Maximus hortator scrutandi voce deorum Ad leges, sequerisque deum: datur ecce loquendi Quære quid est virtus, et posce exemplar honesti. » Ille deo plenus, tacita quem mente gerebat, Effudit dignas adytis e pectore voces: Quid quæri, Labiene, jubes? an liber in armis An sit vita nihil, vel longa an differat ætas ? Sed mors certa facit; pavido fortique cadendum est. Non exploratum populis Hammona relinquens. LUCAN., Phars., lib. ix. Diodore de Sicile, Plutarque et plusieurs autres auteurs (DIOD. Sic., lib. XVI; PLUTARCH., de Oraculor. defectu; COEL. RHODIG., lib. vIII, c. 16; FONTENELLE, Hist. des oracles) rapportent qu'un troupeau de chèvres découvrit l'oracle de Delphes, ou d'Apollon Pythien: Lorsqu'une chèvre s'était approchée de la caverne, et avait respiré l'air qui en sortait, elle revenait en faisant plusieurs bonds, et sa voix rendait un son extraordinaire : ce prodige fut observé par des bergers; ils allèrent regarder dans cette caverne, et furent saisis d'une fureur qui les faisait sauter et prédire l'avenir. Plutarque nous a conservé le nom du berger à qui appartenait le troupeau de chèvres qui fit la découverte de l'oracle, il se nommait Corétas. Un garde de Demetrius, qui s'était approché trop près de l'embouchure de la susdite caverne, fut suffoqué par la force de l'exhalaison qui en sortait, et mourut subitement. Il n'avait pas le tempérament assez fort pour supporter l'oracle; il fallait être robuste pour cela. L'orifice ou le soupirail de cet antre était couvert d'un trépied consacré à Apollon, sur lequel les prêtresses appelées Pythies, s'asseyaient pour se pénétrer de l'avenir, et le prédire en vers grecs hexamètres. Heureux temps que celui où il suffisait, pour être tout à coup poète, de respirer la vapeur d'une caverne! Une Pythie fut si tourmentée de cette vapeur, et elle souffrit de si violentes convulsions, que les prêtres s'enfuirent, et qu'elle mourut peu de temps après. (PLUTARCH., de Oraculor. defectu.) Je m'étonne que l'Italie moderne, presque aussi superstitieuse que l'antique Italie, n'ait attribué aucune vertu prophétique à la célèbre grotta del Cane (grotte du Chien), à Naples. Pausanias (in Boeotic.) décrit les cérémonies qui se pratiquaient pour consulter l'oracle de Trophonius. Tout homme qui était descendu dans son antre, ne riait de sa vie. Ce fut l'occasion de dire en proverbe, de ceux qui avaient l'air triste : il a consulté l'oracle de Trophonius (in antro Trophonii vaticinatus est). Platon (in Axioch.) rapporte qu'Agamède et Trophonius, qui avaient bâti un temple à Apollon, demandèrent pour récompense à ce dieu ce qu'il estimait le plus avantageux aux hommes les deux frères moururent dans la nuit qui suivit cette prière. Pausanias (in Boeotic.) fait un récit fort différent. Dans le palais que ces deux frères construisirent pour le roi Hyé riéus, ils ajustèrent une pierre, de façon qu'elle pouvait s'enlever, et, la nuit, ils entraient par là pour voler les trésors que renfermait le palais. Le prince, qui voyait diminuer son or sans que les serrures ni les cachets fussent rompus, dressa des pièges autour de ses coffres. Agamède s'y trouva pris, et Trophonius lui coupa la tête (action toute fraternelle!), de peur qu'il ne le découvrît. Comme Trophonius disparut dans le moment, on publia que la terre l'avait englouti au même endroit (Hist. de l'Acad. des Belles-Lettres, tom. 1, p. 45); et l'impie superstition alla jusqu'à mettre ce scélérat au rang des dieux, et à consulter son oracle avec des superstitions à la fois pénibles et mysté– rieuses. Tacite (Annal., lib. 11) parle aussi de l'oracle d'Apollon Clarien Germanicus alla consulter l'oracle de Claros. Ce n'est point une femme qui y rend les oracles, comme à Delphes, mais un homme qu'on choisit dans diverses familles, et qui est presque toujours de Milet. Il suffit de lui dire le nombre et les noms de ceux qui viennent le consulter : ensuite il se retire dans une grotte, y boit de l'eau à une source secrète, puis répond en vers à ce que vous avez dans l'esprit, bien que cet homme soit le plus souvent fort peu instruit. Dion Cassius (lib. XLI) explique la manière dont l'oracle de Nymphée, en Épire, rendait ses réponses. Celui qui le consultait, prenait de l'encens, et, après diverses prières, jetait cet encens dans le feu. Si l'on devait obtenir ce que l'on souhaitait, l'encens était d'abord embrasé, et même, dans le cas où il ne serait pas tombé dans le feu, la flamme le poursuivait et le consumait. Mais si la chose ne