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ginité de l'autre, je me déciderai pour celle-ci par préférence à celle-là; je consentirai à n'être pas mère, plutôt que de cesser d'être vierge. Quel attachement à la chasteté virginale qu'il devrait nous inspirer d'estime pour cette vertu !

Rien n'est impossible à Dieu, répliqua l'ange; il ne lui est pas moins facile de donner la fécondité à une vierge qu'à une femme stérile, à vous qu'à votre cousine Elisabeth miraculeusement enceinte; par le plus grand des miracles, un miracle qui n'a pas son semblable, ni dans les cieux, ni dans les enfers; vous concevrez, et cependant vous demeurerez vierge L'Esprit-Saint, qui est aussi la vertu du Très-Haut, descendra en vous; il vous environnera de son ombre, et par cette raison le fruit saint, qui naîtra de vous, sera appelé le Fils de Dieu. (Luc. 1, 35.) Voici la servante du Seigneur; qu'il me soit fait selon votre parole (Ibid., 38); c'est tout ce que répondit l'humble Vierge à l'ange; et cet envoyé céleste ayant disparu, voilà qu'aussitôt l'univers s'ébranle; les cieux s'inclinent vers la terre; du haut du trône sublime descend la majesté suprême, le Fils de l'Eternel se précipite à travers la région 'des cieux, pour nous et pour notre salut; il se choisit une demeure dans les chastes flancs de Marie; du sang le plus pur de cette Vierge, l'Esprit-Saint lui forme un corps semblable au nôtre; le Verbe éternel se fait chair; il s'anéantit, dit saint Paul, en prenant la forme d'un esclave: Semetipsum exinanivit. (Philip. 1, 7.) Quelle énergique expression! quelle humiliation elle nous marque!

Je l'ai ajouté, mes frères! c'est dans cet excès des abaissements du Verbe que je remarque les grandeurs de la Divinité, mieux que dans la création de ce monde extérieur, mieux que dans la création de la nature humaine, mieux que dans la création de la nature angélique; aucune œuvre de Dieu, aucun mystère ne nous donne une idée plus juste, plus étendue des perfections divines; il ne faut pour s'en convaincre qu'analyser

mon texte.

Le Verbe s'est fait chair, il s'est uni à l'humanité d'une union intime, personnelle et substantielle, en s'insinuant en elle, en la pénétrant, en lui communiquant sans mesure la science, la sagesse, la sainteté, l'impeccabilité, tous les attributs communicables, et à un degré que lui seul connaît; la plongeant, pour ainsi dire, dans le vaste océan de la Divinité, la rendant heureuse dans la partie supérieure (tandis que cependant la partie inférieure est exposée à la douleur); quelle libéralité! non, le premier Adam ne reçut aucune marque d'une semblable magnificence.

Le Verbe s'est fait chair, et en se faisant chair, il a aussi pris une âme raisonnable, jouissant d'une connaissance parfaite, ayant, dès le premier moment, cette sagesse dans laquelle il n'a jamais pu croître davantage. Il a donc d'abord à vaincre cette répugnance

(61) Hom. 2, super miss.

invincible que nous aurions à rentrer dans le sein de nos mères, et il la surmonte sans avoir horreur d'entrer dans le sein d'une vierge. Pendant l'espace de neuf mois, il reste dans l'étroite et obscure prison qu'il s'était choisie, sans faire, et à parler humainement, sans pouvoir faire aucun usage, ni de ses yeux, ni de sa langue, ni de ses mains, ni de ses sens : vous aimiez sans bornes, o mon Jésus! et vous voulûtes vous humilier sans mesure, souffrir sans ménagement, commencer et finir de même, par des supplices qui inspirent l'horreur.

Le Verbe s'est fait chair, et pour parler le langage de saint Bernard (61), l'élévation s'est abaissée, la grandeur s'est anéantie, l'immensité s'est rétrécie; on a vu le Soleil de justice éclipsé; le Verbe dans le silence, le Dieu de toute consolation dans les pleurs, l'invincible dans la crainte, le Sauveur dans les souffrances, la vie dans la mort, la puissance souveraine dans la dépendance, la Sagesse éternelle se laisser conduire, la force même avoir besoin d'appui; combien d'impossibilités apparentes à vaincre? combien de répugnances au sens humain? quelle puissance qui les surmonte? Oui, à en juger par les obstacles qu'elle rencontre dans ce mystère, 'et s'il est permis de diviser la puissance de Dieu, elle surpasse ici cette toutepuissance qui, d'une parole, a fait le monde.

