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plus hardi à offenser son Dieu Absit ut aliquis ita interpretetur, quasi... redundantia clementiæ cœlestis libidinem faciat huma

na temeritatis.

En effet, mes frères, ce que Tertullien craignait pour les Chrétiens de son temps, est encore plus à craindre pour ceux de notre siècle. Disons-leur ce qui est de foi, que le sacrement de pénitence est établi par Jésus-Christ pour réconcilier à Dieu les fidèles, chaque fois qu'ils pèchent après le baptême; montrons-leur, cette seconde planche qui leur reste après le naufrage, ils ne craindront plus les vents des tentations, ils s'exposeront hardiment aux tempêtes, ils chercheront de sang-froid les écueils, dans l'espérance qu'après avoir échoué, ils pourront encore arriver au port du salut. Dérobons à leurs regards cette planche, que la miséricorde divine leur a préparée, nous les jetons dans l'abattement. La présomption d'un côté, le désespoir de l'autre ; voilà donc, mes frères, les deux excès que nous devons vous faire éviter, et entre lesquels il faut vous faire marcher. Il faut garantir les uns de la présomption, en les convainquant de ce que dit le concile de Trente, que ce n'est qu'avec beaucoup de larmes et par de grands iravaux, qu'on retourne à cette vie nouvelle qui se perd par le péché; il faut préserver les autres du désespoir en leur indiquant le sacrement de penitence, comme un asile auquel ils peuvent recourir après leur chute. Puisse contribuer à ces effets ce que j'ai dit de la contrition dans l'instruction précédente, et ce que je vais dire dans celle-ci de la confession: 1° par rapport au pénitent, et 2° par rapport au ministre de la pénitence (113). Suspendez votre jugement sur le second point jusqu'à ce que vous l'ayez entendu, alors vous comprendrez combien il était utile de vous en parler.

PREMIER POINT.

La confession, disons-nous, est une accusation de tous ses péchés, faite au prétre, pour en avoir l'absolution dans le temps convenable. Expliquons bien la première partie de cette notion, il n'en faut pas davantage pour nous faire connaître la nécessité de la confession, l'intégrité qui doit l'accompagner, l'examen qui doit la précéder, par conséquent ce qu'elle est par rapport au pénitent.

1° La confession est une accusation, et le tribunal où se fait cette accusation est celui de la pénitence, laquelle Tertullien (Lib. de panit.) appelle l'art d'humilier l'homme: Prosternendi et humilificandi hominis disciplina,» parce que le pénitent doit se présenter, les larmes à l'œil, la componction dans le cœur, les genoux en terre, la vue baissée, le corps dépouillé de toute marque de dignité, comme un coupable qui subit son interrogatoire, et qui attend ce moment critique où son juge doit l'absoudre ou le condamner. Il est en même temps accusa

teur, témoin et accusé, parce que le tribunal, devant lequel il paraît, est un jugement de réconciliation, et non de vengeance; un tribunal où l'on n'exerce la justice que pour faire miséricorde; un tribunal par conséquent bien différent de celui sur lequel paraftra le Juge souverain, quand il viendra rendre à chacun selon ses œuvres; un tribunal enfin auquel je vous exhorte à recourir tous, afin que vous y trouviez grâce pour le temps et pour le grand jour de l'éternité.

Sans cette démarche, pécheurs, vous ne pouvez espérer de rentrer dans l'amitié du Seigneur; le sacrement de pénitence n'est pas moins nécessaire à celui qui a sali la robe précieuse de sa première innocence, que le baptême à tous les enfants d'Adam; comme ceux-ci ne peuvent entrer dans le royaume des cieux, si, du moins par le désir, ils n'ont été régénérés de l'eau et de l'Esprit-Saint, de même vous ne pouvez espérer de salut, si, du moins, par la contrition parfaite qui renferme la volonté sincère de recevoir le sacrement de pénitence, vous ne participez à la vertu qu'il a de vous réconcilier à Dieu; dans votre malheureux état, l'enfer vous est ouvert, et le ciel vous est fermé, sans l'usage des clefs qui sont entro les mains du prêtre, ni cet enfer ne se fermera, ni ce ciel ne s'ouvrira. Quel puissant motif pour vous de recourir à ce prêtre et de lui faire votre confession? Elle est une accusation, et non un simple récit, je le disais d'abord,

