Immagini della pagina
PDF
ePub

depuis La Fontaine qui est et qui sera toujours hors ligne et au-dessus de toute comparaison. Le bon en tout genre prédomine dans le recueil des fables de Florian. On en trouve d'un intérêt attendrissant d'autres d'une gaieté douce et badine, d'autres d'une finesse piquante, d'autres d'un ton plus élevé sans être au-dessus de celui de la fable. Le poëte sait varier ses couleurs avec ses sujets ; il sait décrire et converser, raconter et moraliser. Nulle part on ne sent l'effort et toujours on aperçoit la mesure. Les plus jolies fables de notre auteur sont l'Aveugle et le Paralytique, les Singes et le Léopard, le Savant et le Fermier, le Roi et les deux Bergers, Don Quichotte, le Lapin et la Sarcelle, le Bon homme et le trésor; le Hibou, le Chat, l'Oison et le Rat; la Mort, le Danseur de corde, la Pie et la Colombe, le Singe qui montre la lanterne magique, les Enfans et les Perdreaux, etc.

La plus agréable pastorale que nous ayons, est sans contredit la Galatée de Florian; son Estelle est aussi fort jolie. L'églogue de Ruth plaira à toutes les ames sensibles, etc.

L. A. FLORUS qui vivoit sous Auguste selon les uns sous Trajan et même sous Adrien selon les autres, nous a laissé un Epitome de gestis Romano

[ocr errors]

rum qui commence à l'origine de Rome et va jusqu'à 725 où Auguste ferma le temple de Janus (1). Il a

(1) La clôture du temple de Janus étoit une cérémonie d'autant plus solennelle qu'elle étoit très rare à Rome, Chez ce peuple guer

eu le talent de resserrer en un très petit volume les annales de sept siècles sans omettre un seul fait important. Son style offre bien quelques traces de déclamation; mais en général il a de la rapidité et de la noblesse. On en peut juger par le récit de la Conjuration de Catilina. Il n'occupe que deux pages, et rien d'essentiel n'y est omis.

DANIEL FOË (n. 16.. --m. 1731). Le roman de Robinson a eu un succès prodigieux ; mais il n'y a que la première partie, c'est-à-dire, le séjour de Robinson dans son île, qui soit vraiment originale et attachante ; aussitôt que Robinson est rendu à la société, tout ce qu'il dit et tout ce qu'il fait rentre dans la classe ordinaire des romans et est très com

rier, ce temple étoit toujours ouvert, et on ne le fermoit que pendant la paix; encore falloit-il que cette paix fùt générale. Le temple de Janus n'a été fermé que huit fois pendant la durée de la royauté, de la république et de l'empire romain; savoir :

1.o l'an 42 de Rome,

712 av. J.-C., sous Numa qui fut l'instituteur de cette cérémonie ;

11.o en 519—235 av. J.-C., à la fin de la seconde guerre punique; 111.o en 725—29 ans av. J.-C., après la bataille d'Actium, qui rendit Auguste le maître du monde ;

Iv.o en 730-24 av. J.-C., au retour de la guerre des Cantabres en Espagne ;

v.o en 744—10 ans av. J.-C., sous Auguste: la paix générale régna 12 ans. C'est vers la fin de cette paix que Jésus-Christ vint au monde;

VI.o en 811-58 de J.-C., sous Néron;

VII.o en 824-71 de J.-C., sous Vespasien, aussitôt après la

prise de Jérusalem, par Tite;

VIII. enfin en 994-241 de J.-C., sous Gordien le jeune.

mun. Pourquoi la première partie est-elle si intéressante ? C'est qu'on y voit tout ce que l'homme abandonné à lui-même peut trouver de ressource dans son industrie, dans son courage et dans le sentiment réfléchi de ses besoins.

NIC.-Jos.-L. GILBERT (n. 1751—m. 1780). On regarde son ode sur le Combat d'Ouessant, comme ce qu'il a fait de mieux dans le genre lyrique, et par conséquent supérieure à celles sur le Jubilé et sur le Jugement dernier (1). Sa satire du xv111.° siècle est très piquante ainsi que son Apologie qui en est une suite. Mais des vers admirables et qui portent à l'ame, ce sont ceux qu'il a faits huit jours avant sa mort, et qui sont extraits d'une imitation de plusieurs psaumes.