Le Verbe s'est fait chair, et, pour user des termes de saint Bonaventure (62), le Fils de Dieu est descendu du ciel, et l'homme est monté vers les cieux; le Fils de Dieu s'est rendu esclave, et l'homme est rentré en liberté; le Fils de Dieu a pris la forme de pécheur, et l'homme a été mis au rang des justes; le Fils de Dieu s'est chargé de nos infirmités, et l'homme en a été délivré; le Fils de Dieu s'est transformé en vermisseau, et l'homme a été élevé au-dessus des anges; quelle bonté de Dieu et dés personnes divines! celle que Dieu me témoigne dans la création ne lui coûte qu'une parole; celle au contraire qu'il me marque, en me relevant de ma chute, lui coûte toutes les humiliations les plus profondes. Par conséquent, quelle différence entre l'une et l'autre !

Le Verbe s'est fait chair, et par ce mystère il a fait ce que Dieu seul ni l'homme seul ne pouvait faire; il a satisfait à la Divinité pour nos offenses, ce que Dieu seul n'eût pu faire étant impassible; ni l'homme seul étant fini, incapable par conséquent d'une satisfaction infinie, et proportionnée à nos offenses; il est devenu passible dans la nature humaine, et la nature humaine unie à une personne infinie, est devenue capable d'actions et de souffrances d'un prix infini. Ainsi la justice et la paix se sont embrassées, la miséricorde et la vérité se sont rencontrées dans un même sujet, le pécheur a été épargné et le péché puni; ce qui paraissait une folie, a convaincu de folie toute la prudence du rusé serpent. Je reconnais, Seigneur! la sagesse de toutes vos œuvres ; mais j'admire

(62) Serm. 6 De div. Dom.

surtout celle qui paraît dans l'incarnation du Verbe; elle me ravit; elle excède toutes les réflexions de l'homme.

Le Verbe s'est fait chair, et à ce même moment, le sein de Marie est devenu un autel où il a commencé à s'immoler, à se substituer à la place des victimes légales, à s'offrir pour nos péchés; dès lors il s'est mis entre son Père justement irrité, et l'homme coupable, il a voulu recevoir dans son corps tous les traits de vengeance qui devaient être, de ce bras puissant, lancés contre nous. Quel amour de la justice! quelle miséricorde! S'il m'était permis de m'étendre davantage sur ce sujet, je vous montrerais en suivant cet ordre d'idées, que l'incarnation du Verbe est le tableau le plus excellent des perfections divines, que ce mystère nous les fait toutes connaître beaucoup plus parfaiteinent que la création de l'univers, et celle de l'homme même quoique créé à l'image de Dieu. Oui, Seigneur, diriez-vous ensuite avec l'Eglise (63), vous avez créé la nature humaine d'une manière admirable, et vous l'avez réparée d'une manière plus admirable encore; humanæ substantiæ dignitatem mirabiliter condidisti, et mirabilius reformasti; et aussitôt vous épanchant en des sentiments de tendresse et de reconnaissance, vous diriez au Verbe fait chair, et renfermé dans le sein de Marie: je vous adore, ô divin Enfant, comme celui devant lequel s'abaissent les collines du monde ; je fais hommage à votre immensité resserrée dans le sein de votre auguste mère : ô charité incompréhensible dont vous brûlez pour moi! que votre chair tendre, que vos membres délicats, que votre silence, que votre posture me l'annoncent éloquemment, cette charité! le Fils de Dieu s'anéantit pour moi! ah! que n'ai-je, divin enfant l'humilité d'un Dieu, pour m'anéantir devant vous ! recevez l'hommage que je vous fais de mon esprit et de ses lumières; je crois toutes les vérités renfermées dans ces mots, en Jésus-Christ.... qui a été conçu du Saint-Esprit.

