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mixte. Discussion dans les deux Chambres. - Espartero nommé réCompositien du nouveau ministère.

gent.

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Prestation de serment.

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L'ouverture des cortès eut lieu le 19 mars. Le vice-président de la régence provisoire, M. Ferrer, vint donner lecture, sans plus de solennité, du décret qui déclarait ouverte la législature de 1841. Qu'aurait dit en effet le gouvernement ? Quelle déclaration de principes pouvait-il faire ? Il administrait plutôt qu'il ne faisait acte de pouvoir politique, Un silence officiel lui était donc absolument prescrit. Ce n'est pas que dans les masses, et bientôt après dans les chambres, on imitât la même réserve, Non. Les Unitaires et les Trinitaires, c'est-à-dire les partisans de la régence unique et ceux de la régence triple, s'agitèrent bientôt, pendant que d'autre part les Decalzeados, ou employés éliminés par les derniers évènements, faisaient face aux Calzeados, et constituaient de leur côté une remuante minorité; et si le duc de la Victoire lui-même ne descendait pas dans l'arène, son ombre inséparable, le général et sénateur Linage, ne manquait pas de jeter dans le public, sous apparence de désintéressement ou de démenti donné à des bruits que l'on prétendait désavouer, des insinuations qui devaient assez bien servir l'ambition patiente du régent provisoire. Tout récemment encore (mars), le confident d'Espartero écrivait à l'Eco del Commercio, à propos des projets de retraite attri

bués au duc de la Victoire, que ce dernier confirmait l'opinion que son désir était de se retirer des affaires publiques, et de se reposer au sein du foyer domestique; mais que toujours disposé à tirer l'épée quand la patrie l'appellerait à défendre sa liberté et son indépendance, il serait, nonobstant ce désir, toujours prêt à exécuter ou faire exécuter la résolution des cortès sur le nombre des personnes qui composeraient la régence; mais qu'il ne jouerait pas le rôle qu'elles lui assigneraient, si ce rôle était contraire à son opinion et à ce qui lui paraîtrait nécessaire pour sauver le pays dans les circonstances actuelles.

C'était assez bien se désigner au choix du congrès. Au surplus la place de l'homme qui avait pacifié son pays était marquée dans le gouvernement nouveau. Des services anciens, mais moins éclatants, tels que les persécutions subies jadis pour la cause de la liberté par M. Arguelles, pouvaientils balancer la candidature de l'auteur du traité de Bergara? Les peuples, comme les individus, se souviennent plutôt des services présents.

Quant à l'ex-régente Marie-Christine, ses titres, bien que devant trouver dans les deux chambres des défenseurs, ne pouvaient être sérieux. C'eût été rejeter le pays tout entier dans les horreurs d'une guerre civile presque certaine. Il ne pouvait donc s'engager de débat que sur le nombre des régents; là était la question véritable. S'il ne pouvait venir à l'esprit d'hommes vraiment politiques d'écarter Espartero de la première dignité de l'État, on pouvait cependant songer à rendre moins dangereuse entre ses mains cette délégation de la suprême puissance, au moins en la divisant; car par là on l'affaiblissait nécessairement.

Tel était l'aspect nouveau que présentaient les choses, et cet aspect était assurément plein d'intérêt. Cependant, soit intention, soit autre motif, le ministère différait de jour en jour de soumettre aux cortès impatientes la redoutable question. Une discussion préjudicielle s'élevait d'abord: les cor

tés avaient été réunies deux mois plus tard que ne le portait la constitution. En d'autres temps et dans des circonstances normales, rien n'aurait pu excuser un tel oubli des termes de la loi fondamentale. Mais cette fois les évènements ve naient complètement absoudre les hommes placés à la tête des affaires. Les chambres pensèrent ainsi, et le ministère eut son bill d'indemnité.

Cet incident vidé, les cortès prirent le 13 avril,à la majorité de 80 voix centre 44, une résolution aux termes de laquelle le ministère était invité à soumettre aux chambres la question de la régence. Il n'était pas possible de reculer plus longtemps. La régence était déclarée vacante par le congrès. Ici vient se placer une série de questions préliminaires, qui aboutissent à la nomination d'une commission mixte des deux chambres. Le rapport de cette commission traça l'ordre de la délibération; voici quelles en étaient les principales bases: 1° les deux chambres de la législature s'assembleraient pour l'élection de la régence au jour, à l'heure et dans le lieu qui seraient désignés par le gouvernement, conformément à l'article 2 de la loi du 19 juillet 1837; 2° chaque corps pourrait discuter séparément, mais sans voter, sur le nombre des personnes dont se composerait la régence; 3° réunies dans le temps et au lieu déterminés, les sénateurs et les députés voteraient sur la question de savoir si le vote sur le nombre des régents serait public, nominal ou secret, sur le nombre des régents; sur les personnes qui composeraient la régence. Les autres articles étaient purement règlementaires, à part celui (art. 7) qui donnait aux sénateurs et députés la faculté de faire consigner au procès-verbal leur vote aflirmatif ou négatif, et l'article 53, qui portait que l'élection de la personne ou des personnes qui composeraient la régence, aurait lieu en secret et par bulletins. Les conclusions et dispositions du rapport furent adoptées par les députés dans la séance du 27 avril.

