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ter, parce qu'ils sont inférieurs à ce que nous avons cité.

D. M. AUSONE (n. à Bordeaux en 309-m. 394), étoit beaucoup plus versificateur que poëte ; il manquoit d'imagination et de verve, mais il avoit une extrême facilité qui lui tenoit lieu de génie. Un grand nombre de ses ouvrages ne méritoit pas de passer à la postérité. Sa diction est moins pure que celle de Claudien dont nous parlons ci-après. Parmi ses productions qui pour la plupart sont des poésies mêlées auxquelles il est difficile d'assigner un genre, on distingue 1.o son Ephemeris, espèce de pot-pourri, en différens vers, sur la manière de passer la journée : quoique défectueux, ce poëme n'est pas sans mérite tant pour la versification que pour les idées; 2.o la sixième de ses Idylles, intitulée Le Crucifiement de l'Amour : elle est fort agréable; ce sont les amantes malheureuses de la Mythologie, qui se vengent de l'Amour en l'attachant à une branche de myrte en guise de croix ; 3.o la dixième Idylle, la Description de la Moselle, poëme en quatre cent quatre-vingt-trois vers. C'est ce qu'Ausone a fait de mieux ; il y a employé les plus brillantes couleurs de la poésie et tous les accessoires que fournissoient l'histoire, la géographie et la fable. Les images y sont multipliées à l'infini; mais on y chercheroit en vain la simplicité et le goût. Quant au Cento nuptialis, nous pensons qu'il a fallu une profonde corruption du cœur et de l'esprit

pour faire un pareil poëme avec les vers du plus chaste des poëtes.

BARBIER D'AUCOURT (n. 1641 -m. 1694). L'ouvrage de cet auteur, intitulé: Sentimens de Cléanthe sur les Entretiens d'Ariste et d'Eugène (du P. Bouhours), in-12, est, après les Provinciales, le seul livre polémique qui ait assuré à son auteur une réputation qui a duré jusqu'à nous; c'est, à très peu de chose près, dit M. de La Harpe, ce que la critique littéraire a produit de meilleur dans le dernier siècle. En effet, on le regarde comme un chef-d'œuvre. Si cet ouvrage n'est pas plus répandu et par conséquent plus connu, c'est sans doute parce qu'il tient à une production médiocre (celle du P. Bouhours) qui a eu un succès éphémère et qui est oubliée depuis long-temps.

P. A. CARON DE BEAUMARCHAIS ( n. 1732m. 1799). De tous les ouvrages de cet ingénieux, hardi et infatigable écrivain, on mettra toujours au premier rang les Mémoires aussi curieux que piquans qu'il publia dans les trois procès plus célèbres par la forme que par le fond, qui occupèrent une partie de sa vie, savoir: le procès contre le légataire universel de M, Du Verney (M. le comte de la Blache); le procès Goezmann, qui n'étoit qu'un incident du premier, mais qui devint le plus sérieux et le plus piquant ; et enfin le procès Kornmann. Il est impossible de se figurer le succès et la vogue de ces

Mémoires, dans le temps où ils parurent ; et ils sont tels pour le style, qu'on les lit encore aujourd'hui avec un vrai plaisir, quoique le fond de la scène, les acteurs, les accessoires, tout ait disparu. Pour donner une idée de cette production singulière, je citerai ce seul passage de La Harpe:« ..... Quelle jouissance pour le public, lorsqu'en lisant Beaumarchais, il ne vit plus dans tous ces différens Mémoires qui se succédoient rapidement, qu'un homme qui se chargeoit de le venger d'une magistrature bâtarde (le Parlement Maupeou), et celle-ci qui de son côté se chargeoit de faire regretter la légitime, malgré tous ses torts! Qu'il eût raison, c'étoit l'affaire d'un quart-d'heure; les faits ne parloient pas, ils crioient. Mais cette forme si neuve, aussi saillante qu'inusitée; ces singuliers écrits qui étoient tout à la fois une plaidoirie, une satire, un drame, une comédie, une galerie de tableaux, enfin une espèce d'arène ouverte pour la première fois, où il sembloit que Beaumarchais s'amusât à mener en laisse tant de personnages comme des animaux de combat faits pour divertir les spectateurs! Mais tous ces personnages si richement et si diversement ridicules ou vils, qu'on les croiroit choisis tout exprès pour lui, et que lui-même en effet rend grâces au ciel de les lui avoir donnés pour adversaires! Mais cette continuelle variété de scènes qu'on voit bien qu'il n'a pu inventer, et qui n'en sont que plus plaisantes à force de vérité, de cette vérité qu'on ne peut saisir et crayonner qu'avec le tact le plus fin et l'imagi