. Ces derniers mois, du Saint-Esprit, présentent comme naturellement à l'esprit, une question que peut-être votre cœur m'a déjà faite, et à laquelle il est utile de répondre. La conception du Verbe, me dites-vous, et (ce qui est ici le même) son incarnation n'est-elle pas une œuvre extérieure? les œuvres extérieures ne sont-elles pas communes à la Trinité pourquoi donc l'Evangile, et les symboles nous disent-ils que Jésus-Christ a été conçu du saint Esprit ?

Voici, mes frères, les deux réponses que les Pères nous donnent de cette façon de parler. Comme les œuvres de la toute-puissance sont spécialement attribuées au Père, parce qu'il est le principe des autres personnes, et les œuvres de la sagesse au Fils, parce qu'il est la sagesse éternelle, de même les œuvres de l'amour divin sont spécialement attribuées au Saint-Esprit, qui est le terme de l'amour réciproque du Père et du

(63) Oratio miss.

Fils. Or le mystère de l'incarnation, poursuivent-ils, est l'œuvre la plus admirable de la charité divine; quelle charité d'un Dieuqui se donne pour racheter le pécheur! Voilà la première raison des Pères.

Une autre qu'ils ajoutent, est que toutes les œuvres de sainteté et de grâces sont attribuées au Saint-Esprit comme source de toute sainteté et de toute grâce. Or l'incarnation du Verbe, continuent-ils, est une œuvre de sainteté, puisque par elle l'humanité de Jésus-Christ a reçu sans mesure les dons de sagesse, d'intelligence, de conseil, de force, de science, de piété et de crainte, comme l'avait prédit Isaïe. Elle est une œuvre de grâce, et de grâce aussi gratuite par rapport à l'humanité de Jésus-Christ, que par rapport à nous-mêmes; car comme raisonne excellemment un d'entre eux, par quelles œuvres la nature humaine qui est en Jésus-Christ a-t-elle mérité d'être unie au Verbe, et de subsister en sa personne? n'est-ce pas au contraire cette union ineffable qui est la source de tous ses mérites? quelle bonne volonté, quels bons désirs, quelles bonnes euvres dans Jésus-Christ homme, ont pu précéder et mériter cette union? a-t-il été homme avant que de naître Fils de Dieu ? non, sans doute, et au même moment qu'il a été formé dans le sein de Marie, son humanité sainte a été unie au Verbe adorable... Preuve constante, poursuit le même saint, que cette union glorieuse de l'humanité au Verbe, est une grâce toute gratuite et indépendante de tout mérite de sa part (64) preuve aussi, qu'elle a donc pu être attribuée à l'Esprit-Saint, quoique réellement elle ne soit pas moins l'opération du Père et du Fils. Voilà les réponses à cette question, pourquoi nous disons: Qui a été conçu du Saint-Esprit ; voyons maintenant la seconde partie du même article.

SECONDE PARTIE.

Neuf mois s'étant écoulés, et le temps étant arrivé pour Marie de mettre au monde son fils adorable, si déjà la foi n'avait prévenu les erreurs de votre esprit, sous quel. les idées de pompes et de magnificence vous seriez-vous représenté cette naissance du Roi des rois? des palais superbes, des appartements de toute beauté, une assemblée composée de tous les grands au moins de la nation, une cour prête à féliciter la mère, et à faire hommage au Fils, c'est le moins que vous eussiez imaginé. Si Adam, eussiezvous dit, en comparant le Créateur avec la créature; si le premier homme tiré du néant est entré en ce monde, comme dans son empire; s'il a été introduit dans le jardin de délices comme dans le lieu convenable à sa naissance; si les êtres animés sont venus reconnaître son domaine, quel lieu sera trouvé digne de recevoir le Fils du TrèsHaut? Ebranlez-vous, peuples de la terre! tressaillez de joie; accourez des extrémités du monde; venez offrir vos hommages et

(64) Auc, Ench. 56.

vos dons au Roi qui va vous naître. C'est le mouvement général dans lequel vous auriez cru voir toutes les nations.

