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avouer que, depuis que, par la grâce du Seigneur, j'ai pris cette résolution, je me sens infiniment soulage; que les jours sont devenus plus sereins pour moi; que mon âme jouit d'une paix et d'une tranquillité que je ne goûtais plus depuis long-temps. Toutes ces promesses furent ponctuellement remplies. Le cardinal-archevêque se prêta à tout; il rétracta son appel, et son mandement de rétractation fut affiché le 11 octobre 1728. Il mourut en 1729, à 78 ans. Ses charités étaient immenses; ses meubles vendus et toutes les autres dépenses payées, il ne laissa pas plus de 500 livres. Il aimait le bien et le faisait. Doux, agréable dans la société, brillant même dans la conversation, sensible à l'amitié, plein de candeur et de franchise, il attachait le cœur et l'esprit. S'il se laissa quelquefois prévenir, c'est qu'il jugeait des autres par l'élévation de son âme, et cette âme était incapable de tromper. Ses adversaires crurent voir en lui un mélange de grandeur et de faiblesse, de courage et d'irrésolution. Plein de bonne foi, il soutenait des gens qu'on accusait d'en manquer. Il favorisait les jansénistes sans l'être lui-même. Quoiqu'il luttât contre le pape et contre tous les évêques du monde catholique, à quelques appelants près, on était parvenu à lui persuader qu'il n'avait pour adversaires que les jésuites; ce qui paraîtrait incroyable, si on ne voyait cette singulière persuasion consignée dans ses propres lettres et celles de ses correspondants.

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Il n'y a contre vous qu'un soupçon » (lui écrivait madame de Maintenon, en répondant à

une de ses lettres), est-il impossible de l'effacer? Tout ce qu'on dit contre vous se réduit à la protection secrète que vous accordez au parti janséniste. Personne ne vous accuse de l'être; voudriez-vous plus long-temps être le chef et le martyr d'un corps dont vous rougiriez d'être membre? Jamais les jésuites n'ont été plus faibles qu'ils le sont. Je vois la force que vous auriez si ce nuage de jansénisme pouvait se dissiper. On est averti que vous avez des commerces directs et indirects à Rome, avec des gens qui ont été les plus acharnés pour Jansénius et contre le roi. Croyez, monseigneur, que tout lui revient, et qu'il n'a aucun tort de vous soupçonner. Ce n'est point sur les discours de votre père de la Chaise, etc. » -Gaston-Jean-Baptiste-Louis de NOAILLES, Son frère, qui lui succéda dans l'évêché de Châlons, a témoigné la même opposition à la bulle "Unigenitus", et n'a point imité son frère dans sa réunion avec le corps des pasteurs. Il mourut en 1720, à 52 ans.

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NOAILLES (Adrien-Maurice, duc DE), fils d'Anne-Jules, dont nous avons parlé, vit le jour en 1678. Né avec des talents pour guerre, il servit de bonne heure, et se trouva à tous les siéges que le duc son père fit dans la Catalogne, en 1693 et 1694. Il se signala ensuite sous le duc de Vendôme dans la même province, passa en Flandre l'an 1696, et continua d'y montrer sa valeur et sa prudence. Ces deux qualités le firent choisir, en 1700, pour accompagner le roi d'Espagne jusqu'à Madrid. Personne n'ignore les services distingués qu'il

