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sous profession de croire, lorsque récitant J'article huitième du Symbole, nous disons? Je crois au Saint-Esprit. C'est cette troisième personne de la sainte Trinité dont j'ai à vous développer les magnificences, après avoir dévoilé ceiles des deux premières personnes, Jusqu'ici le Père éternel a fait connaître sa puissance, et le Fils sa sagesse ; l'Esprit-Saint va désormais vous faire connaître sa sainteté. Par les ouvrages magnifiques de la création, le Père a fait connaître sa toute-puissance; aucune intelligence qui ne s'écrie en les considérant: Qui suffira pour exulter la puissance du Seigneur, et pour lui rendre le tribut de louanges qu'elle mérite? « Quis loquetur potentias Domini? auditas faciet omnes laudes ejus. (Psal. cv, 2.) Par les mystères augustes de la rédemption, le Fils a fait connaitre sa sagesse infinie; aucun être doué de raison qui ne s'écrie, en réfléchissant sur ces moyens qu'il a employés pour racheter le genre humain : O sagesse profonde de celui qui a su, du plus grand des maux, tirer le plus grand des biens allier la justice la plus rigoureuse avec la miséricorde la plus libérale! montrer aux princes de ce siècle ténébreux que toute leur sagesse n'était que folie!

Après que le Père et le Fils ont ainsi manifesté, l'un, sa puissance par la création du monde, l'autre, sa sagesse par la rédemption du monde, l'Esprit-Saint va enfin manifester sa sainteté par la sanctification du monde. Il ne faut qu'en considérer les effets admirables pour dire du fond de notre cœur, et dans tous les sens dont ces paroles sont susceptibles Je crois au Saint-Esprit; pour dire d'abord Je crois qu'il y a un Dieu, un Esprit -Saint, troisième personne divine; premier sens de ces paroles; pour dire enSuite: Je crois tout ce que cet Esprit m'enseigne, parce qu'il ne peut ni se tromper, ni me tromper; second sens de ces paroles; pour dire aussi : Je crois que cet Esprit mérite ma confiance, mon amour, mon adoration, tous les sentiments de mon cœur, et que je dois les lui rapporter, comme à l'auteur de mes jours, comme à ma fin dernière, comme à mon Seigneur et à mon Dieu; troisième sens de ces paroles: Je crois au SaintEsprit.

Pour l'adopter de même que les précédents, je vous le répète, mes frères! il ne faut que nous rendre attentifs aux deux sortes d'effets que l'Esprit-Saint va produire, et qui sont, pour une partie, exprimnés dans le reste de notre Symbole; il ne faut que suivre eet Esprit divin.

1o Dans ses opérations saintes par rapport à l'Eglise en général. Ce sera le sujet de mon premier point.

2o Dans ses opérations saintes par rapport aux membres de l'Eglise, et par rapport à nous en particulier. Ce sera le sujet de mon second point. Mais comment pourrais-je traiter l'un et l'autre, sans vous, Esprit-Saint! Venez donc purifier mes lèvres, donnez à mes paroles l'onction nécessaire pour per

suader; nous vous en prions par l'entremise de Marie, etc.

PREMIER POINT.

Cinq opérations principales de l'EspritSaint, si on les considère par rapport à l'Eglise en général. D'abord il forme ce grand corps; puis il en unit les membres, ensuite il les justifie; après il les ressuscite, et enfin il leur donne la vie éternelle. En attendant que nous nous expliquions sur chacun de ces effets, avec une juste étendue, disons un mot de chacun d'eux, en les considérant par rapport à l'Esprit-Saint, afin de nous former une idée de ce principe adorable de toute sainteté, de ce qu'il a fait, de ce qu'il fait, et de ce qu'il fera, afin que l'Eglise, et ses enfants soient et ne cessent jamais d'être saints; mais auparavant il faut encore vous rappeler ici les dogmes principaux que l'Eglise nous propose à croire touchant la personne divine de l'Esprit sanctificateur; les voici renfermés dans cette seule proposition; L'Esprit-Saint est une troisième personne distinguée du Père, et du Fils, procédant de l'un et de l'autre, vrai Dieu comme l'un et l'autre.