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Apprends aujourd'hui, ô homme, à rectifier tes pensées; non, ce spectacle que tu crois digne d'un grand monarque, n'est pas digne de ton Dieu. Il naît, ce divin Sauveur âmes charnelles ! entendites-vous jamais ceci, sans être frappées d'une secrète horreur? il naît pour expier les péchés du monde pour corriger les erreurs du monde, pour opposer l'amour des vertus d'humilité, de mortification, de pauvreté, aux vices de l'orgueil, de la volupté, de la cupidité dont est possédé le monde; et pour cela, il naît dans une grotte, dans une étable, dans une crèche préparée aux animaux; quelle humiliation de celui qui est la splendeur de la gloire, il naît dans la saison la plus froide, n'ayant pour reposer sa tête qu'un peu de paille, et pour se réchauffer que le souffle des animaux; quelle mortiti cation étonnante de celui qui fait la félicité des anges! il naît de parents pauvres, méprisés, rebutés à Bethléem pour leur indigence; quelle misère extrême de celui à qui tout appartient! Ce que Dieu estime, ce n'est donc ni la gloire du monde, ni ses plaisirs, ni ses biens, mais la vertu uniquement. C'est ce que le Verbe naissant nous apprend par les langes dont il est enveloppé, par les larmes qui coulent de ses yeux, par l'état même où je le vois naissant.

A ces signes, je vous reconnais, divin Jésus! et à l'imitation de votre auguste mère, je m'offre à vous sans réserve; je vous adore comme le Dieu du ciel et de la terre; j'adore la majesté suprême dans votre anéantissement, la force invincible dans votre faiblesse extrême, la sagesse infinie dans votre enfance; c'est pour m'inspirer plus de confiance; c'est pour m'attirer à vous plus efficacement que vous vous êtes mis dans cet état d'un enfant. Ah! qu'il me soit donc permis de vous prendre entre mes bras, de vous manier, de vous donner mille marques. de mon tendre amour: venez en mon cœur, enrichissez-le de ces dons célestes que vous apportez sur la terre, de ces dons d'humilité, de pénitence, de détachement, qui me rendront semblable à vous... Gloire à Dieu au plus haut des cieux! paix aux hommes de bonne volonté sur la terre! (Luc. 11, 14.) le Désiré des nations est venu, et il est venu revêtu de la même forme que moi; cieux ! abaissez-vous donc à l'aspect de ma gloire, vous n'êtes que le néant auprès de la grandeur que ce Verbe incarné imprime sur mon front; c'est lui qui vous forma, et je suis homme comme lui; je ne suis ni ange ni chérubin, mais l'insigne faveur dont le Verbe m'honore, m'élève au-dessus de l'ange et du chérubin; je n'adore ni l'un ni l'autre, et l'homme est adoré par l'un et l'autre; je possède ce qu'il ne possède pas, un Dieu devenu mon frère. Apprends, & mon âme! quelle est ton lévation, et n'en descends

(65) HIERON., in Matth 11.

jamais par la bassesse de tes sentiments... Ceux, mes frères, que je viens d'exprimer ne sont-ils pas les vôtres! oui, sans doute, et chaque fois que vous prononcez ce mot: natus, il est né, vous en éprouvez la douceur, du moins j'aime à me le persuader.

L'Eternel est né dans le temps, et c'est de Marie qu'il est né: Natus ex Maria. Marie est donc la Mère de Dieu, la conséquence est de foi et se prouve d'ailleurs par ce raisonnement. Marie est Mère de Jésus-Christ, Jésus-Christ est Dieu : Donc elle est Mère de Dieu. Et qu'on ne dise pas, pour affaiblir ce raisonnement, que Marie n'est pas le principe de la Divinité. Une mère n'est pas le principe de l'âme de son fils; elle ne là produit pas; elle ne contribue de sa substance qu'à la formation du corps de ce fils. Marie a contribué de sa propre substance à la formation du corps de l'Homme-Dieu. Elle est donc la Mère de Dieu, la mère de la toutepuissance et de la miséricorde; elle est donc la reine des hommes et des anges; elle cst donc la plus sublime de toutes les créatures; point de titres de grandeurs que ne contienne celui de Mère de Dieu, celui que nous confessons tous les jours par ces paroles: Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort.

