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ressort clairement de ces deux textes qu'aux yeux d'Aristote la nomination des archontes constituait dans l'ensemble des institutions politiques de l'ancienne Athènes, et cela dès avant Solon, un principe absolument électif, principe que ce législateur crut devoir maintenir. De par les lois de Solon, nous est-il dit dans le premier des deux passages cités ci-dessus, les magistratures demeurèrent élues, aiptai. Aristote ne se borne pas à ce simple mot, mais nous n'aurions pas le commentaire très explicite dont il le fait suivre, que la théorie de M. Fustel de Coulanges n'en serait pas moins contredite ici d'une façon très nette. Nous n'avons pas ici, en effet, une expression plus ou moins vague, un à peu près susceptible d'être sollicité dans un sens ou dans l'autre, ce n'est pas Plutarque ou Pausanias qui parle, mais bien Aristote, dans un traité spécial, où chaque terme a sa valeur technique. Or, les άpya! aípetxí ou les magistrats élus y sont constamment opposés aux ἀρχαί κληρωταί ou magistrats tirés au sort. Ainsi dans deux exemples particulièrement significatifs, qu'on trouvera liv. IV, ch. XI, § 4 et liv. VI, ch. III, § 20. Citons-en un troisième qui pourrait suffire à lui seul. Dans le passage même où il nous dit que Solon maintint les άpyzi xipetai, Aristote met en regard de ces magistratures élues le principe du tirage au sort introduit par ce législateur au profit du peuple et appliqué dès lors à la nomination des membres du corps judiciaire).

La théorie de M. Fustel de Coulanges ne nous paraît donc reposer sur aucun témoignage catégorique des anciens, et, considérée comme une simple hypothèse, on ne peut l'admettre qu'en récusant l'autorité d'Aristote. Nous ne lui en sommes pas moins très reconnaissants de l'avoir émise, car il en a fait suivre l'exposé de considérations du plus haut intérêt sur le rôle et le caractère du tirage au sort aux différentes époques de l'histoire d'Athènes. M. Fustel de Coulanges a très bien démontré que ce procédé n'avait en soi rien d'essentiellement démocratique ; et même qu'à l'époque où l'éligibilité n'existait que pour les censitaires, il était plus aristocratique au fond que le choix à main levée. Aux savants modernes qui, voyant dans la désignation des archontes par le sort un principe égalitaire, ont voulu qu'elle datât des réformes démocratiques de Clisthène, M. Fustel de Coulanges répond très justement qu'il est d'une mauvaise méthode de faire intervenir

ἄλλων τινὲς νομοθετῶν τάττουσιν (τοὺς ἐλευθέρους καὶ τὸ πλῆθος τῶν πολιτῶν) ἐπί τε τὰς ἀρχαιρεσίας καὶ τὰς εὐθένας τῶν ἀρχόντων, ἄρχειν δύ κατὰ μόνας οὐκ ἐῶσιν. Πάντες μὲν γὰρ ἔχουσι συνελθόντες ἱκάνην αἴσθησιν κ. τ. λ.

1. Aristote, Polit. II, c. ix, § 2-5.

dans l'histoire de l'antiquité nos opinions d'aujourd'hui. Toutefois, ne serait-ce pas peut-être tomber daus un défaut semblable que de nier d'une manière absolue la portée politique du tirage au sort, ou du moins d'attribuer à des causes d'ordre purement religieux l'idée qu'eurent les Athéniens de l'appliquer à la nomination de leurs archontes? Tirer cette conclusion de ce fait que le sort désignait à Athènes les titulaires de telle ou telle dignité religieuse, et que certaines fonctions sacrées rentraient dans les attributions des archontes, c'est peut-être se hâter un peu. M. Fustel de Coulanges dit lui-même (p. 35) qu'à l'époque ancienne les ambitieux visaient à l'archontat, qui était la grande magistrature de la cité, au lieu que plus tard, l'archontat n'étant plus rien, les ambitieux s'en éloignaient. Si nous connaissions mieux l'histoire d'Athènes, de Solon à Miltiade, nous comprendrions peut-être que l'idée eût pu venir aux Athéniens de mettre obstacle aux visées des ambitieux en remplaçant le suffrage populaire par les décisions du sort, mesure de défiance prise par le peuple contre lui-même et offrant comme telle une analogie frappante avec l'institution de l'ostracisme. En tout cas, il ne faut pas oublier car c'est là un fait considérable et qui doit avoir des causes historiques, que, si le tirage au sort des magistrats n'a en soi rien de démocratique, nous n'en voyons pas moins les Grecs le regarder de très bonne heure comme un des caractères distinctifs de la démocratie pure. Suivant M. Fustel de Coulanges, ce préjugé ne daterait guère que de Platon et d'Aristote. Il semble être toutefois beaucoup plus ancien. Dans une des parties de son ouvrage qui longtemps avant sa mort étaient connues de ses contemporains, Hérodote, opposant la démocratie aux autres systèmes politiques, indique comme une des conditions essentielles de ce régime le tirage au sort des magistrats. П2705 λe aρyas äρxe, dit-il, liv. III, ch. 50, § 7, en se servant d'une expression qui fait penser surtout à l'archontat.