rendit en Catalogne pendant la guerre de la succession d'Espagne. Général des armées du roi en Roussillon, il y remporta, en 1702 et 1709, plusieurs avantages sur les ennemis. [Pendant ces succès, le duc de Noailles eut à remplir une mission bien cruelle. Louis XIV, voyant qu'il était entouré d'ennemis et la France épuisée, le chargea de presser son petit-fils, Philippe V, de renoncer à la couronne, moyennant un faible apanage; le duc fit même entrevoir à Philippe que son aïeul pouvait être contraint de combattre son petit-fils pour donner la paix à la France. Philippe se montra inexorable, obtint de nouvelles victoires, et ce fut sa fermeté qui conserva à ladynastie des Bourbons le royaume d'Espagne. ] A la fin de 1710, et dans le cœur de l'hiver, le duc de Noailles se rendit maître de Girone, une des plus importantes places de la Catalogne. Ce service signalé fut récompensé, en 1711, par Philippe V, du titre de grand d'Espagne de la première classe. Louis XIV, non moins sensible à son mérite que son petit-fils, l'avait fait brigadier en 1702, maréchal-de-camp en 1704, lieutenant-général en 1706, et il avait été reçu duc et pair en 1708. Réunissant en lui le double mérite d'homme de guerre et d'homme d'état, il fut nommé président du conseil des finances en 1715, conseiller au conseil de régence en 1718, et chevalier des ordres du roi en 1724. Dans la guerre de 1733, il servit au siége de Philisbourg, pendant lequel il fut honoré du bâton de maréchal de France. Il eut le commandement des trou

pes pendant l'hiver de 1734, et reprit Worms sur les Impériaux. Nommé, en 1735, général en chef des troupes françaises en Italie, il alla cueillir de nouveaux lauriers. Mais dans la guerre de 1741, il n'eut pas le même succès, et perdit la bataille de Dettingen en 1743. Il mourut à Paris, le 24 juin 1766, âgé de près de 88 ans. Il joignait à de rares lumières et à beaucoup de facilité d'esprit, des connaissances de toute espèce. Les vrais connaisseurs ont toujours admiré son talent pour les plans de campagne; mais ils lui ont reproché d'avoir manqué de vigueur dans l'exécution. Quelquefois indécis à force de prévoyance, quelquefois trop vivement agité par les contradictions ou par de justes sujets d'inquiétude, il put, en certaines conjonctures, perdre des moments favorables. Il put aussi paraître timide, lorsqu'il n'était que prudent. Il avait épousé, en 1698, Françoise d'Aubigné, fille unique du comte d'Aubigné, frère de madame de Maintenon. L'abbé Millot a publié ses Mémoires en 1777, en 6 vol. in-12. Ils seraient plus intéressants et plus estimés, si l'éditeur ne leur avait donné cette teinte de philosophisme qu'on remarque dans ses "Eléments d'histoire et dans tout ce qui est sorti de ses mains.

*NOAILLES (Louis, vicomte DE), naquit à Paris, en 1764. Au commencement de la révolution, il était grand bailli d'épée, colonel des chasseurs d'Alsace. Il fut un de ceux qui oublièrent ce qu'ils devaient à leur naissance et à la cour, dont lui et toute sa famille n'avaient reçu que des® honneurs et des bienfaits. Nom

mé par la noblesse du bailliage de Nemours député aux états-généraux de 1789, dès leur ouverture, il se déclara pour la réunion des ordres, et ce fut lui qui, au 14 juillet, annonça à cette assemblée le soulèvement de Paris, la prise de la Bastille et la mort de de Launay. Lié intimement avec les plus démagogues, il fut le premier à inviter, le 4 août, la noblesse et le clergé à renoncer à leurs priviléges, et provoqua la suppression des droits féodaux, en attribuant les désordres des campagnes «< au retard qu'on >> mettait à cette mesure si long>> temps attendue par le peuple » opprimé ». Le 18 septembre, il présenta un rapport sur l'organisation de l'armée; le 5 juin 1790, il fit, au club des Jacobins, la motion, qui fut décrétée, de défendre à tous leurs membres de porter des étoffes étrangères. Le 19 du même mois, il eut une grande part au décret relatif à la suppression des titres et qualités, ainsi qu'à la livrée. Par suite d'une altercation qu'il eut avec Barnave, il se battit avec celui-ci au pistolet, et, après avoir essuyé le feu de son adversaire, il tira en l'air; ils se raccommodèrent bientôt après. Deux mois après, en septembre, il fit un nouveau rapport sur l'état et l'organisation de l'armée. En août, il parla des projets, vrais ou supposés, des puissances étrangères, des moyens qu'on avait à leur opposer, en concluant que la France serait invincible tant qu'elle resterait unie. Il dénonça, en septembre, les manoeuvres des contre-révolutionnaires pour agiter les gardes-suisses, et fit défendre en même temps à toute associa