Nous disons, aussi dans le symbole, que` Jésus-Christ est né de Marie vierge, el la qualité d'épouse de Joseph ne préjudicie en rien à ce point de notre foi. La Providence avait voulu qu'elle fût engagée dans le mariage pour plusieurs raisons: 1° afin que, par la généalogie de Joseph on connût que Marie était de la tribu de Juda et de la maison de David; 2° afin que Marie fût préservée de l'humeur violente des Juifs qui auraient voulu la lapider comme adultère; 3° afin que cette mère eût un appui dans ses voyages, et dans les peines par lesquelles Dieu avait dessein de la sanctifier; 4° atin que le démon, trompé par ce mariage, prit Jésus-Christ pour un homme ordinaire (65); mais non, la virginité de Marie n'eut jamais rien à craindre de ce mariage; on peut même dire que Joseph lui fut donné pour mari, afin d'être le témoin, l'admirateur, le gardien de la chasteté virginale de cette vertueuse épouse.

Elle fut donc ce buisson ardent que les flammes ne consumaient point, cette arche sacrée où se reposait le Seigneur, et qui n'était point sujette à la corruption; cette verge qui fleurissait par miracle, et qui conservait toujours sa fleur; cette toison qui demeurait sèche au milieu des eaux qui inondaient le reste de la terre; cette nuée légère qui portait le Seigneur, et que sa fécondité rendait plus pure; ce jardin fermé, cette fontaine scellée que Salomon appelle sa sœur. Toutes ces figures cu.ent en elle leur parfait accomplissement, parce qu'elle fut vierge avant, pendant et après l'enfantement; puisqu'il est dit qu'une vierge, par

un prodige inouï, concevra: Ecce virgo concipiet pendant l'enfantement, puisqu'il est également dit qu'une vierge enfantera, et pariet; après l'enfantement, puisque la tradition de tous les siècles, la foi perpétuelle -de l'Eglise, le nom même de vierge qui lui a toujours été donné, nous en assurent. En effet, Marie qui avait fait vou de virginité, qui avait préféré la qualité de vierge à celle de Mère de Dieu, qui avait porté le Fils de Dieu dans son sein, eût-elle jamais voulu souiller le tabernacle de son corps? cette seule pensée fait horreur; quelle horreur ne devons-nous pas avoir des hérétiques qui ont osé nier ce point de foi?

Après avoir frappé ces hommes des anathèmes dont l'Eglise les charge, concluons donc que Marie a été un modèle parfait de vertus pour toutes sortes de personnes, et dans tous les états; modèle parfait pour les vierges de l'un et de l'autre sexe, par sa timide pudeur et sa crainte extrême des. approches des hommes; modèle parfait pour les épouses, par sa fidélité et sa soumission à Joseph son mari; modèle parfait pour toutes les mères, par ses soins et sa divine tendresse envers l'enfant Jésus; modèle parfait pour toutes les veuves, par son amour singulier pour la retraite et ses exercices; modèle parfait pour tous les chrétiens, par sa foi, son humilité, toutes les vertus qu'elle a possédées au plus haut degré. Etudions donc ce modèle si parfait; travaillons à devenir les copies fidèles d'un original si beau; prenons Marie pour notre étoile; invoquonsla comme la plus puissante des protectrices. Ce serait peut-être ici le lieu de vous exhorter à cette dévotion; mais je remplirai ailleurs ce devoir de mon ministère, et il est temps de finir ce discours. Voici donc les conséquences et les résolutions que j'ai à vous proposer à la suite des principes que j'y ai établis.

L'incarnation du Verbe dont il y est parlé d'abord est le plus grand des événements, le plus avantageux à l'homme qui reçoit un médiateur, le plus glorieux à Dieu qui se donne un adorateur infini et proportionné à sa majesté; trois fois le jour l'Eglise rappelle à ses enfants le moment où il est arrivé, et afin qu'ils en célèbrent la mémoire avec plus d'attention, elle fait participer au trésor des indulgences ceux qui récitent l'Angelus dans les dispositions intérieures et extérieures qu'elle requiert. Trois fois le jour, récitons donc dévotement, en état de grâce, cette prière, les samedis et les dimanches debout, les autres jours à genoux. C'est la première résolution que je voudrais vous inspirer. Nous avons tous péché; nous sommes tous redevables à la Justice divine; avec quel zèle ne devrionsnous pas saisir les occasions si faciles, si fréquentes, de satisfaire à un Dieu offensé? maudit respect humain ! empêcheras-tu donc encore que nous n'embrassions publiquement cette pratique de piété? Hélas! voilà la religion, peut-être, de bien des honnêtes gens qui m'écoutent; les uns rougiraient