Elle est une accusation des péchés; je le disais en second lieu, et par ce mot, vous comprenez qu'au tribunal de la pénitence, vous devez nous instruire, non de vos bonnes œuvres, à moins que nous ne nous en informions pour vous diriger plus sûrement, pour connaître, par exemple, si vous êtes de ces âmes fortes que Dieu appelle à un haut degré de perfection, non de vos misères temporelles, pauvres; à moins qu'elles ne soient le principe de vos fautes; le tribunal de la pénitence n'est pas le lieu où vous devez nous découvrir votre indigence; ron enfin, de ce qui n'est en vous qu'imperfection, comme seraient des distractions involontaires en elles-mêmes et dans leur cause, mais de vos péchés mortels et de leur nombre, de leur espèce et de leurs circonstances considérables, de ceux qui se sont manifestés au dehors, et de ceux qui sont purement intérieurs, de tous, en un mot, parce que tous sont la matière de la confession.

Son intégrité exige donc, 1° que vous déclariez le nombre de vos péchés aussi exactement qu'il vous est possible, sans l'augmenter, sans le diminuer, sans même vous servir de ces mots; j'ai commis ce péché tant de fois, plus ou moins, excepté lorsque Vous ne pouvez connaître le nombre précis de vos fautes, car alors il suffit de déclarer que vous avez péché environ tant de fois,

(113) Ces deux points sont assez longs pour être chacun la matière d'une instruction particulière.

tant de fois par jour, tant de fois par semaine, lant de fois par mois, si vous ne pouvez faire un détail plus exact.

L'intégrité de la confession exige, 2° que Vous déclariez l'espèce de vos péchés, en vous accusant par ordre, de ceux que vous avez commis contre le premier commandement, puis contre le second, ensuite contre le troisième, et ainsi des autres commandements. Rien ne facilite tant la mémoire du pénitent et celle du confesseur que cet ordre, et il est bien étonnant que le grand nombre l'observe si peu.

L'intégrité de la confession exige 3° que vous déclariez les circonstances considérables de vos péchés. 1. La circonstance de ce qui augmente ou diminue considérablement l'action du péché; vous avez dit des injures, et peut-être que les injures étaient très-atroces. 2 La circonstance de la personne; vous avez péché contre la pureté, et peut-être que vous avez voué la chasteté. 3. La circonstance du lieu; vous avez tenu des mauvais discours, et peut-être que vous les avez tenus en présence de plusieurs per sonnes, peut-être que vous les avez tenus dans le lieu saint. 4. La circonstance des moyens; vous avez des intrigues criminelles, et peut-être que vous y employez vos domestiques, vos enfants même à qui vous devez une éducation chrétienne. 5. La circonstance du motif; vous avez dérobé, et peut-être que l'intempérance, la volupté et d'autres passions que vous vouliez satisfaire, étaient le motif de vos injustices. 6. La circonstance de la manière; vous avez médit, et peut-être que vos médisances artificieuses en faisaient entendre plus que vous n'en disiez. 7. La circonstance du temps; vous avez haï votre ennemi, et peut-être que cette haine a régné longtemps dans votre cœur ; peut-être que vous en avez souvent produit des actes; vous vous êtes livrés à l'excès du jeu, de la danse, du vin, de la colère, et peut-être que vous avez commis ces excès un jour de dimanche ou de fête, un jour de confession ou de communion. L'intégrité de la confession exige que vous déclariez chacune de ces circonstances; elle exige que vous les déclariez toutes généralement, nonseulement lorsqu'elles changent l'espèce, mais encore lorsqu'elles sont assez considérables, assez grièves pour rendre mortel un péché qui, à raison de la matière, pourrait n'être que véniel. Qu'exige-t-elle de plus encore l'intégrité de la confession?