1° L'Esprit-Saint est; nous avons reçu le baptême à son nom, comme à celui du Père, comme à celui du Fils, par conséquent il a une existence aussi réelle et aussi véritable que le Fils.

2 L'Esprit-Saint est une personne, et non une opération passagère. Il n'en est pas de cet Esprit, dit saint Cyrille de Jérusalem (Catéch. 26), comme du souffle de l'homme qui passe et qui se dissipe; c'est un souffle substantiel, une personne subsistante, une hypostase qui parfe, qui agit, qui gouverne et qui sanctifie: Non profertur, aut efflatur, neque in aera diffunditur, sed hypostasi præditus est, loquens ipse et operans, et dispensans, et sanctificans.

3° L'Esprit-Saint est une personne distinguée du Père et du Fils. Je prierai mon Père, dit Jésus Christ dans saint Jean (xiv, 16), et il vous donnera un autre Paraclet: « Ego rogabo Patrem, et alium Paracletum dubit vobis. » Dans ce texte sacré, vous voyez un Fils qui prie, un Père qui est prié, un consolateur autre que le Père et le Fils, qui sera envoyé.

4 L'Esprit-Saint procède du Père et du Fils, comine d'un seul et même principe. Que signifie, en effet, cette expression de l'Evangile? Ce Paraclet que je vous enverrai, et qui procède du Père, rendra témoignage de moi (Joan. xv, 26): en quel sens le Fils enverrait-il le Saint-Esprit, s'il ne procédait de lui? C'est ce qu'enfin l'Eglise grecque a reconnu comme l'Eglise latine, lorsqu'au concile général de Florence, il a été défini « que le Saint-Esprit est éternellement du Père et du Fils, et qu'il procède éternellement de l'un et de l'autre, comme d'un seul principe et d'une seule aspiration. »

5° L'Esprit-Saint est vrai Dieu (74), comme le Père et le Fils; égal en tout au Père et au

(74) Refer huc, si libet, quæ leguntar apud D. Fl., t. II, p. 132.

Fils; immense, comme le Père et le Fils, de sa présence il remplit l'univers Spiritus Domini replevit orbem terrarum (Sap. 1, 7): tout-puissant, comme le Père et le Fils, il est lui-même la vertu du Très-Haut :-Virtus Altissimi (Luc. 1, 17), éclairé autant que le Père et le Fils, en un moment, il a enseigné toute vérité aux personnes les plus destituées de talents et de dispositions: Docebit vos omnem veritatem (Joun. xvi, 13); créateur comme le Père et le Fils, c'est par lui, dit le Roi-Prophète, que les cieux ont été affermis: Et spiritu oris ejus omnis virtus eorum (Psal. XXXII, 6); principe nécessaire de tout bien comme le Père et le Fils, sans lui personne, dit saint Paul, ne pourrait prononcer le nom de Jésus: Nemo potest dicere Dominus Jesus, nisi in Spiritu sancto (I Cor. xII, 3); saint comme le Père et le Fils, ce nom lui est spécialement attribué dans les divines Ecritures; partout il y est appelé Esprit-Saint, non-seulement parce qu'il est saint et la sainteté essentielle, mais parce qu'il est esprit sanctificateur. C'est ce que nous allons voir en considérant d'abord, comme je l'ai dit, ses effets par rapport à l'Eglise en général, et relativement aux quatre derniers articles du Symbole.