devait pas réussir, l'encens n'approchait pas du feu, ou, quand il tombait dans la flamme, il s'en, retirait et la fuyait. Cela arrivait ainsi pour dévoiler l'avenir à l'égard de tout ce qu'on pouvait demander, à l'exception de la mort et du mariage, sur lesquels il n'était pas permis de faire des questions. Nos charlatans et nos diseurs de bonne aventure sont ou plus habiles, ou plus galans que l'oracle de Nymphée, pour l'article mariage. Qu'une jeune fille, qu'une veuve les consulte, ils lui diront. bien vite quand l'hymen luira, ou reluira pour elle, et Cet oracle est plus sûr que celui de Nymphée. Ceux qui consultaient l'oracle d'Amphiaraüs (PAUS., in Attic.) couchaient sur les peaux des victimes, et recevaient en songe les réponses de l'oracle. Virgile atteste la même chose de l'oracle de Faunus en Italie : Hinc italæ gentes, omnisque œnotria tellus VIRG., Eneid., lib. vii, v. 84. Il existait encore d'autres oracles fort anciens, comme celui de Mars, dont il est fait mention dans Denys d'Halicarnasse (Antiq., liv. 1), celui de Podalirius, dont Lycophron parle dans le poëme de Cassandre, et plusieurs autres. L'oracle de Sérapis rendait ses réponses en songe, comme ceux de Faunus et d'Amphiaraüs. Pendant la dernière maladie d'Alexandre à Babylone (ARIAN., de Expedit. Alex., lib. v11), les principaux chefs de son armée allèrent passer une nuit dans le temple de Sérapis, pour demander à la divinité s'il serait plus avantageux de transporter Alexandre dans le temple. Il leur fut répondu en songe qu'il valait mieux ne point le transporter; et, peu de temps après, le conquérant expira. Les magistrats de Sparte couchaient dans le temple de Pasiphaé, pour être instruits en songe de ce qui concernait le bien public. Eunapius a écrit que le philosophe OEdesius reçut en songe un oracle d'une manière fort bizarre. ( de Vitis philosoph., in OEdesio). Il le trouva, à son réveil, écrit en vers hexamètres, dans sa main gauche. Cet oracle lui promettait une grande renommée, soit qu'il demeurât dans les villes, soit qu'il se retirât à la campagne. Un gouverneur de Cilicie (PLUTARCH., de Oraculor. defectu) qui avait peu de foi aux oracles, et qui était toujours environné d'épicuriens incrédules, envoya un billet cacheté à l'oracle de Mopsus, demandant une de ces réponses que l'on recevait en dans songe. Le messager chargé du billet le lui rapporta cacheté, le même état, n'ayant point été ouvert, et lui dit qu'il avait vu en songe un homme fort bien fait, qui lui avait dit, noir, sans rien ajouter autre chose. Alors le gouverneur ouvrit le billet, et fit voir qu'il demandait à la divinité s'il sacrifierait un taureau blanc ou noir. Dans le temple de la déesse de Syrie (LUCIEN, de la déesse de Syrie), lorsque la statue d'Apollon veut rendre des oracles, elle se remue sur son piédestal : alors les prêtres la mettent sur leurs épaules; sans cela elle suerait et s'agiterait d'elle-même. Elle les pousse et les tourne de tous côtés, et lorsque le grand-prêtre l'interroge sur toutes sortes d'affaires, si elle refuse son consentement, elle fait reculer les prêtres; si elle consent, elle les fait avancer. On lit dans l'Écriture (Regum, lib. iv, cap. 1), que le roi Ochosias envoya consulter Beelzebuth, pour savoir s'il guérirait de sa maladie. Les statues des dieux dans le Pérou (MONTANUS, p. 307; le Monde enchanté de Bekker, liv. 1, cap. 10), qui étaient de plusieurs figures étranges, et dont quelques-unes étaient effroyables, servaient à rendre les oracles dans leurs pagodes, comme les oracles de la Grèce. Montanus ajoute (le Monde enchanté de Bekker, l. 1, c. 10) que, parmi les Cannibales qui habitent la partie méridionale de l'Amérique, le diable rend ses oracles par des ossemens de morts enveloppés dans du coton. Le faux Orphée (de Lapidib.), ou Onomacrite, dit que la pierre appelée Sidéritès (après que celui qui l'interroge s'est préparé par l'abstinence et le bain) répond aux questions qu'on lui fait sur l'avenir. Les pierres nommées Botiles étaient (Dissert. de M. Falconnet dans les Mémoires de l'Acad. des Belles-Lettres, t. vi) comme de petits oracles portatifs. Les platoniciens avaient une grande vénération pour les oracles, qu'ils attribuaient aux démons. Les épicuriens, les cyniques, les péripatéticiens en faisaient fort peu de cas. Plusieurs réponses des anciens oracles sont venues jusqu'à nous. Laïus, roi de Thèbes en Béotie, et plus ancien que le siège de Troie, reçut de l'oracle cette réponse : « Prends garde d'avoir un |