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Marcia qu'il avoit cédée à son ami Hortensius, et le portrait de Caton lui-même ( ch. 11 ) ; l'éloge funèbre de Pompée prononcé par Caton (ch. ix ); la belle réponse de Caton au beau discours de Labienus sur l'oracle de Jupiter Ammon ( ch. 1x ); la marche des Romains dans les sables de l'Afrique sous la conduite de Caton (ch. ix). On peut encore signaler les prodiges qui annoncent la guerre civile (ch. 1.er), et la séparation de Pompée et de Cornélie son épouse qu'il envoie à Lesbos, ainsi que les discours qui accompagnent leurs adieux. Les beautés d'un caractère mâle et neuf qui brillent dans ces différens morceaux, ont rendu la Pharsale digne des regards de la postérité, malgré les défauts qui la déparent. Voltaire dit : « Il n'y a dans le poëme de Lucain aucune description brillante comme dans Homère; l'auteur n'a point connu comme Virgile l'art de narrer et de ne rien dire de trop ; il n'a ni son élégance, ni son harmonie; mais aussi vous trouvez dans la Pharsale des beautés qui ne sont ni dans l'1liade ni dans l'Énéide. Au milieu de ses déclamations ampoulées, il y a de ces pensées mâles et hardies, de ces maximes politiques dont Corneille est rempli ; quelques-uns de ses discours ont la majesté de ceux de Tite-Live et la force de Tacite. Il peint comme Salluste; en un mot il est grand par-tout où il ne veut pas être poëte. Une seule ligne telle que celle-ci en parlant de César, Nil actum reputans si quid superesset agendum, vaut bien assurément une description poétique. »

LUCIEN (n. vers l'an 80 de J.-C.—m.vers140), est l'un des littérateurs grecs les plus originaux, les plus fins et les plus satiriques qui aient paru depuis Aristophane. On connoît sous son nom un grand nombre d'ouvrages ( plus de quatre-vingts }; mais il n'est pas sûr que tous soient de lui. Voici les plus remarquables de ceux qui paroissent être incontestablement sortis de sa plume. Le Songe où la Vie de Lucien ; on regarde ce morceau intéressant comme une espèce de prologue dans lequel l'auteur débutant à Samosate sa patrie, après de longs voyages et un séjour à Athènes, fait connoître la marche qu'a suivie son esprit et l'opinion de ses contemporains sur les arts et sur les artistes. Timon le Misanthrope; ce dialogue ou plutôt ce petit drame est une des meilleures productions de Lucien ; on l'a comparé au Plutus d'Aristophane. L'Icaroménippe ou le Voyage aérien; Wiéland, le plus spirituel des commentateurs de Lucien, s'exprime ainsi sur cette pièce : «De tous les ouvrages de cet auteur, l'Icaroménippe est celui sur lequel le génie d'Aristophane me paroît le plus abondamment répandu. En retranchant seulement un petit nombre de passages, c'est le chefd'œuvre d'une causerie élégante et du persiflage le plus délicat ; il se distingue surtout par l'art avec lequel l'auteur ne se sert presque que d'idées populaires pour se moquer des philosophes et des Dieux, en se donnant l'air de prendre parti pour les Dieux contre les philosophes. Le Técheur ou les Ressuscités; «c'est, toujours d'après Wiéland, la plus spi

rituelle, la plus élégante et même la plus éloquente composition de Lucien ; celle dont le plan a été conçu avec le plus de sagesse et dont l'exécution a été le mieux soignée; en un mot son ouvrage le plus fini, le plus riche et le plus savant. Les scènes y sont disposées avec infiniment d'art, les caractères bien soutenus, les contrastes frappans, l'intérêt toujours croissantetle dénouementinattendu. Charon ou les Dieux regardant la terre, excellent morceau servant comme de prologue aux Dialogues des Morts, qui sont au nombre de trente. Hermoțime ou des Sectes philosophiques; ce dialogue se range parmi les meilleurs ouvrages de Lucien, soit pour le fond, soit pour l'é ́légance de la diction et l'urbanité du ton des interlocuteurs. C'est une espèce d'essai dans le genre ironique de Socrate. Du triste sort des gens de lettres qui se louent aux grands; la rédaction de cet ouvrage est très soignée et le fond en est très bon. L'auteur fait bien ressortir les humiliations auxquelles s'exposoient les beaux esprits de son temps qui se vouoient aux grands pour en être les commensaux. La double accusation ou le Tribunal des Philosophes est encore une des productions les plus spirituelles de Lu

cien. »