Formation de l'Eglise, premier effet de sainteté que produit l'Esprit-Saint, ou plutôt dont les apôtres font premièrement mention dans le neuvième article de leur Symbole. Ici, mes frères, je me rappelle quel était l'état du monde avant la descente de ce Paraclet promis! quelles ténèbres épaisses couvraient la face de la terre avant ce moment! quel déluge de corruption l'inondait! Figurons-nous un univers où tout serait Dieu, excepté le Dieu de l'univers; un univers où des hommes, et des hommes meurtriers, adultères, coupables des plus grands crimes, seraient mis au rang des dieux; un univers où les dieux seraient dégradés jusqu'à la condition des animaux les plus vils, jusqu'à la condition des plantes des jardins les plus ordinaires; un univers où l'on dresserait des autels à l'injustice, à la vengeance et aux penchants du cœur les plus abominables; pour ne former ici que ces traits généraux du tableau, avant que l'Esprit-Saint ne descendit, tel était cet univers entier, si vous en exceptez la Judée où le Seigneur était connu. Ainsi donc que les ténèbres, au commencement du monde, couvraient la face de l'abîme, et que les eaux elles-mêmes couvraient tous les continents, de même un déluge de vices et de péchés de toutes espèces iLondait toute la terre avant la descente du Saint-Esprit. Quel sujet d'horreur d'abord! Poursuivons cette comparaison, mes frères, et ajoutons-le aussi si ce fut un sujet d'admiration pour l'ange spectateur, lorsqu'à la naissance du monde, l'esprit du Seigneur répandant son souffle, les ténèbres furent dissipées, et les eaux rassemblées dans ces vastes canaux qui leur étaient préparés; quel sujet d'admiration pour l'homme, lorsque le Fils de Dieu étant monté au ciel, et de là nous ayant envoyé son Saint-Esprit, les

eaux de ce déluge d'iniquité rentrent dans ces abîmes infernaux d'où elles étaient sorties! c'est le miracle, le grand miracle de sainteté, qu'opère à sa descente le divin Paraclet: un bruit, comme d'un vent impétueux annonce son arrivée; des langues, comme de feu, s'arrêtent sur les apôtres et enflamment leur cœur; cette flamme qui les dévore, bientôt se communique à des millions d'habitants de Jérusalem d'abord, de la Judéo ensuite, puis l'empire romain et enfin des parties les plus reculées, les plus barbares du monde habité. A la lumière de ce feu, les esprits sont éclairés et reconnaissent leurs erreurs; aux approches de cette flamme céleste, les cœurs sont, ainsi que l'or dans la fournaise, purifiés de toutes leurs souillures; ils s'échauffent, ils se remplissent d'une ardeur divine pour la conquête du ciel; au bruit de ce vent impétueux, les temples des idoles s'écroulent; leurs simulacres sont renversés; leurs oracles se taisent, leur culte est aboli; la mer des vices se retire avec précipitation, dans ses réservoirs ténébreux. Les passions, comme les eaux de la mer, devenues timides et tremblantes, s'enfuient de cette terre dont elles possédaient l'enpire; la justice, qui s'était envolée vers les cieux, reparaît dans ces bas lieux d'où elle avait été bannie: combien de merveilles étonnantes!

Rappelons vers nous ces premiers temps de l'Eglise qui en furent les témoins, ou transportons-nous vers eux : alors voyant de nos yeux ces changements prodigieux des esprits et des cœurs, des inclinations et des mœurs alors apercevant un monde nouveau, à la place de l'ancien, un monde chrétien, à la place d'un monde juif et idolâtre; un monde adorateur en esprit et en vérité, àla place d'un monde charnel et superstitieux; un monde compatissant, doux, tempérant,. chaste,.... à la place d'un monde inhumain, féroce, livré à toutes sortes de débauches : Le doigt de Dieu est ici, dirons-nous avec Moïse: « Digitus Dei est hic » (Exod. vIII, 19); vous avez envoyé votre Esprit, ajouteronsnous avec le Prophète, et ce monde nouveau a été créé à la place de l'ancien: Emittes Spiritum tuum et creabuntur; c'est cet esprit qui a rétabli en l'homme coupable, l'imago sainte de son Dieu, et qui a retracé en lui ces caractères magnifiques de sainteté que l'iniquité avait effacés; Et renovabis faciem terræ (Psal. c, 30): c'est lui qui a formé cette Eglise sainte qui se soutiendra, nonseulement contre les persécutions, mais par le moyen des persécutions, soit de l'intidèle, soit de l'hérétique, soit du schismatique. c'est lui qui, dans la suite des siècles, continuera à présider à ses assemblées, à parler par la bouche de ses premiers pasteurs, à être avec eux enseignant, avec eux administrant les sacrements, avec eux gouvernant cette Eglise sur laquelle il les a établis. Combien de prodiges de sainteté nous offre la vue du présent et de l'avenir! quelle sainteté par conséquent de celui qui les opère! Le loup et l'agneau paitront ensemble duns