tion de communiquer ou correspondre avec les régiments français et étrangers. Le 22, il fit décréter l'organisation de la gendarmerie nationale. Il fut élu président, le 26 février 1791, et envoyé en mission en Alsace. A son retour, il parut, le 6 avril, à la tribune du club des Jacobins, pour rendre compte de sa mission, et pour tranquilliser les esprits sur la situation politique de cette province. Les mouvements hostiles des puissances voisines lui servirent, le 19, de motif ou de prétexte pour en accuser le ministre des affaires étrangères, et il dit entre autres choses : « A quoi servent les

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agents, les espions, les ambas»sadeurs, si ce n'est pas pour » savoir ce qui se passe sous » leurs yeux? » Le 28, il vota l'admission de tous les citoyens, indistinctement, dans la garde nationale; et, le 29, il appuya les communications des militaires avec les clubs, comme propres à leur inspirer de l'amour pour le nouvel ordre de choses. Il lut, le 5 mai, à l'assemblée, un long discours tendant à faire décréter l'émission des assignats de cinq livres. Envoyé à Colmar, à la tête de son régiment, le 29 du même mois, il y étouffa une insurrection qui venait d'y éclater. Il arriva à Paris le lendemain de la fuite de Louis XVI, et s'empressa d'aller à l'assemblée préter son serment de fidélité. Le 5 septembre, il prononça un discours assez énergique sur la situation de la France, engagea l'assemblée à prendre des mesures plus efficaces contre toute attaque subite des puissances étrangères, et indiqua un plan

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ser

pour assurer la défense de l'état, et ramener la confiance intérieure, « arme, disait-il, la plus sûre pour déjouer tous les jets des ennemis ». A la fin des sessions, il se rendit aux armées, et écrivit, de Sédan, en novembre, une lettre assez sage et modérée sur le refus qu'avait fait Louis XVI de sanctionner le décret contre les émigrants, lettre qui ne fut pas goûtée des jacobins ils crurent s'apercevoir que de Noailles faisait un pas rétrograde des principes qu'il avait professés. Il fut néanmoins nommé, en mai 1792, commandant de la chaîne des avantpostes du camp de Valenciennes. Mais, après l'arrestation de Louis XVI et de sa famille, la persé cution contre les nobles ayant recommencé avec plus de vigueur, de Noailles, malgré ses vices encore récents, ne se crut pas en sûreté en France. Il donna sa démission, et se retira en Allemagne. Pendant son absence sa femme, accusée de complicité dans la conspiration supposée des prisons du Luxembourg, où elle était détenue, périt sur l'échafaud, le 22 juillet 1794. Elle n'avait pas partagé les principes de son époux, qui, en des moments plus calmes, revint en France, reprit du service dans les troupes républicaines, et passa en Amérique avec le grade de général de brigade. Dans sa traversée de l'île de Cuba, lors de l'évacuation de Saint-Domingue, il fut tué dans un combat naval qu'il soutint contre les Anglais, en 1803. Il avait montré beaucoup de valeur, et fut pleuré par tous les soldats, De Noailles avait de l'instruction, de l'éloquence, et une

grande aptitude pour les affaires, Il est à regretter qu'il n'ait pas employé ces talents pour une meilleure cause.

