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>>laire. Les Spartiates au contraire propa

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geaient partout le gouvernement aristo

cratique. » Ainsi la Grèce entière se trouvait partagée entre ces deux cités. Et comme il n'y avait pas de ville qui ne fût fractionnée entre plusieurs partis, les uns favorables au peuple, les autres à la noblesse, les Athéniens et les Spartiates avaient chacun de leur côté des partisans et des créatures qui soufflaient le feu de la discorde. C'est ce qui explique les nombreux revirements de ces petits États de la Grèce, toujours agités, qui se déclaraient aujourd'hui pour Sparte et demain pour Athènes, selon que la noblesse ou le peuple y dominaient. Quant à la politique des deux nations adverses, elle tendait à s'emparer de l'empire exclusif de la Grèce et à n'y souffrir ni supériorité, ni égalité, ni neutralité. Les chefs des factions opposées qui déchiraient ce pays, dit encore Thucydide, affectaient tous de ne vouloir que le bien de la patrie; mais

en réalité la patrie elle-même était la proie qu'ils se disputaient 1.

Le peuple d'Athènes était le plus spirituel de la Grèce, et cependant il eut toujours besoin d'être conduit. Les Athéniens résis

tèrent aux Spartiates tant que vécut Périclès; avec lui ils seraient probablement sortis vainqueurs de la lutte; mais après la mort de ce grand homme, livrés à de vils démagogues, ils se précipitèrent dans des entreprises extravagantes et au-dessus de leurs forces.

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Périclès, dit Thucydide, avait su prendre de l'ascendant sur la multitude; il ne s'en laissait pas dominer, c'était au contraire lui qui la maîtrisait. Il ne la flattait point; il osait la contredire, et au besoin la gourmander. Quand il voyait les Athéniens prêts à se livrer à leur fougue, il les modérait, il les frappait de terreur tombaient-ils dans l'abattement, il relevait leur courage. Le

1 Liv. III, c. 82.

f.

pouvoir populaire subsistait de nom, et l'on était en effet sous le pouvoir d'un chef1.

>>

Thucydide, pour donner une idée de l'éloquence de Périclès, rapporte le célèbre discours qu'il prononça en l'honneur des Athéniens morts pour la patrie. Nous en citerons ici les passages qui nous ont paru les plus remarquables. « Lorsque des hommes, se sont immortalisés >> par leurs actions, dit-il, j'ose croire que ces actions >> seules suffisent pour justifier les honneurs qui leur sont >> rendus par tout un peuple, Il est dangereux de livrer en » quelque sorte leur gloire aux chances d'une appréciation

plus ou moins digne, suivant qu'un orateur en parlera » avec plus ou moins de talent. Il est bien difficile d'ail>> leurs de se tenir à la hauteur d'un tel sujet et d'être » toujours d'accord avec la vérité. Si l'auditeur connaît la » vie de ceux qu'on veut louer et s'il est favorablement » prévenu pour eux, il est à craindre qu'il ne trouve vos >> éloges au-dessous de la réalité. Si au contraire il ne les » connaît pas, peut-être, par un sentiment d'envie natu>> rel au cœur de l'homme, y verra-t-il de l'exagération. >> Car on n'aime guère à entendre vanter les belles actions >> d'autrui qu'autant qu'on se croit capable d'en faire au» tant soi-même. Tout ce qui est au delà on refuse d'y » ajouter foi.... Ce qui distingue les Athéniens des au>> tres peuples, c'est de savoir agir quand il le faut avec » audace, et délibérer mûrement avant d'agir *. Ils ont

*

Ceci, quoi qu'en dise Thucydide, est une flatterie, ou bien un conseil indirect que Périclès veut donner au peuple d'Athènes.

Nous ne pousserons pas plus loin l'examen de l'œuvre de Thucydide, qui retrace avec tant de vérité et d'énergie les suites déplorables des dissensions civiles, et l'un des livres les plus instructifs que puissent étudier les hommes de notre temps et de tous les temps 1. Xénophon continua l'histoire de la Guerre du Péloponèse, que Thucydide n'avait point achevée, et composa plusieurs autres ouvrages, dont les principaux sont la Cyropédie et la Retraite des dix mille.

» des amis pour leur rendre des services, et non pour en >> recevoir... Les Athéniens se sont ouvert des passages à >> travers toutes les terres et toutes les mers; et partout >> ils ont laissé des monuments impérissables du bien qu'ils » ont fait à leurs amis et du mal qu'ils ont fait à leurs >> ennemis *. »

1 Charles-Quint, le plus habile politique de son siècle, étudiait Thucydide, non dans l'original, car il était peu lettré, mais dans la traduction française de Seyssel, et il le portait toujours avec lui dans ses voyages et dans ses expéditions guerrières.

* Salluste a copié, à peu près littéralement, ces diverses pensées dans son Catilina, chapitres III et VI. Ce grand historien n'est souvent qu'un heureux imitateur des Grecs, et spécialement de Thucydide.

Homme de guerre et homme d'État, son style est plein de charme et de douceur, mais moins serré, moins fort, moins original que celui du fils d'Olorus. Xénophon, banni de sa tumultueuse patrie, comme Thucydide et comme tant d'autres grands citoyens, témoigne partout un dégoût profond pour la tyrannie des démagogues 1. Il va chercher au

1 Les Athéniens, qui adoraient leurs grands hommes pendant les crises de l'État, les persécutaient et les proscrivaient lorsqu'ils croyaient n'en avoir plus besoin. Thémistocle, le sauveur d'Athènes, est obligé de se réfugier à la cour du grand roi qu'il a vaincu; Aristide est banni parce qu'on est fatigué de l'entendre appeler Juste; Socrate est condamné à boire la ciguë; Alcibiade, sommé de venir se défendre à Athènes d'une accusation d'impiété, abandonne l'armée de Sicile, qui ne pouvait vaincre que par lui, et se réfugie à Sparte où il travaille efficacement à la ruine de sa patrie on l'y rappelle plus tard, pour le proscrire de nouveau, au moment où il était prêt à la faire triompher. A une époque où Athènes n'était plus accoutumée aux succès, les dix capitaines qui avaient rappelé la victoire sous ses drapeaux, aux Arginuses, victimes d'une absurde superstition ou plutôt d'une basse jalousie, sont condamnés à la peine capitale pour avoir négligé d'enterrer leurs morts!...

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