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les mêmes pâturages; le lion mangera la paille comme le bœuf; c'est ce qu'un prophète avait annoncé (Isa. LXV, 25), et c'est le second effet de sainteté qu'a produit l'Esprit-Dieu. C'est lui qui a introduit des nations les plus farouches dans l'Eglise, et qui a soumis les grands du monde à l'humilité de la croix et de l'Evangile; c'est lui qui a opéré cette union admirable qui fut toujours entre les vrais membres de l'Eglise catholique; cette union, en vertu de laquelle la santé, la force, le talent de l'un devient par la charité, la santé, la force, le talent de tous les autres; cette union qui rend communs entre tous les fidèles, le jeûne, la prière, l'aumône, toutes les bonnes œuvres des justes, tous les biens spirituels de l'Eglise. Il en est de cette Eglise comme du corps humain, de même que chaque membre participe à tous les avantages du corps, parce que le corps est mu, régi, gouverné par une seule et même ame, aussi nous tous qui sommes les membres de cette Eglise, nous avons part à tous ses biens, parce que l'Eglise est animée par un seul et même esprit: Unum corpus, et unus spiritus. (Ephes. iv, 4.) Partout c'est l'Esprit-Dieu qui vivifie ce grand corps. De là vient que les tendres noms de père, de mère, de frère, d'enfants, sont les noms de ceux qui composent l'Eglise; de là vient que nous n'avons, du moins que nous devons n'avoir tous qu'un cœur et qu'une âme; de là vient qu'entre nous, tout est commun dans l'ordre de la grâce, et quoique l'un ait reçu le don de la sagesse, un autre le don de la science, et un autre d'autres grâces, cependant ces dons, uns dans leurs princisont communs dans leur fin, qui est T'utilité de toute l'Egiise: Unicuique autem datur manifestatio Spiritus ad utilitatem. (I Cor. XII, 7.) Combien de merveilles dans une seule ! c'en est une à vos yeux, oui, sans doute, qu'un seul et même esprit anime tous les fidèles, depuis l'Orient jusqu'à l'Occident; c'en est une autre qu'il les anime, en leur distribuant des dons si différents; eh! quelle merveille n'est-ce donc pas, que nonobstant la distance des lieux, la différence des coutumes, la diversité des inclinations, il forme un seul corps où tout se réduise à l'unité, où il n'y ait plus ni scythe, ni barbare, ni juif, ni grec, où Jésus-Christ soit tout en tous par cette charité qui, comme dit l'Apôtre (1 Cor. ix, 22), est répandue en nous par l'Esprit-Saint qui nous est donné? second effet que produit l'Esprit-Saint, une union sainte qui rend les biens spirituels de l'Eglise communs entre les saints.

pes,

Le premier disposait à ce second, et ce second dispose à un troisième que produit aussi l'Esprit-Saint, et qui est la rémission' des péchés. Combien de lieux dans les divines Ecritures où cette vérité est exprimée! Ici, le Sauveur dit à Nicodème qu'on ne peut entrer dans le royaume des cieux, si on n'a reçu une nouvelle naissance de l'Esprit-Saint (Joan. 1); là, le même Sauveur dit à ses apôtres Recevez l'Esprit-Saint, ceux à qui vous aurez remis leurs péchés, ils leur seront