Elle exige, 4 que vous vous accusiez des péchés contraires aux deux derniers commandements, comme des péchés opposés aux huit premiers; des péchés intérieurs comme des péchés extérieurs; des péchés de pensées, de désirs, d'intention, comme des péchés d'action et d'omission, des péchés étrangers commis à votre instigation, comme de vos péchés propres : Anathème, dit le concile de Trente, à quiconque soutient que dans le sacrement de pénitence, il n'est pas nécessaire de droit divin, pour la rémission des péchés, de confesser distinctement tous ceux

qui sont mortels, et qu'un examen sérieux rappelle à la mémoire ceux mêmes qui sont cachés, et qui sont contre les deux derniers préceptes, ainsi que les circonstances qui changent l'espèce du péché. La raison des Pères du concile est on ne peut pas plus solide.

Le Sauveur du monde, en nous confiant le pouvoir de remettre ou de retenir les péchés, a voulu sans doute que nous l'exerçassions avec prudence et avec connaissance de cause; il a voulu que nous sussions à qui il fallait remettre, et à qui il fallait retenir les péchés. Or nous ne pouvons le savoir que par la confession distincte et circonstanciée que le pécheur nous fait de ses péchés. D'ailleurs sans cette confession, nous ne pourrions garder l'équité dans l'imposition des pénitences que nous avons ordre d'enjoindre. Quoi donc de plus évident que la confession est nécessaire de droit divin, ou, ce qui est la même chose, que le Seigneur, donnant aux prêtres le pouvoir de remettre ou de retenir les péchés, a imposé aux fidèles. l'indispensable obligation de confesser tous ceux qui sont mortels.

Vous pourriez aussi confesser vos péchés véniels; vous les confesseriez même utilement; la revue que vous en feriez, vous en inspirerait de l'horreur; l'aveu que vous en feriez, vous humilierait; le prêtre à qui vous le feriez, vous indiquerait les moyens de les éviter; l'absolution qu'il vous en donnerait, serait pour vous le principe de plusieurs grâces. Il est d'ailleurs dangereux que vous ne preniez pour véniels des péchés qui seraient mortels. Combien de raisons de ce qu'enseigne le concile, qu'il est bon et utile de confesser les péchés véniels! Vous n'y êtes cependant pas obligés. Vous. pouvez les expier par la récitation de l'Oraison dominicale, par l'assistance au saiat sacrifice, par la participation à la victime qui y est offerte, par l'aumône, par d'autres bonnes œuvres, en y joignant des actes d'amour de Dieu et de contrition. C'est ce que signifient ces paroles du concile: Taceri tamen citra culpam, multisque aliis remediis expiari possunt.

Peu après, ayant dit de nouveau que les pénitents doivent confesser tous leurs péchés mortels, les Pères ajoutent cette modification dont ils se souviennent ensuite d'une recherche exacte de leur conscience et la raison qu'ils donnent de cette restriction, c'est que tous les péchés dont on ne se souvient pas, et dont on omet l'accusation par une inadvertance non coupable, sont censés renfermés dans la même confession. L'intégrité quelle exige est une intégrité morale et non physique; il suffit, pour la rémission des péches inconnus, de dire avec le prophète : Mon Dieu, purifiez-moi de mes pechés cachés : « Ab occultis meis munda mc » (Psal. XVIII, 13): cela suffit, dis-je, pourvu qu'en effet on n'ait pu moralement les connaître; car si le défaut de connaissance vient du défaut d'examen; si l'examen n'a pas été proportionné au nombre des fautes et au

temps depuis lequel on ne s'est point confessé; si on n'a pas fait les mêmes recherches que l'on ferait pour l'affaire temporelle de la plus grande importance; si, ayant fait ces recherches on ignore encore ses fautes, parce qu'on a négligé de s'instruire des devoirs de son état et de sa religion, alors leur omission étant coupable, au moins dans sa cause, ils ne sont pas remis, et la confession est un sacrilége ajouté aux autres péchés précédents.