de pratiquer hautement cette dévotion qu'ils approuvent en secret, et les autres régarderaient comme insensés ceux qui, quittant un jeu, une conversation, s'agenouilleraient pour prier. Je sais ce que vous me dites pour justifier votre conduite, que quand on prie, il faut fermer sa porte, pour n'avoir d'autre témoin de sa prière que Dieu; mais je sais aussi que cela s'entend des prières particulières, et non des prières publiques, de celles qu'on annonce à tous les fidèles au son même de la cloche. O homme! jusqu'à quand aimeras-tu le mensonge qui t'abuse? ou cesse de te glorifier du nom de chrétien, ou cesse de prendre pour folie les pratiques du christianisme.

En un sens, le mystère de l'incarnation s'est accompli une fois dans le sein de Marie, et en un autre, il s'accomplit en nous, chaque fois que nous communions. Les dispositions de Marie avant et après la conception du Verbe, peuvent donc bien nous mar→ quer celles que nous devons avoir avant et après la réception de la divine Eucharistie. Or, avant l'Incarnation, Marie était pleine de grâces, vierge de corps et d'esprit, humble, recueillie, douće de toutes les vertus; après l'accomplissement du mystère, sans rien perdre de son humilité, quelle fut la vivacité de sa reconnaissance? le cantique sublime qu'elle entonna chez Elisabeth en sera un monument éternel. Imitons donc Marie dans ces différents temps; c'est la seconde résolution que je voudrais vous avoir inspirée.

En disant que Jésus-Christ est né do Marie vierge, nous nommons l'accomplissement d'une prophétie, pour nous rappeler l'accomplissement de toutes les autres qui regardent la naissance du Messie, pour nous rappeler que Jésus-Christ est né dans toutes les circonstances où le Messie devait naître selon les oracles des prophètes ; qu'il est né d'une vierge, qu'il est né à Bethléem, qu'il est né au milieu de la nuit, qu'il est né parmi les animaux; qu'il est né pauvre, méprisé, traité comme le dernier des hommes; qu'il est né lorsque le sceptre était sorti de Juda, et que les empereurs romains, maîtres de la Judée, y ordonnaient le même dénombrement que dans tout l'univers; que sa naissance a été annoncée par une étoile; que cette étoile lui a amené des rois adorateurs, tandis que sa nation, si on en excepte quelques bergers, l'a méconnu; en un mot, en disant qu'il est né d'une vierge, nous sous-entendons qu'il est né comme le Messie devait naître. Remercions-le donc de cette divine lumière qui nous éclaire sur ces faits, servons-nous-en pour fortifier notre foi. C'est la troisième et dernière résolution dont je vais demander l'accomplissement à ce Jésus qui va de nouveau naître entre mes mains impures, et qui n'aura pas horreur d'entrer dans un cœur, hélas! que tant de fautes souillent tous les jours.

O vous, Verbe fait chair !'vous qui n'avez paru en ce monde que pour détruire le

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et voici comment.

Dire que les voeux des patriarches sont entin exaucés, les oracles des prophètes justiliés, les désirs des justes accomplis, les types réalisés, les ombres changées en corps et les figures en vérité; ajouter que Lous sommes arrivés à la plénitude de ces temps heureux où la tête du serpent devait être écrasée; où les frères de Juda devaient le louer et l'adorer; où le Saint des sainis devait être oint de la Divinité; cù, par un miracle supérieur à tous les miracles qu'Achaz eût pù demander dans l'élévation des cieux, et dans la profondeur des enfers, une vierge devait, dans l'état de virginité, mettre au monde un fils; ajouter à cela que le Désiré des nations a paru, que le Messie vainement attendu par les Juifs de nos jours, est venu depuis bientôt dix-huit siècles; qu'il est né sous Hérode l'Iduméen, à Bethléem, ville de David: voilà ce que j'appelle considérer la nativité de Jésus-Christ, quant au dogme.