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nation la plus gaie!..... L'on peut concevoir l'alégresse universelle d'un public mécontent et malin qui n'avoit d'autres armes que celles du ridicule, et qui les voyoit toutes au-delà même de ce qu'il en pouvoit attendre, dans une main légère et intrépide, qui frappoit sans cesse en variant toujours ses coups. De là sans doute l'admiration pour un talent inopiné que l'envie n'atteignoit pas encore, dans un moment où le danger de l'innocence et la pitié pour l'infortune prédominoient sur toute autre impression; de là, en même temps, la joie de voir tomber de ces pages si divertissantes, des flots de mépris sur ce qu'on étoit charmé de pouvoir avilir, en attendant qu'on pût le renverser. Et qui peut douter que l'un ne fût un acheminement à l'autre, et que la plume de Beaumarchais n'y ait contribué? » Dans ces Mémoires pétillans d'esprit d'un bout à l'autre, on remarque surtout le bel épisode du voyage de l'auteur en Espagne, relatif à sa sœur, et l'endroit où il rend grâces au Ciel de lui avoir donné ou plutôt choisi des adversaires comme ceux qu'il a à combattre : « C'est, dit La Harpe, un des morceaux dont la tournure est la plus piquante et la plus nouvelle. Il n'a d'autre défaut que d'être un peu prolongé ; un peu resserré, il seroit parfait ; mais tel qu'il est, quelle verve d'imagination et de style!

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Nous ne dirons rien des autres ouvrages de Beaumarchais, sinon que son Barbier de Séville auroit pu se passer des deux scandales qui marchent à sa suite, et qu'il y a peu d'auteurs qui narrent aussi

bien que notre écrivain, ce qui est bien prouvé par ses Mémoires particuliers, dont quelques pages pourroient disparoître sans inconvénient, et par la relation d'un accident qui lui arriva en 1774, dans la Forêt-Noire, et qu'on lira toujours avec le plus grand intérêt. (Voyez ses OEuvres, Paris, 1821, tom. vi, pag. 248-266.)

J.B.C.M. BEAUVAIS, évêque de Senez (n. 1733 -m. 1789). Ses Sermons, Panégyriques et Oraisons funèbres ont été réimprimés en 4 vol. in-12, à Paris, en 1807. On prétend que ses ouvrages les plus travaillés, les mieux écrits, les meilleurs à tous égards, sont les quatre Oraisons funèbres par lesquelles il termina sa carrière apostolique, savoir: 1.o celle de Louis XV, prononcée le 27 juillet 1774; 2.o celle du maréchal de Muy, prononcée le 24 avril 1776; 3.o celle de Charles de Broglie, évêque de Noyon, le 7 juillet 1778; 4.o enfin celle de Claude Léger, curé de Saint-André-desArts (1), prononcée le 17 août 1781.

BION, qui vivoit à-peu-près 170 ans avant J.-C., a deux très belles Idylles : le Chant funèbre en l'honneur d'Adonis, et l'Épithalame d'Achille et

de Déidamie.

(1) C'est ce digne pasteur connu par quarante ans d'exercice de toutes les vertus dans sa paroisse, qui a fourni à La Harpe l'idée et le caractère de son curé de Mélanie.

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