Au banquet de la vie, infortuné convive,

J'apparus un jour, et je meurs :

Je meurs, et sur ma tombe, où lentement j'arrive,
Nul ne viendra verser des pleurs. etc.

Quand La Harpe, dans son Lycée, a jugé très sévèrement Gilbert, il avoit encore sur le cœur cette tirade qui le regarde nominativement dans l'Apologie :

C'est un petit rimeur, de tant de prix enflé,
Qui, sifflé pour ses vers, pour sa prose sifflé,
Tout meurtri des faux pas de sa muse tragique,
Tomba de chute en chute au trône académique.

(1). La dernière strophe de cette ode est très belle, mais surtout les trois derniers vers:

L'Éternel a brisé son tonnerre inutile,

Et d'aîles et de faux dépouillé désormais,

Sur les mondes détruits le Temps dort immobile.

Ces deux derniers vers, dont la tournure est si originale et si piquante, sont restés dans la mémoire de tout le monde.

J.-B.-L. GRESSET (V. tom. 1, pag. 283 ). Les chefs-d'œuvre de ce poëte aimable sont le Méchant, Vertvert et la Chartreuse. Le Lutrin vivant et le Caréme impromptu sont deux charmantes bagatelles, remarquables surtout par le talent de narrer et d'écrire. L'Építre à ma Sœur est encore digne de l'auteur; les Ombres et l'Épitre au Père Bougeant se rapprochent un peu de la Chartreuse; mais l'Építre à ma Muse est d'un style inégal et foible de pensées. Nous ne parlons ni de la traduction des Églogues de Virgile, ni de la tragédie d'Édouard III, ni du Discours sur l'Harmonie, ni du Discours académique, ni, etc. etc. Quant à la Lettre sur la Comédie, elle passe pour un modèle de raison et de style.

ANTOINE GUÉNARD (n. 1726 m. 1806).

L'un des beaux morceaux de la littérature moderne et l'un des plus ignorés, est le Discours du P. Guénard qui a remporté le prix de l'Académie française en 1755 sur cette question : En quoi consiste l'esprit philosophique ? les caractères qui le distinguent et les bornes qu'il ne doit jamais franchir, conformément à ces paroles de S. Paul: NON PLUS SAPERE QUAM OPORTET SAPERE SED SAPERE AD SOBRIETATEM. Ce beau discours a été réimprimé en mai 1821, Paris,

[ocr errors]

Didot l'aîné, in-12 de 24 pages, tiré seulement à 100 exempl. qui n'ont point été dans le commerce. Il semble en vérité que l'on craigne que les bons ouvrages ne soient trop répandus, tandis que les livres d'un tout autre genre se réimpriment en profusion. Les morceaux les plus saillans de ce discours sont, 1.o celui où l'auteur peint Descartes, qui par les deux nouvelles et sublimes conceptions d'appliquer l'algèbre à la géométrie et d'expliquer les phénomènes de la nature en les soumettant aux règles de la mécanique, se montra le premier homme d'un génie créateur dont la France pût s'honorer depuis la renaissance des lettres; 2.o le morceau où il peint l'alliance de l'esprit philosophique avec le génie des lettres et des arts dans les productions du goût, et où il en fait voir le danger; 3.o le très beau passage où il dévoile les abus et assigne les limites des facultés de la pensée dans les ouvrages de goût, ainsi que dans les matières de Religion. Rien peut-être en fait d'éloquence de raisonnement n'est supérieur à ce tableau dans lequel il expose la témérité et les écarts de la raison (1) sur les objets sacrés de la foi.

HÉSIODE (vers 900 av. J.-C.). Le plus beau mor

(1) Ce passage m'en rappelle un d'un très bon livre de dom Jamin, bénédictin (Lecture chrétienne, p. 274), où il est dit : « La `raison, considérée dans l'usage que l'homme en fait, est, pour me servir de l'expression de Montaigne, un pot à deux anses que chacun tire de son côté. Elle a besoin d'une autorité qui l'arrête dans un juste milieu et l'empêche de donner dans les extrêmes. » Et cette autorité est celle qui émane de la Religion.

« IndietroContinua »