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les exterminer dans les retranchemens mêmes. La chose n'était pas si difficile; ces Espagnols étaient en petit nombre, et séparés des leurs ; et cette même légion, qui, pour avoir pris l'alarme, paraissait coupée, n'avait qu'à faire face des deux côtés, pour envelopper à son tour et pour massacrer les ennemis. » A ces mots du général, Navius enlève au porte-enseigne le drapeau de la seconde compagnie des hastats, et menace de le lancer dans les rangs opposés, si les soldats ne se hâtent de le suivre et de prendre part au combat. Navius était d'une taille avantageuse que relevait encore l'éclat de ses armes; et le drapeau, qu'il tenait élevé, avait attiré sur lui les regards des Romains et des ennemis. Aussi, dès qu'il fut parvenu jusqu'à la première ligne des Espagnols, on fit pleuvoir sur sa tête une grêle de traits, et la cohorte presque entière réunit ses efforts contre lui seul; mais ni la multitude des adversaires, ni la nuée de flèches qu'on lui lança, ne put arrêter l'impétueux élan de ce guerrier.

VI. En ce moment, M. Atilius, lieutenant de la même légion, oblige l'enseigne de la première compagnie à porter son étendard au milieu de la cohorte espagnole. De leur côté, les gardiens du camp, les lieutenans L. Porcius Licinus et T. Popillius, défendent avec vigueur les retranchemens, et tuent les éléphans aux portes mêmes que ces animaux essayaient de franchir. Leur masse énorme, en comblant le fossé, forma une sorte de pont, qui donna passage aux ennemis : là, sur leurs cadavres mêmes se livra une bataille sanglante. Dans l'autre partie

parte castrorum jam inpulsi erant Campani punicumque præsidium, et sub ipsa porta Capuæ, quæ Vulturnum fert, pugnabatur: neque tam armati inrumpentibus Romanis resistebant, quam quod porta, ballistis scorpionibusque instructa, missilibus procul hostes arcebat ; et subpressit inpetum Romanorum vulnus imperatoris Ap. Claudii cui, suos ante prima signa adhortanti, sub lævo humero summum pectus gæso ictum est. Magna tamen vis hostium ante portam est cæsa : ceteri trepidi in urbem compulsi. Et Annibal, postquam cohortis Hispanorum stragem vidit, summaque vi castra hostium defendi, omissa obpugnatione, recipere signa, et convertere agmen peditum, objecto a tergo equitatu, ne hostis instaret, cœpit. Legionum ardor ingens ad hostem insequendum fuit : sed Flaccus receptui cani jussit; satis ad utrumque profectum ratus, ut et Campani, quam haud multum in Annibale præsidii esset, et ipse Annibal sentiret. Cæsa, eo die, qui hujus pugnæ auctores sunt, octo millia hominum de Annibalis exercitu, tria ex Campanis tradunt : signaque Carthaginiensibus quindecim ademta, duodeviginti Campanis. Apud alios nequaquam tantam molem pugnæ inveni, plusque pavoris, quam certaminis, fuisse : quum inopinato in castra romana Numidæ Hispanique cum elephantis inrupissent; elephanti, per media castra vadentes, stra