Une dernière remarque. M. Fustel de Coulanges observe que, lorsqu'ils parlent de la nomination des archontes, les anciens emploient bien quelquefois xipsia, mais jamais yapotovetv, le terme spécial pour l'élection à main levée ou l'élection proprement dite. Ce fait, sur lequel il insiste, ne nous parait pas avoir l'importance qu'il semble y attacher, d'abord à cause du très petit nombre des passages qui mentionnent des archontes antérieurs à l'époque où, de l'aveu de tous, l'archontat constituait une aph xλnput; en second lieu, parce que chez les anciens zipioa: s'emploie couramment au lieu de poτovery. Certes, au temps de la guerre du Péloponnèse, les stratèges athéniens étaient nommés à main levée; or Thucydide, qui parle à tout

instant de leur élection se sert toujours en pareil cas du premier terme, jamais du second.

Nous avons cherché à établir: 1° que les archontes annuels avant Solon étaient élus et non tirés au sort; 2o que ce législateur maintint et consacra dans sa constitution cet usage traditionnel des Athéniens. Quand le tirage au sort vint-il remplacer l'élection? quelles réponses différentes les anciens font-ils à cette question? est-il possible de les ramener toutes à l'unité? C'est ce que nous essayerons d'examiner dans une prochaine étude. JULES NICOLE.

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NOTES DE GRAMMAIRE.

2. Inferior quam. Une des grammaires latines les plus répandues en Allemagne, celle de Zumpt (12e édition, 1865), enseigne, § 485, que les comparatifs inferior, posterior (superior), se construisent toujours avec l'ablatif, jamais avec quam. On peut voir, par cet exemple, avec quelle légèreté les grammairiens inventent souvent des règles; inferior quam se trouve plusieurs fois chez Cicéron, et Zumpt aurait pu en trouver des exemples dans Forcellini; voy. ad Quint. fr., I, 1, 18; I, 3, 6; III, 5, 1. Brut. 48, 179; 49, 182; De off. I, 32, 116. De même posterior quam se rencontre chez Salluste, Jug. 85, 12, dans un passage, il est vrai, où il n'était pas possible de construire posterior avec l'ablatif.

Οὐδείς.

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3. Obdels. L'étymologie de obsiç est controversée (cudé + iç ou bien où des). L'analogie du mot cbbérepos (= oùò'étepos), qui semble bien formé de la même manière que cubeis, et que personne n'a encore songé à décomposer en où et dérepog, ne serait-elle pas un argument en faveur de l'étymologie traditionnelle cò'

?

4. Futur passif attique. - On sait que, chez les Attiques, le futur passif de τιμῶ est τιμήσομαι plutôt que τιμηθήσομαι (v. Moeris, au mot set); Veitch, Greek verbs irregular and defective, ne cite de poμz que deux exemples d'auteurs attiques, un de Thucydide et un de Démosthène, et l'on pourrait être tenté de corriger ces deux passages; toutefois p70[]sta se lit C. I. A., II, no 576, dans une inscription qui n'est pas datée, mais que M. Köhler juge être d'une bonne époque (bonae aetatis).

O. RIEMANN.

Lettre à M. Charles Robert sur deux inscriptions de Viviers (Savoie) 1.

Mon cher confrère et ami,

I.

La pierre qui sert de banc dans la promenade des platanes (ancien parc de M. de Pommereu, aujourd'hui villa Rattazzi), à Aix-lesBains, porte une inscription ainsi conçue* :

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Cette pierre provient de Viviers, petit village situé au sud d'Aix, sur la route de Chambéry et où se trouve aujourd'hui une station du chemin de fer. Elle avait été transportée, au siècle dernier, de Viviers à Voglans, bourgade voisine au sud de la précédente, où elle avait été déposée près de l'église. C'est là que Delbène et Guichenon, qui en ont publié l'inscription les premiers, l'avaient vue. De Voglans, elle fut apportée, il y a plusieurs années, à Aix, à la place où elle se trouve aujourd'hui3.