FRANÇOIS DE MALHERBE (n. 1556-m. 1628). Quoique le nom de ce célèbre poëte marque la șeconde époque de notre langue et que Boileau l'ait à juste titre immortalisé par le fameux: Enfin Malherbe vint, etc., il faut cependant convenir qu'en

général ses ouvrages sont encore loin de cette pureté que l'on admire dans les auteurs du siècle de LouisXIV, et même dans la première pièce de Corneille, Mélite, qui parut en 1625; mais aussi il y auroit une grande injustice à ne pas reconnoître qu'un certain nombre de morceaux de Malherbe sont d'une beauté irréprochable, et qu'on les cite après plus de deux cents ans avec autant de plaisir et d'admiration que certains passages de nos grands poëtes du grand siècle. En effet quoi de plus beau et de plus touchant que plusieurs strophes de la Consolation à M. Duperrier qui en 1599 avoit perdu sa fille au sortir de l'enfance :

Ta douleur, Duperrier, sera danc éternelle, etc.

Pouvoit-on peindre d'une manière plus délicate et avec plus de charme l'âge tendre de cette jeune personne ?

Et rose elle a vécu ce que vivent les roses 1

L'espace d'un matin.

Et la belle imitation d'Horace sur l'inflexibilité de la mort qui n'épargne ni le sceptre ni la houlette 2 ne va-t-elle pas de pair avec tout ce qu'il y a de plus grand, de plus sublime dans nos meilleurs poëtes Je ne parle pas des quatre premiers vers, La mort á des rigueurs, etc.; ils sont foibles à côté des suivans que l'on ne peut trop répéter quoiqu'ils se trouvent par-tout :

Le pauvre, en sa cabane où le chaume le couvre,

Est sujet à ses loix;

Et la garde qui veille aux barrières du Louvre,

N'en défend point nos rois (1).

Nous citerons encore comme morceau admirable la paraphrase d'une partie du psaume 145:

N'espérons plus, mon ame, aux promesses du monde; etc. et plusieurs strophes de l'ode au roi Louis XIII partant en 1627 pour aller réduire La Rochelle et chasser les Anglais de l'île de Ré :

Donc un nouveau labeur à tes armes s'apprête, etc. Cette ode étoit à-peu-près le chant du cygne, car Malherbe est mort l'année suivante. Il a vécu sous six de nos rois, savoir: trois ans sous Henri II, mort en 1559; un an sous François II, mort en 1560; quatorze ans sous Charles IX, mort en 1574; quinze ans sous Henri III, mort en 1589; vingtun ans sous Henri IV, mort en 1610, et dix-huit ans sous Louis XIII qui a vécu jusqu'en 1643.

(1) Étoit-il possible de rendre plus poétiquement?

Pallida mors æquo pulsat pede pauperum tabernas,
Regumque turres.

Croiroit-on que Racan, l'élève et l'ami de Malherbe, mais qui lui est postérieur, puisqu'il est né en 1589, et qu'il est mort en 1670, a rendu ainsi ce passage d'Horace ?

Les loix de la mort sout fatales

Aussi bien aux maisons royales,

Qu'aux taudis couverts de roseaux,

Tous nos jours sont sujets aux Parques ;
Ceux des bergers et des monarques

Sont coupés des mêmes ciseaux.

Comment Racan qui ne manquoit pas de goût, a-t-il osé traiter ce sujet après son maître, et surtout le traiter d'une manière aussi ridicule ?

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