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remis, et ceux à qui vous les aurez retenus, ils leur seront retenus. (Joan. xx, 22.) Ne Vous y trompez pas, écrivait aussi saint Paul aux Corinthiens (I Cor. vi, 9), non, les méchants ne posséderont pas le royaume des cieux, « Iniqui regnum Dei non possidebunt; » puis après avoir nommé quelques-uns de ces méchants, après avoir rangé dans cette classe maudite Ics fornicateurs, les adultères, les imitateurs d'Onan, les voleurs, les avares, les ivrognes, les médisants; après après avoir dit de ces Corinthiens, qu'avant leur conversion, quelques-uns d'eux avaient été tout cela, il ajoutait: Mais vous en avez été lavés, vous en avez été purifiés, vous en avez été justifiés..... par l'esprit de notre Dieu, « In spiritu Dei nostri. » (Ibid., 11.)

En trois mots, mes frères, voilà l'essence de la sainteté produite par l'Esprit-Saint, je veux dire, 1° la rémission des péchés, en vertu de laquelle ils sont oubliés, effacés, consumés par la flamme divine de cet esprit, comme une paille légère est dévorée par un feu consumant : Sed abluti estis. Je veux dire, 2 la sanctification, en vertu de laquelle nous recouvrons la première robe de notre innocence, la grâce sanctifiante, cette charité parfaite qui est le plus bel ornement de notre justification, en vertu de laquelle nous somame: Sed sanctificati estis. Je veux dire, 3° la Dieu, de ses enfants adoptifs et des héritiers mes mis au rang des justes, des amis de du ciel Sed justificati estis. Vous tous en qui l'Esprit-Saint habite! voilà le témoirend, et voici la récompense dont il vous est gnage avantageux et constant qu'il vous un gage assuré, le quatrième effet que le Symbole lui attribue.

Aujourd'hui il vous ressuscite spirituelle ment, ce qui est un miracle beaucoup plus grand, quoique moins étonnant; à la fin du monde, nouveau prodige beaucoup plus étonnant, quoique moins grand! il ranimera vos cendres, il ressuscitera vos corps; dans tous les justes qu'il vivifiait de sa grâce au moment de leur mort, il sera un esprit vivifiant pour la gloire: Esprit de Dieu! venez des quatre vents; soufflez sur les morts; que votre souffle, en eux tous comme en Adam, devienne un souffle de vie : A quatuor ventis veni Spiritus, et insuffla super interfectos, et reviviscant (Ezech. xxxvII, 9): c'est la voix qui se ferà entendre à la consommation des siècles; c'est sa voix qu'entendront les pécheurs et les justes, il est vrai; mais avec quelle différence pour les suites! ceuxlà l'entendront pour passer à une seconde mort, et ceux-ci l'entendront pour passer à une vie éternelle.

C'est, mes frères, le cinquième et dernier effet que produira l'Esprit-Saint: O qu'heureux, dit saint Jean, sont ceux qui meurent dans le Seigneur! l'Esprit-Saint leur dira, e déjà il leur dit de se reposer de leurs traraux: « Amodo jam dicit Spiritus ut requiescant a laboribus suis. » (Apoc. XIV, Maintenant il est un esprit de gémissement, un esprit de souffrances, un esprit de péni

3.)