NOAILLES (le duc DE), né en 1739, fils aîné du maréchal de. ce nom, fut appelé d'abord duc d'Ayen. Inscrit au nombre des gardes-du-corps, à 13 ans, il devint, en 1755, colonel du régiment de Noailles-Cavalerie, corps appartenant à sa famille qui l'avait levé à ses frais pendant la guerre de la successson d'Espagne; et, après avoir fait les quatre dernières campagnes de la guerre de sept ans, il fut créé capitaine de la compagnie écos saise des gardes-du-corps: il en exerça les fonctions sous le règne de Louis XV et de Louis XVI, garda 19 ans ce dernier prince, et se réfugia en Suisse lorsqu'il ne dépendit plus de la force humaine que ses malheurs fussent écartés. Le duc de Noailles, après avoir passé dans le canton de Vaud trente années d'une vie laborieuse et honorable, reparut un moment en France à l'épo que de la restauration; il siégea quelquefois à la chambre des pairs, et mourut en 1824 à Fontenay-en-Brie, entouré de quatre générations de sa famille. I avait été reçu, en 1777, membre de l'académie des sciences, et en 1816 il fut compris dans la réor ganisation de l'institut avec le titre d'académicien libre. C'est à lui qu'est due la carte d'Allemagne connue sous le nom de Chancharel, la première bonne de ce pays, de l'aveu même des nationaux. "L'Eloge" du duc de Noailles, prononcé à la chambre des pairs par M. le prince de Poix (Noailles-Mouchy), se trouve

dans le "Moniteur" du 5 février 1825.

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NOAILLES-MOUCHY (Pierre, due DE), maréchal de France, naquit à Paris, en 1715, et entra an service dès sa plus tendre jeunesse. Il fit la guerre de sept ans, et donna dans toutes les occasions des preuves d'intelligence et de bravoure. Ses services furent récompensés par le gouvernement des maisons royales de Versailles et de Marly, et par le bâton de maréchal de France, qu'il obtint en 1775. Il fit partie de l'assemblée des notables en 1787, et après la session il se retira chez lui, et ne s'immisca nullement dans les affaires politiques. Cette modération ne put cependant pas le sauver de la persécution des terroristes. Ceuxci trouvaient mauvais en lui son nom, sa naissance, et même le costume de l'ancienne cour, que le duc se plaisait à conserver. Arrêté en 1793, avec son épouse, et enfermés dans les prisons du Luxembourg, ils furent quelques mois après traduits devant le tribunal révolutionnaire, «< comme ennemis du peuple, complices du traître Capet, et >> distributeurs des sommes que »le tyran employait à soudoyer » les fanatiques ». Ils furent condamnés à mort, et exécutés le 27 juin 1794. Le maréchal avait alors soixante-dix-neuf ans, et la duchesse soixante.

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NOBILI (César), d'une famille illustre de Lucques, vivait dans le xyre siècle. On a de lui: Oratio habita in publico consistorio ad Clementem VIII, P. M. pro obedientia reip. Lucensis, Rome, 1523, in-4o. —NOBILI (le P. Vincent-Marie), de la même famille

et de la congrégation de la mère de Dieu, a publié: Opere predicabili, contenenti lezioni sacre e morali sopra la divina scrittura, 1780, 4 vol. in-4°. - NOBILI (le P. Dominique-Marie), de la même famille et de la même congrégation, a laissé des Sermons et des Panégyriques, 1768, in-4°.-NOBILI (Hyacinthe), religieux de l'ordre des prêcheurs, a donné un ouvrage curieux, intitulé: Il vagabondo, ovvero sferza de' birbanti e vagabondi: opera nuova, nella quale si scoprono le fraudi, malizie ed inganni di coloro, etc., Venise et Macerata, 1647, in-8°.

NOBLE (Eustache LE), baron de Saint-Georges et de Tenelière, né à Troyes, en 1643, d'une famille distinguée, s'éleva par son esprit à la charge de procureurgénéral du parlement de Metz. Il jouissait d'une réputation brillante et d'une fortune avantageuse, qu'il dissipa en peu de temps, lorsqu'il fut accusé d'avoir fait à son profit de faux actes. Il fut mis en prison au châtelet, et condamné à faire amende honorable et à un bannissement de neuf ans. Le Noble appela de cette sentence, qui n'était que trop juste, et il fut transféré à la Conciergerie. Gabrielle Perreau, connue sous le nom de la "Belle Epiciere", était alors en cette prison, où son mari l'avait fait mettre pour son inconduite. Le Noble la connut, l'aima, et se chargea d'être son avocat. Après bien des aventures peu honorables à l'un et à l'autre Le Noble fut banni derechef pour neuf ans; mais quelque temps après il obtint la permission de revenir en France, à condition de ne point exercer de

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