Elle en serait un aussi, et à plus forte raison, si on omettait quelqu'un par malice ou par honte par malice pour obtenir une absolution que le confesseur refuserait, si on s'accusait exactement; par honte, comme il arrive surtout aux jeunes personnes coupables contre le sixième ou septième commandement. Dans l'un et l'autre cas, la confession est nulle et sacrilége; il faut la recommencer tout entière, et avec elle toutes les autres qu'on aurait faites depuis. Un tel aveu est humiliant, j'en conviens, et il l'est surtout lorsqu'il se fait à un confesseur avec lequel on vit, à un pasteur que l'on a souvent occasion de voir; mais aussi que devez-vous principalement rechercher dans la pénitence, sinon ce qui vous humilie devant Dieu? Ce qui vous a perdus, dit saint Chrysostome, c'est de n'avoir pas eu assez de honte du péché pour l'éviter, et ce qui doit vous sauver, c'est la honte de la confession que vous êtes obligés d'en faire. Cette honte peut aller trop loin; elle peut fermer la bouche à un pécheur, lui faire céler son péché et rendre la confession nulle et sacrilége, je viens de l'observer. Ce que je dois maintenant vous dire, c'est de prendre garde qu'en vous éloignant de cette extrémité, vous n'alliez à l'opposé en accusant vos péchés avec autant d'assurance que vous en avez eu en les commettant; si c'est un excès de cacher son crime par confusion, quel excès, n'est-ce pas de le déclarer sans confusion! Il en faut done, et l'important est de n'en avoir ni trop, ni trop peu.

Ce trop de honte vient ordinairement de l'amour-propre qui a horreur de toute pratique qui abaisse; il vient aussi quelquefois d'une certaine crainte qu'un confesseur ne viole le secret de la confession, et il est à propos de vous montrer combien cette crainte est injuste, combien elle est frivole. Supposer qu'un ministre de la pénitence viole le secret de la confession, c'est supposer qu'il est homme à pécher contre le droit naturel, qui veut que tout secret soit inviolable; contre le droit divin, qui veut que celui de la confession le soit, quand il s'agirait du bouleversement des empires; contre le droit ecclésiastique, qui condamne à une pénitence dure et perpétuelle, dans un monastère, quiconque l'aurait violé; contre le droit civil, qui menace de la peine du feu, celui qui serait trouvé coupable de ce crime. Quelle étrange supposition! Vous qui la faites! vous supposez donc qu'un confesseur sait qu'il ne peut, ni directement, ni indirecteinent, user de ce secret, qu'il ne le peut

sans commettre le plus grand crime, un crime mille fois défendu par l'Eglise, et que cependant il se détermine à le commettre, ou pour servir l'Eglise qui le lui défend, ou pour contenter quelque passion cachée; peut-on le soupçon le plus injurieux.? sur quelle expérience est-il fondé ? je vous prie: quand est-ce que le secret de la confession fut violé? n'est-ce pas là un des points où la Providence est spécialement admirable.? Aucune raison ne peut donc justifier cette honte qui vous engage à cacher vos péchés ; vous devez les faire connaître tous à votre confesseur, comme Dieu les connaît, si vous ne voulez qu'au jugement dernier le souve-. rain Juge ne les manifeste à l'univers pour vous couvrir d'un opprobre éternel. La confession doit être de tous ses péchés.

Ce mot ses, est remarquable; la confession est une accusation de ses péchés, et non de ceux d'autrui. Instruits par la faute de nos premiers parents, au lieu de rejeter nos fautes sur les autres, nous devons dire: oui, c'est ma faute; je pouvais faire autrement; c'est ma propre faute; je ne dois en accuser que ma lâcheté; c'est ma très-grande faute; c'est le plus méchant des enfants qui a péché contre le meilleur des pères. C'est ce que nous devons dire; c'est même ce que nous disons; mais comment? hélas! de paroles, que nous démentons au moment même que nous les proférons; car quel est ici le pécheur qui ne cherche à s'excuser, en accusant, où son prochain, ou sa faiblesse, ou la force de la tentation ou la surprise dans laquelle il s'est trouvée? Loin de vos confessions, mes frères, ces coupables excuses. Loin d'elles encore ces histoires faites à dessein de tenir enseveli dans les ténèbres le péché que vous sembliez vouloir en tirer. Loin d'elle ces détours et ces circuits qui font perdre un temps précieux, et qui tendent presque toujours à vous justifier, quoique vous soyez venus vous condamner. Loin d'elles les longues narrations, les expressions peu honnêtes, toute parole inutile, toute parole qui n'exprime pas ou qui n'aide pas à exprimer un péché. Loin d'elles ces accusations ambigues, où on dit trop ou trop peu. Comme témoins contre vous-mêmes, comme accusateurs de vous-mêmes, vous devez avoir prévu tout ce que vous direz, jusqu'aux termes dont vous vous servirez pour le dire, afin de vous expliquer avec précision, avec exactitude. Vous devez donc avoir examiné très-soigneusement les plis de votre conscience; car comment sans l'usage de cet examen pourriez-vous connaître et déclarer tous vos péchés, avec cette précision, cet exactitude, cette intégrité morale sans laquelle votre confession serait nulle? Mais quelle est la manière de faire cet examen? c'est peut-être ce que vous ne savez pas assez, ce dont vous désirez d'être plus instruits, ce dont je dois par conséquent vous donner une idée. Remplissons ici cette obligation.