tence, et à la fin des temps il sera un esprit de joies pures, de délices enivrantes, de félicité souveraine et éternelle; voilà le terme heureux où vont aboutir toutes les opérations saintes de l'Esprit-Dieu, par rapport à l'Eglise, et voilà l'ordre que vous avez pu observer dans ses opérations: s'il forme une Eglise, c'est pour en unir les membres; s'il en unit les membres, c'est pour les justifier; s'il les justifie, c'est pour les ressusciter; s'il les ressuscite un jour, c'est pour les glorifier, pour les rendre heureux de son bonheur pendant toute l'éternité. Formation sainte, union sainte, rémission sainte, résurrection sainte, glorification sainte, toutes les œuvres de l'Esprit-Dieu sont saintes ; toutes sont sanctifiantes; toutes ont pour but de sanctifier l'Eglise dans tout son corps, et dans chacun de ses membres. Remords, lumières, suggestions, inspirations, ces grâces, et toutes les autres ont pour fin notre sanctification. Il faut que nous soyons des saints, parce que l'esprit du christianisme est un esprit saint. C'est son nom par excellence; c'est celui sous lequel il se fait connaître principalement, sous lequel vous le connaissez déjà par ses effets à l'égard de l'Eglise en général, et sous lequel vous allez le connaître de plus en plus par ses effets et ses dons, à l'égard de chacun de nous; c'est le sujet de mon second point..

SECOND POINT.

Esprit de sagesse et d'intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de science et de piété, esprit de crainte de Dieu; c'est, mes frères, sous ces traits que le prophète Isaïe (x1, 2) nous représente l'Esprit de Dieu se reposant sur l'esprit de l'homme; c'est à ces marques qu'il veut que nous le distinguions; ce sont les effets qu'il a opérés, qu'il opère et qu'il opèrera dans les membres de l'Eglise jusqu'à la consommation des siècles: Requiescet super eum spiritus Domini, spiritus sapientiæ et intellectus, spiritus consilii et fortitudinis, spiritus scientiæ et pietatis, et replebit eum spiritus timoris Domini. Quelle opposition de ces effets à ceux que produit l'esprit du monde ! quelle guerre constante! quel combat opiniâtre de celui-ci contre le premier! quelle différence des sujets qu'ils animent l'un et l'autre ! comprenez-la vous-mêmes, mes frères, cette différence par le parallèle que je vais vous faire de ces sujets lo que cette comparaison est humiliante pour les uns ! quelle est glorieuse pour les autres!

Vous que l'esprit du monde possède! je l'aperçois, eh! pourrais-je l'apercevoir sans en être sensiblement touché ? vous n'avez aucun goût pour les choses du ciel: vous n'avez aucun goût pour la manne céleste de J'Eucharistie; c'est une nourriture qui vous paraît légère et insipide: vous n'avez aucun goût pour le pain de la parole divine, rarement vous l'entendez des autres, plus rarement encore les autres l'entendent de vous: vous n'avez aucun goût pour les livres de

piété; ils ne vous semblent faits que pour les génies faibles, incapables de s'appliquer aux arts et aux sciences humaines: vous n'avez aucun goût pour les exercices de religion; la prière la plus courte vous ennuie; les offices les plus solennels ne vous présentent rien de grand, rien de divin.

Vous que l'esprit du monde anime! on peut donc vous faire le reproche que le Sauveur faisait à Simon Pierre: Ainsi que Satan, vous ne goûtez pas plus les choses de Dieu; Vade, Satana...Non sapis ea quæ Dei sunt; vous n'avez de goût que pour les choses du monde; Sed ea quæ hominum (Matth. xvI, 23); vous n'avez de goût, vous jeunesse vaine et frivole ! que pour les parures, et les frêles agréments d'une beauté passagère; vous âmes terrestres! que pour les biens périssables de cette vie; vous cœurs sensuels! que pour les plaisirs de la table, et ceux d'une volupté infâme, que pour les représentations et les spectacles, que pour ce qui vous dissipe et vous prive de la jouissance de vous-même; quelle funeste production de l'esprit du monde! de cet esprit du monde ! de cet esprit qui souffle sur vous, et peut-être, que vous soufflez sur les autres.