Il y avait dans ce fait triple, d'une commission mixte, du

rapport de cette commission, et de l'adoption de ses conclusions, plus qu'un résultat de procédure parlementaire ; il établissait encore un précédent politique d'une haute portée le sénat aussi bien que les cortès allaient élire le régent ou les régents; et c'était justice: le sénat procédant lui aussi, au moins médiatement, du choix de la nation. Néanmoins les deux corps législatifs discutèrent séparément sur le nombre des régents, et partant, sur la personne ou les personnes à nommer.

Quoique parfaitement située pour avoir une organisation représentative, la Péninsule n'a pas précisément encore des habitudes constitutionnelles parlementaires. Les plus graves débats du congrès s'y traînent souvent pâles et sans signification. C'est ce qui arriva dans la circonstance actuelle. Nous ne citerons donc que les opinions ou discours qui eurent quelque valeur, ou révélèrent une pensée politique.

Dans le sénat (séance du 28 avril) le ministre de la justice, parlant au nom du gouvernement, déclara que le ministère était d'accord sur ce point, qu'il convenait de donner au pays un régent unique... «La situation est pénible, disait-il, nous ne sommes pas sur un lit de roses; il nous faut mettre en garde contre les ennemis qui nous environnent. »

«En effet, ajoutait le comte de Peñafiel, qui complèta la pensée du gouvernement, le pouvoir d'un seul est plus énergique que celui de plusieurs. >>

« Trois régents, opposait M. Valdés, ont plus de lumières qu'un seul. >>

La discussion, comme on voit, ne s'élevait pas bien haut. A la séance suivante (29 avril), M. Campuzano fut plus hardi, et par cela même plus intéressant. Il ne craignit pas d'élever la voix en faveur d'une princesse exilée : « Les hommes de tous les partis, disait cet orateur, regretteront Marie-Christine... » Puis il parla en faveur de la régence triple, qui, selon lui, défendrait mieux qu'un régent unique les intérêts de l'Espagne au dehors.

C'était précisément par ce motif que le général Seoane arrivait à une conclusion tout opposée. D'ordinaire cet orateur voit dans les puissances étrangères autant d'ennemis. Cette fois, ses craintes avaient peut-être quelque fondement. Aussi n'eut-il garde d'oublier d'invoquer ce qui se passait à Bourges et à la frontière.

Le 30 avril, le général dit si ouvertement sa pensée, qu'il se fit rappeler à l'ordre. « Je suis convaincu que si le sénat se prononce en faveur d'une triple régence, au bout de deux heures la régence aura cessé d'exister.»(Ici le rappel à l'ordre eut lieu.)«Vous interprétez mai mes paroles, reprit le général en s'adressant au président : mon opinion est que les trois régents que l'on nommerait n'accepteraient pas, et qu'ainsi la régence se trouverait annulée de fait. »

Une opinion que l'on pourrait dire isolée fut émise par M. Mendizabal il penchait pour une régence quintuple. Était-ce une reminiscence du gouvernement directorial en France? On sait que M. Mendizabal appartient au libéralisme le plus avancé.

A la chambre des députés (6 mai), M. Mendez Vigo avait insinué que la régence provisoire n'avait pas conservé aux regards de l'étranger une entière indépendance. Le ministre des affaires étrangères (M. Ferrer) protesta comme il le devait. Il déclara que lors de l'installation de la régence actuelle, le gouvernement s'était empressé de donner aux évè nements qui l'avaient amené au pouvoir la plus grande publicité. Une note avait été remise à cet effet au corps diplomatique, aussi bien qu'aux ambassadeurs qui avaient mission de représenter l'Espagne près des puissances qui avaient reconnu les droits d'Isabelle. « Ces puissances, ajoutait M. Ferrer, firent assez connaître par leurs procédés *mêmes que les relations d'amitié qu'elles entretenaient avec nous ne subiraient aucune modification. En ce qui concerne les puissances qui n'ont pas encore reconnu la reine Isabelle, bien qu'elles aient toujours entretenu des rapports

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