Je repasserai, devez-vous dire d'abord avec les saints, je repasserai devant vous, Sei

gneur, toutes mes annees dans l'amertume de mon dme: « Recogitabo tibi omnes annos meos in amaritudine animæ meæ.» (Isa. xxxvш, 15.) Je penserai à mes années anciennes pour les rectifier, à mes années éternelles pour m'y préparer : « Cogitavi dies antiquos, et annos æternos in mente habui. » (Psal. LXXVI, 6.) Ensuite éloignés du tumulte, retirés dans le lieu le plus secret de votre maison, placés sous les yeux de votre Dieu, vous lui ferez cette prière, ou d'autres semblables: Je m'adresse à vous, Seigneur, pour connaître le nombre et l'énormité de mes péchés, etc. puis comparant, ce qui vous est ordonné ou défendu, avec ce que vous avez fait ou omis, vous vous examinerez par ordre, comme en effet vous devez vous examiner, sur les commandements de Dieu et de l'Eglise, sur les péchés capitaux, sur les péchés de votre état et sur ceux que vous commettez plus ordinairement. Voici un modèle d'examen sur le premier commandement qui pourra vous guider dans l'examen de tous tres; considérez-le de près; écoutez la discussion de votre vie sur ce point; répondezmoi, ou plutôt répondez au Seigneur qui va vous interroger lui-même par mon minislère.

au

Vous adorerez le Seigneur votre Dieu, et vous le servirez lui seul (Matth. iv, 10): c'est la, vous dit-il, le premier commandement que je vous ai fait; en vous le faisant, je vous ai ordonné de croire en moi, d'espérer en moi, de m'aimer, de m'adorer; la foi, l'espérance, la charité, la religion sont les quatre vertus dont j'ai exigé de vous les actes. Où est-il, ce tribut que j'exigeais de votre cœur et de vos lèvres? Vous avez non-seulement omis de m'offrir ce sacrifice, le soir et le matin; mais est-il une de ces vertus contre laquelle vous n'ayez formellement péché?

Contre la foi, vous avez péché, ou par des infidélités positives, ou par des doutes réfléchis, ou par la fréquentation volontaire de ceux qui y ont renoncé, ou par la lecture des livres qui la combattent, ou enfin par votre négligence à vous instruire et à vous faire instruire de ma loi.

Contre l'espérance, vous avez péché ou par désespoir, ou par présomption, ou par attachement à la créature. Par désespoir, en désespérant, ou de réussir à vaincre vos passions, ou d'obtenir le pardon de vos péchés, et par un effet de ce double désespoir, en cessant de travailler à votre salut, en renonçant à la prière, à la fréquentation des sacrements, etc. Par présomption, en présumant que je vous ferais miséricorde à la fin de vos jours; que jusque-là vous pourrez persévérer dans le péché, qu'un bon peccavi vous tiendra lieu d'une bonne vie; ou en vous exposant sans nécessité à des dangers desquels vous ne pouvez sortir sans une grâce particulière, en prétendant vous corriger sans prendre les moyens nécessaires. Par attachement à la créature, en recherchant les biens de la terre jusqu'à l'oubli du ciel, en vous appuyant trop sur vos forces

naturelles, en ne demandant pas assez més. grâces.

