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l'empereur, dans l'espérance de faire, plus que les Hollandais, quelque chose d'éclatant. Mais le vicomte de Turenne lui coupa le chemin dans la Westphalie, et l'ayant repoussé dans son pays, l'obligea à demander honteusement la paix, que l'année suivante il rompit plus honteusement encore.

Un si grand nombre de victoires entassées les unes sur les autres devaient avoir abattu entièrement le courage des ennemis. Maëstricht pourtant restait encore; et tandis qu'ils étaient maîtres d'une ville de cette réputation, ils ne pouvaient se croire absolument ruinés. Le roi l'avait déjà comme bloquée par les postes qu'il avait pris aux environs, et il pouvait peu-à-peu l'affamer s'il eût voulu. Mais cette manière lente de faire la guerre s'accommodait peu à l'humeur impatiente d'un conquérant: il résolut d'ôter tout-d'un-coup aux Hollandais ce reste d'espérance qui nourrissait leur orgueil, et alla en personne l'assiéger. Les ennemis, qui s'attendaient à ce siége, n'avaient épargné ni soins ni dépenses. Il n'était parlé que des grands préparatifs qu'ils avaient faits pour se mettre en état de le soutenir.

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y avait dans la place sept mille hommes de guerre, et parmi eux des régimens d'Espagnols et d'Italiens, tous vieux soldats dont la valeur s'était rendue célèbre dans les guerres précédentes. Farjaux les commandait; officier d'une expérience consommée, que les Hollandais avaient demandé aux Espagnols, et qui s'était signalé à la défense de Valenciennes, dont les Français avaient autrefois été contraints de lever le siége. Les ennemis s'attendaient de voir la même chose à Maëstricht. Jamais ville en effet ne fit d'abord une résistance plus vigoureuse, ni un feu plus continuel et plus terrible. On y épuisa de part et d'autre toutes les finesses du métier. Mais que peuvent la force et l'industrie contre une armée de Français animés par la présence de leur roi? Cette ville si bien défendue, mieux attaquée encore tint pendant treize jours. On se rend maître des dehors, toutes les défenses de la place sont ruinées : le roi y entre victorieux, et la garnison se crut trop glorieuse de pouvoir sortir tambour battant et enseignes déployées (a).

(a) Le 1er juillet.

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La prise de Maëstricht n'étonna pas seulement les Hollandais, elle épouvanta toute l'Allemagne. L'empereur, qui avait déjà en quelque sorte rompu avec la France par les secours qu'il avait prêtés à l'électeur de Brandebourg, chercha des prétextes pour se liguer ouvertement avec les Hollandais. Il portait impatiemment la prospérité d'un prince. trop redoutable à la maison d'Autriche, et appréhendait que ce torrent ayant emporté tout le Pays-Bas, ne se répandit enfin sur l'Allemagne même. Ainsi la frayeur, la jalousie et l'argent des Hollandais prodigué à ses ministres, le déterminèrent à la guerre.

D'autre côté, les Espagnols voyant la ligue si bien formée, et enorgueillis de la prise de Naerden, dont le prince d'Orange, par leur moyen, venait de se ressaisir, songèrent aussi à se déclarer. Le roi, instruit des desseins de ses ennemis, se met en état de les prévenir, et s'empare de la ville de Trèves (a). Alors l'empereur crut qu'il était temps d'éclater; il ne se souvint plus des engagemens qu'il avait faits avec le roi, ni du traité qu'il avait

(a) Le 15 novembre 1673.

signé. Il oublie que les Français, quelques années auparavant, sur les bords du Raab, avaient sauvé l'empire de la fureur des Infidèles. Il fait des plaintes et des manifestes remplis d'injures, et publie partout que le roi de France veut usurper la couronne impériale, et aspire à la monarchie universelle. Il emploie enfin, pour le rendre odieux, tout ce que la passion peut inspirer de plus violent et de plus aigre. Il fait même des protestations dans Vienne, au pied des autels; il se montre aux chefs de ses troupes un crucifix à la main, et les exhorte à rappeler leur courage pour défendre la chrétienté opprimée; il oublie en ce moment, que les Hollandais qu'il prenait sous sa protection, étaient les plus constans ennemis de la religion catholique ; et que le roi, non-seulement la rétablissait dans toutes les places qu'il prenait sur eux, mais qu'il leur avait même en partie déclaré la guerre pour défendre deux princes ecclésiastiques de leur injuste oppression.

Les plaintes de l'empereur, toutes frivoles qu'elles étaient, ne laissèrent pas de faire impression sur l'esprit des Allemands, naturel

lement envieux de la gloire des Français. Le duc de Bavière et le duc d'Hanover furent les seuls qui demeurèrent neutres; tous les autres se déclarèrent peu-à-peu contre la France. Ni les raisons d'intérêt, ni les plus étroites alliances, ne purent les retenir; et la plupart de ces mêmes princes, qu'on avait vus si tardifs et si paresseux à secourir l'empire contre l'invasion des Turcs, se hâtèrent de rassembler leurs forces pour s'opposer aux progrès des Français qu'ils ne pouvaient souffrir pour voisins, et dont la prospérité commençait à leur donner trop d'ombrage. C'était la première fois qu'on avait vu toutes ces puissances unies de la sorte avec l'empereur. L'Angleterre même, qui s'était d'abord liguée avec la France pour abattre la fierté des Hollandais trop riches et trop puissans, commença à regarder d'un œil de pitié les Hollandais vaincus et détruits, et quelques mois après fit son traité avec eux.

Jamais la France ne se vit à-la-fois tant d'ennemis sur les bras (a). Les Allemands la regardaient déjà comme un butin qu'ils al

(a) En l'année 1674.

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