Dire qu'à la nouvelle de cette nativité, les cieux se réjouissent, et que la terre, la mer, toute sa plénitude tressaillent du mouvement de leur allégresse: ajouter que par ce mystère Dieu est glorifié au plus haut des cieux, que la créature apprend à connaître son Créateur, à s'abaisser sous sa main puissante, à redouter sa justice, à admirer la profondeur de sa sagesse ajouter encore qu'à la vue de ce mystère l'homme, se repliant sur lui-même, commence à se réfor mer, à renoncer aux désirs séculiers, à pratiquer les vertus qui lui étaient inconnues; que l'iniquité prend fin, que la justice, qui s'était envolée dans les cieux, reparaît avec honneur dans un monde qui l'avait honteusement exilée et que le ciel offensé se réconcilie avec la terre révoltée : voilà ce que j'appelle considérer le mystère de la nativité par rapport à la morale.

Dans une instruction précédente, je l'ai considéré sous le premier de ces aspects, et, plus occupé d'éclairer vos esprits, que de toucher vos cœurs, je me suis spécialement appliqué à vous exposer les vérités de là foi, renfermées dans ce troisième article du symbole: Je crois en Jésus-Christ conçu du Saint-Esprit, né de la Vierge Marie. Aujourd'hui, plus occupé de toucher vos cœurs que d'éclairer vos esprits, je n'établirai des principes spéculatifs, que pour en tirer des

conséquences morales, d'où naissent l'adoration, la crainte, la douleur, l'admiration, la reconnaissance, l'amour, le désir et la pratique du bien. Or ce qui m'a paru . plus propre dans les divines Ecritures, à exciter en vous ces sentiments, et hors de vous ces effets, ce sont les paroles de ce cantique. qu'entonnèrent les anges, à la naissance du Sauveur Gloire à Dieu, au plus haut des cieux, et paix aux hommes de bonne volonté sur la terre : « Gloria in altissimis Deo, el in terra pax hominibus bonæ voluntatis. ». (Luc. 1, 14.)

D'abord ils s'écrièrent : Gloire à Dieu au

plus haut des cieux, c'est que le mystère de la nativité est un mystère de gloire, c'est-à-dire qu'il est aux hommes un motif pressant de rendre à Dieu la gloire la plus rande dans le ciel ce sera le sujet de mon premier point.

Ils ajoutèren! Paix aux hommes de bonne volonté sur la terre, c'est que le mystère de la nativité est un mystère de paix, c'està-dire, qu'il est aux hommes un moyen puissant de se procurer une paix profonde, même sur la terre; ce sera le sujet de mon second point. Après que nous aurons imploré, etc.

PREMIER POINT.

Guidés par l'étoile de notre foi, passons en esprit jusqu'à Betbléem, mes frères! entrons avec les pasteurs, dans le lieu où notre Sauveur prend naissance; voyons de près ce qui s'y passe; est-il donc bien vrai que ce spectacle nous pressera de rendre à Dieu la gloire la plus grande? oui, mes frères et vous comprendrez, sans peine, la vérité de cette proposition, si vous faites attention au raisonnement suivant.

Un mystère qui nous découvre en Dieu la puissance la plus étendue, la justice la plus sévère, la sagesse la plus sublime: oui, sans doute, un tel mystère nous invite et nous presse de répéter souvent ces premières paroles du cantique angélique : Gloria in altissimis Deo : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux. » Or le mystère de la naissance du Verbe incarné nous découvre en Dieu, chacune de ces perfections que j'ai nommées, et plusieurs autres que j'aurais pu nommer encore.

1 Ce grand mystère de piété, comme l'appelle saint Paul (1 Tim. ), nous découvre en Dieu, la puissance la plus étendue. A l'aspect de Jésus enfant, enfant faible, enfant qui pleure comme les autres enfants; qui se nourrit, comme les autres enfants; qui est gouverné, comme les autres enfants; qui manque des secours dont ne manquent pas les autres enfants; écoutez ce paradoxe étonnant, et comprenez-en aussitôt la raison; à cet aspect, oui, nous apercevons en Dieu une puissance, que jusque-là, nous n'avions aperçue à l'aspect ui de la création du monde, ni de l'harinonie admirable dans laquelle le monde se conserve. Qu'on me dise, en effet, que l'Etre suprême travaille sur le néant; que d'une parole il crée le ciel et la terre; qu'il pres

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