Contre l'amour divin; vous avez péché, 1° parce que vous ne m'avez pas aimé en tout et jusque dans l'indigence, jusque dans les humiliations, jusque dans les souffrances, jusque dans les sécheresses et les aridités. Combien de fois ces épreuves ne vous ontelles pas fait murmurer? Vous avez péché, 2° parce que vous ne m'avez pas aimé pardessus tout, et plus que vos pères et mères, plus que vos proches et vos amis, plus que ces idoles de chair à qui vous avez donné la préférence sur moi. Vous avez péché, 3° parce qu'après m'avoir offensé, vous avez négligé de vous réconcilier avec moi, passant des. semaines et des mois, sans penser à rentrer dans ma grâce. Vous avez péché, 4° parce qu'indifférent pour ma gloire, vous n'avez ni empêché que je ne fusse offensé, ni gémi sur les offenses de mon nom, lorsque vous ne pouviez les arrêter.

Contre la religion; vous avez péché en manquant à vos prières d'obligation, en rougissant de la piété et de ses exercices, en les omettant par respect humain, en paraissant dans mon temple sans modestie, sans recueillement... en employant les paroles de mes Ecritures à des usages profanes, en vous raillant des cérémonies de mon Eglise, en, ne rendant ni à mes saints, ni à leurs images, ni à leurs reliques, le culte religieux qui leur était dû; en vous rendant coupables. de vaines observances, de divinations et d'autres superstitions.

C'est, mes frères, ce que le Seigneur dira. au jugement dernier à ceux qui auront violé. son premier commandement, ce qu'il vous. dit aujourd'hui de ma part, afin que, reconnaissant vos fautes, vous lui répondiez avec David pénitent: Je l'ai résolu, Seigneur ! je confesserai mon injustice contre moi-même, et vous me remettrez mon iniquité : « Dixi: confitebor adversum me injustitiam meam Domino, et tu remisisti impietatem peccati mei.» (Psal. xxx1, 5.) Figurez-vous quevous êtes déjà au tribunal redoutable de Jésus-Christ, et qu'il vous examine ainsi de suite sur tous les autres points de sa loi; demandez-lui de vous donner à présent la connaissance qu'il vous donnera alors de vous-mêmes; ne vous couchez jamais sans. vous être rappelé toutes les actions de votre journée, confessez-vous chaque mois environ; lorsque vous avez commis un éché considérable, allez le plus tôt qu'il vous est possible en faire l'aveu à votre directeur; pensez aux différents lieux où vous vous êtes trouvés, aux personnes que vous avez fréquentées, aux alfaires qui vous ont occupés; joignez ces moyens particuliers à ce moyen général d'examen dont je vous ai donné une exquisse légère. C'est ainsi que vous parviendrez à vous accuser de tous vos péchés. A qui devez-vous les accuser? C'est ce que je vais vous dire en vous parlant de Ja confession par rapport à son ministre. C'est le sujet de mon second point.

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SECOND POINT.

J'ai dit que a confession était une accusation de tous ses péchés, faite au prêtre pour en avoir l'absolution, dans le temps convenable. C'est en vous expliquant la première partie de cette notion que je vous ai fait connaître la confession par rapport au pé-. nitent, et c'est en vous expliquant les termes de la seconde partie, que je vous ferai connaître 1' quel est le ministre de la péni tence; 2° quel est le pouvoir de ce ministre, et 3° quel est son devoir. Par conséquent ce que c'est que la confession considérée par rapport à celui à qui vous devez la faire.

C'est à un prêtre; c'est à son propre pretre, si elle se fait pour le temps pascal: 11 faut que tout fidèle de l'un et de l'autre sexe, étant parvenu à l'âge de discrétion, confesse seul fidèlement tous ses péchés à son propre prêtre au moins une fois l'an... que si quelqu'un, pour quelque cause juste, désire de confesser ses péchés à un prêtre étranger, qu'il en demande auparavant la permission à son propre prêtre et qu'il l'obtienne; car sans cette permission un autre prêtre ne peut le délier, ni le lier. Ce sont les paroles du concile de Latran qui forment le troisième commandement de l'Eglise, et sur lesquelles voici mes observations.

La première concerne le temps auquel les tidèles doivent se confesser à leur propre prêtre. Il est vrai que le concile ne l'a pas expressément déterminé; mais, comme il a renfermé dans le même décret le commandement de la confession annuelle et celui de la communion pascale, il est visible que son dessein est que l'une se fasse par rapport à l'autre, ei qu'elle y serve de préparation. Ainsi l'explique l'usage du diocèse.