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Un autre fragment - aujourd'hui perdu du même monument, a été vu à Viviers même « dans l'église, sur une pierre qui soutient l'autel ». C'est Guichenon qui parle ainsi, et il en donne l'inscription telle qu'il l'avait lue sur ce fragment. L'église de Viviers a été démolie depuis; on en a construit une autre récemment, et, des nombreuses pierres antiques portant des caractères gravés, et provenant de cette vieille église, où ils avaient été employés comme matériaux de construction, une partie a été détruite, une autre partie a été transportée au musée de Chambéry, dans ces derniers temps,

1. Leçon professée à l'École des Hautes Études, en décembre 1879.

2. Hauteur: 0,70; largeur, 2,20; hauteur des lettres, 0,08. On a cru reconnaître la partie inférieure de faisceaux dans les rainures verticales de droite.

3. Delbène l'a publiée dans sa Descriptio Sabaudiae (Mém. de la Soc. Savoisienne, IV, p. 44 et suiv.); et Guichenon, dans son Histoire généalogique de la maison de Savoye, p. 32.

Elle a été copiée dans le Registre de l'État civil de la paroisse de Voglans, transcription faite en 1793; elle a été publiée encore depuis par Albanis Beaumont, Descript. des Alpes Cott. et Gr. (fig. 38); par Aug. Bernard, Lettre à M. L. Renier (Rev. Arch. 1857, p. 494, et Rev. Savoisienne, IV, p. 49); par Herzog, Gallia Narbonensis (App. epigr. no 572); par Bourquelot, Inscript. antiques de Luxeuil et d'Aix-les-Bains (Extr. du t. XX des Mem. des Antiq. de Fr.), p. 87, n° 18, enfin par Allmer, Inscr. de Vienne, t. I, n° 61, b, p. 221 et Atlas, n° 245.

par les soins de M. Perrin, alors conservateur des antiquités de cette ville. Quelques-uns des fragments, provenant d'édifices romains de Viviers, et portant aussi des lettres, avaient été employés autrefois dans la construction du presbytère; d'autres se trouvent encore dans le jardin de la cure; d'autres enfin, en beaucoup plus grand nombre sans doute, ont dû être détruits'. Le fragment détruit, qui soutenait l'autel de Viviers, et qui a été vu par Guichenon, portait, suivant l'historien de la Maison de Savoie, l'inscription suivante :

VIENNAE |||||

ORDINE MIN

CVRVLI P.F

Il a été publié plusieurs fois'.

M. Allmer a compris que ce fragment disparu devait être joint à celui qui subsiste encore à la villa Rattazzi, et il a proposé la disposition suivante :

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VIENNAE |||||||||||| lecTO. IN AMPLISSIMVM
ORDINEM IN te R QVAESTORIOS AEDILI
CVRVLI PRaet ORI LEGATO PROVINC

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a SIAE.

1. Les fragments de monuments gravés provenant de Viviers et subsistant encore aujourd'hui, peuvent se diviser en deux séries: 1° Ceux qui sont présentement dans le jardin de la cure ou qui ont été employés dans la construction du presbytère; 2° ceux qui sont déposés dans le vestibule du musée de Chambéry. Nous ne parlons pas de celui qui se trouve à Aix.

La première série, monuments subsistant à Viviers, comprend l'inscription encastrée dans le mur postérieur du presbytère et dont nous parlerons plus bas; et trois fragments qui se trouvent dans le jardin de la cure. Toutes les lettres qui figurent sur ces fragments atteignent de grandes proportions: Le premier, qui paraît concerner les titres de l'empereur Trajan, porte ACICO (hauteur, 0,45, largeur, ACICA 0,35, lettres, 0",10);

le second fragment, récemment mis au jour porte VM (hauteur, 0,50; largeur, 0TM,42; hauteur des lettres, 0,13). Le troisième IC (hauteur, 0,37; lettres, 0,20).

La série du musée de Chambéry, acquise par M. Perrin, du curé de Viviers, est composée de sept fragments, qui paraissent étrangers les uns aux autres et dont les lettres sont de grandeurs différentes: 1° ILN

PD (hauteur, 0,23; lettres, 0",10;)

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2 M (hauteur, 0TM,21); — 3′ VS.F (hauteur, 38, lettres, 0,19); 4 MIV (hauteur, 0,32; lettres, 0*,135); 5* IIN (hauteur, 0TM,32, lettres, 0a,20); 6 VES (lettres, 0,20)); -7° NI

LOI

P (hauteur, 0,72; lettres, 0a,145).

Viennent enfin les deux fragments disparus, mais vus et publiés par Guichenon : nous allons nous en occuper.

2. Par Albanis Beaumont (op. cit., fig. 44); par Cochard dans ses additions au livre de Chorier intitulé Recherches sur les Antiquités de la Ville de Vienne (ouvrage publié en 1759; l'édition où se trouvent les additions de Cochard est de 1846); puis par Bourquelot (op. cit. p. 86); enfin par Allmer (op. cit. I, p. 221, n° 61 a).

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