Celui au contraire que l'Esprit-Saint anime, s'attache uniquement à Dieu; il réunit en son âme, tous les plaisirs qui en méri tent véritablement le nom; il goûte les plaisirs de l'esprit, par la découverte de vérités aimables qu'il puise dans les trésors de la sagesse incréée; il goûte les plaisirs de la volonté, par l'épanchement de ses désirs, vers l'éternelle beauté dont les charmes l'attendrissent; il goûte les plaisirs du cœur, par la délicieuse jouissance d'un bien qui surpasse tous les autres biens; i goûte les plaisirs du sentiment, par celui de cette joie pure qu'il éprouve, pour avoir enfin trouvé celui qu'il cherchait; et comme le recomles objets présents; il achète, comme n'amande l'Apôtre, il n'a plus aucun goût pour chetant pas; il possède, comme ne possédant pas; il use de ce monde, comme n'en usant pas votre royaume, ô moù Dieu! est l'unique chose qu'il désire; sa justice, l'ude ses devoirs, l'unique application qui ait nique bien dont il soit altéré; la pratique pour lui quelque attrait. O les moments délicieux, ceux qu'il passe à la prière ! ô les doux sentiments, ceux qu'il éprouve au pied de son crucifix! et là, combien de fois ne s'est-il pas écrié avec le Prophète : Que vos oracles sont doux à mon âme, 6 mon Dieu ! a Quam dulcia faucibus meis eloquia tua ! » (Psal. cxvIII, 103.) O sagesse, splendeur de la lumière du Très-Haut! image de ses miséricordes vous qui donnez à la terre des âmes saintes, des prophètes, des sages, des amis de Dieu !ô vous qui êtes plus belle que le soleil, plus brillante que l'aurore! (Cant. vi, 9.) Venez en nous; descendez-y en forme de langue, faites-nous savourer la vertu et goûter combien le Seigneur est doux. Effet essentiel du don de sagesse,

premier de ceux que produit l'Esprit-Saint, marque certaine par laquelle nous pouvons reconnaître si nous l'avons; Requiescel super eum spiritus sapientiæ.

Je vous le disais d'abord, chrétiens! ceux que l'esprit du monde possède n'ont aucun goût pour les choses divines; c'est que pour les goûter, il faudrait les comprendre; il faudrait en avoir l'intelligence, et ils ne l'ont pas; Animalis homo non percipit ea quæ Dei sunt. (I Cor. 11, 14.) Le dieu de ce siècle les a aveuglés; il leur a mis de vant. les yeux un voile qui leur dérobe la lumière des vérités mêmes les plus claires. Pour preuve de ceci, citons quelques exemples. Quelles vérités plus évidentes que les suivantes, lorsqu'on les considère avec les yeux de la foi l'enfer et ses peines ne sont pas trop pour punir le péché; la mort et toutes les souffrances de ce temps ne sont pas assez pour mériter le ciel; le péché ne fait que des malheureux; il en coûte plus pour se perdre que pour se sauver; la vertu a des charmes que n'eut jamais le vice; il y a plus de grandeur d'âme à pardonner, qu'à se venger; il est plus glorieux de se vaincre soi-même que de vaincre des armées: quelle évidence de ces maximes! cependant que je les propose à des hommes prévenus de l'esprit du mende, ils ne les entendront pas: : Animalis homo, etc.

Qu'à celles-là, j'en ajoute d'autres plus évidentes encore; que je leur dise qu'ils sont mortels, qu'un jour ils mourront, qu'après la mort rien ne les suivra que leurs bonnes œuvres, qu'il y a dans le ciel un œil qui observe si nous en faisons ; ils m'entendront, et ils ne me comprendront pas; la table de la loi, même de la foi naturelle, est, pour ces hommes, un tasset qui les surprend, une Jettre qui les tue, un soleil qui les aveugle. Ainsi, o mon Dieu! s'accomplit tous les jours sous nos yeux, ce que vous avez prédit par votre Esprit-Saint: Auditu audietis, et non intelligetis; et videntes videbitis, et non videbitis. (Matth., xi, 14.) Tous les jours, en effet, mes frères! ne voyons-nous pas parmi vous-mêmes, de ces personnes qui écoutent sans entendre? ou qui entendent sans comprendre? combien m'ont compris, par exemple, lorsque je leur ai parlé de ces principes de la foi et de ces motifs de crédibilité qui sont les premiers objets de l'intelligence? Esprit divin! oui, c'est à vous, et à vous seul, à nous donner celles des vérités du salut.