du camp, les Campaniens et la garnison carthaginoise étaient déjà repoussés, et l'on combattait près de la porte inême de Capoue, qui donne sur le Vulturne; les Romains n'eussent pas éprouvé une grande résistance, sans les balistes et les scorpions placés sur la muraille, et qui, portant fort loin, écartaient les assaillans. D'ailleurs la fougue des Romains fut ralentie par la blessure du général Ap. Claudius: à l'instant où il combattait à la tête des siens, où il les animait de ses exhortations, il fut atteint d'un javelot à la poitrine, au dessous de l'épaule gauche. Cependant beaucoup d'ennemis furent taillés en pièces devant la porte; les autres furent chassés en désordre jusque dans la ville. Annibal, qui avait vu le massacre de la cohorte espagnole, et l'intrépide défense du camp romain, renonça à son entreprise, et fit retirer ses fantassins sous la protection de sa cavalerie, qu'il mit à l'arrière-garde, pour empêcher l'ennemi de les harceler. Les légions brûlaient du désir de poursuivre les Carthaginois; mais Flaccus fit sonner la retraite, content du double succès qu'il venait d'obtenir, celui de prouver aux Campaniens qu'Annibal leur serait d'un faible secours, et de convaincre Annibal lui-même de cette vérité. Les historiens qui ont parlé de cette ba taille, disent qu'Annibal y perdit huit mille hommes, et les Campaniens trois mille; qu'on enleva quinze étendards aux Africains, et dix-huit aux Campaniens. D'autres auteurs ne donnent pas tant d'importance à cette action, et assurent qu'il y eut plus de terreur que de carnage. Les Espagnols et les Numides, ajoutent-ils, vinrent fondre tout à coup sur le camp romain avec leurs éléphans; alors ces animaux, se ruant çà et là, renverserent les tentes avec fracas, et mirent en fuite les bêtes

gem tabernaculorum ingenti sonitu ac fugam abrumpentium vincula jumentorum facerent; fraudem quoque super tumultum adjectam, inmissis ab Annibale, qui (habuit aliquot) gnari latinæ linguæ, juberent, consulum verbis, quoniam amissa castra essent, pro se quemque militum in proximos montes fugere sed eam celeriter cognitam fraudem, obpressamque magna cæde hostium; elephantos igni e castris exactos. Hoc ultimum (utcumque initum finitumque est) ante deditionem Capuæ prælium fuit. Medixtuticus, qui summus magistratus apud Campanos est, eo anno, Seppius Lesius erat, loco obscuro tenuique fortuna ortus. Matrem ejus quondam, pro pupillo eo procurantem familiare ostentum, quum respondisset aruspex, summum quod esset imperium Capuæ, perventurum ad eum puerum, nihil ad eam spem agnoscentem, dixisse ferunt, «Næ tu perditas res Campanorum narras, ubi summus honos ad filium meum perveniet!» Ea ludificatio veri et ipsa in verum vertit; nam quum fame ferroque urgerentur, nec spes ulla superesset, iis, qui nati in spem honorum erant, honores detrectantibus; Lesius, querendo desertam ac proditam a primoribus Capuam, summum magistratum ultimus omnium Campanorum cepit.

VII. Ceterum Annibal, ut nec hostes elici amplius ad pugnam vidit, nec per castra eorum perrumpi ad

de somme qui rompaient leur licou : une ruse d'Annibal vint encore augmenter le désordre; ses émissaires qui parlaient la langue latine, allaient, au nom des consuls, porter l'ordre aux soldats de chercher une retraite dans les montagnes voisines, puisque la perte du camp était certaine. Mais l'artifice fut bientôt découvert; le massacre des ennemis en arrêta l'effet; les éléphans furent chassés du camp avec le secours du feu. Quels que soient les détails et l'issue de ce combat, ce fut le dernier qu'on livra avant la reddition de Capoue. Le médixtutique, magistrat suprême de cette ville, était, cette année, un certain Seppius Lesius, homme d'une naissance obscure, d'une fortune plus que médiocre. Dans son enfance, un jour que sa mère offrait un sacrifice pour détourner un présage sinistre qui le menaçait, l'aruspice lui répondit qu'il parviendrait dans la suite à la première dignité de Capoue. Cette femme, qui ne voyait aucun fondement à un si brillant espoir, répondit : « Certes, Capoue sera dans un état désespéré, lorsque mon fils pourra s'élever à un tel honneur! » Cette raillerie d'une prédiction qui devait s'accomplir, fut elle-même justifiée par l'évènement. En effet, lorsque Capoue était pressée par le fer et par la faim, et que ceux à qui leur naissance ouvrait la route des dignités, les refusaient par désespoir, Lesius, à force de reprocher aux premiers citoyens une désertion qu'il appelait trahison, obtint la souveraine magistrature, et fut le dernier de tous les Campaniens qui l'exerça.

VII. Annibal, reconnaissant l'impossibilité d'attirer les Romains à un second combat, et de s'ouvrir à tra

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