La seconde concerne la fin pour laquelle l'Eglise fit cette loi au xin' siècle; ce fut pour remédier à deux grands désordres, pour empêcher que les lâches ne passassent plusieurs années sans se confesser, et qu'ils ne se confessassent toujours à des prêtres étrangers. Pour réprimer le premier de ces abus, le concile défend à tout Chrétien parvenu à l'âge de discrétion, c'est-à-dire à l'âge où il est capable de discerner entre le bien et le mal, de passer un an entier sans se confesser. Sur quoi il se présente une question; savoir, si le pécheur peut donc sans un nouveau péché différer jusqu'à la fin de l'an, la confession d'un péché qu'il a commis au commencement. Pour répondre à cette question je n'exige de vous, mes frères, que de faire les réflexions suivantes : Un pécheur en état de péché ne fait rien qui mérite le ciel... si la mort le surprenait en cet état, il serait perdu pour une éternité... il vit dans l'inimitié du meilleur des pères, d'un père tendre qui sollicite vivement son retour, d'un père qui le conjure de ne le point différer de jour en jour, mais de prendre les moyens de se réconcilier au plus tôt à lui... A la suite de ces réflexions, combien ne vous paraîtra pas condamnablé la négligence de tant de pécheurs qui ne se confessent qu'une fois

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J'an? L'Eglise leur défend donc de retarder leur confession au delà d'un an, sans leur permettre de la différer des mois entiers. Voilà son dessein en portant cette loi : Tous tes péchés confesseras à tout le moins une fois Fan; c'est de corriger l'abus des délais visiblement criminels de la confession.

Pour réformer le second désordre, le coneile défend de faire la confession annuelle à d'autres qu'à son propre prêtre ; c'est, mes frères, qu'il est dans l'ordre ordinaire de la Providence, qu'en tout temps tout paroissien se confesse à son propre pasteur; qu'il lui découvre ses maladies spirituelles, et qu'il cherche dans ses avis les moyens de les guérir. Voilà la règle générale sur laquelle est fondée la loi particulière du concile, règle qui subsistera tant que les fidèles seront gouvernés par des pasteurs.

Ma troisième observation sur le canon du concile, concerne les causes pour lesquelles on se dispense de la loi de la confession à son propre curé. Qu'il est rare que ces causes soient légitimes! qu'il est donc rare que la dispense ne nuise à celui qui l'obtient, puisqu'une dispense obtenue sur des raisons insuffisantes est illicite au moins à l'égard de celui qui l'a sollicitée! Tels sont, c'est à vous gens du monde ! c'est à vous tous qu'anime l'esprit pervers du monde que j'adresse ici la parole! tels sont cependant les motifs pour lesquels vous nous demandez plus sonvent la permission de vous confesser ailleurs? Vous connaissez l'exactitude de nos principes et notre fermeté dans leur application; vous craignez que nous ne vous obligions à quitter la voie large de la perdition pour suivre la voie étroite du salut; vous aimez les directeurs complaisants et faciles; vous voulez avoir la liberté de vivre après votre confession comme avant; j'en appelle ici à votre conscience, ne sont-ce point là les motifs pour lesquels vous demandez la permission de vous adresser à des prêtres étrangers? pesez-les à la balance du sanctuaire; ah! que vous serez bientôt convaincus de leur légèreté !

Il en est d'autres plus justes et plus légitimes; le concile le suppose, et nous sommes obligés de le reconnaître, n'y eût-il que l'impossibilité de vous entendre tous. Lorsque vous nous en alléguez d'aussi raisonnables, voici, mes frères, la conduite que saint Charles Borromée, et après lui toute l'Eglise gallicane demande que nous tenions à votre égard, et que sans doute vous ap prouverez par respect pour des autorités si respectables. Il exige 1° que nous soyons faciles à vous accorder la dispense que vous nous demandez, si nous ne soupçonnons pas que vous vouliez fuir notre jugement, ou éviter la pénitence, ou le refus d'absolution que vous savez mériter. Il voudrait 2° que notre consentement ne fût pas si général, que vous pussiez aller vous confesser à tout con- : fesseur; mais que vous en proposant en particulier quelques-uns des plus vertueux et des plus intelligents, nous vous adressassions à celui d'entre eux qui vous serait plus agréa

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