant le second de ce's sacrifices, deux questions se présentent d'abord. Dans quelle église convient-il d'entendre les vêpres, at comment faut-il les entendre? Ce sont les questions les plus ordinaires touchant les vepres et le commandement d'y assister, celles auxquelles je me hâte de satisfaire.

Cette église a été dédiée sous l'invocation de la croix; dans la dédicace qui s'en est faite, il s'est passé un contrat solennel entre d'obligation, si une raison légitime n'excusait ces absences.

(105) Il sera facile à un pasteur de tirer de cette instruction un discours solide pour la première communion des enfants.

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