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<< Verum enim vero is demum mihi vivere atque frui >> animâ videtur, qui aliquo negotio intentus, præclari >> facinoris aut artis bonæ famam quærit... Igitur ubi >> animus ex multis miseriis atque periculis requievit, >> statui res gestas, carptim ut quæque memoriâ digna >> videbantur perscribere; eò magis, quod mihi, à spe,

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PRÉFACE.

Personne, je pense, sauf quelques bibliomanes à mémoire inexorable, ne se souvient aujourd'hui que j'ai publié, il n'y a pas moins de trente-cinq ans, une traduction du Catilina de Salluste 1. Cet essai d'un jeune homme fut sévèrement traité par les journaux de l'époque, qui, n'osant s'occuper de gouvernements, de chartes, de progrès, de réformes sociales, concentraient toutes leurs rigueurs sur quelques pauvres écrivains. La république des lettres n'était pas alors,

1 A Paris, en 1812. Voyez, à la suite de l'Essai sur Salluste, la note 1.

a.

comme maintenant, la plus libre, la plus anarchique, la plus dévergondée des républiques; la censure impériale et les Aristarques des gazettes y mettaient bon ordre : le classicisme le plus impitoyable y régnait sans contradiction. Cependant, je dois l'avouer, en ce qui me concerne, ces critiques n'étaient que trop fondées. J'ajouterai qu'elles me furent utiles. Je refis à loisir ma version d'écolier, et ce travail devint pour moi l'occasion d'une étude nouvelle d'une tout autre importance. En examinant les ouvrages de Salluste et ceux des principaux historiens anciens, je me trouvai conduit à faire quelques rapprochements entre la société païenne et la société chrétienne, dont le contraste nous montre l'homme, toujours le même par sa nature, et profondément modifié par ses institutions. La vieille civilisation romaine, qui nous apparaît encore aujourd'hui si forte et si brillante, et la civilisation chrétienne, ont entre elles des

rapports et des oppositions qu'il faut bien méditer, si l'on veut apprécier sainement les causes du progrès social. Méconnaître ces rapports ou ces oppositions, c'est vouloir rétrograder.

L'étude de l'antiquité nous révèle à la fois la puissance et la faiblesse des institutions humaines : leur puissance, sous le rapport du développement intellectuel et matériel des États; et leur impuissance à fonder des principes solides de justice, d'humanité et de moralité sans la vérité religieuse. L'on peut déduire du rapprochement des deux civilisations et de la comparaison des historiens anciens et modernes, les principales règles de la politique et de l'histoire. Mon intention toutefois n'a pas été de traiter une matière si vaste à propos d'un travail si court et si imparfait, mais d'en indiquer seulement les points essentiels, en tant qu'ils touchent à mon sujet.

Telles sont les considérations qui m'ont

dicté cet essai. Je ne pense pas qu'il puisse déplaire à ceux même qui connaissent Salluste et les anciens beaucoup mieux que moi. On entend toujours volontiers parler de ce qu'on aime. Quant à mon petit fragment de traduction, je dois déclarer ici que je n'ai nullement eu la téméraire et tardive envie de prendre une revanche sur Salluste ; et j'en aurais fait sans peine le sacrifice, dans mon propre intérêt, s'il ne servait en quelque sorte de preuve et d'appendice à mon esquisse sur ce grand écrivain et sur son époque. J'espère que le lecteur me pardonnera de l'avoir conservé tel qu'il est, sans attacher du reste plus d'importance que

y

moi-même.

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