Avec ce don, mes frères! la religion devient à nos yeux, comme une mer de cristal dont nous apercevons les profondeurs avec ce don, nous comprenons les preuves du christianisme, et par conséquent la nécessité de la révélation, la divinité des prophéties, leur liaison avec les événements, la mission de Jésus-Christ, l'authenticité de ses oracles, la sainteté de sa doctrine... avec ce don, nous comprenons que Dieu seul a pu établir cette religion, vu ce qu'elle a de miraculeux dans l'antiquité de son origine, dans l'histoire de sa fondation, dans la sa

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gesse de ses lois, dans la perpétuité de sa foi, dans l'étendue de son empire..... entin avec ce don, nous comprenons que notre religion est l'ouvrage d'un Dieu de miséricorde, puisqu'il dépendait de lui d'abandonner l'homme au malheur de sa destinée, et qu'il a daigné le racheter par l'effusion même de son sang. Ces trois sortes de vérités (saint Bonaventure les appelle vérités de connaissance, vérités d'opération et vérités d'amour), par le don d'intelligence, nous les voyons avec une clarté qui forme en nous une démonstration palpable, une conviction inébranlable, un sentiment vif, en vertu duquel, comme d'un bouclier', nous éteignons les traits brûlants que l'irréligion lance contre la foi.

Pour vous rendre sensible cette différence immense que je mets entre ces deux hommes, dont l'Ecriture appelle l'un animal, et l'autre spirituel (I Cor. 11), je ne voudrais que votre expérience, si vous y faisiez attention. Avec quelle sécheresse, avec quelle difficulté des hommes même éclairés, mais destitués de ce don d'intelligence, ne vous entretiennent-ils pas des choses de Dieu ? si cependant il leur arrive quelquefois de vous en entretenir, avec quelle force et quelle onction, des hommes médiocrement instruits, mais d'une piété consommée, ne parlent-ils pas des vérités du salut? combien de fois n'avez-vous pas admiré que ces derniers sans avoir jamais appris l'art de parler, développassent d'un style pathétique et nerveux, des vérités cachées aux docteurs d'Israël ? l'Esprit-Saint était en eux; il leur donnait l'intelligence de ces vérités; il les en convainquait intérieurement; il les leur rendait comme sensibles; il les expliquait par leur bouche, cet esprit qui rend disertes les langues des enfants. Voilà la raison de celte différence, le second effet que produit l'Esprit-Saint, la seconde marqué pour connaître si nous l'avons: Requiescet super eum spiritus intelligentiæ. Ah! qu'il vienne donc en nous, cet esprit, et qu'il nous fasse comprendre jusqu'à nous rendre, comme présents, les grands objets de la foi; qu'il nous fasse compréndre combien viles sont les choses terrestres, et combien précieuses sont les divines, combien court est le temps, et combien longue est l'éternité: Veni, sancte Spiritus.

De ce que je viens de dire que le mondain poussé par l'esprit du siècle, n'a point d'intelligence pour les choses du ciel, il ne s'ensuit nullement qu'il soit sans conseil pour les choses de la terre. Le Sauveur nous l'a dit dans l'Evangile, et l'expérience nous le démontre assez; les enfants du siècle ont une prudence humaine, qui devient un modèle digne des enfants de lumière pour leur conduite attention singulière à la possibilité et aux avantages de la fin qu'ils se proposent; délibération mûre sur les moyens d'y parvenir; choix réfléchi de ceux qui sont plus sûrs et plus efficaces, vue des obstacles, étude du temps et des autres circonstances, rien n'échappe aux personnes les

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